Un amortisseur air ET ressort ?! Le Cane Creek Tigon tente de marier les deux !

Dit comme ça, c’est forcément aguicheur ! Le Cane Creek Tigon joue la carte de l’amortisseur air + ressort… Reste qu’au-delà de l’idée de marier le meilleur des deux mondes, se pose la question de pourquoi, et comment ?! Réponse, sur FullAttack !

Jusqu’ici, le petit monde du VTT s’est fait à cette idée : en matière de suspension, l’air et le ressort hélicoïdal ne procurent pas les mêmes rendus. FullAttack y consacre un article didactique facile et complet, pour tout saisir à ce sujet. Pour résumer : quand ils sont comprimés, chacun offre une courbe de force différente, qui influe sur le comportement de la suspension…

On n’ouvrira pas ici le débat duquel est le meilleur, pour une bonne raison. Jusqu’ici, ce débat n’a jamais trouvé réponse, et les deux cohabitent – en fonction des goûts, des attentes, et des caractéristiques cinématiques des différents vélos du marché. Ça n’empêche que marier le meilleur des deux mondes, c’est justement l’objectif du Cane Creek Tigon ! Un amortisseur Air + ressort, quelque part, c’est une première !

Compte tenu de ce que l’on vient d’exposer, on commence par répondre à une première question : pourquoi ? Pourquoi marier air et ressort dans un même amortisseur ?! Posée autrement : quel ressort s’occupe de quelle phase ?! La question est importante, parce que c’est d’elle que toute la compréhension du Cane Creek Tigon découle. Ici, c’est bien le ressort hélicoïdal qui fait office de ressort principal. C’est lui qui doit entrer en action le premier, avant que l’air ne vienne compléter. Comme le dit l’ingénieur en charge du projet chez Cane Creek…

« Basiquement, c’est un nouvel amortisseur à ressort, et si vous voulez plus de progression, vous pouvez mettre de l’air dedans… Ou pas ! »

Brandon Blakely

Pour se donner une idée, voici donc les courbes de force de la partie air, seulement, du Cane Creek Tigon. Un profil, quoi qu’il arrive, très plat et aux valeurs très contenues sur la grande majeure partie de la course, avant d’entrer plus clairement en action en fin de course.

On comprend donc que l’air, utilisé dans le Cane Creek Tigon, a une utilité : celle d’apporter sa progressivité en fin de course. Celle qui peut manquer à un ressort hélicoïdal, quand la cinématique du vélo elle-même, n’a pas prévu d’en procurer… Dans les faits, le ressort pneumatique du Cane Creek Tigon est prévu pour fonctionner à une pression initiale allant de 10 à 30 Psi, ce qui doit apporter entre 20 et 35% de progressivité à l’amortisseur. Il n’y a d’ailleurs pas d’équivoque puisque cette chambre est tout simplement nommée Ramp Tube dans l’exercice marketing de la marque.

Dans un amortisseur à ressort pneumatique à proprement parler, les pressions sont très souvent autour et au-delà des 150Psi. Ces faibles pressions peuvent donc rassurer sur le fait qu’elle ne vienne pas gâcher la fête en début de course. D’autant qu’un ressort pneumatique négatif qui s’auto-équilibre est de la partie. Pour autant, toute la lumière n’est pas faite sur la particularité du Cane Creek Tigon…

En effet, la gestion de fin de course, ce n’est pas nouveau ! À l’heure actuelle, d’autres marques proposent des butées hydrauliques pour gérer cette phase – RockShox, BOS, EXT pour ne citer qu’elles… Mais il se trouve qu’une différence fondamentale existe entre le fait de confier ça au ressort, ou à l’hydraulique : le comportement du ressort dépend de la position dans le débattement. Le comportement de l’hydraulique dépend de la vitesse à laquelle l’amortisseur se comprime. En soi, ça peut créer des différences à la marge, en fonction des situations, des cinématiques, et des transitions entre les phases du débattement.

Et puis, quelque part, avoir une chambre d’air qui apporte une certaine raideur en fin de course, ce n’est pas non plus nouveau dans un amortisseur, même à ressort hélicoïdal. C’est ce que fait, depuis longtemps, la chambre qui se situe de l’autre côté du piston flottant se trouvant dans la bombonne des amortisseurs piggyback. Sauf que jouer de cette chambre n’est plus fait depuis un certain temps, puisque ce n’est pas sa fonction première. Au départ, elle sert à compenser la place allouée à l’huile dans l’amortisseur en fonction de son enfoncement, et à mettre l’huile sous pression nécessaire pour éviter la cavitation – bulles qui peuvent se former sous certaines conditions, et dégrader l’amortissement.

Le Cane Creek Tigon laisse donc l’IFP tranquille, et concrétise son idée de chambre pneumatique qui vient ajouter une progressivité de fin de course, d’une autre manière. Cette chambre prend place dans l’espace disponible à l’intérieur du ressort hélicoïdal. Là où, d’habitude, on ne perçoit que la tige, puis le corps du vérin hydraulique. Ici, visuellement, c’est un peu comme si le ressort hélicoïdal entourait un mini-amortisseur à air. On note au passage, que la disposition du vérin hydraulique est inversée par rapport à celle utilisée classiquement sur un amortisseur à ressort hélicoïdal : le vérin est du côté du pied d’amortisseur, la tige côté bombonne, comme sur un amortisseur à air…

Ça peut paraître anodin, mais ça participe à un autre argument que la marque avance pour vanter l’existence du Cane Creek Tigon. Cet amortisseur utilise par ailleurs une tige de plus gros diamètre. Cette disposition et cette dimension ont pour objectif de proposer un amortisseur à ressort dont la résistance au flambage se veut meilleure que celle des amortisseurs à tige plus frêle, que certains montages et châssis mettent à mal.

