Process, choix, rendu : tout ce qu’on sait du Canyon Sender 3 désormais officiel !

Ça y est ! Il est là, et pour de bon ! Le Canyon Sender 3, vous l’avez forcément déjà vu quelque part. En réalité, c’est le prototype qui évolue aux mains des pilotes du Canyon CLLCTV Factory depuis l’an passé. Sous sa robe noire, il a d’ailleurs remporté la finale de la coupe du monde 2024, aux mains de Troy Brosnan. Pourtant, on savait en réalité peu de choses à son sujet… jusqu’à maintenant ! Les secrets bien gardés, Canyon nous a donné l’occasion de vous les dévoiler. Conception, process, choix, rendu, impressions des pilotes… tout ce à quoi on aime s’intéresser, pour avoir un autre regard sur les prestations des meilleurs mondiaux, sur FullAttack. Raison pour laquelle je reviens de Windrock avec toutes les bonnes choses que vous vous apprêtez à lire dans cet article ! Let’s go !

Jusqu’ici…

On l’a dit dans l’intro : quelque part, chacun de nous connaît déjà le Canyon Sender 3. D’abord, parce que ce nom, ça fait une dizaine d’années maintenant que c’est celui du vélo de descente fleron de la gamme du VPCiste allemand. Mais il y a une première chose à noter dans l’histoire de ce vélo. Et c’est en rapport avec celle d’un certain Fabien Barel, l’icône de la marque depuis le début des années 2010. On se souvient tous que lorsque le niçois a débuté sa collaboration avec la marque, ça a d’abord pris la forme d’une implication en coupe du monde d’Enduro, au guidon du Strive, qui s’attelait alors à développer la technologie du Shapeshifter. Quelque part donc, la première collaboration entre les deux parties a commencé par l’usage d’un vélo, prototype en compétition, avant qu’il ne sorte en série. Mais soyons clairs. Avec le pedigree de Fabien Barel, aucun doute possible ! Dès le début des échanges, l’objectif ultime était évident : impliqué Canyon au sommet du sport, en Coupe du Monde de Descente…

cette fois-ci, on l’a tous vu, il était d’abord question de développer un vélo pour la compétition !

En parallèle donc, des essais étaient menés pour préparer le Canyon Sender à son arrivée sur le circuit international. Et c’est là que la première observation utile apparaît : pour la première génération du Canyon Sender, comme pour la suivante, il a ainsi d’abord s’agit d’adapter un vélo de série pour qu’ils répondent aux exigences du plus haut niveau. Or, si on s’intéresse un temps soi peu à la conception d’un produit, on imagine sans mal les contraintes que cette approche puisse impliquer lorsqu’il s’agit finalement de produire le vélo le plus rapide, le plus performant, le plus à propos est en phase avec les besoins des pilotes qui doivent le mener au sommet. D’autant plus quand la discipline elle-même évolue, et qu’il faut avoir la marge de manœuvre la plus importante possible pour s’adapter. Elle est donc là la première observation très utile au sujet du Canyon Sender troisième génération : cette fois-ci, on l’a tous vu, il était d’abord question de développer un vélo pour la compétition, qui serait ensuite proposé au catalogue. Raison pour laquelle ça fait de longs mois maintenant que l’on voit ce vélo évoluer aux mains des pilotes de l’équipe, sans avoir plus de précisions à son sujet…

Le process…

OK. C’est bien beau de se dire qu’on a pour une fois la liberté de produire un vélo de compétition sans trop des contraintes du marché. Encore faut-il profiter de l’opportunité pour mettre en place le process qui va bien. En l’occurrence, lequel ? Celui, assez classique, de faire évoluer la génération précédente ? Ou bien, celui, tout aussi classique – d’un point de vue marketing au moins – de l’argument de la feuille blanche ? Et dans ce cas, la question reste entière : d’où partir et dans quelle direction ? C’est là que toute la subtilité du process mis en place pour développer le Canyon Sender se trouve : et s’il y avait possibilité d’essayer plusieurs choses, de manière comparables, pour se faire une meilleure idée des directions à prendre ?! Mieux encore : si ces différentes choses n’étaient autres que la concurrence, pour avoir l’opportunité de jauger où se situe chacun ?

