5 ans. Chez Lapierre, c’est la durée de vie moyenne d’un Zesty/Spicy au catalogue de la marque. Le compte est bon, puisque la précédente génération du Lapierre Zesty avait été lancée début 2019. Nous voilà un peu plus de cinq années plus tard avec une nouvelle génération qui relève un pari audacieux : celui de perpétuer la lignée, en revoyant / corrigeant / replaçant le concept mis à profit jusqu’ici…
Jusqu’ici…
Petit retour en arrière… D’abord, à la fin des années 2000, pour se rappeler que c’est à cette période que sont apparus les premiers Zesty & Spicy au catalogue de la marque française. Deux modèles qui sont, depuis, devenus cultes. Deux autres itérations se sont succédé, sans pour autant qu’elles ne s’empilent. Chaque génération a fait son temps au catalogue – 5 ans, grosso modo – arrivant à point nommé sur le marché, et restant au goût du jour un certain temps, preuve que le tir était plutôt juste, au départ.
Ainsi, le précédent Zesty était sorti début 2019. Plus en détail, il faisait châssis commun avec le Spicy. Sur le terrain, chacun avait sa spécificité, mais j’en étais tout de même venu à une certaine conclusion : on sentait bien que le Zesty était, au fond de lui, capable de plus, et qu’un entre-deux, à mi-chemin entre Zesty et Spicy, pouvait avoir tout son intérêt. Quoi qu’il en soit, les Zesty et Spicy ont continué à faire leur bonhomme de chemin. Notamment parce qu’ils étaient en avance sur leur temps : compatibles full 27,5 / Mullet-MX / full 29 pouces.
Via un angleset, et un flip chip, qui auront notamment permis de faire progresser les montages, année après année, faisant gagner certains en débattement, notamment. Pour autant, les années passant, les Zesty et Spicy qu’on connaissait jusqu’ici ont fini par connaître les affres de la concurrence, du marché et des générations, qui n’attendent pas. Si bien que les géométries, les rigidités/raideurs, voir les résistances de certains éléments aux pires traitements, n’ont fait que se dégrader au fil du temps, démontrant que ces modèles étaient en fin de vie, logique…
Lapierre Zesty CF
- All Mountain
- Full 29 & Mullet/MX
- 150/150 mm, & 140/140 mm
- Carbone
- Reach 480 mm (L) & Offset court
- Roues Lapierre Carbone
- Maxxis Assegai/Dissector 2.5/2.4 EXO+
- SRAM Level, 200/180 mm
- 5 modèles, 4 tailles, 4499€ à 9299€
- 2470g (cadre sans amortisseur, taille M)
- Dispo immédiate
- Fiche sur lapierrebikes.com
Après cinq années, le renouvellement du Lapierre Zesty était donc devenu aussi logique, qu’inéluctable. Et nous y voici. Avec, en première question à répondre, celle de l’orientation choisie par la marque. Quand on a une plateforme comme celle du Lapierre Zesty, qui a eu son succès, et qui a simplement plutôt bien vieilli, que faire ? Repartir d’une feuille blanche, ou la faire évoluer, pour lui redonner son lustre et la remettre au goût du jour ?
Pour le Lapierre Zesty CF, c’est la seconde option sur laquelle la marque s’est penchée. Parce qu’au final, peaufiner des paramètres cinématiques, des éléments de géométrie et de rigidités/raideurs, ça ne nécessite pas forcément de tout remettre en question. Du moins, ça mérite de voir si, en matière d’ingénierie, les directions retenues jusqu’à présent, ont encore un potentiel de développement, avant d’envisager autre chose…
Qu’importe… Ça, c’est pour le premier coup d’œil, celui qui doit permettre de déceler, d’un regard, le nouveau de l’ancien.
