Vous le lisez à longueur d’article, et j’en suis désolé, mais le constat est clair : la période 2024/25 est décidément riche en nouveautés suspensions. Après les leaders du marché et plusieurs outsiders ambitieux, place cette fois à un mythe de l’hexagone : BOS Suspension ! La marque emblématique issue des premiers succès tricolores en Coupe du Monde de Descente se remet en ordre de marche, et en phase avec le marché, pour tirer parti et mettre à dispo une sélection des meilleurs éléments de son portefeuille technologique. La gamme BOS 2025 ?! On voit ça en détail, sur FullAttack !
Contexte
Ça tombe bien ! On en parlait récemment sur FullAttack… souvenez-vous, c’était au moment de vous présenter la version 2025 et moderne d’un vélo de légende, le Radical… Au détour d’une phrase, je faisais allusion aux têtes pensantes à l’origine de cette arme de guerre, sans plus entrer dans les détails, restant focalisé – pour les besoins de l’article et du propos – sur les solutions technologiques mises en œuvre par ce vélo d’exception, pour son époque. Mais ici, c’est bien le cerveau d’une partie des opérations qu’il faut citer : Olivier Bossard. C’est lui, l’ingénieur qui, dans les années quatre-vingt-dix, a exploré pas mal des solutions technologiques qui font encore foi aujourd’hui, en une ère plus moderne du VTT. Or, c’est aussi lui qui est à l’origine de BOS, la marque et l’entreprise de suspensions qu’il a bâtie sur les bases de ses premiers résultats probants. Et vous ne croyez pas si bien lire, puisque c’est en partie sur une technologie d’abord développé pour gagner en Coupe du Monde de Descente VTT, que les succès de BOS s’appuient en Rallye WRC, Rallye Raid, RallyeCross, Motocross ou sur circuit. Pour les plus curieux, je fais allusion à un dispositif permettant d’ajuster l’amortissement en détente, en fonction du contact ou non de la roue au sol, entre autres…
Pour autant, la vie d’une marque n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Et pour ce qui concerne le VTT : les lois du marché, les contextes socio-économiques, les intentions et capacités de l’entreprise, n’ont pas toujours été en phase. Or, ne dit-on pas qu’il faille que les planètes s’alignent pour garantir une partie du succès ?! Raisons pour lesquelles la présence de BOS sur le marché a pu revêtir une forme intermittente ces 25 dernières années, depuis le début de l’entreprise toulousaine. Il n’empêche que vu sous cet angle, on perçoit un certain potentiel pour la marque. Entre le savoir-faire et l’expérience dont on parle, comment ne pas imaginer qu’il puisse y avoir matière ?! À l’usage d’ailleurs, les plus attentifs d’entre vous auront noté que les expériences d’essai FullAttack impliquant des suspensions BOS font partie des références qui ressortent dans les meilleurs moments. C’est en tout cas ce qui me fait dire qu’en matière de technologie, le portefeuille de la marque soit ce qu’il faut de riche pour s’exprimer face à la concurrence. Encore lui faut-il l’occasion de s’exprimer. C’est tout là l’objet de cet article : ces derniers temps, BOS nous fait savoir que sa gamme 2025 ambitionne de poser les bases d’une nouvelle dynamique… lesquelles ?!
À première vue
D’abord, celle d’une offre en phase avec les tendances du marché actuel ! Certes, d’une certaine manière, ça peut paraître trivial… Mais lorsqu’il s’agit de piocher parmi une expérience qui est allée déjà très loin dans le développement de certaines solutions, qui plus est en ayant connu un large succès sportif, ce n’est pas si évident. Qui dit prendre de l’avance, dit aussi créer un décalage. Or, cet avantage qui peut être la clé du succès en compétition, peut aussi devenir un handicap au quotidien, lorsqu’il s’agit de se reconnecter avec une réalité plus… Terre à terre dirons-nous.