Eh bien c’est à ça qu’a servi le prototype que vous voyez là ! À noter, tout d’abord, l’usage des fameux tubes en carbone et raccords en aluminium, le tout collé, comme on le voit ces dernières années. Ici, pas pour produire un vélo de série de la sorte, mais pour prototyper quelque chose de plus en phase avec la réalité qu’un vélo 100% alu qui souvent, pèse un plomb. Plus en détail, ce frankeinbike dispose d’un nombre incalculable d’ajustements. En jouant de la hauteur du point de pivot, de la longueur des bases, des biellettes qui actionnent l’amortisseur, des points d’ancrage de ce dernier, de la présence et de la position du galet de renvoi, de la position du boîtier de pédalier – verticale et longitudinale, voire de l’usage d’une boîte à vitesse – de celle du tube de selle, de l’implantation et de l’orientation du jeu de direction dans la douille, et de tous les ajustements que permet le choix des formats de roue et la fourche double té… vous saisissez le nombre étendu de paramètres que Canyon mette ici à profit pour un protocole bien particulier.

En premier lieu, ce prototype peut répliquer les caractéristiques du précédent Canyon Sender. On entend par-là les mêmes courbes de cinématique et la même géométrie. À un détail près : le poids du vélo, ici tout de même proche des 22kg. Quoi qu’il en soit, c’est d’abord l’occasion de comparer ce prototype au précédent Canyon Sender pour saisir l’influence de ce poids supplémentaire, puis pour explorer deux directions. La première : répliquer les caractéristiques connues des vélos de la concurrence. Je ne dispose pas de la liste exhaustive des concurrents ainsi benchmarkés, mais j’ai logiquement cru comprendre que les Commençal Supreme DH V5 et Santa Cruz V10 aient pu faire partie du panel, pour tenter de recouper les observations de la concurrence du bord de piste, avec les mesures terrain via ce prototype. La seconde, balayer, paramètre par paramètre, l’étendue de chaque plage d’ajustement offerte par le prototype, de manière indépendante des autres éléments, pour en saisir l’influence sur le comportement du vélo. Exemple : différentes trajectoires de roue arrière indépendamment des anti-squat et kick-back…

Tout ça, pour définir la direction dans laquelle aller. Établir le caractère souhaité, définir les valeurs cibles correspondantes et l’amplitude des ajustements souhaités autour de chacun. C’est alors tout ce travail que le bureau d’études Canyon a mené, pour aboutir à la version plus élaborée du Canyon Sender 3, telle qu’on la découvre maintenant…

Le Canyon Sender 3, au premier coup d’œil…

Les lignes du nouveau Canyon Sender 3, vous les connaissez. Ou du moins, vous avez votre première impression au contact de la photo de profil que voici. Et quand on a encore en tête celle du prototype utilisé en début de développement, on mesure tout le travail de conception et de design mené par les équipes de la marque. Et ça donne d’autant plus de valeur aux observations qui suivent…

Chiffres clés

Bien ! Jusque-là, on a détaillé le contexte dans lequel le Canyon Sender 3 est né, le process dont il est issu, le prototype qui a permis son développement, et la forme qu’il revêt dans les faits. Ce qu’on n’a pas encore évoqué, finalement, ce sont les résultats des essais menés pour le développement, et les intentions que la marque a voulu procurer à ce vélo. Ça tombe bien : il est temps de parler courbes, chiffres, cinématique et géométrie sur FullAttack… Et vous allez voir que tout s’éclaire !

