Avec les Dominion A4, Hayes renait de ses cendres… Ceux-ci peuvent-ils alors jouer les trouble-fêtes et proposer une alternative face aux classiques Sram et Shimano ?! Réponse dans cet essai…
Est-ce pertinent ?
Effectivement, Hayes renait de ses cendres… Si la marque américaine a été la première à sortir un frein à disque pour VTT en 1996, elle s’est fait très discrète depuis les années 2010 où elle faisait partie des références. Après avoir presque disparue des radars et des guidons pendant une dizaine d’années, elle refait surface avec une nouvelle gamme : dont les Dominion A4 font partie.
Et à bien des égards, ces freins ne semblent pas avoir pris du retard : réglages disponibles – garde et course du levier – et détails techniques du moment – goupille de maintien du levier, 4 pistons, DOT 5.1 ou 4, durites Kevlar – sont au rendez-vous, tout en conservant l’identité massive, presque brute mais tout de même propre à laquelle Hayes nous avait habitué il y a longtemps…
Le retour de Hayes aux affaires est donc une bonne nouvelle, surtout si elle permet d’offrir une alternative intéressante aux classiques Shimano et Sram ou un peu moins courants Formula, Magura, TRP… Reste maintenant à savoir ce que ça vaut !
Est-ce pratique ?!
D’abord, d’un point de vue pratique :
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Là clairement, plus pratique tu meurs ! Les crans sont nettement perceptibles, il y en a suffisamment, ça ne se bloque pas, ça se ressent direct sous le doigt : bref c’est extrêmement pratique Cependant, pour le réglage de la course du levier ça l’est un peu moins : ça demande d’avoir la clé 6 pans qui va bien, ça se fait moins à la volée mais c’est tout aussi efficace.
Une fois le tour des réglages fait, les freins Hayes Dominion A4 se la jouent assez classiques, mais fiables et robustes :
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Autant en matière de fixation au guidon, avec une demi coquille et 2 vis que lorsqu’il est question de purge… Elle nécessite de visser en haut au maitre cylindre et en bas à l’étrier une seringue. Et la procédure est on ne peut plus classique : pousser, tirer, pomper, refermer et le tour est joué. Simple, facile et pratique, on la réussie à chaque coup !
Est-ce utile ?!
Si 2 détails sont assez peu utiles à l’usage…
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Ces 2 vis pointeaux ne sont pas là pour bloquer les vis de fixation de l’étrier mais bel et bien pour ajuster l’alignement de l’étrier avec le disque. Ca pourrait s’avérer utile pour les réglages récalcitrants, mais je n’ai jamais eu le besoin de les utiliser. C’est presque du superflu ! En matière de double vis, en voici d’autres : les double vis de purge sur chaque étrier : là aussi c’est un possibilité presque excessive. Je ne les ai pas utilisé et les purges ont été simples et parfaites à chaque fois. Leurs positions à l’arrière et au bas de l’étrier est la plus judicieuse mais n’évite pas forcément le risque de contamination disque/plaquette. Ca mérite alors de rester prudent lors des purges.
Le reste n’est qu’excellence ! Son côté massif et l’appui stable sur le guidon participent à la rigidité de l’ensemble levier/maitre cyclindre/fixation une fois serré au guidon, ce qui fait souvent défaut à sa concurrence… Là, ça se ressent, ça ne bouge pas : c’est rigide, solide et participe à sa constance de freinage – sous l’effort du doigt, le levier s’écrase sans que le corps ne bouge et altère les sensations.
Et oui, parce que cette dernière est l’atout numéro un de ces Hayes Dominion A4 : ça freine toujours au même endroit. Le point de contact est ultra constant, comme je ne l’ai jamais vu. Et ce quelques soient les réglages et la chauffe du frein. Puis, le toucher est agréable entre agressivité et douceur : plus franc qu’un Sram, moins sec qu’un Shimano. Ca permet surtout de jauger et de gérer facilement leur énorme puissance qui permet d’aborder toutes les situations sereinement. Ce ne sont pas eux qui seront pris en défaut : ni par la puissance, ni par l’incertitude du toucher/contact. Bref, entre les mains, les Hayes Dominion A4 sont rassurants et fiables ! Ne serait-ce pas d’ailleurs ce que l’on attend d’un frein ?!
