Chris Ball précise les projets Warner Bros / Discovery / ESO en Coupe du monde !

Après de long mois de silence, Chris Ball – à la tête du projet de reprise de la Coupe du Monde de Descente par le conglomérat Warner Bros/Discovery/ESO – a enfin pris la parole pour apporter quelques réponses aux questions qui se posaient. Résumé des moments les plus pertinents et concret à l’heure d’écrire ces lignes… 

Enfin ! Enfin Chris Ball a pris la parole, publiquement, et de manière détaillée, pour apporter un éclairage, le sien, sur la reprise de la Coupe du Monde de VTT par le conglomérat qu’il représente, regroupant Discovery, Warner Bros et sa propre structure ESO – à l’origine des Enduro World Series. Il l’a fait, il y a peu, dans le podcast anglophone Dowtime, pour un entretien d’un peu plus d’une heure et vingt minutes. Cette prise de parole était très attendue pour une bonne raison : depuis les annonces faites au printemps dernier sur ce sujet, nombre de questions restent en suspens. Lorsque l’on annonce un changement, le milieu, et toutes les personnes impliquées de près ou de loin, espèrent, attendent, comptent sur un éclairage pour saisir le bien-fondé de la démarche et savoir dans quelle direction bosser. Les athlètes, les coachs, les teams managers, les sponsors, les médias, les sites d’accueil, j’en passe, et des meilleurs… Et pour le coup, les réponses ont mis du temps à arriver. Pourquoi ? C’est la première réponse que l’on trouve à l’écoute des propos de Chris Ball… Elle se situe au détour d’une simple tournure de phrase…

C’est une année qui est passée très vite, vous savez ! Il me semble qu’on a annoncé nos projets en juin 2022, et nous sommes début 2023, en janvier. Les teams viennent de s’enregistrer auprès de l’UCI et on va pouvoir débuter nos relations de terrain, à travers les évènements. Donc l’année qui vient de s’écouler a été consacrée à mettre le nécessaire en place pour que la saison 2023 puisse avoir lieu à travers différents aspects. La diffusion, avec l’aspect prise de vue et commentaires. Et tout le reste, incluant les équipes marketing, de direction sportive, évènementiel… Je ne pourrais actuellement pas dire avec précision le nombre de personnes que ça implique, mais c’est très vaste. Et en tant que membre d’un plus grand groupe tel que Warner Bros Discovery, nous avons des personnes dédiées dans les différents secteurs : commerciaux, législatifs, de diffusion, du marketing, de l’opérationnel…

Chris Ball, janvier 2023

Entre les lignes, on peut donc lire que si les débuts paraissent poussifs, c’est qu’il faut à cette grosse machine le temps de se mettre en œuvre, avant d’atteindre sa pleine capacité. Et que si les apparitions publiques se sont résumées au strict nécessaire, c’est que la tâche la plus importante était évidemment de mettre les équipes en œuvre et s’assurer qu’elles puissent respecter les délais. Chris Ball pousse d’ailleurs la métaphore en rappelant qu’à son sens, il faut construire des fondations robustes si l’on veut construire très haut, très grand. Tout ça n’empêche pas que les délais soient et restent tendus. Ceux qui essaient encore, ces jours-ci, de s’inscrire pour les EDR Open Races 2023 doivent en savoir quelque chose… Parfois, les propos du plus haut niveau viennent se fracasser sur la réalité des faits, ou vice-versa…

Quoi qu’il en soit, très haut, très grand, c’est ce dont il est aussi question au moment de revenir sur ce qui semble avoir été un argument clé dans le choix de Warner Bros Discovery. Sans évoquer Red Bull directement, on sent que la comparaison est bien évidemment dans tous les esprits au moment d’évoquer les atouts du nouveau venu…

[Warner Bros Discovery] est un des plus grands diffuseurs de sport au monde […] Je pense qu’avoir un vrai diffuseur qui se lève chaque matin pour ne faire que ça, que ce soit du tennis, du football, des sports mécaniques, ou bien sûr, du cyclisme… [ça aide. Il diffuse, je crois, l’équivalent de] 600 évènements de cyclisme en live sur leurs différents canaux, pour cette seule année […] Je pense que c’est ce dont le sport à besoin et que ça va permettre de prochains progrès.

