Aujourd’hui je m’assois au bureau pour vous écrire une petite histoire, le récit du tour du Mont-Blanc en version défi. Un tracé sur cinq jours de refuge en refuge, à travers trois pays, pour faire le tour d’une très grande montagne. Ça s’est passé début septembre entre soleil et tempête, à travers une quinzaine de cols, 180 km de sentiers pistes et routes, 11 000 mètres de dénivelé, beaucoup de sueurs, des chutes, des abandons, des doutes, des sourires, des rires, du dépassement de soi et beaucoup de bonheur…
Voilà donc à 6h du matin au volant avec Manu, on part pour la Suisse retrouver le reste du groupe. Quelques jours avant ce départ on a déjà eu un abandon, Pierre ne fera pas partie de l’aventure, il ne se sent pas. Mais pour nous pas question d’abandonner on s’est préparé toute l’année, suivant un programme précis pour être à la fois prêts sur le long et dans les descentes techniques.
Tous les membres du groupe sont équipés de vélo de montagne avec au minimum 140 mm de débattement à l’arrière. Pour ma part j’ai opté pour un Rocky Montain Altitude que j’ai modifié afin d’avoir 160 à l’avant avec une Marzocchi Z1 à air préparée et 150 mm à l’arrière. C’est une vraie brute d’Enduro déguisée en vélo de montagne. On sent bien la différence avec la version précédente dans les épingles serrées pourtant j’adore la sensation et l’efficacité de ce vélo en montagne ! On pourrait parler de matériel et de détails pendant un moment mais là c’est pas le but de cet article, j’ai envie de vous raconter l’aventure.
C’est parti !
La première journée fut une journée de transition qui commença en Suisse avec une immense ascension. Malgré que je connaisse bien la région il faut néanmoins faire des concessions dans le parcours et réussir à boucler le tour, cette étape permet de couvrir une grande distance et d’arriver dans les montagnes rapidement. On passe donc la frontière dans l’après-midi pour arriver en Italie et attaquer notre première descente technique. Au milieu de la descente on a trouvé quelques dalles pour faire un peu de freeride, c’est bien marrant, néanmoins on ne prendra pas de risques trop grands… il faut tenir les cinq jours qui s’annoncent compliqués à gérer.
Le groupe est bon, néanmoins on en a un qui a plus de mal, au bout du deuxième jour Erwan quittera l’aventure pour rentrer à sa voiture. C’est malheureux mais c’est peut-être mieux comme ça car ç’aurait été compliqué à gérer ensuite.
Ce deuxième jour est riche en cols, ascensions, portages et autres descente sans fin ! On doit gérer plusieurs types de terrains assez sauvages et très minérales alors que l’on rentre dans le Val-d’Aoste vers le val Ferret. L’univers montagne, minéral, sauvage et grandiose, on le traverse avec bonheur en s’émerveiller en des vues sur le massif du Mont Blanc. À travers les nuages on découvre des glaciers suspendus, des pics et des sommets !
L’arrivée au refuge de maison vieille se fait après une assez grosse ascension et on est tous bien content de se trouver au soleil à table avec une bonne bière…
Les nuages et la pluie se sont invités, le départ du troisième jour se fait dans la brume pour une très longue ascension à la pédale ! S’en suit quelques belles descentes et nous passons finalement en France. Tout le monde va bien en tête que cette journée sera assez brutale, en plus on a déjà essuyé de belles journées donc le maître mot c’est la gestion mais aussi rouler vite pour ne pas se prendre l’orage annoncé pour l’après-midi.
Tout le monde baisse la tête et enchaîne les cols avec détermination, je regarde les nuages s’accumuler, la pression chute … arrivés au col à 2007 m on se prend l’orage ! C’est pas grave on s’y attendait ça fait partie de l’aventure, le terrain sera d’autant plus intéressant car la descente est en schiste. On croise quelques piétons assez surpris de nous voir sortir de la brume et jouer avec les dalles comme des fous. S’ils savaient comme on ne les envie pas de faire cela à pied !
Avant d’arriver au refuge il y a un dernier portage pour ce troisième jour, ce portage c’est vraiment la bête noire du tour car il faudra supporter le poids du vélo et monter des marches horribles pendant quasiment une heure. Et comme souvent à force de redouter quelque chose et de s’y préparer l’épreuve passe facilement et on se retrouve vite tous au refuge pour une bonne tarte !
Comme prévu l’orage arrive et on est content d’être déjà au sec et à l’abri. On profitera du repas avec plaisir et la patronne est un sacré numéro.
Lever de soleil sur le massif des Fiz, pression basse, plancher nuageux menaçant, ambiance grise, de la boue,… Le départ de ce quatrième jour n’est pas des plus encourageant. Mais le groupe a le moral, on sait qu’aujourd’hui on va avoir des descentes magnifiques. Le départ dans les cailloux glissants sur les balcons technique est une épreuve à gérer, Manu qui commence à être fatigué verra quelques chutes sans gravité.
On est entre finalement dans la vallée de Chamonix avec une dernière descente de plus de 800 mètres très soutenue, des passages bien engagés qui nous forceront à mettre pieds à terre… C’est la montagne qui décide ! En arrivant dans la vallée tout le monde se sent rassuré et soulagée car le plus dur est fait. Avant d’aller en ville et retrouver notre hôtel, on roulera les balcons Nord de cette fameuse capitale symbolique. Après un bain glacé c’est repos, lessive et quelques burgers.
Cinquième jour, le dernier, le fun !
Aujourd’hui on perd encore un membre de l’équipe puisque Joé ne se sent pas bien et préférera rallier l’arrivée Martigny, en train. Une décision prise à contrecœur mais il faut se rendre à l’évidence quand le corps arrive au bout de la fatigue il vaut mieux se ménager et éviter de se mettre dans des situations compliquées.
Après quelques heures on passe notre dernière frontière et on entre en Suisse pour cette étape allégée. C’est assez drôle de voir à quel point on se sent soulagé et relâché de terminer une telle aventure, après des mois et des mois de préparation le sentiment est fort.
Néanmoins cette journée nous réservera quand même de magnifiques moments puisque c’est la journée la plus ludique, on utilisera même une remontée mécanique pour faire une descente bonus et accéder à un col majestueux.
L’entrée en Suisse se fait avec style avec une première descente sans fin. Alors que notre dernière épreuve à travers le mont Arpille nous réserve des portages et passages délicats, On savoure la fin de notre aventure. La descente sur Martigny est épique, à travers chemins alpin, rochers, dalles, terrains végétal, et un finish dans les vignes du Valais à toute vitesse !
Finalement les 180 km sont passés très vite, les souffrances sont déjà oubliées alors que l’on se félicite et on se tape dans les mains. Les mollets souffrent encore mais notre esprit est déjà en train vagabonder vers la prochaine aventure,
On s’entraîne et on se prépare toute l’année pour des moments comme ça, se dépasser, partager et ramener des souvenirs marquants.
Parce que la vie est courte et qu’elle mérite des défis.
Aloha
Tito