Ça n’a échappé à personne, il a plu lors des finales de la Coupe du Monde de Descente des Gets. Logiquement, on ne peut que suggérer que ça ait eu un impact. Mais comme l’a bien résumé Flo Letondeur dans le Débrief FullAttack, ça n’a pas empêché les meilleurs de faire étalage de leurs talents. Pour s’en rendre compte, il suffisait d’avoir la fibre du pilotage en tête, et de jeter un oeil averti aux chiffres, une fois la course passée… La preuve 😉
Chez les Hommes…
L’impact de la pluie ?!
Chez les hommes, l’impact de la pluie est clairement visible dans les données. Et pour cause, plus de 2h de temps séparent le premier du dernier sur la start-list. Si l’on prend le top 10 masculin et les 5 derniers à partir, classés par position à l’arrivée, le constat est clair : les dix meilleurs sont partis une heure avant les favoris. Et lorsque l’on regarde les images, les conditions ont clairement évolué. L’eau ruisselle clairement pour les derniers. Entre les deux, Greg Minnaar semble avoir eu des conditions mixtes : parties à découvert déjà lustrées, certains passages à l’abri des sous-bois encore préservés. Tout ça est corrélé avec les archives météo disponibles pour la zone. La petite pluie fine du début est passée à travers les radars, mais ensuite, la pluie s’est clairement installée…
Dans tous les cas, cette observation sert simplement à illustrer que oui, la pluie a logiquement eu un impact sur la course. Ça permet surtout de planter le décor pour mieux profiter de certains exploits sur lesquels on se penche à présent… À commencer par celui de Thibaut Daprela. On ne va pas revenir sur sa folle semaine, et l’issue inespérée qu’elle a connu, mais s’en tenir aux chiffres. Ici, son temps en finale sur terrain luisant, qui est 2s moins vite, à peine, que le meilleur temps des qualifications, courues pour le coup sur un terrain bien plus favorable. C’est en substance, le message de Loris Vergier, adressé à Thibaut Daprela dans l’aire d’arrivée, à l’issue de la course : run fou, victoire méritée du pilote Commençal Muc-Off !
Secteur 1 & 2
L’impact de la pluie, on le retrouve donc dans le détail de chaque intermédiaire : tir groupé des premiers, et gros écarts ensuite. Les deux premiers secteurs permettent néanmoins de mettre en évidence certaines performances. Celle de Greg Minnaar et son pilotage chirurgical, sur le secteur 1 pourtant déjà bien humide et lustré lors de son passage. Celle de Loris Vergier dans le secteur 2 et malgré la pluie ! Clairement dans le rythme ! L’échelle est trompeuse, mais les écarts dans le premier secteur sont importants : Thibaut Daprela a déjà clairement pris une option sur la gagne…
Secteur 3
C’est là que Thibaut Daprela enfonce le clou et prend la tête. Seul à le suivre, Baptiste Pierron, qui l’accompagnera sur le podium. Derrière, les écarts sont fait, et une fois encore, un exploit est à noter dans ces conditions : le secteur de Reece Wilson ! L’écossais, passé sous la pluie et sur un terrain clairement boueux, fait mieux que se défendre. Il est parmi les meilleurs. Certains ont trouvé que sous la pluie, il avait eu des airs de Sam Hill à Champéry : à deux doigts de démontrer que rien n’était impossible. Sa prestation n’a pas été aussi consistante que celle du maitre, mais effectivement : il y avait un peu de ça ce week-end aux Gets chez le pilote Trek…
Secteur 4&5
D’ailleurs, on passe directement au secteur 5, pour continuer le parallèle Reece Wilson / Sam Hill. Parce que l’un comme l’autre, au final, sont désormais réputés pour se mettre des tatanes de l’espace ! Celle de Reece Wilson sur le river gap des Gets est en passe d’entrer dans la légende. C’est à elle qu’on doit l’écart monumental illustré par ses deux courbes. Pourtant, on voyait clairement que jusqu’ici, il était bien dans le jeu pour un top 10 qui aurait aussi marqué les esprits dans ces conditions. Même topo, sans la chute, chez Loris Vergier : lui qui disait avoir encore des choses à régler dans la boue cette saison, peut tirer de la confiance de ses trois premiers secteurs des Gets !
