C’est malheureux dirons certains, une simple logique économique pour d’autres, mais aujourd’hui nous parvient la première annonce de cessation d’activité mise en lien direct avec l’épidémie de Coronavirus et ses conséquences sur le business.
L’annonce vient des Américains de Trust, marque et produit que nous avions eu l’opportunité d’aborder dans nos colonnes. Si l’ambition était colossale et les produits hors norme, l’épreuve semble aujourd’hui trop importante. En voici les détails pour saisir l’inévitable du moment…
Temps de lecture estimé : 4 minutes – Photos : Trust
À l’évidence…
On s’en rend compte à chaque crise économique, mais se le rappeler pour planter le contexte a plus que jamais du sens : l’économie est un mécanisme complexe et multiple qui repose sur un principe simple, la circulation des biens, des personnes et des fonds. Et c’est bien quand les échanges cessent en un point, voir plusieurs, que la crise s’installe et que l’on en mesure les répercutions.
À l’évidence, c’est ce qui frappe de plein fouet le projet Trust, d’origine américaine, plus précisément dans l’un des berceaux de la production à base de fibres de carbone que l’on évoquait il y a peu encore dans nos colonnes. C’est l’effet combiné de deux phénomènes qui semble mettre l’entreprise à mal. Une supply chain à l’arrêt et une levée de fonds impossible à réaliser dans le contexte actuel…
Supply chain en rade…
Avant la période actuelle, le débat existait déjà sur fond de rivalité entre les états chinois et américain. Les taxes américaines de plus en plus importantes sur les produits importés/manufacturés en Chine en étaient le symbole. Ces dernières années la mondialisation a atteint un paroxysme, dénoncé par certains et plus encore actuellement : des savoir-faire ont disparu par endroits, et se sont concentrés en quelques points du globe seulement…
C’est clairement le cas de la production mondiale de l’Industrie du Cycle que l’on sait concentrée en Asie, entre Taïwan, la Chine et certains pays voisins. Chez Trust, le communiqué reçu ce jour fait un constat sans appel : les produits étant manufacturés en Chine dans une province touchée par les restrictions, une phase importante de la production a connu un coup d’arrêt dès le mois de janvier dernier.
… et levée de fonds impossible !
À ce coup dur s’ajoute une autre conséquence de la crise actuelle. Comme nombre d’autres projets industriels, celui de Trust débuté en 2015 s’étalait sur plusieurs années et plusieurs opérations de levées de fonds. Un principe qui consiste à avoir un plan de développement, le présenter à différents investisseurs pour qu’ils avancent l’argent nécessaire à accomplir le prochain cycle, et réaliser les objectifs pour les rembourser, avec intérêts.
Or l’équipe de Trust fait justement savoir que le projet nécessitait une levée de fonds en ce printemps 2020. Prévue de longue date ou non ? La question n’apporte rien puisqu’au final, c’est bien l’impossibilité de la réaliser dans le contexte actuel qui pousse à mettre la clé sous la porte. En effet c’est une tendance forte du moment : compte tenu de la situation, les investisseurs sont forcément plus prudents.
La plupart disposent de fonds à ré-investir en provenance de business à fort profits certes, mais qui peuvent connaitre un fort ralentissement actuel, réduisant drastiquement les liquidités disponibles, et les versements promis. Pour reprendre une image en vogue : ruissellement ou pas, plus rien ne coule une fois le robinet fermé ou la source tarie…
À l’avenir…
Deux phénomènes qui ont pour effet direct et immédiat l’arrêt d’activité de la marque Trust. Les 1000 unités vendues en 2019 et les promesses de business à venir n’y feront rien. 5 ans après son lancement, la marque aux concepts disruptifs subit de plein fouet la situation actuelle. Elle n’aura visiblement pas réussi à créer la rupture nécessaire à prendre suffisamment de parts de marché pour consolider son assise dans ce laps de temps avant crise.
On pourra facilement penser qu’avec son concept anti-plongée et face aux leaders du secteurs la marche était de toute façon difficile à gravir. Mais les circonstances de cet arrêt ne permettent pas de se prononcer en ce sens. Qui sait si, en temps prospères, l’entreprise n’aurait pas fini par y parvenir ? Aujourd’hui, par raison autant que par résignation, elle prend la voie de garage.
Ou plutôt des ateliers, ceux des distributeurs, dont Mohawks en France. C’est auprès d’eux que l’équipe Trust renvoie à l’avenir pour les possesseurs de produits qu’ils souhaitent entretenir et conserver en état de fonctionnement. Notamment pour mettre à profit de manière utile les stocks de pièces détachées et savoir-faire encore à disponibles dans leurs rangs. Un moindre mal dans les circonstances actuelles…