Chris Ball, janvier 2023

Si les débuts sont donc poussifs, l’avenir serait néanmoins prometteur. Heureusement, la suite de l’entretien cherche à entrer dans les détails, dans le concret de ce que le nouveau deal implique, et doit pouvoir concrétiser dans les années à venir. Et si on sent, par moments, qu’il est parfois un peu tôt pour avoir des réponses claires et précises, on obtient tout de même certains détails qui peuvent avoir du sens… À commencer, justement, sur ce que le deal avec Warner Bros/Discovery/ESO a de différent de l’ancien attelage RedBull/UCI…

C’est un point important, qui va, je pense, mettre plusieurs années à être réellement compris […] L’UCI reste dans son rôle de gouvernance. Ils ont le pouvoir sportif : les règles, les règlements, les espaces commerciaux sur le terrain, prennent les décisions concernant la compétition en elle-même. Ils établissent les classements généraux. Là où ça diffère du passé, c’est que jusqu’ici, le diffuseur venait, et filmait ce qui se passait. L’organisation de chaque étape était déléguée à chaque organisateur local, avec chacun ses arrangements […] Il n’y avait pas nécessairement un plan coordonné à 365 jours pour la Coupe du Monde de VTT. Tout ça change ! On a désormais tous les droits en matière de diffusion, mais aussi pour les évènements : le calendrier, les plannings, les tarifs. Donc on peut désormais engager à tous les niveaux et tout mettre en relation pour les huit prochaines années, ce qui est un changement d’organisation très important.

Chris Ball, janvier 2023

À ce stade, le propos reste une fois encore vague, ou du moins d’un niveau de management qui ne permet pas de se faire une idée précise des retombées directes. La suite, heureusement, s’appuie sur un cas concret… 

Il y a une revendication que j’ai beaucoup entendue ces derniers temps de la part des athlètes, plus spécifiquement chez les descendeurs. C’est la prise en compte de leur sécurité dans l’élaboration des pistes. On a désormais une équipe dédiée à ce sujet, une équipe qui se développe. On va pouvoir observer d’évènement en évènement, en apportant des équipements si nécessaire, et en année 2, année 3, réellement mettre des évolutions en place. Il ne s’agit pas d’arriver le lundi, de mettre les choses en place avec les moyens du bord, de tout remballer le dimanche et de tout recommencer avec une équipe et des moyens différents sur l’étape d’après. C’était le modèle jusqu’ici [Maintenant, on a par exemple] Alex Balaud – bien connu de ceux qui font les Enduro Séries françaises […] Il supervise maintenant le tracé des pistes et certains aspects sportifs sous la tutelle de notre directeur sportif gravity. Et une fois de plus, échanger avec les responsables locaux plusieurs mois avant la course pour voir ce que l’on peut faire de plus sûr, de mieux pour les pilotes, les spectateurs, la diffusion… J’y travaille pour cette saison, mais je me projette déjà pour 2024, 2025 et après. Simplement il faut mettre les équipes en place, et il y a certains aspects qui coûtent cher, donc il faut être organisé, et patient.

Chris Ball, janvier 2023

En poussant encore un peu le bouchon, Chris Hall – l’interviewer – parvient ensuite à obtenir quelques nouvelles précisions intéressantes en matière de sécurité… 

Nous sommes déjà en train de nous pencher sur certains standards médicaux et comment nous pouvons initier quelque chose pour s’assurer qu’ils soient encore plus standardisés dans les années à venir. Encore une fois, il faut être patient. On traite des évènements dans différents pays, avec leurs règles respectives, mais au moins, on s’y intéresse et ça fait partie de nos travaux. [Avec les EWS, par le passé] on avait fait une longue étude pour identifier les risques et la traumatologie associée à l’Enduro. Je pense qu’on doit garder cette approche, et on a déjà commencé à l’appliquer sur la Descente.

