Le début de saison Enduro World Series, vu de l’intérieur !

Chapitre 2 : Enfin !

Ça y est ! Enfin ! Après des mois d’attente nous y sommes : la reprise des courses Enduro World Series ! Vous vous souvenez de l’excitation de la veille de noël quand vous étiez enfant ?! Je pense que pour moi c’était encore plus que ça. Mes premières courses dans la catégorie reine et qui plus est, deux destinations qui font partie de mes préférées de la saison ! On commence par les Dolomites, à Canazei (Val di Fassa) puis deux semaines plus tard on se dirige dans la vallée d’Aoste, à La Thuile. Un beau programme mais qui s’annonce intense puisqu’il s’agit de deux doubles manches ! C’était entre la mi-juin et début juillet 2021. Flash back !

Nouveau format…

Avec le covid, l’organisation a dû faire des ajustements de calendrier et trouver des solutions pour proposer un championnat comportant suffisamment de manches. C’est pourquoi nous nous retrouvons avec trois destinations italiennes dont deux doubles manches. Ce nouveau format permet donc de faire deux courses au même endroit, avec un jour de battement au milieu. Ça limite les déplacements et les destinations, et donc les risques de restrictions de déplacement. Mais ça implique aussi de faire plus de course dans un laps de temps plus restreint.

Cette année nous avons aussi l’apparition de la Pro Stage : spéciale qui sert de prologue la veille de la course. C’est la même que la dernière parcourue le jour J. Sur le papier cela semble donc être de bonnes idées, mais qu’en est-il dans la réalité ? Est-ce que les doubles manches seront des courses strictement identiques ? Si c’est le cas avec le nombre de passages, dans quel état seront les spéciales ? Il me reste donc quelques interrogations avant mon départ. C’est toujours intéressant et excitant de voir son sport évoluer et j’ai hâte d’avoir les réponses à mes questions…

Canazei, Val di Fassa…

Direction l’Italie donc, pour y voir plus clair. Mais une chose est sûr déjà : en plus d’être plus éprouvant, ce nouveau format double manche représente plus de temps sur place et donc coûte plus cher. Après un long moment sans course EWS, quel bonheur tout de même, de partir prêt d’une semaine à chaque fois et de retrouver les paddocks et l’ambiance de course. Ajouté à cela le fait que les deux premières courses se déroulent dans des cadres que j’adore : à la fois très similaires – puisque nous étions dans des cadres de montage – mais également très différents, avec, chacun, ses spécificités.

Canazei est surement un des plus beaux endroits où j’ai pu faire du vélo dans ma vie, vraiment incroyable, dépaysant et loin de ce que je connais de l’Italie. À commencer par les maisons, qui dans mon esprit ressemble plus à ce que l’on pourrait trouver en Autriche. (NDLR : c’est effectivement le cas d’une majeure partie des régions frontalière avec l’Autriche, qui par le passé, ont connu des changements de statuts à certaines reprises…)

Et quand on parle des montagnes, elles sont juste impressionnantes, d’une diversité rare, ce qui donne des paysages magnifiques.

Les Spéciales

SP1 : Spéciale dans une forêt de sapin, dans la terre fraîche, les racines avec des passages un peu techniques sans trop de vitesse.

SP2 : Spéciale beaucoup plus courte, la plus courte du weekend-end, un début plutôt rapide sans trop de difficulté avant de rentrer un peu plus dans les bois avec quelques passages à plat dans les racines où il n’est pas facile de relancer et quelques passages avec un peu de pente sans trop de vitesse mais sur des racines glissantes.

SP3 : Un début bike park très flowy, avant de rentrer dans les bois et faire un pédalage, très long et très raide sur la fin (pédalage dont la deuxième partie sera neutralisé pour la deuxième course)

SP4 : La plus longue du week end, un départ de folie sur une crête avec beaucoup de vitesse avant de plonger dans les bois, et d’alterner, entre pente, section rapide, quelques courts pédalages et une section type pumptrack incroyable.

La course !

