Sur un juste retour des choses, le Sunn Radical 2025 revient au catalogue !

L’info n’a pas forcément fait une des plus grands médias de la planète. Et pourtant ! Après plusieurs longues années d’absence au catalogue, le Sunn Radical revient ! Certes, pas forcément là où on l’attend… Quoi que ! Même s’il incarne désormais le fleuron de la gamme dédié à la pratique de l’enduro, un coup d’œil, attentif et éclairé, sur sa conception, démontre un joli tour de force entre héritage et mise au goût du jour… peut-être parce qu’à y regarder de plus près, ce qui fait la tendance d’aujourd’hui s’appuie avant tout sur ce que le Sunn radical avait posé comme bases, il y a bien des années… Juste retour des choses ?!

Contexte…

Radical. Un nom qui évoque bien plus qu’un simple vélo. Impossible de parler du Sunn Radical sans rappeler ses origines. Véritable légende du VTT, ce modèle occupe une place unique dans l’histoire de la Descente. Parmi les vélos les plus titrés de la planète, il est souvent considéré comme le premier à avoir marqué une rupture technologique majeure.À son époque, il a redéfini les standards en matière de suspension, de freinage, de transmission, et même dans la manière de concevoir un vélo : non pas comme une simple juxtaposition de composants, mais comme un ensemble cohérent pensé pour la performance.

On pourrait bien sûr s’étendre sur le détail de son palmarès, les pilotes de renom qui se sont succédés à son guidon, ou encore les têtes pensantes derrière la conception d’une telle machine. Si je ne m’étends pas sur ce sujet ici, c’est d’abord parce que ça a déjà été fait à maintes reprises, et surtout parce que je ne veux pas nous écarter du sujet : ici, ce qui importe, ce sont les résultats de tout ce travail. Certes, de nos jours, les lignes d’antan des premiers Sunn Radical peuvent aujourd’hui sembler désuètes. Certes, ce vélo a même disparu du catalogue de la marque depuis un moment maintenant…

Mais réduire le Sunn Radical à une image vieillissante et dépassée serait une grossière erreur. Car si ce vélo a marqué l’histoire, c’est pour mieux inspirer son présent… tout simplement ! Et cette toute dernière version, celle du Sunn Radical 2025 qui nous intéresse aujourd’hui, s’inscrit tout à fait dans ce contexte : celui d’un vélo qui avait finalement posé des bases en un temps passé, et qu’il ne manque heureusement pas de retrouver, pour mieux s’inscrire dans la concurrence du moment, désormais ! Voyons plutôt pourquoi, et comment…

Sunn Radical 2025

  • Enduro
  • Full 29 pouces
  • 160/170 mm, Fox 38 & X2
  • Carbone Toray
  • Reach 485 mm (L) & Offset court
  • DT Swiss EX1700, 30mm 
  • Michelin Wild Racing Line
  • TRP DH-R Evo, 220/203mm
  • 3 modèles, 3 tailles, 3999 à 6999 €
  • Poids (à préciser)
  • Dispo à préciser
  • Fiche sur sunn.fr

Malgré un contexte chargé d’histoire, impossible de résister à un premier coup d’œil sur cette nouvelle version du Sunn Radical, avant d’en détailler les aspects techniques. Et ce qui frappe immédiatement, ce sont ses lignes. Elles évoquent, à bien des égards, l’exercice de style signé Lazareth – célèbre designer du monde de la moto – qui avait été invité en 2016, lors du renouveau de la marque, à insuffler une identité visuelle marquante. Ces éléments stylistiques, destinés à incarner une nouvelle ère pour Sunn, trouvent aujourd’hui une résonance particulière dans cette dernière évolution du Sunn Radical.

Mais tout de même ! Au-delà de ces observations, il en est une autre qui saute immédiatement aux yeux. Jusqu’ici, le Sunn Radical a toujours été un pur vélo de Descente. Or, avec cette version 2025, le virage est évident : le Sunn Radical que l’on découvre ici est un vélo d’Enduro ! Sa fourche simple té, dotée de plongeurs de 38 mm, et son débattement de 160 à 170 mm marquent clairement cette orientation. Et ce changement prend tout son sens lorsqu’on prend quelques secondes de recul sur l’histoire passée de ce vélo, et le contexte actuel. Comment aurait-il pu en être autrement, finalement ?