En détail…
Reste que tous ces détails ne prennent tout leur sens et leur valeur que s’ils sont la justification de choix qui répondent au cahier des charges établi précédemment. À savoir, mettre la géométrie, la rigidité/raideur et la cinématique du Lapierre Zesty CF au goût du jour… Et sur le papier, c’est le cas, plutôt deux fois qu’une, tant chaque détail trouve sa justification, et son complément, invisible à l’œil nu…
Rigidité/raideur
En matière de rigidité/raideur, tout d’abord, le design mis en évidence précédemment vise effectivement à rendre les bases plus rigides. Elles peuvent, ainsi, donner une meilleure assise au train arrière du Lapierre Zesty CF.
À ce pontet s’ajoutent des choix de matière précis. Le carbone utilisé pour former le châssis du nouveau Lapierre Zesty CF, et donc ses haubans, revêt plusieurs caractéristiques spécifiques au gain de rigidité. Trois fibres sont ainsi au rendez-vous : T700, T800 et MJ40, de chez Toray. Soit une fibre de module standard, une de module intermédiaire, et une de haut module, afin de jouer finement des caractéristiques de chacune. 500 pièces de layup carbone sont au programme pour réaliser un cadre de Lapierre Zesty CF. Le poids du cadre – nu, sans amortisseur – reste sous la barre des 2500g – à 2470g, taille M.
Cinématique
Si l’on poursuit, les haubans s’ancrent de belle manière au basculeur, on l’a dit précédemment, mais il faut aussi noter le concept même de ce basculeur. Plus massif – cf. la rigidité/raideur dont on vient de parler – mais aussi un peu plus long. Or, en matière de cinématique, on sait à quel point quelques millimètres çà et là peuvent suffire à faire évoluer les choses. Ici, le travail a d’abord porté sur un gain de sensibilité en début de course. Qui dit triangle arrière plus rigide, signifie qu’il faut récupérer quelque part le confort laissé en route. Ce gain passe par une courbe de ratio aux valeurs plus élevées en début de course, et une fin de course à la progressivité accentuée. Le tout, en actionnant un amortisseur en 60mm de course, et dont le volume disponible au sein du cadre est plus important qu’alors…
L’occasion de pouvoir monter les amortisseur à ressorts négatifs les plus volumineux, et ceux dotés de bonbonnes imposantes comme le RockShox Flight Attendant. Or, on sait ce qu’apportent les ressorts négatifs plus volumineux : plus de sensibilité au départ, et du maintien plus prononcé à mi-course… Le basculeur plus long a un autre effet : celui de lisser un peu la courbe de ratio et quelques autres variations de paramètres cinématiques utiles à tempérer un peu le tempérament du Lapierre Zesty CF. On verra par la suite, comment tout ça se traduit véritablement, sur le terrain, à l’usage…
Géométrie
En attendant, coup d’œil au tableau des géométries pour cerner en quoi le Lapierre Zesty CF évolue, et de quelle manière. En l’occurrence, l’objectif est de proposer un vélo plus long, pour plus de relâchement, de tranquillité d’esprit aussi, du pilote, quand ça peut aller vite – au global, l’empattement prend 30mm...
C’est d’abord du côté du tube de selle qu’il faut regarder. C’est là qu’une bonne partie du travail se situe, avec un angle qui se redresse de manière très importante – +3,7° – pour recentrer le pilote dans sa position au pédalage, comme on en a déjà largement saisi les intérêts, sur FullAttack. Tube redressé et raccourci, deux indispensables pour remettre le Lapierre Zesty au goût du jour, tant c’est sur ce point qu’en matière de géométrie, la précédente génération commençait à pêcher. Avec ce recentrage, s’ensuivent les logiques ajustements de reach – +20mm – tandis que les bases grandissent sur toutes les tailles – sauf en M – et évoluent désormais en fonction de la taille, pour optimiser la répartition des masses. Tout ça, de manière constante si l’on souhaite profiter d’une option toujours possible sur le Lapierre Zesty CF : jouer du format de roue arrière – 27,5 ou 29 pouces. Le Flip-chip qui permet de compenser la différence de taille de la roue arrière est toujours présent à l’ancrage de l’amortisseur, sur les bases. La compatibilité avec le montage Full 27,5 pouces disparaissant, l’angleset n’est plus au programme, d’origine. Mais si certains veulent encore jouer de l’ange de direction, le jeu en ZS56 permet toujours de monter un angelset mais demande de travailler un peu le passage des gaines et durites, par exemple.