Quelle durée de vie ?
Encore une fois, l’aspect massif ne s’arrête pas uniquement au point de vue esthétique : ça colle aussi à sa robustesse générale. Une fois serré rien ne bouge et malgré les chutes, la boue, la poussière rien n’a bronché pendant l’essai. Les Hayes Dominion A4 sont visiblement à l’épreuve du temps. Et si la casse d’un levier est monnaie courante lorsqu’il est question de frein, ça ne l’est pas pour eux… et ce n’est peut-être pas pour rien !
Ce qui peut progresser ?
En effet, le levier est gros, épais ! C’est le seul point noir de ces freins : l’épaisseur du levier, particulièrement arrondi, qui n’offre pas le meilleur interface avec le doigt. Il mériterait d’être plus fin pour coller un peu mieux à nos morphologies.
Même si ça peut paraitre un détail pour certains et même si on pourrait y voir un progrès face à ceux, trop fins ou anguleux voir trop fragiles, qui finissent par cisailler le doigt dans les longues descentes ou se tordre au moindre bunny up, un juste milieu serait appréciable. En fait, Hayes propose déjà un autre levier en aftermarket, plus fin, qui pourrait répondre à ce besoin : le SFL, pour Short Finger Lever. Malheureusement, je n’ai pas pu l’essayer pour savoir s’il pourrait véritablement changer la donne…
Vis-à-vis de la concurrence ?
C’est justement lorsqu’on les compare à la concurrence que les Hayes semblent franchement regrouper toutes les qualités des freins qu’on apprécient en s’épargnant leurs défauts.
Si on les compare aux Sram Code RSC, les Hayes offrent une toute aussi bonne gestion de la puissance mais avec un toucher plus franc et moins mollasson. La fixation du levier est aussi bien plus solide et fiable lors d’une chute, quand celle des Sram se tord facilement. Aussi, la purge est simple, puisqu’elle demande moins d’attention : les freins Hayes ne semblent pas aussi sensibles à la présence de bulle d’air dans le circuit que les Sram Code. Enfin, le disque Hayes est bien moins sujet au voile que les catastrophiques disque Sram Centerline, qui se tordent au moindre impact ou se voilent lors d’un freinage un peu appuyé guidon tourné, une fois chaud.
Et si on les compare aux Shimano XT 4 pistons, les Hayes offrent un toucher presque aussi sec sans être autant On/Off. Les Hayes restent plus progressifs, mais véritablement et surtout plus constants. Côté fixation et levier, les Hayes sont plus rigides. On les sent plus présents entre les doigts : c’est rassurant. Et si les disques Shimano RT86 donnent l’impression de se lisser, de s’amincir et de perdre en mordant après avoir fortement chauffé, nous poussant à les poncer légèrement de temps en temps pour leur redonner un coup de jeune, ce n’est pas le cas des Hayes, plus durables.
Bref, comme on l’a dit, ces freins Hayes Dominion A4 offrent le beurre, l’argent du beurre, et… un levier à revoir, qui est le seul détail technique qui manque à l’appel pour compléter l’expression. Et, en même temps, détrôner toute la concurrence…
Est-ce que ça les vaut ?
Alors, à un peu moins de 250 € le frein, disque compris, c’est un peu moins cher que du Sram, un peu plus cher que du Shimano ou du Formula… mais ils restent dans la tranche tarifaire de la plupart de leurs concurrents… et il suffit de les rouler pour se convaincre qu’il existe bien une alternative qui a de quoi faire du tord et est capable de regrouper toutes les qualités des freins du marché sans leurs foutus défauts récalcitrants d’un millésime à l’autre, et ainsi pousser tout le monde à progresser.
Surtout si l’on considère la durée de vie d’un tel produit sur le marché. Depuis quand les Sram Code RSC sont sur le marché ? 3 ans ? 4 ans ? Bientôt 5 ans en fait ! Et possiblement encore plus, si l’on considère la durée de vie propre à ces Hayes Dominion A4, presqu’indestructibles. L’investissement en vaut donc largement la chandelle, même si le levier un poil gros mériterait de progresser, bien que je m’en suis, pour ma part, largement accommodé…