En détail

Pour bien saisir, Ne tournons pas plus autour du pot : visuellement, c’est bien les choix cinématiques du Sunn Radical qui retiennent l’attention ! Et pour cause, il n’y avait peut-être pas plus à propos que ce vélo, pour s’emparer du concept à point de pivot haut…

Le châssis

La principale observation à faire au sujet du Sunn Radical 2025 réside donc dans son choix de cinématique : une suspension à point de pivot haut. Certes, ce n’est pas une nouveauté exclusive dans le segment Enduro, où des marques comme Norco, Forbidden, Cannondale, Trek ou Lapierre ont déjà adopté cette tendance, ces derniers temps. Mais replacé dans le contexte historique du Sunn Radical, ce choix prend une dimension toute particulière. En effet, dès les années 90, les premières versions du Radical faisaient déjà usage de cette configuration, inscrivant alors ce modèle dans une démarche plus que visionnaire, atypique ! Mais avec le recul d’aujourd’hui, ce point de pivot haut faisait partie des choix techniques avant-gardistes qui ont marqué l’identité du vélo, voire du milieu dans son ensemble…

Avec le retour en vogue de cette technologie chez la concurrence, il aurait presque semblé incongru que le Sunn Radical 2025 n’en tire pas parti. Fort heureusement donc, la marque reste fidèle à ses racines, tout en apportant une patte qui mérite le coup d’œil. Là où d’autres voient plus complexe, concrètement, le point de pivot haut est ici fixe : la roue arrière suit un arc de cercle centré sur l’articulation entre les haubans et le triangle avant. Les bases et le basculeur – qui s’articule autour du boîtier de pédalier – transmettent les mouvements de suspension à un amortisseur subtilement semi-intégré au pied du tube oblique. Structurellement, cette zone du châssis adopte un design périmétrique : le pied du tube oblique se scinde en deux parties encadrant l’amortisseur et venant s’ancrer solidement autour du boîtier de pédalier. Le basculeur, articulé dans cette même zone, actionne l’amortisseur via un pied traversant le tube de selle sans pour autant compromettre la droititude de cet élément, sur une grande hauteur.

Cette cinématique reste fidèle aux principes exploités par les précédentes versions du Radical. Mais cette nouvelle itération se distingue par une innovation majeure : pour la première fois, l’intégralité du châssis est conçue en fibres de carbone – Toray, bien que les détails précis sur ces dernières, notamment la nature précise de chaque tressage utilisé, restent à découvrir. Dans tous les cas, Sunn rapporte avoir un soin particulier sur la rigidité et la raideur du cadre.L’objectif : proposer un vélo tolérant, capable de rassurer les débutants tout en offrant une stabilité suffisante pour les pilotes aguerris, sans les pousser constamment dans leurs retranchements ou au qui-vive…

La cinématique

En suivant ces détails sur l’architecture Sunn Radical 2025, ce sont bien évidemment les courbes cinématiques qui sont produites, qui retiennent l’attention. Et en la matière, à différents égards, nous ne sommes pas déçus du voyage. Des choix singuliers, forts, assumés qui – sur le papier, en tout cas – ont la bonne idée de se démarquer de la concurrence, et attiser notre curiosité…

Quant à parler des circonstances où l’on est amené à toucher aux freins, ce sont les valeurs de kickback qui sont absentes des données transmises jusqu’ici par la marque. Mais l’épreuve du terrain pourrait nous en dire plus, d’ici quelque temps.

Géométrie

Ces dernières années, plusieurs marques à la pointe de l’innovation ont pris l’initiative d’offrir un choix de tailles bien plus large que le traditionnel trio de gabarits. Entre quatre, cinq, voire six tailles, l’objectif étant de mieux couvrir la diversité des morphologies. Cette démarche est bien sûr saluée, car nous avons trop souvent constaté les limites du système à trois tailles, où les écarts peuvent rendre le choix inconfortable pour ceux qui se trouvent entre deux tailles, sans parler des gabarits les plus petits ou les plus grands souvent laissés-pour-compte. Cela dit, dans la conjoncture actuelle, post-pandémie, il est essentiel de garder à l’esprit que la rationalisation des coûts de production devient un enjeu majeur pour de nombreuses marques. Réduire le nombre de moules, et donc de tailles disponibles, permet de limiter les investissements nécessaires et de réaliser des économies d’échelle. Ainsi, lorsqu’on constate que le Sunn Radical 2025 ne propose que trois tailles, il est important de comprendre ce choix dans ce contexte économique. C’est en tout cas l’interprétation que l’on en fait.

En regardant de plus près le tableau des géométries, on remarque d’abord que la dénomination des tailles paraît bien choisie avec les lettres S, M et L. À première vue, les dimensions de la taille L correspondent en tout cas à celles de la concurrence, sous cette même dénomination. Il semble donc s’agir de trois vrais S, M et L, et que donc, ce soit une taille XL, destinée aux plus grands gabarits, qui ait été sacrifiée sur l’autel du marché actuel. Quoi qu’il en soit, le Sunn Radical 2025 taille L affiche un reach dans l’air du temps de 485 mm, permettant de libérer de l’espace pour les mouvements du pilote. L’angle de direction est fixé à 64 degrés, assurant une stabilité à haute vitesse, tandis que l’angle de selle de 77,5 degrés garantit une position de pédalage redressée et moderne. Avec 460mm de longueur, les plus petits des grandsdiront peut-être qu’un ou deux centimètres de dégagement en plus auraient favorisé plus encore l’usage de tige de selle à grand débattement. Mais peut-être que ce choix pourra garder certains plus grands dans le spectre des pilotes concernés par ce vélo. En tout cas, avec un empattement de 1280 mm en taille L, le vélo témoigne de sa volonté de stabilité, notamment à grande vitesse ; tandis que le boîtier de pédalier placé à 345 mm du sol, abaisse le centre de gravité pour maximiser à la fois la stabilité et l’agilité.

