Le E-thirteen Sidekick veut mettre kick-back & anti-squat à terre…

Kick-back, anti-squat, effet de chaîne… On en parle régulièrement sur FullAttack, parce que c’est au cœur d’une partie du fonctionnement de nos VTT tout-suspendus Gravity. Et donc, on ne manque pas une occasion de porter l’attention à un produit qui s’y attaque. Cette fois, c’est un nouveau moyeu, le E-Thirteen Sidekick, qui s’y colle. Contexte, détail de fonctionnement et mise en perspective, sur FullAttack !

Piqûre de rappel

Ceux qui sont habitués à nous lire, sur FullAttack, connaissent ces deux phénomènes : kick-back et anti-squat. Pour les autres, petite piqûre de rappel. Ces deux phénomènes sont liés au fait que très majoritairement, lorsqu’une suspension arrière de VTT s’enfonce, la roue a tendance à s’éloigner du pédalier. Or, sans autre mesure pour en contrer les conséquences, cet éloignement tend le brin supérieur de la chaîne. Et cette tension peut avoir deux effets, à chaque extrémité de ce brin. Côté roue, ça peut interférer avec le fonctionnement de la suspension, la manière avec laquelle elle prend le débattement ou non. Et côté pédalier, ça peut impliquer des mouvements de manivelle parasites, que l’on peut percevoir dans les pieds. Dans les deux cas, vous l’aurez compris, pouvoir influer sur ces phénomènes et en réduire les conséquences peuvent être des intentions intéressantes pour certaines têtes pensantes du milieu.

La fine équipe

Des têtes pesantes, justement, il y en a chez E-Thirteen. La marque est d’ailleurs issue de The Hive – la ruche, ndlr – un groupement d’ingénieurs californiens bien connus de nos services, et sévissant dans le milieu du cycle… Or ces ingénieurs n’ont pas agi seuls cette fois-ci. Ils se sont entourés de quelques-unes des fines lames du plateau international. Si bien que le moyeu E-Thirteen Sidekick dont on parle ici, fait partie de ces fameux produits qui ont d’abord été étrennés en douce, à l’insu de tous, dans les paddocks de la Coupe du Monde de Descente. De ces produits dont on apprend l’existence qu’une fois que leurs instigateurs se disent qu’en faire fuiter la présence peut servir leurs intérêts futurs. Quoi qu’il en soit, nous, on retiendra que ces moyeux ont notamment pris place sur les Mondraker de Ronan Dunne & Dakotah Norton, sur le vélo d’un certain Aaron Gwin – qui en connait un rayon en matière de feeling chainless – ou bien encore sur les Canyon du gourou Fabien Barel – qui profitaient eux-mêmes d’un moyeu débrayable maison, qu’il fallait commander au guidon, fut un temps…

Le concept !

Bon, mais de quoi s’agit-il ? Pour faire simple, on peut résumer en disant que le E-Thirteen Sidekick est un moyeu à roue libre débrayable. Les plus pointilleux d’entre nous diront que ce concept n’est pas nouveau. Oui, les roues libres débrayables, free-coaster et autres systèmes à enclenchement instantané existent déjà depuis un moment. Ça n’empêche que le E-Thirteen Sidekick a ses spécificités, et peu mérité un coup d’œil. Notamment pour comprendre son fonctionnement particulier…

La suite du fonctionnement est expliquée via la vidéo ci-dessous. Elle permet de saisir comment chaque pièce peut se mouvoir par rapport aux autres…

Les premiers mouvements permettent ainsi, d’abord, de saisir que les trois principaux cliquets du corps de roue libre, sont, en position de repos, totalement désengagés du système. Seul le cliquet de l’hélice centrale garde le contact. Il y a donc un petit bruit de roue libre en fonctionnement. Quoi qu’il en soit, l’autre en enseignement de ce début de vidéo, porte sur le fait qu’il y ait un angle mort lorsque la cassette sollicite le corps de roue libre. Sur les premiers degrés de rotation, les trois cliquets principaux n’engrènent en rien. Dans ce cas de figure donc, si la chaîne tire sur la cassette parce que la suspension s’enfonce, la roue arrière n’est pas entraînée, ou au contraire, n’oppose aucune résistance.