Pour ma première course dans la catégorie reine, je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Je part avec l’idée de me faire un maximum plaisir. Si je finis avec le sourire, alors j’aurais réussi ma course, peu importe le classement. J’ai la chance, sur cette course, d’être suivi par Ulysse – de chez Met/Bluegrass – pour me faire de beaux clichés. C’est lui qu’il faut remercier si vous appréciez les photos que vous voyez dans cet article !

Double manche signifie deux courses au même endroit, mais qu’en est-il réellement ? Est-ce deux fois la même course ? Pour Canazei la réponse est oui ! Sur le papier, ce n’est pas ce qui m’excite le plus, mais c’est une simple préférence personnelle et vu la qualité de ce qui a été préparé, on ne peut pas se plaindre.

Nous repérons donc chaque spéciale le mardi, puis course le mercredi, jour de repos jeudi, reco et chrono de la pro stage vendredi, dernier jour de course le samedi. Le programme peut sembler tranquille mais en réalité c’est assez intense pour moi.

Pour la première course je dois me familiariser avec les horaires de départ alloués. En effet, en EWS100 on peut entrer en spéciale dans l’ordre que l’on veut. On a seulement un temps imparti pour réaliser la totalité de la course. En EWS on a une heure précise pour prendre le départ de chaque spéciale et tout retard est pénalisé. Je suis surpris de voir à quel point les temps de liaison sont serrés. Je ne suis pas loin de prendre une pénalité au départ de la spéciale 3. D’après les personnes habitués de ce format, les temps alloués aux liaisons sont particulièrement serrés cette fois-ci.

J’ai un peu de mal à trouver mon rythme sur cette première double manche, mais quel plaisir de retrouver ce genre de courses, finir les deux rounds avec le sourire. J’arrive quand même malgré tout à progresser quasiment sur chaque chrono et je me sens progresser tout au long du weekend. Même si je suis un peu déçu du résultat de la première course, je garde en mémoire quatre belles journées de vélo.

L’après course !

L’après course c’est toujours un bon moment sur les EWS, enfin ça c’était avant le covid… Depuis c’était logiquement un peu plus compliqué. Mais les choses progressent dans le bon sens et malgré l’absence de l’officielle “After race party” l’ambiance dans le paddock était excellente juste après la course.

On peut dire merci aux frères Master qui ont commencé par un concours de manual en slalom, qui a vite pris une tournure de pit party avec de beau nom qui sont venu faire le show. Richie Rude est venu déjanter son pneu arrière, puis le spectacle a pris fin une fois que Alex Rudeau a mis tout le monde d’accord.

Après quelques heures de calme, pour se doucher et ranger, tout le monde s’est quand même retrouvé pour une soirée non officielle dans le cœur de la station. Et je peux vous assurer que la plupart de ces mecs qui sont ultra rapides en vélo sont aussi très bons pour ce genre de chose. Ambiance garantie!

Tout n’est pas si rose !

Dans le premier chapitre En mode privé, j’étais très enthousiaste quant au sérieux et à la qualité de l’organisation EWS, me semblant faire un excellent travail pour contenter tout le monde. C’était l’objectif de la catégorie EWS100, apparue en 2019. Mais cette année, même si je cours en élite, je n’oublie pas d’où je viens. Et la catégorie EWS100 a évolué… L’EWS100 a désormais lieu un jour différent de celle des élites. Ce qui ne donne plus l’impression de faire la même course ! Lorsqu’il s’agit d’une double manche, la catégorie amateur ne fait que le deuxième round, sans la Pro Stage. Ce qui au final n’est donc plus du tout la même course ! L’expérience EWS100, qui se voulait très proche de celle EWS, en est alors tout autre. Qui plus est, en EWS100, on peut marquer des points pour se qualifier en catégorie reine. Les points marqués sont calculés selon la règle : cumul des classements EWS et EWS100 et le pilote EWS100 marque les points de sa place moins 20%.

Exemple : Un pilote finit 10ème EWS100, ce qui le classerait 96ème au classement scratch (EWS + EWS100) > Il obtient les 20 points correspondants en catégorie élite, retranchés de 20%, le pilote marque donc 16 points.