Une petite réserve, cependant, pour conclure sur ce sujet : la longueur des bases, fixée à 445 mm pour toutes les tailles,pourrait surprendre, d’autant plus que certaines marques concurrentes n’hésitent pas à ajuster cette dimension en fonction de la taille du cadre – pour favoriser une fois de plus la répartition des masses qui joue sur le comportement du vélo. Mais ne l’oublions pas : cette observation fait écho à la question des tailles disponibles et rappelle que, même dans ses choix audacieux, le Sunn Radical du moment tient ici certainement compte de la conjoncture et des moyens du moment…

La gamme…

Rédac'Chef Adjoint
  1. Bonjour Antoine super article, vivement le test terrain.
    J’ai commandé le Radical Finest en noir il est magnifique pour un prix super attractif.

  2. J’ai du mal à voir en quoi 4000€ un montage en Rockshox Select c’est un tarif « particulièrement offensif »…

    1. Parce que à 4000 euros pour un vélo en carbone d’enduro, Chez beaucoup d’autre marques, à ce prix tu n’as pas un vélo aussi bien équipé. Même si c’est en select pour fourche et amorto, il y a quand même des freins, un dérailleur et des roues qui tiennent la route.
      Chez Santa par exemple à 5000euros c’est du full Nx avec des freins pas top…

    2. Ce n’est pas tant le rapport qualité prix en lui-même que je considère dans ce propos, mais le fait qu’il y ait un modèle d’entrée de gamme pour un vélo d’enduro moderne à cadre en carbone vendu en magasin, placé à 4000 €. Ces derniers temps, je le déplore, mais c’est de plus en plus rare. Rapide coup d’œil sur les prix ce matin, en tentant de mettre de côté les réductions Black Friday et de destockage propre à la période du moment :

      – Canyon Strive > 4650€ (3750)
      – YT Capra > 3500€
      – Cube Stereo ONE77 > 4800€ (3100)
      – Lapierre Spicy > 5499€

      à 4000€, le Sunn Radical d’entrée de gamme se situe dans les prix des modèles d’entrée de gamme des VPCistes, alors qu’il s’agit d’un vélo vendu en magasin. Et si l’on compare en Prix Pubic Conseillé avec deux concurrents eux aussi vendus en magasin, c’est plus à son avantage encore. Vs le Spicy (autre vélo français récent, sur le principe point de pivot haut, Full carbone) c’est 1500€ de moins le ticket d’entrée. VS le Cube Stereo One77 (la marque est réputée pour un rapport qualité /prix offensif justement) faut profiter des réductions du moment pour que l’allemand soit plus intéressant.

      Ça peut justifier le propos « offensif » 😉

  3. Vélo et article intéressants.
    Par contre vous faites toujours l’erreur de penser que la position d’étrier a un impact sur le comportement de la suspension au freinage… c’est dommage ça fait tâche par rapport au reste de l’article, cohérent et bien écrit.

    1. Bonjour Simon, si l’on se base sur la théorie, l’étrier applique une force sur le hauban. Si tu l’isoles et tu appliques la formule de Varignon, tu peux trouver le couple (moment) reporté au point de rotation du hauban. En fonction de la direction du vecteur force de freinage, tu auras un moment soit positif, soit nul, soit négatif.
      Peut-être veux-tu dire que le couple induit est faible par rapport à la force liée au phénomène d’anti-rise (transfert de masse) ?

      1. En voyant la forme du support de l’étrier de frein, on peut clairement dire que les concepteurs ont cherché à faire passer la droite d’action de la force de freinage par le point de pivot.
        Si la position de l’étrier n’avait pas d’impact, il aurait été beaucoup plus simple, d’un point de vue facilité de fabrication, de fixer l’étrier au plus proche du hauban.

        1. Pour la position de l’étrier : j’insiste sur le fait qu’elle n’a aucun impact sur le comportement de la suspension. Par contre elle a un impact sur la direction de l’effort étrier/hauban donc un impact sur les sollicitations et contraintes mécaniques intrinsèques au hauban. Il y avait peut être moins de contraintes dans la pièces avec l’étrier positionné comme ça.