Cinématique

Pour le coup, les équipes qui ont développé le vélo ont les idées claires sur chaque intention que les courbes et chiffres du vélo dévoilent. Et par chance, elles ne sont pas avares en détails fournis…

Géométrie

Après la cinématique qui donne les intentions, les géométries qui détaillent l’accessibilité de l’ensemble. En l’occurrence, la marque n’hésite pas à communiquer sur la comparaison avec le précédent modèle (M086 dans le tableau), pour que les pilotes déjà habitués à la marque sachent retrouver leurs repères avec le nouveau Canyon Sender 3 (M180).

Tout ça pour noter qu’il y a toujours 4 tailles sur le papier, avec une zone de chevauchement de 5cm entre chacune, en fonction des gabarits. On y trouve le détail des formats de roues, ce qui permet de noter que le nouveau Sender fait le choix du Mullet quoi qu’il arrive. On note ensuite des reachs qui augmentent de 8 à 10mm en moyenne, accompagné des stacks qui suivent la tendance pour conserver une orientation du bras de levier similaire. Côté longueur des bases, là aussi le choix du mullet est fort : plus d’ajustement, on est à 438mm quoi qu’il arrive.

Rigidité/raideur…

Avec la cinématique et les géométries, on a pris pour habitude de parler rigidité/raideur sur FullAttack. Pour nous, c’est le troisième élément qui vient d’une vie à un vélo. Pour autant, ça a été, quelque part, le grand absent des propos tenus autour de la présentation de ce Canyon Sender. Non pas que cette notion n’est pas fait partie du développement du vélo, mais bien qu’on le sache, actuellement :

c’est un paramètre d’ajustement sur lequel les meilleures équipes travaillent.

J’ai d’ailleurs pu l’observer dans les paddocks à Windrock. Troy Brosnan utilise des haubans qui permettent d’ajuster la rigidité du vélo en apposant ou en enlevant un pontet, que l’Australien a retiré le dimanche matin aux essais, une fois la pluie invitée dans la partie. Marine Cabirou, quand à elle, faisait usage d’un vélo dont le pontet était quoi qu’il arrive scié. Pas de telle mesure sur les haubans du vélo d’Henri Kieffer, mais sur le pontet des bases. Signe qu’en la matière, pour l’heure, le Canyon Sender 3 offre encore des possibilités de développement. De série, il est en tout cas pour l’instant vendu avec l’ensemble des pontets moulés dans le carbone.

Moyeu arrière

Quitte à plonger dans les chiffres, on termine cette présentation du Canyon Sender par un autre détail qui mérite le coup d’œil : au niveau du moyeu arrière. il tente de simplifier les choses en utilisant un moyeu en 148mmx12 – soit le standard connu ces derniers temps en Enduro – plutôt qu’en 157x12mm – plus répandu sur les vélos de DH du moment. Pour autant, l’idée n’est pas de sacrifier la rigidité du train arrière sur l’autel de ce choix. Pour ce faire, la marque entend tirer parti de la petite cassette 7 vitesses utilisées en DH. Canyon en supprime l’entretoise qui vient habituellement en permettre l’installation sur un corps de roue libre classique. Avec ce dernier plus court, l’espace rendu disponible permet aux flasques du moyeu de retrouver un espacement inspiré de ce que l’entraxe de 157mm permet habituellement. Le tout, dans un encombrement moindre.

Chez DT, ça doit donc revenir à utiliser une roue équivalente 157mm avec un corps de roue libre plus court et les entretoises spécifiques, ou bien d’utiliser une roue conventionnelle de 148mm avec entretoise sur le corps de roue libre, pour dépanner. Dans tous les cas, on boucle ce propos avec une autre observation : l’usage d’une patte de dérailleur universelle qui appelle à ce que SRAM produise un dérailleur de Descente T-type Full Mount, maintenant que Canyon a pris le risque de développer un vélo de Descente avec bases/haubans concentriques dont on a déjà relevé que dans ce cas, la place laissée à la matière de chacun est comptée…

Sur le terrain, from Windrock. 

