Scott Gambler officiel – Ce que le vélo de Benoit Coulanges a vraiment dans le cadre !

Et de trois ! Après les Canyon Sender et Orbea Rallon DH, le Scott Gambler est le troisième vélo de Descente issu de développements en Coupe du Monde de DH être officialisé cette année. Signe s’il en fallait, que la discipline reine des pratiques VTT Gravity est « the place to be » du moment lorsqu’il s’agit pour une marque de faire démonstration de son savoir. Savoir-faire Scott justement, que l’on vous a déjà détaillé en long, large et travers sur FullAttack, et dont le nouveau Gambler est directement issu. Autant dire que le coup d’œil mérite de se poser tranquillement, et de découvrir en détail l’arme que l’on voit entre les mains d’un certain Benoit Coulanges depuis un petit moment maintenant, sous les traits d’un prototype désormais finalisé… 

Le contexte – Entre héritage et mutation

Chez Scott, le nom Gambler pèse lourd. C’est celui du vélo le plus engagé de la gamme, celui qui roule aux avant-postes de la Coupe du Monde avec le Scott DH Factory depuis des années maintenant – cette saison, l’équipe et la marque fêtent justement leur 7eme année d’association dans les paddocks de la world cup. On l’a connu trapu, complexe, tordu de renvois et de basculeurs – une autre époque ! Puis plus sobre, plus simple : un 4-bar épuré mais éprouvé, pensé pour faire le job. Ces derniers temps, logiquement, ce dernier a fini par toucher ses limites. Malgré les libertés offertes par l’aluminium — triangle avant, arrière, biellettes, tout y est passé — et malgré les efforts sur les amplitudes offertes par les plages de réglages sans cesse élargies, tous les pilotes de la marque ont fini par converger vers les mêmes extrêmes en matière de réglages retenus pour performer. Comme un aveu : face aux limites même du concept, il était temps de tourner la page.

Car on en fait le constat depuis quelque temps maintenant : les vitesses montent, les écarts se resserrent, et le moindre dixième se joue désormais sur l’optimisation des détails — ces fameux gains marginaux – en Coupe du Monde de Descente. Les plus attentifs d’entre vous, assidus aux Débriefs de Coupe du Monde sur FullAttack, le savent pertinemment. Et dans la maison Scott, une autre plateforme venait d’ouvrir une brèche. Le Ransom, avec sa cinématique 6 bars et son amortisseur intégré dans le cadre, n’a pas simplement marqué un tournant en Enduro. Il a surtout posé les bases d’un nouveau paradigme technique : indépendance des paramètres de suspension, rigidité ciblée du châssis, montage à plat – près du boîtier – et sur roulements, de l’amortisseur, méthode d’assemblage et de liaison des différents éléments du 6-bars compacté dans la zone centrale du châssis… On aurait été surpris que le Gambler ne suive pas la voie toute tracée. Et c’est bien celle qu’il emprunte désormais. Mais ça, finalement, on le sait depuis un moment maintenant, depuis que la marque et l’équipe ont entrepris de communiquer sur le fait qu’ils roulaient sur un prototype dont l’aspect ne laissait aucun doute. Quoi qu’il en soit, même si la direction suivie paraissait claire, restait l’essentiel à préciser : pourquoi et comment en tirer parti. Nous y voici…

Le process – Ciblé, maîtrisé, assumé

C’est un peu la chimère après laquelle tout vélo issu du sérail du haut niveau court… Mais ce nouveau Gambler a bien été pensé comme un deux-en-un assumé : d’un côté, un pur outil de Coupe du Monde pour les pilotes du Scott DH Factory. De l’autre, un vélo capable de répondre aux attentes des descendeurs qui veulent se l’offrir. Quoi qu’il en soit, certaines contraintes s’avèrent converger autour d’un vélo mis à de telles contributions : celles d’entretien, d’accessibilité, de compatibilité d’usage. Tout ce que la DH de haut niveau met à l’épreuve, et dont le Scott DH Facotry a fait part à la marque via son cahier des charges clair net et sans bavure : l’intégration oui, mais si tout reste en permanence accessible et pratique à manipuler entre deux runs d’essai, ou d’une étape de Coupe du Monde ! 