      2. Bonjour Laurent,
        Isoler un seul effort sorti de son contexte et en faire des conclusions ça n’a pas de sens Physique/Mécanique. Si on veut étudier les efforts sur les pièces et leur éventuel effet sur un système (suspension arrière dans notre cas), il faut faire une analyse statique rigoureuse (PFS (principe fondamental de la statique)) et prendre en compte tous les efforts en jeu.
        Par exemple, si on reste sur le cas du hauban, pendant une phase de freinage il est sollicité par 3 efforts (effort étrier/hauban ; effort axe de roue sur hauban ; effort du châssis avant sur hauban). Pourquoi essayer d’imaginer l’effet d’un effort sans prendre en compte les 2 autres ?…
        Pour la « formule de Varignon » c’est un peu une blague… ne le prend pas pour toi, j’imagine que tu en parles parce que c’est mentionné dans l’article fullattack sur l’anti-rise.. Désolé mais c’est juste poser un nom savant pour essayer de donner de la crédibilité au propos.
        Ici tu parles de l’effort étrier/hauban qui va générer un moment autour du pivot châssis/hauban, soit. Donc le moment c’est tout simplement l’effort fois le bras de levier. La « formule de Varignon » n’intervient pas directement. Cette formule elle sert à transposer un moment autour d’un point vers un autre point du même solide. Mais ce hauban n’est sollicité que par des efforts (aucun couple), donc la formue n’a aucun intérêt ici.

        1. Je te remercie pour ton commentaire. C’est un sujet passionnant et ça me fait plaisir d’en discuter.
          Ne sachant pas si tu avais des notions de mécanique, j’ai indiqué la formule de Varignon car cela faisait appel avec ce qui indiqué dans les didactiques du site et que, sans doute, tu étais déjà allé voir sur le site.
          Bien-entendu, le système n’est pas soumis qu’à la seule force de l’étrier. C’est justement le propos de ma question, dans quelle mesure cette force s’équilibre avec les 2 autres forces bases/haubans et cadre/haubans. Autrement dit, dans quel cas y a-t-il équilibre? Je veux dire équilibre vectorielle des 3 forces (somme = 0), en négligeant le poids qui est une 4ème, et équilibre des moments (somme des moments = 0 en un point, en l’occurence ici le point de pivot et le CIR si point de pivot virtuel). Si la somme des moments est non nulle, alors il y aura rotation.
          Dans le cas du Radical, je suppose que les concepteurs n’ont justement pas voulu que le système s’équilibre en éliminant le moment (ou point de pivot) crée par l’action de l’étrier.
          Sachant que le fort caractère affiché semble être que la suspension se tasse au freinage (squat) et conserve la géométrie, il y a du sens à vouloir éviter que la force de l’étrier vienne pertuber ce comportement.
          Au passage, je trouve cela assez sain, contrairement à ce que pense beaucoup de gens du milieu qui ne jurent que par un anti-rise faible pour garder en sensibilité. Sachant qu’il y a déjà une grosse partie du freinage qui est géré par le frein d’avant, le transfert de masse soulage bien la roue arrière (limité avec une fourche parfaitement réglée), un « squat » bien géré permet d’améliorer l’assiette et donc d’avoir un comportement sain au freinage, quitte à perdre un peu en traction.

  4. Moi aussi c’est un sujet qui me passionne et j’aime réfléchir dessus de temps en temps quand j’ai le temps. Désolé si jamais j’ai pu paraitre un peu sec, mais cette histoire de position d’étrier me chagrine à chaque fois, surtout que j’ai déjà échangé avec le rédacteur et fait une démonstration sur le sujet il y a qq années ; pour moi c’est un sujet clos et je constate que l’erreur est toujours là.. (autant dans l’étude des cinématiques vtt il y a pas mal d’aspects qui peuvent être sujets à discussion et où chacun aura son propre avis parce que pas de vérité absolue démontrable (exemple de sujet : « Anti-rise, mieux vaut-il être à 100%, un peu au dessus ou un peu en dessous ? »…Réponses : les différences d’assiettes sont-elles vraiment perceptibles dans la pratique ? pas sur. Il y a des avantages / inconvénients dans les 3 configs . Chacun peut apprécier une config plutôt qu’une autre, en fonction de ses préférences, de son ressenti et de son niveau. Ce sera un éternel débat), autant il y a des sujets plus basiques qui sont directement issus de la mécanique du solide, et pour lesquels il n’y a pas de débat. « La position de l’étrier arrière qui impacterait le comportement de la suspension au freinage » en fait parti.

    Pour répondre à ta question « Dans quel cas y-a-t-il équilibre? »
    Il y a équilibre d’office si ta suspension est à 100% d’anti-rise.
    Si on est différent de 100%, au début de la phase de freinage la suspension va bouger pour chercher à s’équilibrer (en compression ou détente, peu importe). Et l’amortisseur va fournir en conséquence un effort dans la suspension (effort correspondant au débattement parcouru pour trouver cet équilibre) et ainsi créer l’équilibre qu’il n’y avait pas initialement.

    Je ne comprends pas trop ton raisonnement : « somme des moments non nuls, alors il y aura rotation » ok je suis d’accord avec toi sur cette phrase, mais le simple fait que l’effort étrier/hauban soit aligné avec le pivot principal ne veut pas dire que la somme des moments n’est plus nulle sur le hauban.

