Le système à ratchets DT Swiss DEG répond à la concurrence…

Entre cliquets et ratchets, le petit monde de la roue libre se livre une bataille dans laquelle la marque suisse ne peut pas nier être impliquée. Cette fois-ci, c’est sur le terrain du degré d’engagement ouvert par la concurrence, que le système à ratchets DT Swiss DEG apporte une réponse. Pourquoi ? Comment ? Décryptage, sur FullAttack !

La bataille de l’engagement…

En matière de roue libre et de bataille marketing, la sortie du système de Ratchet DT Swiss DEG est un cas d’école. Il permet de retracer l’évolution du marché ces dernières années, et de saisir les positions du berger et de la bergère. En l’occurrence, il s’agit de saisir que deux technologies de roue libre se font concurrence ces derniers temps. D’une part, celle qui consiste à mettre en œuvre des cliquets – reliés à l’axe du moyeu, poussés par des ressorts – qui viennent engager radialement, dans la denture du corps de moyeu. Et de l’autre, celle qui met à profit deux couronnes poussées par des ressorts – les ratchets/rochets, un relié à l’axe, l’autre au corps – et dont les dentures s’imbriquent axialement, pour transmettre le mouvement…

Comme d’habitude, et puisque la perfection n’est pas forcément de ce monde, chaque solution a ses avantages, et ses inconvénients. Et dans le match qui nous intéresse ici, chacune fait donc étalage de ses arguments. À la base, les ratchets sont issus d’un brevet cher à DT Swiss. Si bien que la marque a grandement généralisé l’usage de cette technologie dans ses moyeux, mais aussi que la bonne majorité de la concurrence s’est engouffrée dans la solution à cliquets, pour tenter de contrer l’expertise suisse. Or, le système à cliquet a ses désavantages – très petites pièces, sensible à l’encrassement, besoin d’un guidage de l’axe plus solide/précis – mais la concurrence y a trouvé – sur le plan marketing – un argument exploitable pour reprendre la main dans les débats : celui de l’angle d’engagement !

Dans une solution à cliquet, pour bien faire les choses, il suffit de 2 à 3 cliquets pour avoir un système fonctionnel intéressant. On descend ensuite à la taille minimale que la denture extérieure doit faire pour transmettre les efforts, et l’on a déjà là, un nombre de points d’engagement optimisé. Mais si, en plus, on ajoute d’autres cliquets, une nouvelle opportunité s’offre à nous : en décalant quelque peu leur point d’engagement, angulairement, on multiplie les points d’ancrage du système, et l’on réduit donc, le degré d’engagement de la roue libre, sans pour autant miniaturiser encore, le système… C’est ainsi que certains se sont approchés, voire sont descendus, sous le fameux degré d’engagement, barre assez symbolique s’il en est.

Fondamentaux, revisités…

Quid des possibilités du système à ratchets, cher à DT Swiss, me direz-vous ? Eh bien, de la même manière, l’un des enjeux est de miniaturiser, au possible, la taille des dents qui engrainements les unes dans les autres. Plus elles sont petites, plus il y en a, et plus le degré d’engagement de l’une à l’autre, est réduit. Jusqu’ici, le Ratchet DT Swiss EXP à 54 dents permettait de descendre jusqu’à 6,66° d’engagement. Le système à ratchets DT Swiss DEG compte 90 dents. Son degré d’engagement est donc de 4°, meilleure offre DT Swiss désormais, en la matière. OK. Habituellement, c’est là que le bullshit marketing prend le relais, pour vous vendre que c’est une innovation formidable, qui repousse une fois de plus les limites, etc. Mais les plus terre à terre et pragmatiques d’entre nous se demanderont toujours pourquoi ne pas avoir fait ces dents plus petites, d’entrée de jeu, à la place des 54 dents EXP ?! Question légitime…

Si DT Swiss s’était contentée de faire de plus petites dents à la place des plus grosses, sur un ratchet EXP, cette denture aurait été trop petite, et aurait souffert d’une fiabilité en berne. Non, de plus petites dents doivent transmettre de plus petits efforts. Or, on ne va pas demander à au pilote de moins appuyer sur les pédales, au prétexte qu’il voulait un degré d’engagement réduit. Non-sens. Par contre, dans un moyeu, il s’agit de transmettre un couple – un effort, situé à une certaine distance d’un axe : couple = distance x effort. Donc pour transmettre un même couple, il suffit d’augmenter la distance entre les dents et l’axe, pour réduire les efforts qu’elles ont à transmettre, et donc pouvoir en réduire la taille. 