Si on s’intéresse donc à la gamme BOS 2025, ce n’est pas nécessairement pour y trouver de nouvelles révolutions technologiques. Forcément, on aimerait un jour voir revenir cette technologie de détente en fonction du contact – ou non – de la roue au sol, sur l’offre la plus haut de gamme, la tête de proue, la vitrine technologique de la gamme BOS Cycling. Ce serait là un sacré tour de force, et une manière d’affirmer son identité de belle manière, face à la concurrence. Mais pour l’heure, sachons raison garder. On vient de le dire, il s’agit d’abord de se mettre en phase avec le marché…
Ceux qui connaissent déjà le portefeuille technologique BOS ne seront donc pas perdus. La gamme BOS 2025 y pioche les éléments nécessaires et suffisants pour se remettre en phase avec les tendances du moment. Elle en profite aussi pour mettre en place quelques ajustements qui doivent permettre aux produits de tenir leur rang, quelle que soit la monture sur laquelle ils prennent finalement place. En quoi tout ça consiste ?! Début de réponse avec une présentation plus détaillée de la gamme BOS 2025 et du positionnement des produits qui la composent, avant de profiter du moment pour détailler les principales technologies et nouveauté dont cette gamme profite…
La gamme BOS 2025
Du côté des fourches, il s’agit d’une gamme clairement orientée Gravity, à divers titres. D’abord, parce que BOS et peut-être une des très rares marques du marché à avoir deux fourches de Descente à son catalogue. Petit plaisir coupable que l’on peut se permettre, quand on a tant exploré et développé le sujet par le passé. Logique donc, entre autres, que l’offre la plus huppée du catalogue porte le nom de BOS Obsys – pour Obstacle System – lui aussi mythique.
Une gamme résolument Gravity ensuite, parce qu’elle balaye logiquement différentes pratiques en descendant en débattement, mais fais un choix fort sur les plus petites courses. Chez BOS, au moment d’écrire ces lignes, la fourche en 100mm de la gamme 2025 n’est pas destinée au Cross-Country, comme ce chiffre pourrait habituellement le laisser penser dans l’imaginaire collectif. Il s’agit bien plutôt, ici, d’une fourche Dirt, Slopestyle, Pumptrack : la Toxik !
pratique | débat’ | plongeurs | hauteur | format | axe | offset | frein | poids | prix | |
Obsys 42 | DH | 200mm | 42mm | 603mm | 29′ | 20×110 | 48mm | PM200 | 3260g | 2590€ |
Idylle Grabber 39 | DH & FR | 208mm | 39mm | 608 à 615mm | 29′ | 20×110 | 53,5mm | PM200 | 2950g | 2190€ |
Kyll | FR / EN / VTTAE | 170 à 190mm | 39mm | 585 à 605mm | 29′ | 15 ou 20×110 | 52 ou 44mm | PM200 | 2590g | 1790€ |
Deville Grabber 35 | AM | 140 à 170mm | 35mm | 552 à 582mm | 27,5’/29′ | 15×110 | 48mm | PM180 | 1915g | 1590€ |
Toxik | Dirt, slope, Pump | 100mm | 35mm | n.c. | 26′ | 15×110 | 48mm | PM180 | 1900g | 990€ |
Une offre résolument Gravity enfin, quand on se penche sur les trois amortisseurs qui prennent place au catalogue. Deux font usage d’un ressort hélicoïdal – une technologie habituellement sysnonyme de pratique gravity – tandis que le troisième à ressort pneumatique, ne manque pas de faire usage d’un gros volume – là aussi, un choix qui s’apparente habituellement aux disciplines les plus exigeantes.