    1. Pourrais-tu partager ta démonstration faite il y a quelques années ?
      Quand je parlais d’équilibre, je voulais parler d’équilibre statique au niveau du hauban.
      Je suis d’accord avec toi sur l’équilibre de la suspension à 100%. Bien qu’il faille prendre cela avec des pincettes dans le monde réel car la valeur d’anti-rise dépend de la hauteur du centre de gravité. Les valeurs d’anti-rise et anti-squat ne sont quasi jamais comparables entre des marques différentes sachant qu’il n’y aucun consensus sur la hauteur correcte du centre de gravité.

      Le fait que la force de l’étrier sur le hauban passe par le point de pivot implique seulement que le moment résultant de cette force est nul en ce point. La somme des moments peut tout à fait être nulle, positive ou négative en ce point même lorsque le moment lié à la force de l’étrier est nulle.

      Au niveau constructif, je pense que les contraintes mécaniques sont plus élevées dans la construction actuelle avec un support d’étrier relativement haut. Il doit être suffisamment dimensionné à sa base pour limiter les concentrations de contrainte. Une position proche du hauban me parait plus simple à gérer.

      Si la force de l’étrier n’avait vraiment aucun impact sur la suspension, pourquoi alors certains utilisent des étriers flottants, même en coupe de monde de DH (cf. Cube à Mont Saint-Anne, Commencal à Loudenvielle) ? Je n’imagine pas des teams de coupe du monde, avec un si grand nombre d’ingénieurs derrière, faire des choses à la légère.
      Et que dire des brevets ABP de Trek et le Split Pivot de Dave Weaggle, qui ont pour but de séparer la force de freinage du mouvement de la suspension.

      1. « Pourrais-tu partager ta démonstration faite il y a quelques années ? »
        J’avais fait un pdf, il est dispo en pièce jointe sur le forum de Vélovert, sujet des cinématiques (https://forum.velovert.com/topic/134654-cinematiques-des-cadres-suspendus/page__st__3420).

        Etriers flottants et Split-pivot : alors attention ! Ma remarque initiale consiste juste à dire que la « position angulaire de l’étrier sur un support donné » n’a aucune influence sur le comportement au freinage de la suspension. Par contre le fait que l’étrier soit fixé sur une pièce de la suspension plutôt qu’une autre (base, hauban, étrier flottant), alors là ça a un impact sur la valeur d’anti-rise et donc sur le comportement au freinage.

  5. Je te remercie pour le lien. J’ai lu la première partie et t’avoue ne pas comprendre ton observation et ta conclusion.
    Tu indiques que l’équilibre du bras est assuré de la même façon entre les 2 configurations de position de l’étrier, car l’effort rouge (force du cadre sur le hauban) est identique dans les 2 configs.
    Pourquoi te bases-tu seulement sur le vecteur de cette force pour arriver à ta conclusion ?
    Comme tu l’as bien représenté, les 2 triangles de force sont différents pour chaque configuration de position d’étrier. Certes, le vecteur Force (cadre sur hauban) reste invariable, mais la force de la roue sur le hauban varie largement. Si tu reportes le moment de cette force au CIR (ici le point de pivot), alors tu auras des valeurs radicalement différentes.
    Si on considère le système à l’équilibre dans la première configuration, la somme des moments reportée au CIR est égale à 0. En faisant varier les vecteurs force de l’étrier et de la roue, la somme des moments varie et n’est plus égale à 0, le système n’est donc plus à l’équilibre, impliquant une rotation du hauban autour du CIR, jusqu’à arriver à un nouveau point d’équilibre.
    Si l’on voulait faire une résolution statique dans le cas d’un 4-bar linkage comme le Radical, il faudrait rajouter la force base/hauban. Dans ton exemple, je comprends que tu as considéré un monobras.

    De nouveau, si tu regardes la forme des supports d’étrier des vélo DH de coupe de monde 2024, beaucoup sont très hauts et il serait beaucoup plus simple de positionner au plus proche du hauban.

    Quel est la avis de la rédaction sur le sujet ? Pour statuer, est-il possible de questionner un professionnel du domaine ?

  6. Laurent : « Pourquoi te bases-tu seulement sur le vecteur de cette force pour arriver à ta conclusion ? »

    >Le pdf était initialement à destination d’un interlocuteur qui était censé maîtriser un minimum le calcul de l’anti-rise donc j’étais resté assez succinct sur les explications. J’avoue que la conclusion aurait pu être un peu plus explicite et développée ; mais l’essentiel est quand même là..

    Pour répondre à ta question :
    Dans une phase de freinage, il n’y a que 2 efforts qui sollicitent la suspension et qui auront un impact sur son comportement, il s’agit de l’effort Sol/roue et de l’effort Chassis/bras oscillant. L’inclinaison de l’effort Sol/roue c’est une donnée d’entrée connue qu’on obtient via le PFS du système global « Vélo + cycliste » ; du coup l’inclinaison de l’effort Chassis/bras oscillant c’est en quelques sortes une « donnée de sortie » issue des 2 PFS de la roue et du bras oscillant que j’ai fait dans mon pdf. C’est pour ça que je parle de cet effort dans la conclusion : quelque soit l’inclinaison de l’effort étrier/bras oscillant, l’inclinaison de l’effort Chassis/bras sera toujours la même (démontré graphiquement par les 2 schémas (Schéma 2 et Schéma 3 du pdf) . Donc le comportement de la suspension arrière au freinage, qui dépend uniquement des 2 efforts Sol/roue et Chassis/bras, ne changera pas quelque soit la position angulaire de l’étrier.