Eh bien c’est la raison pour laquelle, même extérieurement, un moyeu équipé du système à ratchets DT Swiss DEG est reconnaissable au premier coup d’œil. Côté roue libre, le diamètre global mis en jeu est un peu plus gros que sur un équivalent EXP. En interne, ce sont les ratchets DT Swiss DEG qui sont de diamètre plus important. À cette occasion, on saisit une limite au concept à ratchets. Pour descendre plus bas en degré d’engagement, on pourrait encore, augmenter le diamètre, ce qui, à un moment donné, trouve des limites. Pour autant, on saisit aussi un intérêt collatéral de cette augmentation du diamètre des ratchets DT Swiss DEG. Sur un moyeu EXP, le faible diamètre implique de devoir démonter des pièces, dont la couronne interne au corps du moyeu, pour accéder à l’un des roulements. Ici, le diamètre des ratchets est tel, que l’accès et le démontage se font plus facilement.

Intérêts collatéraux

Pas de bullshit marketing donc, le développement du système à ratchets DT Swiss DEG permet, de manière plus pragmatique, à la marque, d’étoffer l’étendue de son offre en matière de système de roue libre. Le diamètre plus important que cette solution impose explique de lui-même, que le système à ratchets DT Swiss DEG implique un corps de roue libre et un corps de moyeu spécifique. Pas d’inter ou de rétro compatibilité ici, avec toutes les solutions à ratchets mises en œuvre jusqu’ici par la marque. Elles restent au catalogue. La version EXP, garde pour elle, l’avantage du poids – une trentaine de grammes plus légère environ. On continue donc de la retrouver sur les roues de cross-country de la marque, XR/XRC notamment. Le système à ratchets DT Swiss DEG, lui, complète en devenant celui au degré d’engagement le plus bas au catalogue sur le segment VTT. Il est désormais disponible sur les roues XMC & XRC de All Mountain et d’Enduro, les pratiques les plus exigeantes d’angle d’engagement réduit, selon la marque. 

C’est ce que j’ai eu l’occasion de découvrir ces derniers jours, sur une paire de DT Swiss EXC 1501 équipée du système à ratchets DT Swiss DEG, montée sur le Meta V5 passé à l’essai récemment. Pour l’heure, tout juste l’occasion de noter, dans différentes conditions, que les 4° en question ici me paraissent se situer davantage du côté du faible engagement, à l’usage, à la relance ou en situation trialisante. Ce sont plutôt des sensations similaires à la concurrence à engagement réduit qui me sont apparues. Autre détail perçu, celui du bruit. Le système à Ratchets DT Swiss DEG et ses dents plus petites me paraissent plus silencieux, et avec cette petite tendance à ne se faire entendre de manière plus évidente, à haute vitesse. 

Dans tous les cas, on boucle sur le fait que les moyeux DT Swiss 240 sont les premiers à intégrer le système à ratchets DT Swiss DEG, à l’occasion de ce lancement. Petit plaisir du marketing, finalement, pour marquer le coup, avec une édition limitée en moyeux rouge, disponible à 40 exemplaires – et chez Chris Bike exclusivement pour le marché français… 

Système à ratchets DT Swiss DEG > sur moyeux DT Swiss 240 / 90 dents – 4° d’engagement / 30g supplémentaire vs EXP / dispo pour Shimano Microspline et SRAM XD au lancement / Moyeu DT 240 DEG à partir de 270g, 376,90€ / Version limitée 240 Classic DEG Red à partir de 169,90€ (avant) & 376,90€ (arrière).