pratiques | ressort | format | entraxes & courses | pieds | poids | prix | |
Void 4 | DH/FR/EN/VTTAE | pneumatique | imperial/trunnion | 205×50 à 250×70 | 15×12,7mm | 548g | 1249€ |
Syors 2 | DH/FR/EN | hélicoïdal | imperial/trunnion | 210×50 à 250×75 | 15×12,7mm | 560g (nu) | 1190€ (nu) |
Stoy 4 | DH/FR/VTTAE | hélicoïdal | imperial/trunnion | 210×50 à 250×75 | 15×12,7mm | 393g (nu) | 849€ (nu) |
En détail
Si les tableaux qui précèdent doivent permettre de se faire une idée précise des produits qui composent la gamme BOS 2025, il n’en reste pas moins que le cœur du contenu auquel cette présentation nous donne accès reste encore à dévoiler. Tout bonnement parce que de mémoire, je n’avais pas encore eu l’occasion de consulter autant de vues de coupe de ce qui se situe à l’intérieur de chaque produit BOS. C’est pourtant bien ceux à quoi on a accès cette fois-ci, qui permet d’illustrer les différentes technologies tels que les tés creux, la valve FCV, la cavité et renfort du chassis, les nouveaux pistons pneumatiques, la butée hydraulique réglable, les tiges d’amortisseur renforcées, ou bien encore le guidage et l’étanchéité qui s’associent à l’initiative du moment… tout n’est pas forcément nouveau, mais tout mérite un coup d’œil au passage !
Bos Cavity System (BCS)
On débute cette revue par un dispositif qui permet à la marque de sauver de précieux grammes. C’est le té de fourche qui est visé. Extérieurement, les deux fenêtres latérales qui donnent sur les plongeurs donnent un style. Mais surtout, techniquement, elles permettent à l’outillage d’accéder pour usiner l’intérieur de la pièce. Outre cette cavité, une deuxième se situe au niveau de la zone de frettage du pivot. Autant les deux premières cavités sont assez souvent répandues chez la concurrence, autant il me semble que c’est déjà le cas pour celle au niveau du pivot. Quoi qu’il en soit, on comprend par-là qu’il ne s’agit pas d’une nouveauté à proprement parler, mais que le visuel qui nous donne un bel aperçu de ce dont il s’agit, vaut le coup d’œil.
sur BOS Kyll, Deville & Toxik
Vibration-Control system (VCS)
Ça, les plus attentifs d’entre vous en ont déjà entendu parler ailleurs sur FullAttack. Oui, ce n’est pas nouveau, on peut forcément jouer sur la rigidité/raideur d’une fourche en optimisant les formes et les volumes de son châssis. De ses jambages notamment. On a souvent entendu parler de l’arceau, du diamètre des plongeurs qui y coulissent et donc des volumes différents que ça implique, etc… Ici, c’est très intéressant de profiter des visuels fournis par BOS pour mieux cerner ce que la marque fait de spécifique sur ses jambages.
C’est l’occasion de noter qu’elle sauve du poids en réduisant la quantité de matière présente entre les bagues de guidage, plutôt sur les faces internes de la fourche – là où les contraintes doivent être les plus faibles. Et c’est l’occasion d’observer qu’elle optimise la rigidité frontale en rajoutant un petit peu de matière à l’arrière sur une belle hauteur, et à l’avant sur une zone assez centrale, juste en dessous des bagues de guidage inférieures.
Il ne s’agit pas ici aussi d’une nouveauté en soi. Les précédentes générations de fourche BOS faisaient déjà appel à ce principe. Tout comme la concurrence, puisque l’on sait par ailleurs que des dispositions similaires dans l’esprit sont prises sur les châssis des suspensions Formula. Mais c’est bien les visuels fournis qui donnent un petit peu plus de précisions sur les manières de faire, qui nous intéresse ici.
Sur BOS Idylle 39, Kyll, Deville 35 & Toxik
Nouvelle valve FCV
Du côté des cartouches, une bonne partie des fourches font appel au dispositif FCV – pour Frequency Control Valve. Il s’agit d’une masselotte – en bleu sur les visuels ci-dessous – qui réagit de manière inertielle aux sollicitations qui sont transmises à la fourche. Quand la sollicitation vient du sol et tend à déplacer la fourche vers le haut, la masselotte tasse le ressort sur lequel elle est posée. On distingue alors que l’huile peut monter à l’intérieur de la pièce cyan, et sortir par l’orifice latéral qui est ouvert. Lorsque la sollicitation vient du haut et aurait tendance à tasser la fourche, la masselotte remonte, aidée par le ressort. L’orifice latéral est bouché et l’huile doit sortir en haut par le pointeau qui en gère le débit.