Détails & finitions
Ce dernier point permet d’ailleurs de rebondir sur les détails et finitions qui méritent un petit coup d’œil au cœur du Lapierre Zesty CF…
La gamme
Pour ce lancement, le Lapierre Zesty est décliné en 5 modèles. Ils ont en commun des fourches en plongeurs de 36mm, des sections de pneus dissociées – 2.50 avant/2.40 arrière – des freins 4 pistons en 203/180mm, et un plateau de 32 dents d’origine. Tous, sauf un, sont déclinés en 150mm de débattement avant/arrière. Seul le Lapierre Zesty CF 9.9 est lui, proposé en 140mm, et avec un montage plus fin. Lui, pourrait mériter un petit SL ajouté à son nom… Un peu dans l’esprit du modèle SE qui indique qu’il s’agit d’une édition spéciale, haut de gamme, qui se pare du système de suspension électronique Rock Shox Flight Attendant…
Premières impressions
Rigidité en hausse, côtes qui s’allongent et se modernisent, courbe de ratio qui évolue, le tout dans un package proposé en 150 mm de débattement avant/arrière… Plusieurs questions me taraudent au moment de restituer mes premières impressions au sujet de ce nouveau Lapierre Zesty. La dynamique chère aux Zesty/Spicy de la précédente génération est-elle encore au rendez-vous ? Ce Lapierre Zesty respecte-t-il toujours le côté facile et accessible qu’on connaît aux vélos de la marque ? Et comment se positionne-t-il sur le marché actuel, en perpétuelle mouvance ?!
Pour m’en faire une idée, direction les traces connues et reconnues du Regagnas, à quelques encablures d’Aubagne et de Marseille. Isabeau Courdurier et Cedric Carrez, du Lapierre Zipp Collective habitent non loin, mais c’est en compagnie de Paulin Liandrat – du Sport Marketing Lapierre et local de l’étape – que l’on profite de la Pif-Paf, du Moulin de Redon et de la DH du Regagnas pour se faire une première impression du Lapierre Zesty 2025.
Au coup de pédale tout d’abord, pour noter deux choses. La première, le fait que la sensibilité annoncée soit bien présente. Mieux, elle a le bon goût de faire sa transition vers un autre gain du nouveau Lapierre Zesty CF, de belle manière, autour du SAG : je veux parler du maintien. Si bien que le rendu est particulièrement intéressant sur le terrain rocailleux que vous pouvez imaginer des lieux. La motricité à la roue arrière est bonne, l’amortissement est suffisant pour rester assis en selle la plupart du temps, mais pour autant, le vélo offre ce qu’il faut de feedback du terrain et surtout, ne s’affaisse pas ensuite dans son débattement, ce qui permet d’être réactif et précis quand il le faut. Est-ce aussi le fait qu’ainsi, il reste haut dans son débattement, qui évite aussi de percevoir du kick-back ou un effet de chaîne prononcé ? Je ne sais dire, mais pour l’heure, c’est ce qui m’a fait apprécier sa bonne prestation, agrémentée d’une position résolument plus moderne, comme le tube de selle redressé sait le proposer.
La deuxième observation faite dès les premiers tours de roue, porte sur la manière de tailler du nouveau Lapierre Zesty CF. Si, sur le papier, les chiffres de géométrie sont en hausse, il n’est pour autant pas question de révolution sur le terrain. J’entends par là que jusqu’ici, les Zesty/Spicy de la précédente génération se situaient dans la moyenne du marché, pas particulièrement grands. Même plutôt rassurant, de ce point de vue. Depuis, le marché a évolué, et avec l’évolution apportée ici par le Lapierre Zesty CF, j’ai simplement le sentiment que ça permet à ce vélo de garder sa position au cœur du peloton. Ni plus, ni moins. Rien d’extrême.