Chez les filles
L’impact de la pluie
À l’image de cet écran radar, les données dont on dispose pour la course ne sont pas suffisamment précises pour juger de l’importance qu’a eu la pluie fine tombée chez les filles. Sur les images, on peut percevoir des différences qui suggèrent que ça ait joué, mais la précision des données ne permet pas d’illustrer ou quantifier. Qu’importe, les chiffres sont tout de même intéressants pour revivre le déroulement de la course pour la victoire, qui s’est finalement jouée d’un rien…
Secteur 1
D’ailleurs, le secteur 1 est à l’image de la course des filles : un mano à mano entre Tahnée Seagrave et Myriam Nicole. Derrière, il y a déjà un monde d’écart même si Vali Holl et Eleonora Farina se font remarquer en étant les plus proches poursuivantes… Camille Balanche, elle, est en retrait. Elle s’est stoppée dans un arbre et repart en se disant qu’elle n’a plus rien à perdre !
Secteurs 2,3 & 4
On regroupe ici les trois secteurs suivants parce qu’ils ont un point commun ici : ce sont les bois ! Dans le premier, on note que Tahnée Seagrave prend le meilleur, que Eleonora Farina engage, et que Camille Balanche se ressaisie.
Dans le second, la suissesse poursuit son effort, et passe devant les deux autres. C’est ici que Myriam Nicole tombe. Une chute qui la pique visiblement au vif puisqu’elle repart de plus belle dans le dernier secteur boisé. Camille Balanche continue à faire parler son aisance dans la pente, tandis que ça y est, Mille Johnset se met en évidence…
Secteur 5
D’ailleurs, la norvégienne finie à bloc : c’est elle qui signe le meilleur dernier secteur, et d’une belle marge ! Camille Balanche est la seule à suivre à peu près ce rythme, ce qui lui permet de conclure la course suivant une courbe qui illustre un beau retour au fur et à mesure des intermédiaires. Myriam Nicole aussi a une courbe qui remonte clairement sur les deux derniers secteurs. On voit d’ailleurs ici à quel point l’issue de la course a pu être serrée et incertaine jusqu’au bout ! Dernier fait de course mis en évidence : la chute de Vali Holl, dans le dernier virage, qui lui coute un podium pour lequel elle était en lutte…
Qu’en retenir ?!
Après de telles performances sur les pentes des Gets, on ne peut que se recentrer sur ce qui fait l’essence même de la descente VTT. Au départ, il y a avant tout des talents de pilotes qui s’expriment quelles que soient les conditions. Bien sûr, les résultats ne récompensent pas toujours, à la virgule près, chacun à la juste valeur qu’on voudrait lui accorder. Mais qu’importe, chaque pilote a accepté de jouer selon les mêmes règles, qui font que la course se déroule ainsi, et pas autrement.
Dans tous les cas, Thibaut Daprela empoche une folle victoire, à l’issue d’une folle semaine, qui lui aura au moins démontré que malgré l’adversité, c’est avant tout la gestion, un peu de stratégie et de fougue canalisée qui peuvent permettre de s’exprimer pleinement le jour J, à l’heure H, pour signer un résultat qui a son importance pour la suite de la saison, on le verra…
L’apprentissage d’ailleurs, est aussi la thématique qui revient dans les propos de Loris Vergier, Reece Wilson, Camille Balanche ce week-end. Chacun, malgré les circonstances particulières, a su tirer profit de certaines situations pour se faire remarquer et mettre à profit ses talents, même si sportivement, ça ne paie pas forcément. Parfois à leur avantage, parfois non, les évènements ont tourné dans un sens ou dans l’autre, mais une chose est sûre dans tous les cas : chacun a de quoi capitaliser pour la suite… À Maribor, dans 6 semaines !