    Pourquoi est-ce que je dis que seuls les 2 efforts Sol/roue et Chassis/bras impactent le comportement au freinage de la suspension ? Réponse :

    D’abord il faut comprendre que lors d’une phase de freinage, il y a 2 configurations possibles : la roue peut être freinée mais non bloquée, OU complètement bloquée. En terme d’efforts c’est exactement la même chose : les efforts impliqués seront les mêmes (même orientations, même sens, même point d’application), à l’exception de leur norme qui est différente et donc plus grande dans le cas de la roue bloquée puisqu’on a atteint une valeur seuil pour laquelle la roue se met à déraper. Dans les 2 cas la partie « efforts » (analyse statique) est donc la même, par contre, cinématiquement il y a une différence : la configuration « roue non-bloquée » comportera 2 ensembles cinématiques (ensemble « roue + disque » et ensemble « bras + étrier ») avec 2 PFD à faire (que j’ai fait et schématisé dans mon pdf), alors que la config « roue bloquée » ne constituera qu’un seul ensemble cinématique (roue arrière et bras oscillant ne forment qu’un seul solide rigide) ; cet aspect est très intéressant car il permet de ne faire qu’un seul PFS. PFS très simple puisque dans ce cas on a uniquement 2 efforts qui interviennent (effort Sol/roue et effort Chassis/bras. Le solide en équilibre n’est sollicité que par 2 efforts, donc ces 2 efforts sont forcément alignés. (c’est le schéma 1 page 1 du pdf). Cette config et son schéma associé permettent de se représenter facilement et visuellement la façon dont est sollicitée la suspension entre le sol et sa liaison avec le Chassis avant. Ces 2 efforts tirent chacun de leur côté sur l’ensemble « Roue + bras », si on est en équilibre les 2 efforts sont alignés et il est donc évident que la suspension ne bougera pas à cause du freinage ; l’équilibre (et donc Antirise=100%) se traduisant au passage par un CIR positionné sur la droite d’action de l’effort Sol/roue. Si on est pas à l’équilibre la position du CIR par rapport à la droite d’action nous indique comment la suspension va se déplacer (compression ou détente) pour trouver un équilibre.

    Bref, tout ça pour dire que cette config « roue bloquée » met en avant le fait que seuls les 2 efforts Sol/roue et Chassis/bras vont avoir un impact sur le comportement de la suspension au freinage. Les efforts étrier/roue et étrier/bras sont ici des efforts internes à l’ensemble cinématique étudié (roue+bras qui ne forment qu’un solide rigide) et n’ont donc aucun impact sur l’extérieur de cet ensemble. CQFD. (Donc la position angulaire de l’étrier et l’orientation de son effort ON S’EN FOUT !! 😉 ).

    Ensuite, si on a du mal à assimiler que d’un point de vue « efforts » (analyse statique) les config « roue bloquée » et « roue non-bloqué » sont strictement identiques, il suffit de faire les PFS des 2 ensembles distincts (ensemble « roue + disque » et ensemble « bras + étrier »), c’est ce que j’ai fait dans mon pdf; On y démontre simplement que, si équilibre, les 2 efforts (Sol/roue et Chassis/bras) sont toujours alignés, quelques soit l’orientation de l’effort de l’étrier. Donc dans cette config les efforts Etrier/roue et Etrier/bras ne sont plus internes au solide étudié, ils faut les prendre en compte mais on se rend compte qu’ils sont « transparents » (ils s’annulent entre eux en quelque sorte : l’effort étrier/disque est l’opposé de l’effort disque/étrier et l’effort bras/roue est l’opposé de l’effort roue/bras).

    Laurent : « Si tu reportes le moment de cette force au CIR (ici le point de pivot), alors tu auras des valeurs radicalement différentes.
    Si on considère le système à l’équilibre dans la première configuration, la somme des moments reportée au CIR est égale à 0. En faisant varier les vecteurs force de l’étrier et de la roue, la somme des moments varie et n’est plus égale à 0 »

    >Chaque pièce n’est sollicitée que par 3 efforts, donc si on est à l’équilibre les 3 efforts se coupent en un seul point (théorème des 3 efforts concourants) => à partir de là il n’y a aucun intérêt à raisonner en terme de moment. Et si vraiment tu veux le faire, et bien la somme de tes moments sera forcément égale à zéro (je sais pas quoi dire de plus, revérifie tes calculs). Si tu fais varier l’inclinaison de ton effort « étrier/roue », l’inclinaison de l’effort « roue / bras » va systématiquement « s’adapter » ainsi que la norme des 2 efforts, de façon à ce que l’équilibre soit conserver (puisque l’état d’équilibre est une hypothèse de départ).