Chris Ball, janvier 2023

Cette approche justement, c’est celle qui sert à Chris Ball pour justifier l’apparition de la demi-finale en Coupe du Monde de Descente… N’oublions pas, pour saisir son propos, qu’au début des années 2010, Chris Ball était le délégué technique en charge de l’application du règlement UCI sur les Coupe du Monde de Descente, déjà…

À l’époque, quand je travaillais pour l’UCI, les qualifications et la course se déroulaient le même jour. On avait changé ça parce que pour la diffusion, avoir autant de pilote en course le même jour faisait courir le risque qu’un incident compromette le planning et fasse avorter la diffusion en direct […] Décaler la qualification à la veille de la course n’a donc jamais été fait pour des raisons de sécurité […] Si l’on regarde d’un point de vue historique, rien ne l’indique. […] On essaie aussi de voir les statistiques en matière de blessure sur la dernière année. Qui s’est blessé quand ? Aux entraînements, en qualification, en course… Quelle est la réelle exposition au risque ? […] Pour l’heure, il n’y a pas un schéma clair qui mette en évidence un risque plus élevé en entraînement vs en course. On a vraiment pris le temps de se pencher là-dessus avant de prendre une décision. »

Chris Ball, janvier 2023

La suite du propos explique par contre qu’il s’agissait, tout compte fait, de la décision la plus stratégique à prendre en matière de programme de course. Notamment parce qu’elle pouvait avoir un impact sur différents aspects. La qualité des retransmissions, la place accordée aux femmes, la réduction des risques vis-à-vis de la retransmission, etc… On y reviendra !

Mais revenons à la sécurité. L’autre aspect important en la matière, Chris Ball l’identifie au niveau du tracé de la piste et de son balisage. Les mois et années à venir nous diront concrètement où doit le mener la réflexion de son équipe sur ce que l’on peut ou doit faire en matière de tracé pour réduire les risques de chute et/ou limiter leurs conséquences lorsqu’elles surviennent. Mais pour l’heure, on apprend surtout l’inspiration qui le guide, et ce vers quoi il veut tendre. La Coupe du Monde de Ski en fait partie… 

C’est un sport incroyable, et ils ont des standards intéressants sur tout le matériel qui entoure la piste, dont différents filets standardisés. Donc on s’y intéresse sérieusement pour s’en inspirer. « 

Chris Ball, janvier 2023

Verra-t-on donc les piquets et rubalises disparaître dans les années à venir ? C’est possible, d’autant qu’un des autres aspects que Chris Ball évoque dans son interview porte justement sur ce que la position de promoteur complète dont il dispose, peut permettre de faire dans les années à venir, en matière de développement durable, respect de l’environnement, limitation du gaspillage et des déchets… Réduire l’usage de plastiques à usage unique,et avoir du matériel réutilisable, d’une course à l’autre peut en faire partie, même si son transport peut s’avérer, lui aussi, coûteux… 

Notre sport est très proche de la nature. Donc il a un challenge important à relever en matière d’empreinte environnementale. On peut faire largement mieux et j’estime que ça doit être au cœur de chaque décision que l’on prend. Dans notre équipe, chacun de nous est amené à prendre des décisions qui ont un impact. S’il y a matière à mieux le faire d’un point de vue environnemental, ça doit être fait […] Comme je l’ai dit, on a désormais la main sur le calendrier des évènements […] Réduire les trajets, moins de vols pour plus de courses, ou réduire le nombre de voyages pour le même nombre de courses a minima. C’est quelque chose que l’on fait. Ça se voit en regardant le calendrier 2023. Mais ça se verra encore plus dans les années à venir, où l’on veut mieux rythmer la saison, avec des blocs de course. Ça aura plus de sens pour tous ces gens que l’on va faire voyager autour du monde.

Chris Ball, janvier 2023

À la suite de l’interview, Chris Ball s’exprime aussi sur deux sujets qui nous concernent. L’accès des médias, et les conditions de retransmission. Pour l’heure, les réponses apportées restent encore trop parcellaires pour les relayer pleinement. Côté presse, il garantit ne rien vouloir changer à l’accès accordé jusqu’ici estimant que c’est dans l’intérêt du sport d’être largement relayé dans les médias. Tandis que côté retransmission, on sent que les droits sont encore sujets à tractation, ce qui peut encore changer la donne dans les semaines à venir. Affaire à suivre, on y reviendra, c’est certains !