Ici aussi, il ne s’agit pas d’une nouvelle technologie. Les fourches BOS en sont équipées depuis un moment maintenant. Mais il faut noter que cette gamme 2025 profite d’une masselotte revue et corrigée. Elle est désormais un peu plus lourde que par le passé, tandis que le ressort qui l’accompagne reste identique, mais davantage précontraint. Ces deux initiatives modifient les fréquences auxquelles le dispositif s’anime. Il fonctionne désormais sur des valeurs plus basses.
Sur les cartouches Grabber équipant les Bos Idylle 39, Kyll & Deville 35
Nouveaux guidages côté air
Côté ressort pneumatique, les fourches BOS 2025 se parent également de quelques nouveautés. Ça se situe d’abord au niveau du guidage de la tige lorsqu’elle entre dans la chambre d’air. On le voit clairement sur les visuels, la hauteur du guidage est bien plus importante, les joints différents. On peut noter ici l’intention d’avoir un guidage plus précis.
Au-dessus de ça, le piston dispose lui aussi d’un nouveau dessin. L’idée qu’il puisse davantage rotuler dans les cas de fortes contraintes et de désalignement momentané. Ici aussi, c’est une intention qu’on a déjà vue chez la concurrence, et pas n’importe laquelle : Formula une fois de plus.
Sur Bos Idylle 39, Kyll & Deville 35
Nouvelles butées hydrauliques
À la gamme BOS 2025, certaines fourches disposent d’une butée hydraulique de fin de course. Certains modèles précédents en étaient déjà équipés, mais cette butée était alors partie intégrante de la cartouche hydraulique, côté droit. Pour cette nouvelle version, BOS change son fusil d’épaule. La butée hydraulique baigne désormais dans l’huile qui se situe au fond du fourreau gauche. C’est désormais le bout de la tête de guidage de la tige du piston qui, en descendant lors de la prise de débattement, fini par venir s’insérer dans la butée hydraulique et faire son œuvre.
Buttée hydraulique toujours, mais cette fois dans les amortisseurs. Les deux modèles les plus haut de gamme – Syors 2 et Void 4 – en dispose. C’était déjà le cas par le passé. Cette butée est néanmoins désormais réglable. On le voit sur les visuels ci-joints : c’est ici la tête du piston qui vient s’insérer dans la cavité dont l’orifice de sortie le plus ou moins être ajusté par le pointeau de réglages accessible par l’extérieur. Ici, c’est ce à quoi RockShox s’attelle sur ses derniers modèles, qui fait référence à la solution BOS présentée ici.
Nouveau guidage de la tige principale
On reste à l’intérieur du corps d’amortisseur des Syors 2 et Void 4, pour prêter attention à une autre nouveauté que partage également le Stoy 4. C’est au niveau du guidage de la tige du piston principal que ça se situe. D’abord pour voir que le joint racleur utilisé à cet endroit n’est plus le même. Nouvelle référence.
Ensuite, pour observer qu’au-dessus, la bague de guidage est désormais plus longue. Une disposition prise pour s’assurer que tous les amortisseurs de la gamme puissent être utilisés sans risque de flambage excessif, avec les pieds et rallonges dont disposent de plus en plus de vélos du marché. Du renfort aussi, il en est question du côté du Void 4, pneumatique. Du côté du piston principal, de son guidage, mais aussi du côté des parois de la chambre principale…
Kick Valve
Les fourches BOS disposent de la valve FCV. Les amortisseurs aussi ont leurs petites particularités. Il ne s’agit pas ici d’une valve inertielle, mais d’un dispositif qui compte sur les impacts de faible amplitude, mais de forte accélération – heurter une racine, une pierre ou un trottoir par exemple.
On le voit ici, à basse vitesse, l’huile chemine jusqu’au pointeau de couleur dorée. Puis, lorsque le débit est plus important sur un choc de plus forte intensité, l’huile emprunte aussi le chemin du circuit des hautes vitesses, marqué par les flèches orange. La Kick Valve, quant à elle, entre en jeu de manière différente. Elle propose un circuit à part, que l’on perçoit ici, en rouge… Il s’agit d’un circuit qui travaille en parallèle des deux premiers, et vient diminuer la pression d’huile, quand c’est le plus à propos.