Rien de nouveau dans la démarche de travailler avec son équipe de compétition – c’est même un argument logique quand on s’est mis en capacité d’en disposer via un partenariat solide – mais ici, le process suivi pour le développement du Scott Gambler a sa propre logique. On commence par le poste de pilotage, par les appuis, par la position. Car sur l’ancien modèle, le poids des pilotes basculait trop vers l’arrière. Puis vient la géométrie, évidemment. Et là, pas question de bricoler : le triangle avant en carbone impose des choix forts, dès l’ouverture du moule. Ce qui y est gravé, l’est pour un moment, on le sait. Alors on verrouille très tôt… parce qu’on est sûr de la direction à suivre, et surtout parce que le nouveau 6-bars placé au cœur du vélo permet d’affiner la cinématique et la géométrie, plus tard dans le process… 

Eh oui, le cœur du concept réside dans le basculeur bas, les tirants et la biellette haute. En jouant de cet ensemble qui s’intercale entre triangles avants et arrières, il est toujours possible de jouer sur la cinématique d’une part, mais aussi sur les dimensions du vélo d’autre part… Dans le même temps, Scott a affiné la raideur du châssis. Sur les éléments carbone comme sur les liaisons, l’idée étant claire : trouver la limite entre précision de pilotage et confort, entre brutalité efficace et douceur maîtrisée. Pour ça, la marque a encore fait évoluer ses capacités d’essais et de mesures, en interne. D’une part via des éléments de télémétrie nouveaux – ce que l’on voit habituellement en matière de suspension, mais aussi des jauges de contraintes qui mesurent certaines déformations, notamment – et d’autre part, via un laboratoire de mesure qui s’étoffe dans les sous-sols de Givisiez (SUI) – au point de constituer désormais une base donnée intéressante pour y trouver des repères de conception utiles…

Après ça seulement, vient la suspension. Cinq versions de linkages testées, non seulement pour peaufiner la rigidité, mais aussi et surtout pour ajuster les paramètres de géométrie et de cinématique. Sachant qu’il ne s’agissait pas forcément de peaufiner, version après version, mais aussi, parfois, d’explorer de nouvelles pistes ou bien, de changer de paradigme. C’est l’intérêt du 6-bars, et c’est – encore – tout le potentiel dont dispose ce nouveau Scott Gambler. On s’y intérèsse plus en détail à la suite de cet article, mais pour l’heure, place aux présentations d’usage…

Scott Gambler

  • Descente
  • Mullet/MX & Full 29
  • 210/200 mm, Fox 40 & DHX2
  • Full Carbone
  • Reach 4XX mm (L) & offset long 
  • 2 longueurs de bases (445/460mm) 
  • Flip-Chip Progressif/Linéaire
  • Ajusteur de reach +/-6mm
  • Amortisseur impérial 250x75mm
  • 2 modèle, 3 tailles, 16,84 kg
  • Dispo deuxième semestre 2025
  • Fiche sur scott-sports.com

Premier regard – identité assumée, design ajusté

C’est que, quelle que soit la manière d’y parvenir, le Scott Gambler mérite le coup d’oeil. Le premier regard qui se pose sur les lignes directrices de l’image qu’il dégage. On le sait, chez Scott, cet exercice est particulièrement soigné, et le Gambler n’y échappe pas… à un détail près ! Les lignes tendues, les arrêtent vives, l’arrière compact : visuellement, le Gambler s’inscrit dans la nouvelle grammaire esthétique que Scott met en œuvre depuis un certain temps à travers les Spark, Genius et Ransom à l’amortisseur intégré. Mais ce serait un raccourci de le réduire à un simple copier-coller version DH. Car ici, c’est la cinématique qui a dicté le reste. Puis les encombrements, puis l’accès aux composants. Le design, lui, a suivi. Et tout l’enjeu a été là : composer avec les exigences techniques sans sacrifier l’identité visuelle. Une approche différente donc, quand on sait que sur d’autres modèles, ce sont les exigences des designers qui ont pu primer dans les débats. 