Les plus perspicaces auront noté que les trois pales de l’hélice centrale n’offrent pas le même espacement entre elles.Cette observation est un importante pour ce qui suit. En tournant, le corps de roue libre et ses cliquets pourraient entraîner l’hélice centrale. Mais le propre cliquet de cette dernière l’en empêche. Au bout d’un moment, les cliquets du corps roue libre finissent donc par rencontrer les pales de l’hélice. Ces pans inclinés soulèvent les cliquets, qui viennent engrener avec le corps du moyeu.

Bref, si on résume, le moyeu E-Thirteen Sidekick dispose d’une roue libre débrayable, à engagement automatique, et dont l’angle mort peut-être ajusté via l’hélice centrale à trois positions. On le voit sur le marquage laser de cette dernière : le degré d’engagement peut-être ajusté sur 12, 15 ou 18°.

Versus la concurrence

Mais au fait : le degré d’engagement, il en est toujours plus ou moins question avec une roue libre, même classique ?!Entre les solutions à plusieurs dizaines de degrés connues par le passé, et celle à quelques degrés seulement, qu’on nous vante ces derniers temps, on doit même avoir l’embarras du choix sur le marché ! Ne peut-on donc pas déjà compter sur ce degré d’engagement là ? Ça, on en a déjà parlé sur FullAttack. Le problème avec les roues libres plus classiques, c’est qu’on ne maîtrise pas si l’on va profiter pleinement ou non de ce degré de liberté. En effet, au moment où la suspension s’enfonce et la chaîne tire sur la cassette, rien ne nous permet de savoir habituellement, si les cliquets sont loin de la denture qu’ils vont rencontrer, ou s’ils viennent de faire clic, et qu’ils vont la heurter dans l’instant.

Toute l’habileté du E-Thirteen Sidekick résident dans le fait de réduire en partie cette imprévisibilité. Quoi qu’il arrive, l’angle mort de 12, 15 ou 18° offert par le corps roue libre et l’hélice centrale, est garanti. Le côté aléatoire est réduit aux 8° d’engagement restant entre le cliquet de l’hélice central et la denture – contenant 45 opportunités d’engagement.L’intérêt de tout ça ? Je laisse la marque déployer comme elle veut son argumentaire. Pêle-mêle on pourra noter une réduction du kick-back ressenti dans les pieds, une réduction de l’effet de chaîne qui peut interférer sur le fonctionnement de la suspension, donc un sentiment de confort, plus important transmis au pilote, une suspension, plus libre de fonctionner dans son débattement, une réduction des frictions en roue libre puis qu’un seul cliquet – contre 3 voire 4 – est en service, un fonctionnement plus silencieux, etc, etc…

Quoi qu’il en soit, c’est une concurrence qui vient forcément à l’esprit quand on parle de réduire les conséquences de l’effet de chaîne sur un vélo. Quelque part, le E-Thirteen Sidekick fait dans le moyeu, ce que le O-chain fait dans l’étoile du plateau. D’ailleurs, quand on a l’opportunité de mettre l’intérieur de ces deux systèmes côte à côte, on perçoit bien la présence de cette hélice centrale qui, dans les deux cas, détermine la valeur du degré de liberté du système. Pour autant, attention à ne pas tomber dans la facilité. Puisqu’il y a rapport de réduction entre les deux – dû à la taille du plateau et au pignon sur lequel on se trouve à l’arrière – on ne peut pas directement comparer les degrés de liberté annoncés par chacun des systèmes. J’entends par-là que les 12° du O-Chain ne sont pas les 12° du E-Thirteen Sidekick. Il y a un petit peu de géométrie et de calcul à faire pour avoir de vraies valeurs comparables. Quoi qu’il en soit, en attendant, on s’arrête là pour cette fois-ci, sur FullAttack. Le reste des spécificités des moyeux E-Thirteen Sidekick, ci-dessous… 

E-Thirteen Sidekick > moyeux spécifiques de la marque / versions SRAM XD, Microspline, Shimano HD, mini HG, cassette intégrée 7 vitesses / Boost, Super Boost, 148mm & 157x12mm / 28 ou 32 rayons coudés selon les versions / roulements 6903 – 6808 / 12-15-18° d’ajustement / 450g (Super Boost XD) – 452g (Boost XD) – 459g (148mm DH mini-HG) – 652g (12x157mm 7 vitesses) / 499,95€ (moyeu seul) – 589,95€ (version avec cassette intégrée).