Ce système, bien que de base pas forcément équitable, ne l’est absolument plus du tout avec ce nouveau format. Les courses qui n’ont pas lieux le même jour, cela permet d’avoir plus de participants dans chaque catégorie, les spéciales n’ont plus rien à voir d’un jour à l’autre à cause de la dégradations, et si l’on ajoute à ça un facteur météo qui peut grandement varier d’un jour à l’autre… Nous voilà avec une méthode d’attribution de points qui n’a pas été adaptée au nouveau contexte. Enfin, si l’on parle finances, ça commence sérieusement à dégrader la qualité. Avec le double format, mais une seule EWS100, on divise par deux le temps de roulage : pour le même prix, les compétitions se tiennent sur un jour, au lieu de deux par le passé. Dans le passé, une EWS100 c’était majoritairement quatre jours. Maintenant pour rouler presque quatre jours, c’est uniquement sur les doubles manches élites et l’inscription coûte le double..!

La Thuile…

Après La première course, j’étais impatient d’aller à La Thuile, et de voir si j’arrivais à progresser encore. 153ème pour la première, 143ème pour la deuxième, mon objectif était de me rapprocher de la 130ème place et à plus long terme, de me rapprocher des points – les 115 premiers sont concernés…

À la Thuile, le cadre est plus dans ce que j’ai l’habitude de voir, normal puisque c’est seulement à 3h de route de chez moi et dans un cadre très alpin qui m’est familier puisque j’habite proche de Grenoble. Toujours est-il que ça n’enlève à rien la beauté du lieux et que j’en ai pris pleins les yeux durant les 5 jours sur place.

Au programme de la course une double manche avec le même programme que Canazei à savoir deux fois la même course (avec quelques modifications pour la spéciale 4). Nous avions donc 4 spéciales à parcourir avec une seule liaison non assistée pour 950m de D+, 2636m de D- et 30km remontées mécaniques incluses.

Les spéciales

SP1 : Un départ rapide à découvert avant de plonger dans les bois pour des sections cassantes mais toujours rapides.

SP2 : Une spéciale assez variée, avec un départ plutôt rapide et une fin qui alterne entre épingle et ligne droite rapide dans les cailloux et les racines.

SP3 : Dans la pente avec une alternance de section très rapide, et d’autre plus technique et plus lente.

SP4 : La spéciale la plus longue avec un départ très rapide, deux pédalages dont un très long pour la première manche remplacé par un plus court mais plus raide pour la deuxième. Puis une fin un peu plus dans la pente avec quelques épingles et un beau rock garden juste avant la fin de spéciale. Très physique, mais varié, une vraie belle spéciale d’enduro où il faut être très complet pour performer.

Les courses !

Deux courses presque identiques, aux changements de la spéciale 4 près, et pourtant je les vis totalement différemment. Pour le premier round avec les risques d’orage les spéciales 1 et 2 sont raccourcies un petit peu, le départ se fait assez tôt et les temps de liaisons sont revus au plus juste afin qu’on ait la plus grande probabilité que la course ne soit pas écourtée. Pour le coup c’est un pari réussi puisque seuls les derniers en piste prennent une légère pluie, mais tout le monde peut terminer la course avant l’orage.

Pour la première course, j’ai du mal à me mettre dedans et à trouver mon rythme, je peux malgré tout prendre quelques très bonnes sensations de pilotage sur certains passages des deux premières spéciales. Je commence à accuser sérieusement le coup à partir de la troisième spéciale où je suis en retard sur tout, me fait quelques bonnes frayeurs et de mauvaises sensations. Pour la dernière spéciale, je n’ai simplement plus d’énergie et le long pédalage m’achève. Je me fait rattraper et doubler par mon pote, Théo Daumas, dont j’essaye de prendre la roue. Ça fonctionne un virage, puis crash au deuxième. Je finis 143ème de cette manche, un peu loin de l’objectif fixé à la manche précédente.