L’amortisseur, par exemple, est placé à plat, bas, dans le prolongement du boîtier de pédalier. C’est avancé comme un argument « de poids » – placé bas, autour du boitier, comme ceux qui jouent du lest dans cette zone du cadre – et ça rappelle le Ransom mais ici, il s’agit d’une course et d’une entraxe d’amortisseur de Descente, qui plus est sans faire usage d’une tête trunnion – pour préserver l’amortisseur des sollicitations, et maximiser la compatibilité avec l’ensemble des amortisseurs du marché. Une position qui répond donc d’abord à une logique de masse centrée, de poids abaissé – pas d’effet de style gratuit ici. Mais le cadre, lui, s’organise littéralement autour. Comme une peau qui viendrait envelopper les organes internes du Scott Gambler, pour protéger, canaliser, structurer. On retrouve ainsi la silhouette nerveuse chère à Scott, ce mélange de tension et de densité visuelle propre aux vélos gravity, mais dans un exercice de style remarquable. Le 6-bars se fait presque oublier, presque autant que l’amortisseur intégré. Et c’est peut-être là la plus belle réussite de ce nouveau Gambler : parvenir à intégrer des contraintes fortes, tout en gardant une ligne claire, lisible, racée… Et clairement dans la lignée des autres modèles d’une gamme visuellement très cohérente. 

En détail – Quand le diable est dans les biellettes

On l’a dit : ce nouveau Gambler reprend l’architecture globale du Ransom. Mais en s’y penchant de plus près, on réalise que Scott n’a pas simplement transposé un concept Enduro à la DH. Les ingénieurs ont affûté le moindre détail, avec le souci du raffinement comme ligne directrice. Et parfois, ils ont même poussé le bouchon un peu plus loin. Beaucoup plus loin. Car entre deux couches de carbone, on sent qu’il s’est passé quelque chose. Que ce vélo a été sculpté autour des exigences de la Coupe du Monde, mais avec cette capacité, typiquement Scott, à aller chercher la précision dans les zones grises du développement. Voyez plutôt… 

Rigidité / Raideur – Du flex où il faut, de la précision là où ça compte

Sur le terrain, un vélo de Descente, ça doit encaisser. Mais ça ne doit pas tout restituer au pilote, sous peine de le mettre en difficulté. Chez Scott, la question de la raideur ciblée fait l’objet d’un certain travail. Depuis plusieurs années, la marque s’appuie sur un protocole maison de mesure de rigidité, avec une base de données solide pour situer chaque vélo, chaque évolution. Et dans le cas du Gambler, plusieurs éléments clés ont été ajustés au scalpel pour obtenir le bon dosage.

Et puis, surtout, reste la matière, et la façon de la façonner. Sur le Gambler, le design et les épaisseurs renforcent le châssis autour du boitier de pédalier et à la douille de direction. Ailleurs, c’est du flex, de la complaisance, qui est cherché. Et là encore, Scott ne se contente pas de faire comme tout le monde. On a déjà détaillé comment sont confectionnés les produits en carbone, sur FullAttack. Ici, le moule intérieur est une technologie propre à Scott.

Géométrie – Trois tailles, voire plus… 

Trois tailles. Sur le papier, il existe trois châssis du nouveau Scott Gambler. Mais chez Scott, ce n’est pas un raccourci, c’est une décision assumée. Derrière cette gamme resserrée se cache une stratégie. Chaque taille du nouveau Gambler dispose d’un ajustement de reach sur trois positions : court, moyen, long toutes espacées de 6mm. Et ces positions ont été calibrées de manière à ce que l’écart entre elles soit identique à celui qui sépare la position longue d’une taille, de la position courte de la suivante. Résultat : aucun chevauchement, mais une continuité logique.

Ce choix permet deux choses. D’abord, réduire au maximum le risque de se retrouver entre deux tailles, ce fameux moment de flottement où le fit devient flou, approximatif, parfois frustrant. Ensuite, couvrir un spectre large de morphologies, sans multiplier les moules carbone ou les références complexes. La clé pour choisir son Gambler, du coup, se trouve ici : identifier le reach qui colle à vos habitudes, puis affiner.

Et si, par rare malchance, on tombe pile entre deux options ? Eh bien, ce sont les autres valeurs de géométrie — empattement, stack, base arrière — qui feront pencher la balance. Car à trois tailles bien espacées, mieux vaut une cohérence globale maîtrisée qu’un foisonnement de choix qui perdent leur sens au moment de rouler. C’est le parti pris de la marque au moment de mettre ce nouveau Scott Gambler sur le marché…

Cinématique – Un 6-bars qui dit ce qu’il fait, et fait ce qu’il dit ?