Voilà le pourquoi du comment. Au-delà de l’effet d’annonce, il y a une logique, et une approche, à travers le Cane Creek Tigon air + ressort. Et maintenant, vous savez laquelle, sur FullAttack !

Amortisseur Cane Creek Tigon > ressort hélicoïdal, chambre d’air progressive / Compressions hautes et basses vitesses, détente basses vitesses & plateforme de pédalage en externe / Détente haute vitesse ajustée en interne / 10 à 30 Psi dans le Ramp Tube / Tige de 12,7mm de diamètre / 438g – 210mm d’entraxe, sans ressort / Entraxes de 210×50/52,5/55 & 230×60/62,5/65 en oeillets standards, 185×50/52,5/55 et 205×60/62,5/65 en Trunnion / compatible ressorts en 50, 57 et 65mm de course. / 949€ sans ressort / Premières dispos janvier 2024

Rédac'Chef Adjoint
  1. Pas d’entraxe DH : 250X70/72.5/75mm en standard ou trunion 225X70/72.5/75mm je me demande pourquoi.

    Et je me demande comment il gère la détente haute vitesse car la courbe de raideur en fin de course est violente, là ou une butée hydraulique dans un amortisseur à ressort métallique récent va absorber l’énergie des derniers millimètres de course ce ressort pneumatique va renvoyer violemment cette énergie presque je me demande si un tampon élastomère à l’ancienne n’est pas mieux en étant plus léger.

    1. Dans les propos de la marque, les deux sont liés. C’est un choix de positionnement marketing. Cet amortisseur se destine aux vélos AM/Enduro aux cinématiques jugées trop linéaires par certains. Dans ce cas, CaneCreek a préféré ajuster la détente HV en interne, pour être certain de bien gérer cette phase et donc, éviter ce que tu évoque. Elle juge que si vraiment, il s’agit de jouer finement de ce réglage sur un vélo de Descente, ça reste le Kitsuma Coil la meilleure option. Peut-être que marier les deux (gestion fine de la détente HV sur le ramp up ET ajustabilité) requiert quelque chose de spécifique que la marque n’a pas voulu mettre en oeuvre ?!

      1. Donc je me posais la question du pourquoi ils combinent les 2 pour moi c’est le pire des 2 avec seuil de déclenchement amoindri avec des joints supplémentaire qui frotte sur le ressort pneumatique, et du poids en plus avec le ressort métallique, mais sans essayer j’en sais rien en fait.

        Donc oui pourquoi pas pour le mec qui a acheté un Orange qui veut un peu de progressivité en fin de course et du soutien. Mais je ne suis pas sur qu’un amortisseur métallique avec butée hydraulique réglable ou un amortisseur à air avec un ressort à gros volume ne soit pas meilleur?

        Pour le reste de leur gamme je n’ai essayé que le double barel jamais le KITSUMA donc faudrait que j’essaie mais c’est de plus en plus confidentiel en France.

        1. En fait, ce qui t’induit en erreur, c’est que tu pars du principe que dès qu’il y a un ressort pneumatique, il y a seuil de déclanchement… Alors que CaneCreek compte sur le fait que les frictions dépendent de la pression d’air qu’il y a dedans. C’est pour ça qu’on précise bien les pressions de départ mises en jeu : 10 à 30 Psi. C’est rien par rapport au 150, 200, voir 250 Psi qu’il y a dans un amortisseur à air « classique ». C’est ce que laisse supposer également le profil et les valeurs des courbes de force fournies par la marque.

  2. Hello

    il y a longtemps Marzocchi avait fait des fourches air/ressort. Les Dirt Jam et Drop off.
    Je ne sais pas si c’est le même principe de fonctionnement sur le début/fin de course.
    Mais il y avait bien un ressort air d’un côté et un ressort hélicoïdal de l’autre.
    En tout cas, cela a été abandonné pour les classique air/huile ou ressort/huile.

    1. À vérifier, mais il me semble que ça faisait aussi usage de cartouche à bain d’huile ouvert… Dont une des caractéristiques/usage détourné, est de pouvoir ajuster la progressivité en jouant sur le niveau d’huile et la pression d’air qui reste emprisonnée au dessus de l’huile justement.

      1. Oui c’est cela cartouche ouverte pour l’amortissement et ressort hélicoïdal dans un jambage et ressort air dans l’autre.
        Bref une autre époque avec une autre technologie.

        1. Le ressort à air des Marzo joue le rôle de précontrainte pour ajuster la valeur du SAG statique.

          Cela permettait de combler entre 2 valeurs de tarage de ressort métallique.

          Au final on mettait des ressorts métalliques aux tarages supérieurs(pour avoir plus de soutien) et on dégonflait ces ressorts pneumatiques voir en appuyant sur les valves en comprimant la fourche(sorte de ressort négatif) pour avoir un seuil de déclenchement plus sensible.

          Pour jouer sur la progressivité il aurait fallut pressuriser la fourche avec un IFP en ajustant la pression et le volume comme sur les amortisseurs DHX.

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