    Laurent : « Si l’on voulait faire une résolution statique dans le cas d’un 4-bar linkage comme le Radical, il faudrait rajouter la force base/hauban. Dans ton exemple, je comprends que tu as considéré un monobras. »

    >Je sais pas trop ce que tu entends par monobras (?) j’imagine que tu veux dire « bras oscillant sur pivot fixe ». Pour info dans l’architecture du Radical il y a justement un bras oscillant sur pivot fixe (une seule « bielle » relie directement l’axe de roue arrière au chassis)). Ce bras oscillant s’apparente à des haubans car il est physiquement au-dessus du reste. Ce qui s’apparentes à des « bases » n’a ici qu’une fonction de bielle pour actionner l’amortisseur.
    Pour le fait de « faire une résolution statique » tout dépend quel est le but recherché. Donc dans l’absolu oui il y a un effort base/roue arrière à prendre en compte, mais quand on étudie une phase d’accélération ou de freinage et qu’on considère un état d’équilibre statique, l’effort « base/roue arrière » dont tu parles n’intervient pas, car l’amortisseur n’intervient pas dans l’analyse statique de cette phase d’accélération).
    C’est la notion la plus importante pour bien comprendre le principe de l’anti-squat et de l’anti-rise : quand tu fais une analyse statique globale du système vélo+cycliste, tu te rends compte que les efforts liés au poids du système (poids et réactions aux appuis des roues) sont totalement indépendants de l’ensemble des efforts liés à une phase d’accélération/freinage. Donc tu as 2 groupes d’efforts indépendants que tu peux analyser séparément en faisant un PFD. Le gros avantage de tout ça c’est que tu peux étudier une phase d’accélération/freinage en faisant abstraction des efforts liés au poids ; donc les efforts sont moins nombreux, donc on peut utiliser le théorème des 3 efforts concourants, donc on peut faire une analyse graphique et simple juste en considérant des directions d’efforts.

    Laurent : « De nouveau, si tu regardes la forme des supports d’étrier des vélo DH de coupe de monde 2024, beaucoup sont très hauts et il serait beaucoup plus simple de positionner au plus proche du hauban. »

    >Je ne connais pas les raisons exactes du choix de leur position mais toujours est-il qu’il y a une multitude de paramètres qui peuvent entrer en compte. Le dimensionnement en est un, on l’a déjà évoqué plus haut (et pour moi ça parait cohérent de vouloir que l’effort global de l’étrier soit orienté dans la direction que la longueur de la pièce plutôt que perpendiculairement ou en tout cas incliné) ; mais il y peut aussi y avoir potentiellement des contraintes de refroidissement (pas trop noyé dans le bras pour dissiper correctement), et autres…

    Laurent : « Quel est la avis de la rédaction sur le sujet ? Pour statuer, est-il possible de questionner un professionnel du domaine ? »

    >L’avis de la rédaction on le connait malheureusement via leur article sur l’Anti-rise : ils disent que l’anti-rise donne une tendance et que des effets des « efforts de freinages » viennent s’ajouter à tout ça => ça montre juste qu’ils n’ont pas compris le sujet.

    L’anti-rise ce n’est ni plus ni moins le résultat d’une analyse statique rigoureuse des efforts qui interviennent pendant la phase de freinage. Donc dire que, parallèlement, certains efforts comme l’effort étrier/roue vont aussi avoir un impact sur la suspension, c’est en quelques sortes essayer de refaire une analyse statique plus simplifiée mais erronée (car prise en compte d’un seul effort sorti de son contexte) : c’est absurde.
    Après je ne dis pas qu’il n’existe pas des phénomènes subtiles et pointus liés au freinage, qui ne seraient pas caractérisés par le paramètre anti-rise ; mais c’est un autre débat.
    Je ne veux pas non plus m’acharner sur la rédaction, ils font surement un travail journalistique de qualité dans de nombreux sujets, mais sur ces aspects théoriques là (Freinage et Anti-rise) c’est moins ça. Je sais qu’ils font l’effort de rechercher des sources différentes pour étayer leurs articles mais ce coup-ci ils n’ont pas été bien aiguillés..

    Laurent : « questionner un professionnel du domaine » :

    >Professionnels du cycle ou professionnel de la mécanique du solide ? 😉

    Pour info en ce qui me concerne je suis un ingénieur lambda en conception mécanique dans l’industrie générale, et j’aime bien réfléchir sur ce genre de problématique de temps en temps depuis qq années ; donc je n’estime pas avoir particulièrement besoin de l’avis d’un « ingé cycle » pour m’expliquer les bases de l’anti-rise et me confirmer que la position angulaire de l’étrier n’impacte pas le comportement au freinage de la suspension. Mais ceci dit je serais évidement ravi qu’un ou des ingé cycle viennent s’exprimer ici 🙂
    Mais sinon si tu veux d’autres sources pour te faire un avis sur la position de l’étrier de frein, cherche du côté des voitures/moto, c’est le même principe, tu auras les mêmes réponses et en plus grand nombre.