On l’a vu avec le Ransom, et on le retrouve ici sur le Gambler : le 6-bars n’est pas juste un effet de style ou un argument marketing. Il a été choisi — et affiné — pour une bonne raison : pouvoir ajuster les paramètres clés de la suspension de manière plus indépendante les uns des autres. Et quand on parle de DH de haut niveau, c’est un luxe qui peut changer la donne.

Entre les différentes versions de protos testés — de la V1 à la V5 ci-dessus — plusieurs choses ont bougé. La progressivité, d’abord. L’anti-squat, ensuite. Le débattement, aussi. Mais attention : le 6-bars a beau promettre une indépendance des paramètres, aucun point de pivot ne gouverne un paramètre à lui seul. Chaque objectif nécessite de bouger plusieurs choses à la fois. On ne peut donc pas lire la cinématique à l’œil nu, comme un plan d’ingénieur. Mais on peut en capter certaines intentions…

Le vrai gain dans tout ça, c’est que chaque modification a pu être opérée sans bouleverser les autres paramètres. Et c’est bien là la promesse du 6-bars : non pas une lecture simpliste, mais un outil de réglage de très haute précision, où le raffinement des courbes se fait sans effet domino. C’est bien ce qui permet ici d’obtenir les courbes que voici… compatibles aussi bien air que ressort, sans discrimination.

Ajustements

si on récapitule, on a déjà dit qu’il y a un ajusteur de reach sur le Scott Gambler. Les plus attentifs auront aussi décellé dans le tableau des géométries, qu’il y a aussi différentes pattes de roues pour ajuster la longueur des bases, et le montage en Mullet/MX ou 29. Ça commence à faire des configurations, mais ce n’est pas fini. Le flip-chip en tête d’amortisseur est double. Il permet de jouer sur la hauteur de boitier – 16mm – et/ou sur la progressivité de la suspension – 25 ou 30% – de manière indépendante. 

À la douille – outre l’ajusteur de Reach – le jeu de direction utilisé est au standard zs56. Ça signifie qu’il ne s’agit pas d’un jeu de direction spécifique, mais que le Scott Gambler peut s’adapter favorablement à toutes les solutions du marché… Y compris à l’usage d’un Angleset compatible avec ce standard, en complément de l’ajusteur de Reach. Malin, et complet !

Format de roue, reach, angle de direction, longueur de bases, hauteur de boitier, progressivité… Le Scott Gambler coche les cases du moment. On est sur un vélo de DH qui dispose des ajustements dans la tendance, et qui fait son maximum pour répondre au souhait d’être ajustable à un maximum de profil/de pistes. ce qu’il faut pour que chacun y trouve sa recette, sans se sentir enfermé dans un moule ?! C’est en tout cas ici, en particulier, que l’objectif de l’équipe de recentrer les plages par rapport aux egigeances de la DH moderne se concrétise. La V4 du 6-bars – aperçue précédement dans cet article – est peut-être allée trop loin dans certains domaines, justement pour confirmer le centre de la plage et les limites à ne pas dépasser pour arrêter la V5 à destination de la production de série.

Détails de conception

Le Scott Gambler regorge de petits détails qui incarnent le fait que ce vélo soit aller un cran plus loin que le Ransom dans son développement. L’accès est garanti à toutes les vis dans toutes les positions – fameuse requête du team – qui font qu’au final, l’entretien du Gambler est plus facile que certains vélos du paddock à amortisseur certes externe, mais dont les éléments de fixation ou certains axes demandent de démonter beaucoup d’autres pièces pour y accéder…. Pour le reste, on découvre ça en images !

Premières impressions

Nous y voilà ! Après avoir passionnément détaillé tous les secrets de conception dont recèle le nouveau Scott Gambler, une question n’a fait que se renforcer tout au long de cette première partie d’article : ça donne quoi, tout ça, en action ?! La réponse, c’est sur les pistes du Bike Park de Châtel – partenaire de longue date du Scott DH Factory – que je suis allé en chercher les premiers éléments.