Si vous ne l’avez pas lu, filez vous délecter de l’article que j’ai récemment partagé au sujet du « pourquoi cette année, le plateau était si riche à Windorck ». Au-delà de la course, c’est l’occasion de saisir l’atmosphère pré-ouverture de la Coupe du Monde qui règne ici. En l’occurrence, saisir que pour les besoins de ces essais, on profite de ce que le staff Canyon, du CLLCTV Factory et de SRAM/RockShox sont en mesure d’instaurer ici. En réalité, avant la course et la présentation du nouveau Canyon Sender, ce petit monde est là pour du testing d’avant saison. Et c’est dans cette athmosphère qu’il faut se mettre pour profiter au mieux de ce qui suit. N’allez pas croire que je me prenne pour un pilote de Coupe du Monde, loin s’en faut. Les premiers runs sur la « Race Track » – et le chrono perso, signé en fin d’essai pour me situer – sont là pour remettre la cabane sur le chien et l’église au centre du village. Tout comme les quelques instants passé dans la roue de Troy Brosnan – avant d’être irrémédiablement distancé – le temps de constater qu’un pilote de Coupe du Monde, ça vole littéralement en piste. C’est une chose de le voir à la télé, une autre de le constater du bord de piste, une autre encore de le mesurer sur le vélo. Il faut néanmoins préciser que je ne suis pas non plus là pour me payer bêtement des runs entre potes. Si j’ai fait tout ce chemin, c’est pour faire le job au guidon du Canyon Sender 3.

À savoir que forcément, les deux jours passés en bord de piste, à suivre la course, sont une première bonne étape. Reconnaissance et observation des bonnes lignes, et de l’évolution du terrain. Prise d’information auprès des observateurs avertis en bord de piste. Caméras embarquées des meilleurs runs qui finissent par sortir… Pour ma part, l’objectif est clair : me mettre dans un process de construction/progression pour in fine, poser un run propre, top-to-bottom sur la piste de la course, avec mes capacités du moment et les lignes qui vont avec. Si je mets ces deux jours d’essai correctement à profit, ça doit se faire, et au passage, me permettre d’observer la place que prend le Canyon Sender dans le triptyque piste/pilote/monture qu’il faut faire fonctionner pour performer un minimum… En ça, la mine d’info qu’est Fabien Barel, et le support de Florian Rochas – mécanicien attitré de Marine Cabirou – sont forcément précieux. Pour la petite histoire, le temps posé en fin de séjour se situe en 3.11min. On est forcément loin du chrono d’Amaury Pierron, mais ça ferait podium en Open, derrière l’intouchable Sam Pilgrim – venu en dilettante avec Canyon, pour faire sa toute première course de DH en carrière. Donc quelque part, c’est dans le game, au coeur de la cible à laquelle je m’adresse ici : vous, lecteurs avertis, passionnés et qui peuplent les bike parks du coin. Passons donc à ce qui nous intéresse véritablement maintenant : le Canyon Sender 3, en action !

Premières impressions

La première impression est très bonne sur ce vélo, pour une bonne raison : il met tout de suite en confiance. C’est un vélo très sain. D’abord par sa capacité à garder une assiette très constante tout au long du run. Les premiers passages dans les pierriers spécialement préparés de la piste de Windrock en attestent. Si une petite appréhension peut se manifester au premier run, elle est vite dissipée par la sérénité que le vélo y dégage, et dans laquelle il place le pilote. Pas de heurt, pas de différence de comportement d’une pierre à l’autre, pas de trou qui soit plus un obstacle qu’un autre, ou le sujet d’un écart de trajectoire.