Reste à voir de quel peloton il s’agit. Et ça, ce sont les généreuses sections rocheuses du coin, ainsi que les belles courbes qui tricotent entre les arbres du Regagnas, qui nous en disent plus. Et d’abord, pour m’assurer d’une chose : qu’est devenue la dynamique propre aux Zesty/Spicy ? J’entends par là qu’en matière de caractère, la précédente génération pouvait se résumer à un trait : le fait de pouvoir facilement sortir en manual de n’importe quel virage dans lequel on aurait tassé le boîtier, ou bien, dans la même dynamique, de pouvoir facilement décoller via la moindre apsérité du terrain. Réponse : le trait de caractère est toujours là ! Il suffit d’un bel appui pour s’en rendre compte. Simplement, le maintien plus présent à mi-course, et la rigidité plus marquée du triangle arrière, apportent naturellement plus de contrôle à la manœuvre. Si elle pouvait être parfois un peu parasitée et donc à l’issue un peu hasardeuse sur l’ancien, j’ai le sentiment d’avoir un peu plus de contrôle et de précision quant à son issue, désormais.
Ça m’intéresse plus particulièrement dans les sections rocheuses, où tirer pour poser à un endroit précis et donc, ne pas faire que subir les lieux, a toute son importance. Et si le train arrière est plus précis, la suspension prend le relais pour ne pas gâcher la fête, et j’ai le sentiment que le triangle avant aussi, a progressé, puisque ce n’est pas le facteur limitant. Non, ici, cette fois, ce sont les freins SRAM Level qui le sont. Et je le note pour une bonne raison : cette observation me permet d’illustrer, d’étayer, et de résumer mon impression au guidon du nouveau Lapierre Zesty… Souvenez-vous. Au verdict d’essai des Zesty/Spicy de la génération d’avant, j’en appelais, en conclusion, à trouver un compromis, un idéal à mi-chemin entre les deux. Eh bien c’est cet entre-deux que j’ai le sentiment de trouver avec le Lapierre Zesty CF. Et c’est d’autant plus intéressant que de cette manière, ça me conforte dans mon impression : le Lapierre Zesty CF peut clairement prétendre à faire partie de ces fameux All Mountain modernes. Ceux dont on dit que ce sont les descendants des précédents vélos d’Enduro, avant que ces derniers ne s’extrémisent ces dernières années. Vous aimiez le précédent Zesty ? J’aurais tendance à lorgner vers la version 140 mm du nouveau. Vous aimiez le précédent Spicy, comme l’ancien Rallon vous parlait, ou bien comme les Hightower, Stumpjumper Evo, SB140, Genius ST, Occam LT et autres Meta V5 vous parlent actuellement?! J’ai le sentiment que le Lapierre Zesty peut désormais faire partie du panel. À la nuance près que la concurrence, elle, utilise simplement des Sram Code, pour boucler sur ce point… CQFD.
Quoi qu’il en soit, on pourra préciser ce qui le mérite en commentaire – volontiers, comme d’habitude sur FullAttack – mais en attendant, je boucle sur une première impression intéressante au sujet du Lapierre Zesty CF. J’ai le sentiment que la marque a bien fait de donner sa chance à cette plateforme. J’entends par là, d’explorer les possibilités d’évolution que le concept offrait, pour voir s’il y avait encore un avenir. Il me semble y être, au cœur de la concurrence importante du marché des All Mountain modernes. Le match est lancé. Ceux qui appréciaient l’ancien, mais qui en connaissaient aussi les limites, peuvent déjà se dire que le nouveau coche les bonnes cases pour perpétuer la lignée tout en corrigeant les défauts apparus avec le temps. Ceux qui en veulent plus patienteront encore un petit peu. Finalement, on ne fait que parler du Zesty ici… À très vite pour la suite !