Nous sommes dans la deuxième partie du mois de juillet, les pistes sont ouvertes au public et dans les files d’attente, certains d’entre-vous me font part de l’intérêt et des questions que ce vélo aperçu en Coupe du Monde, soulève encore… Panoramic, Vorachatak, Haute Tension, Vick Line, Bike Patrol et leurs variantes permettent – en fonction des conditions du moment – de composer le terrain de jeu des trois séances d’essai qui permettent de collecter ce qui suit… Un bon début de mode d’emploi pour mieux saisir les subtilités des opportunités d’ajustement dont dispose le Scott Gambler, et ce que ça dit de son propre caractère.

Sizing – Trois tailles, pas forcément comme les autres

Premier point à ne pas sous-estimer avant même de lâcher les freins : le choix de taille. Le Gambler est proposé en trois tailles uniquement — M, L et XL — mais attention, le naming ne reflète pas forcément ce que vous avez en tête. Ici, le L aurait très bien pu s’appeler M ailleurs, si l’on se fie aux chiffres. Et si la plus grande taille porte le nom de XL, c’est avant-tout pour parler aux grands gabarits, qui cherchent souvent une vraie plateforme à leur mesure.

Dans mon cas, j’ai communiqué à la marque mon reach de référence, celui dans lequel je me sens naturellement bien : 480 à 485 mm. Résultat : orientation vers un XL en reach court, et..? bonne pioche ! Aucune sensation de vélo démesuré, pas de couloir à piloter, juste ce qu’il faut de place pour respirer sans flotter. Tout juste ai-je besoin de trouver mes marques au départ, notamment avec une impression de devoir m’appliquer à charger l’avant quand nécessaire, ce qui pourrait faire penser à un vélo trop grand… Mais un cintre réhaussé d’une dizaine de millimètres et finalement, le bras de levier défini par reach & stack entre dans la fenêtre qui me va bien, et c’est parti ! Pour ceux qui cherchent donc d’autres repères pour bien choisir, voici une approche complémentaire qui peut aider, et dont on peut parler en commentaire, si besoin… 

Ce que ça me rappelle du Ransom – Une parenté assumée

En piste, il y a des sensations qui ne mentent pas. Et dès les premiers runs, le lien avec le Ransom me saute aux yeux — ou plutôt aux mains et pieds. À commencer par ce que le châssis renvoie en matière de raideur et de rigidité : comme sur l’enduro de la marque, on sent un châssis qui travaille. Pas une arbalète, pas un bloc figé non plus. Un cadre qui vit, qui encaisse sans vraiment fléchir, mais sans renvoyer la violence dans les appuis. Peut-être même que rétrospectivement – le Ransom est à l’essai au moment d’écrire ces lignes, chez FullAttack – le Scott Gambler progresse même dans ce domaine, en filtrant plus encore ce qui peut parfois paraître un peu moins maitrisé sur le Ransom. Progrès, projet après projet ? Logique, compte tenu du programme et des caractéristiques de chacun, en tout cas.

Deuxième point commun flagrant : le comportement de la suspension en lien avec le 6-bars. Là encore, la signature est là. Ce moment précis, en milieu de course, où le vélo est bien posé sur ses appuis, déjà engagé dans la charge… et où l’on sent qu’il en reste sous la pédale. Un caillou, une racine, un trou dans l’appui ? Pas besoin de délester, d’anticiper ou de craindre pour ses chevilles : le vélo encaisse, garde sa ligne, sans déléguer le boulot au pilote. 

Ce que chaque ajustement change – Et comment le Scott Ransom le rend

Les ajustements, c’est bien sur le papier. Mais encore faut-il qu’ils produisent de vraies différences concrètes une fois en piste. Et c’est justement là que le nouveau Scott Gambler se distingue : chaque réglage a un impact lisible, net, exploitable.