Avec la fatigue ressentie et accumulée pour la première course je redoute vraiment la deuxième manche. J’ai peur de subir. Après une Pro Stage sur laquelle j’ai quelques bonnes sensations, je pars sur la course du dimanche avec comme idée de tout donner, quitte à craquer physiquement. Finalement avec les encouragements de mes potes Antonio Dieu et Théo Daumas, j’ai directement de bonnes sensations et une impression de regain d’énergie. Je me sens bien physiquement durant toute la course, la spéciale trois que j’avais détesté pour la première course devient ma spéciale préférée. Je passe donc la ligne d’arrivée content d’avoir fait de mon mieux, en ayant eu d’excellentes sensations. Je finis 123ème de cette manche, j’atteins mon objectif fixé à la manche précédente et me rapproche des points. L’idée maintenant, sera de marquer des points à la prochaine opportunité !

Voyager en Europe

Le fait que les courses aient lieu en Europe est assez avantageux. Pas besoin de sélectionner quoi emmener qu’il s’agisse des pièces de rechanges ou des outils. Un stress en moins, parce que casser une roue quand on est de l’autre côté de l’atlantique, cela peut vite se révéler être une mauvaise blague.

Voici une liste de ce que je choisis d’emmener avec moi quand c’est possible :

  • Une deuxième paire de roues (que j’utilise aussi pour les recos, ce qui me permet de ne pas avoir à changer mes pneus la veille de la course et de gagner du temps)
  • Un dérailleur
  • Un plateau
  • Deux chaînes
  • Quelques paires de plaquettes
  • Quatre pneus différents, dans le cas où mon choix de base n’est pas bon.
  • Une tige de selle
  • Un amortisseur
  • Un guidon
  • Une potence
  • Un frein
  • De quoi réparer un frein: un levier, des joints de maitre cylindre etc..
  • Deux disques


Le budget ?!

C’est bien cool tout ça, mais combien ça coûte d’aller faire une manche EWS? Comme vous devez vous douter c’est assez variable en fonction de l’endroit où l’on va et des choix que l’on fait au niveau matériel, logement, etc… Je vais donc vous donner le détail de ce que ça m’a réellement coûté en sachant que je fais le choix de toujours avoir un logement confortable, de partir avec un vélo avec un maximum de pièce sensibles en bon état voir neuves et que pour la nourriture j’alterne en restaurant et me faire à manger (enfin là c’est plutôt la copine de Antonio qui nous faisait à manger, un grand merci à toi Beth!). Il est donc possible de réduire assez fortement ce budget en fonction de vos choix. Je tiens aussi à dire un grand merci à Met/Bluegrass qui m’ont offert le logement pour Canazei, en effet sur cette manche j’ai pu faire un projet avec cette marque dont vous lirez bientôt les tenants et aboutissants dans un hors série.

Canazei

  • 2 pneus neufs: 120€ 
  • 2 paires de plaquettes neuves: 40€, 
  • 1 plateau neuf: 90€ 
  • 1 chaine neuve: 80€

inscription: 380€

Logement: ~500€

Péages: 190€

Gasoil: 160€

Nourriture: 180€ 

Total 1 740€

La Thuile

  • 2 pneus neufs: 120€

inscription: 380€

Logement 300€

Nourriture: 120€

Péages: 20€

Gasoil: 50

Total 990€

La blague à 1000€ !

Cela fait maintenant quelques années que je roule avec des suspensions Fox, que j’apprécie vraiment. Je commence à connaitre la fiabilité de certains amortisseurs. Je les ai absolument tous cassé… Mais je ne me doutais pas que le X2 de mon Yeti qui avait à peine deux mois allait avoir des soucis juste avant de partir. Problème de fuite d’air, je l’ai donc envoyé en SAV chez Tribe Sport Group. On a la chance en France d’avoir un très bon SAV Fox, le problème c’est que dans le contexte actuel, délais de deux semaines pour récupérer mon amortisseur. J’ai donc dû acheter un DHX2 pour pouvoir prendre le départ de la première EWS. Amortisseur + ressort cela fait un budget d’environ 1000€, pas des plus appréciable comme dépense imprévue. Mais maintenant j’ai un amortisseur de secours, ce qui est une réelle sécurité à ce niveau. J’ai finalement pu récupérer mon X2 refait à neuf, trois semaines plus tard et il fonctionne maintenant parfaitement. merci Tribe pour la qualité du travail et la prise en compte sans encombre malgré la conjoncture !