On s’en souvient, dans le Val di Fassa, c’est un coup de cul assez copieux qui avait fait le tri en les costaud et les autres, lors de la première course de la saison… Et à en croire les top-pilotes interrogés après course, il semble bien que ce soit un nouveau pétard qui ait fait la différence lors de la première des deux manches Enduro World Series de La Thuile. En tout cas, c’est le point commun à plusieurs des conversations qui, mises bout à bout, nous apprennent ou rappellent de bonnes choses sur le sujet, avant que l’on détaille davantage la course, Entre les chiffres…
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Le pétard en question se situe dans la dernière spéciale du jour – Verticale. Sur le papier pourtant, pas la spéciale la plus pentue du jour, mais à en croire les images, on pourrait penser que c’est pour ce coup de cul bien raide que ce nom lui ait été donné. Pour en avoir un aperçu, on embarque avec Jack Moir, en pleine course. La séquence intéressante dure quelques instants après la fin du pétard, lorsque l’on constate qu’ensuite, ça enchaine direct par quelques épingles bien serrés…
Au micro de nos confrères de Pinkbike, c’est tout d’abord Isabeau Courdurier qui évoque le sujet de manière indirecte. La pilote du Lapierre Zipp Collective précise que c’est au début de ce pétard, à priori sur les racines en dévers qui conditionne l’entrée, et l’élan, qu’elle a chuté et perdu tout espoir de victoire…
J’ai glissé juste avant la grosse montée, et j’ai perdu toute l’énergie qu’il me restait […] Je suit tombée et j’ai essayé de remonter sur la piste, mais je n’arrêtais pas de glisser et j’ai perdu un temps fou !
Isabeau Courdurier, au micro de Dan Wolf / Pinkbike, après la Thuile #3
Au delà du sol glissant et du temps perdu à revenir en piste, c’est peut-être le pire endroit pour chuter. Alors que l’élan aide forcément à gravir la pente ou du moins les premiers mètres, débuter avec zéro vitesse est en soit, déjà, la pire des choses, coutant elle aussi un temps et une énergie folle.
De l’énergie, il en faut forcément pour gravir la pente pendants ces longues, très longues secondes d’effort. C’est ce que Andreane Lanthier Nadeau – 3e – reconnait à Harriet Harnden – 2e du jour et top 10 espoirs en XC la semaine passée au Gets…
Tout s’est joué dans la dernière spéciale. J’ai roulé comme si c’était sec en haut, c’était fou ! […] Mais Harriet est très forte. Elle a fait des podiums en coupe du monde de XC. Je savais que je devais tout donner dans la montée. Elle m’a eu, mais je suis quand même troisième au final…
Andréane Lanthier Nadeau, au micro de Dan Wolf / Pinkbike, après la Thuile #3
Troisième, c’est aussi la place d’Adrien Dailly lors de cette première course à La Thuile. Et après cette performance, la question lui est forcément posée. Sur le papier, Adrien adore ce qui est technique, moins ce qui pédale… Mais son analyse va au delà de cette simple section, et c’est tout aussi intéressant !
C’était une spéciale mixte heureusement, avec quand même beaucoup de parties techniques. Donc ça va, il ne s’agissait pas juste de pédaler, sinon j’aurais été bien plus loin ! C’était dur parce que très pentu et très technique juste après la montée. Tout le corps était sec. […]
Adrien Dailly, au micro de Dan Wolf / Pinkbike, après la Thuile #3
Savoir saisir les occasions de s’exprimer ailleurs, pour compenser, et savoir gérer la suite, pour ne pas perdre le bénéfice des efforts consentis à la montée… C’est peut-être là, aussi et surtout, le meilleur enseignement à tirer des témoignages de ces champions. Dans le dur, quand ça grimpe, chacun est face à ses propres limites, mais il faut voir plus large, notamment l’enchainement et ses subtilités…
Pour s’en convaincre, la question a été posée à Richie Rude. Comment le vainqueur du jour, aussi connu pour son physique hors norme, a-t-il géré ? S’est-il contenté d’écraser les pédales comme on pourrait l’imaginer ?! Dans ses propos, lui aussi a surtout l’enchainement en tête, ce qui suit la montée…
La montée était brutale ! Et surtout, après, ces épingles : super serrées. J’avais l’impression de perdre du temps dans chaque virage ! Mais bon, c’était tout ce que je pouvais faire. Je savais que Jack pourrait être plus rapide, donc j’essayais d’être le plus fluide possible. […] J’ai fais le bas de la montée à bloc, jusqu’au premier replat pour récupérer un peu. Puis ça remonte encore, j’ai failli abandonner et puis non. En haut, j’ai essayé de récupérer un peu mais ça n’était pas vraiment possible.
Richie Rude, au micro de Dan Wolf / Pinkbike, après la Thuile #3
Combien en mettre, et comment récupérer, si c’est possible, avant de plonger après ?! Des points clés donc, pour gérer ces coups de cul assassins qui rythment parfois les spéciales enduro. Jérôme Clémentz, premier champion du monde de la discipline, le rappelait il y a peu : savoir rouler sur la fatigue fait partie de la discipline… Et pour en sortir et tenter un autre parallèle inspirant : en ski de fond et biathlon, on parle autant du rythme à la montée, que de la relance qui doit suivre pour ne pas perdre tout le bénéfice de ses efforts… Et c’est à ça qu’on voit les meilleurs… Visiblement, c’est aussi le cas en Enduro, d’une certaine manière ! Du moins, c’est ce que les meilleurs du moment nous apprennent aujourd’hui, avant que l’on détaille la course entre les chiffres, sous peu 😉