  • L’ajustement de la longueur des bases transforme vraiment le caractère. En position courte, le vélo est vif, agile, avec cette capacité à corriger une trajectoire en plein virage ou à enchaîner un manual en sortie, sans forcer. Par contre, le vélo demande à être davantage tenu quand la vitesse augmente, et que le rythme est soutenu. Ce qu’apporte logiquement la version longue, qu’il faut davantage placer en entrée de virage – au freinage – puis laisser dérouler sa ligne — plus stable, mais plus figé. 
  • Lorsqu’il s’agit de changer de hauteur de boîtier, la différence est toute aussi logique. Je dirais que c’est équivalent à changer la hauteur de cintre d’une dizaine/quinzaine de millimètres en matière de ressenti du stack. On sent aussi et surtout un gain sur le ratio stabilité/agilité du vélo dans les changements de bord quand on abaisse, mais on vient à frotter les pieds et les pédales sur les rochers en bord de trace. Il peut arriver que cette position basse donne le sentiment que le vélo tape un petit peu plus dans les trous, plutôt que de les survoler. Ça peut être imputé au changement de répartition des masses que ça implique en dynamique.
  • Enfin, la différence entre progressif et linéaire est intéressante. Le premier offre une sensibilité supérieure en début de course, le second plus de jus lorsqu’il s’agit de travailler avec le terrain dans les appuis. Logique et conforme à ce que l’on connaît chez la concurrence. Là où le Scott Gambler se distingue, c’est que ce gain de jus sur le réglage linéaire, ne s’accompagne pas d’une grosse perte de sensibilité comme ça peut être le cas et la concurrence. Il suffit d’ailleurs de trois clics de compression basse vitesse en moins pour totalement l’annuler. C’est là que la magie opère : sur ce vélo, on a le gain que l’on attend de ce changement, sans en avoir toute la contrepartie. Et c’est la première fois que je vois ça. On peut l’attribuer à l’usage du 6-bar, qui ne fait pas la même différence que sur les autres systèmes. Ici, c’est la courbe de ratio en entier qui s’incline d’une position à l’autre. Pas juste la pente finale où la manière avec laquelle elle est incurvée. Et ça se sent à l’usage. 

Conclusion – Comprendre pour mieux en tirer parti

À l’heure où la plupart des VTT de descente haut de gamme embarquent leur lot d’ajustements en tout genre, le Scott Gambler ne fait pas exception. Il s’inscrit clairement dans cette tendance moderne des DH configurables, capables de s’adapter à la fois au terrain et au pilote. Reach, bases, progressivité, hauteur de boîtier, format de roues… Tout y est, avec des plages de réglage suffisamment larges pour être pertinentes, et suffisamment bien conçues pour rester lisibles. C’est le premier enseignement de cette prise de contact avec le dernier né de la gamme Scott. 

Ensuite, le Scott Gambler ne fait pas le boulot à votre place : il vous invite à le comprendre, à l’ajuster, à en tirer le meilleur. D’où cet article, et tout l’intérêt de le lire jusqu’au bout. Et c’est peut-être là sa plus grande qualité : il donne envie de jouer. Pas pour complexifier à tout prix, mais pour construire une progression. Personnellement, c’est le vélo de DH que j’ai le plus envie de configurer au fil d’un week-end. Commencer en bases courtes pour garder de l’agilité et corriger mes lignes facilement sur des traces que je découvre encore au fil des passages. Boîtier bas pour stabiliser les changements d’appui, et cinématique en position progressive pour le grip et le toucher qui rassurent. Puis, une fois la confiance installée et la vitesse qui augmente, allonger les bases pour plus de tenue à haute vitesse. Puis, réévaluer la progressivité ou la hauteur du boîtier selon le terrain : donner du peps si la piste le permet, ou rehausser si ça se tanque trop dans les trous.

Je sais que certains — Benoît Coulanges en tête — préfèrent ne pas se perdre dans les réglages, rester concentrés sur leur pilotage. Et ça se respecte. Mais n’est pas pilote de Coupe du Monde qui veut. À titre personnel, et en toute modestie, profiter d’un vrai levier technique en cours de week-end, qui m’aide à franchir un cap, c’est une approche qui me parle. Sans se prendre pour un autre, c’est un peu comme en F1, quand l’équipe travaille bien entre les essais du vendredi et les qualifs du samedi, débloque quelques dixièmes, et met le pilote en position de performer. 

Le Scott Gambler offre cette possibilité. De manière simplifiée. Benoit Coulanges et de Scott DH Factory ont fait le long travail, fastidieux, des essais à l’aveugle et d’exploration des opportunités offertes par le Scott Gambler. Pour en retenir le plus intéressant, à travers différents ajustements qui ont du sens. À ceux d’entre-nous que ça intéresse, maintenant, de s’en emparer pour en tirer parti. Moi le premier, pour donner suite, dès que possible ! On en reparle volontiers à l’occasion, sur FullAttack 😉