Les bras et les jambes y trouvent un lieu d’appui constant, régulier, équilibré. Une assiette que ni le freinage ni les mouvements parfois parasites du pilote, ne viennent contrarier. C’est même donc plutôt le vélo qui vient dire aux moins gainés d’entre nous que « Hey, reste à bord mon pote, on traine pas ici ! «  On est donc très vite dans une bulle de confiance et de sérénité qui permet de s’installer – tenter des petites choses, travailler sa gestuelle, son positionnement, ses transferts de masse – puis de prendre des initiatives une fois tout ça mis en place…

Le trait de caractère qui vient en suivant, c’est le jus dont dispose ce vélo.  Il suffit d’une poussée sur les jambes, manivelle à l’horizontal, pour sentir la vitesse que prend le Canyon Sender 3. C’est évident dès les premières compressions, ou dès les premiers virages. Ce qui étonne presque, c’est que ce jus ne soit pas là de manière évidente. Si on ne le sait pas, et qu’on ne va pas le chercher, je pense même qu’il y a moyen de passer à côté. De rester sur l’impression d’un vélo simplement posé. C’est vraiment très intéressant de voir que même avec un petit peu de fatigue ou d’appréhension, voire de retenue, le vélo garde ce caractère, sans devenir pousse au crime ou embarquer son pilote.  Alors qu’en réalité, c’est bien une machine de guerre qui se cache derrière ça ! Le tour de force du Canyon Sender 3, c’est donc de réussir à combiner les deux – stabilité et dynamisme – sans que l’un vienne marcher sur l’autre. En l’occurrence, il le fait comme je l’ai rarement constaté par ailleurs.

Pivot haut, le beurre et l’argent ?!

L’autre, observation utile et intéressante porte sur le jus dont dispose ce vélo, malgré la présence d’un point de pivot haut. C’est un peu un vélo qui en a les avantages, sans en avoir les inconvénients. Du moins, parmi ceux qui se le permettent de la plus belle des manières. À l’impact, on sent la bonne sensibilité, mais le vélo ne devient pas un plomb pour autant, quand il s’enfonce dans son débattement. C’est peut-être aussi dû au fait qu’il ne va pas très loin dans le débattement à chaque impact… À ce sujet, je pense que c’est le Canyon qui m’a le plus donné la sensation de sentir les trois phases de compression dont la marque fait la promotion. Quelque chose de très sensible, en début de course, avant d’avoir rapidement plus de soutien, puis une impression de débattement infini quand on prend de plus gros impacts.

En première approche, le seul petit défaut du point de pivot qui se présente, et la différence de sensibilité avant/arrière. J’ai besoin de faire un petit travail sur la fourche. Rien d’alarmant. Dans la Boxxer, je dois partir avec 160Psi pour avoir le SAG de 25% préconisé. Je finirai finalement par rouler avec 10 Psi de moins pour harmoniser. Une fois ce petit détail de réglage de fourche réglé, c’est intéressant de hausser le rythme. C’est là qu’on voit que ce vélo est comme un étalon. Plus tu lui en donnes, plus il te rend. Tout le challenge du pilote qui est dessus, est de trouver la bonne carburation. La bonne mesure. Simplement, il n’a pas le défaut de t’embarquer, de pousser au c** au point de faire prendre des risques inutiles. Encore une fois, ce Canyon Sender 3 a la bonne idée d’être très zen, puis d’offrir du répondant si c’est le pilote qui lui en donne…

Ajustements ?!

Il est intéressant ensuite d’essayer les différents réglages dont dispose ce vélo. L’occasion de préciser quelques ajustements et leurs effets. En premier lieu, je joue sur le reach. Habituellement, au-delà de 490 mm, je sens le vélo trop grand. Ici, les 493 mm de la taille L en position intermédiaire ne me procurent pas cette impression lors de la première prise en main. L’assiette du vélo est si bonne, que je ne dispose pas des mouvements parasites qui habituellement mettent en évidence cette longueur trop importante. Il me faut donc un petit moment pour me rendre compte que je serais mieux sur la position la plus courte. Pour ma part, c’est dans les virages relevé où j’ai tendance à trop m’asseoir sur l’arrière – et à oublier de charger l’avant pour garder la vitesse – que je finis par me rendre compte de ça, et qu’un empattement avant me convient finalement mieux. En raccourcissant ainsi le vélo, je me rends compte que le cintre est un petit peu bas. Je peux donc donner un bon repère à ce sujet : raccourcir de 8 mm, peut demander de rehausser de 1 cm. C’est une bonne première approche, un bon premier repère.

J’expérimente ensuite ce que peut procurer le réglage qui permet de jouer sur la progressivité. En première approche, on pourrait penser que ça joue sur la fin de course, et sur la manière avec laquelle le Canyon Sender 3 atteint cette phase de son débattement. En réalité, au paddock, on est un peu tous d’accord – pilotes officiels et journalistes – pour s’entendre sur le fait qu’on sent surtout que ça influe sur le début de course qui est beaucoup plus sensible. C’est intéressant dans les sections rocailleuses, comme les pierriers bien sentis de Windrock… Si bien qu’avec ce nouveau gain de sensibilité à l’arrière, ça peut impliquer de dégonfler la fourche de 5 Psi supplémentaires. Si vous tenez les comptes, sur la Boxxer, on en est donc à -15 Psi par rapport à la préconisation standard.

Choix des pilotes

Du coup, je comprends et j’adhère aux choix de Troy Brosnan par exemple. Lui a pris le temps d’essayer l’effet de tous les réglages à disposition. Au final, il a établi que la position progressive, et le boîtier à hauteur normale ont sa préférence. Il fixe aussi le reach à une seule et même longueur toute la saison, et ne joue plus « que » sur les réglages habituels de suspension, les pneus, et la rigidité/raideur du cadre en course… Du côté de Marine Cabirou, le Canyon Sender 3 est quelque chose de plus nouveau, puisque c’est la première saison au sein du CLLCTV. L’idée est donc encore de faire du testing tout au long de l’hiver en notant ce qui peut paraître utile à chaque piste de la saison, pour avoir un setup de départ qui peut s’avérer spécifique à chaque manche. Mais là aussi, la position progressive semble avoir sa préférence.

Perso, je rejoins Troy au sujet de la hauteur de boîtier : en position basse, c’est clairement proche du sol, peut-être trop. À Windrock, en position haute, j’ai systématiquement touché le bash dans une compression rocheuse qui ne payait pas de mine, et qui méritait justement que le vélo avale ça sans autre forme de procès. Alors même que par ailleurs, le comportement du vélo était en tout point satisfaisant. Peut-être quelque chose à surveiller, et auquel être attentif, puisqu’il y a tout de même pas mal de choses logées autour du boîtier, derrière le plateau et sa protection.

Vs la concurrence

En un sens, la concurrence qui me vient à l’esprit et le Yeti SB 165. Il a un peu ce côté tranquille de prime abord, cette assiette stable et saine. Une bonne base, un vélo que tu peux solliciter pour rouler plus vite, ensuite. C’est juste que le Canyon rend davantage de vitesse que le Yeti, qui reste plus feutré, et un peu plus smooth, quoi qu’il en soit.

L’autre concurrence, c’est bien entendu le Santa Cruz V10. Les deux ont en commun ce jus quand tu pousses sur le boîtier. C’est indéniable. Clairement un trait de caractère nécessaire aux vélos de Descente qui veulent jouer la gagne en Coupe du Monde de Descente, de nos jours. Le deux ont aussi en commun cette assiette de vélo de descente mulet : très slopping, très assis sur la roue arrière. Au point qu’il faille nécessairement charger l’avant pour garder la vitesse en courbe, le moment venu.

Enfin, ils ont commun le fait de ne pas avoir beaucoup de débattements à déplier pour sauter. Plus encore le Sender que le V10, quoi que. Dans tous les cas, clairement des vélos qui rendent les choses faciles pour prendre la voie des airs et survoler ce qui mérite de l’être pour ne pas se compliquer la vie. Des vélos modernes, à la pointe de ce que l’on observe en Coupe du Monde où, clairement, les meilleurs mondiaux feraient passer les pires tracés du calendrier pour de vulgaires pistes de BMX…