    1. Bonjour Simon, bonjour Laurent,

      Merci pour vos échanges approfondis et passionnés sur le sujet. Simon, je me souviens parfaitement de nos échanges. À l’époque, je t’avais d’ailleurs remercié pour le contenu que tu m’avais transmis, mais j’en avais aussi conclu quelque chose d’important dans notre échange : à la base, l’incompréhension venait du formatage de l’article didactique dont il était question. Tu as une définition rigoureuse et précise de l’anti-rise, ce qui est tout à fait justifié. Mais tu avais considéré alors que l’ensemble du contenu de notre article concernait l’anti-rise. Alors qu’on l’avait bien mis en évidence dans nos échanges : l’anti-rise est une modélisation d’un phénomène qui fait partie intégrante du comportement de la suspension au freinage. Ce n’est pour autant pas, comme tu le dis toi-même dans ton dernier commentaire, une modélisation complète du comportement de la suspension lors du freinage. Or, l’article dont on parle évoque à la fois l’anti-Rise en premier lieu, puis les phénomènes qui peuvent venir compléter. j’avais d’ailleurs retravaillé son contenu, en ce sens, pour éviter ce malentendu.
      Dans tous les cas, j’espère que tu noteras l’attention et la courtoisie dont je fais preuve dans l’ensemble de mes propos, qu’il soit public ici en commentaire, ou plus privé dans nos échanges par mail. sache aussi qu’avant d’être journaliste, je suis issu d’une formation d’ingénierie mécanique. Raison pour laquelle j’apporte de l’attention à tes propos, et que j’attends de toi, tout autant de respect et de mesure. Pour moi, il est évident que le sujet n’est pas clos, et donc, qu’il faille faire preuve de prudence. Pour l’heure, et pour ma part, j’ai un lecteur, ingénieur de formation, qui m’indique son raisonnement, et plusieurs ingénieurs cycles du milieu – parmi ceux qui ont ma meilleure estime – qui me rapportent autre chose.
      je ne suis pas étonné que l’article sur ce Sunn Radical t’ai interpellé. Le contenu que je relais ici – ce fameux visuel avec la résultante qui passe par le point de pivot des haubans – m’a aussi interpellé, notamment en faisant écho à nos échanges. Ceux uui ont conçu ce vélo font justement parti des ingénieurs précédement cités. Et puisque vos débats nous y amènent, je les sollicite pour savoir s’il peuvent nous apporter plus de précisions 😉

      1. Bonjour Antoine,

        merci pour ton message,

        Je reconnais complètement ta courtoisie et ta sympathie dans l’ensemble des échanges que l’on a eu ; je pense en avoir fait preuve également.

        Aussi, je ne pense pas manquer de respect quand je me contente de critiquer une partie d’article qui est fausse d’un point de vue mécanique du solide. Il s’agit ici d’une erreur sur une notion basique, donc pas vraiment discutable ; il ne s’agit pas d’un problème d’avis/raisonnement personnels divergents sur une théorie spéculative. La notion de respect est à double sens et concerne aussi le fait de ne pas diffuser de fausse information dans le cadre d’un article qui va être lu par un certain nombre de personnes.
        Tout le monde a le droit de faire des erreurs sur certains aspects spécifiques et ça ne remet pas en cause le professionnalisme et la qualité sur la grande majorité du travail fourni. J’avais pris soin de le préciser dans mes précédents commentaires, pour rester mesuré.

        Il y a quelques année j’avais déjà fait la remarque et passé un peu de temps à argumenter/démontrer l’erreur en question mais votre article n’avait pas pour autant été corrigé sur le fond. 3 ans après je retombe par hasard sur cette même erreur qui est encore une fois diffusée ; oui c’est un peu décevant.

        Juste pour revenir une dernière fois sur l’aspect technique, par rapport à ton message :

        Si, l’anti-rise c’est une modélisation « complète » dans le sens où elle prend en compte tous les efforts liés au freinage. L’effort de l’étrier sur le disque y est pris en compte, et fait parti de l’équation, même s’il n’a pas d’impact réel sur le comportement de la suspension.
        Par prudence justement, j’ai dis que je n’excluais pas qu’il puisse exister des phénomènes « subtiles et pointus » qui ne soient pas pris en compte dans le paramètre anti-rise ; mais l’effort de l’étrier sur le disque n’est certainement pas un phénomène subtile et pointu.

        Je maintiens que la partie « Influence du positionnement de l’étrier » de votre article sur l’anti-rise est clairement fausse, car vous prétendez que le seul effort « étrier/disque » et son moment associé autour du CIR vont directement avoir un effet sur le comportement de la suspension au freinage (détente ou compression), or ce n’est pas le cas ! Ici, en raisonnant avec ce seul effort « étrier/disque » vous faites une sorte d’analyse statique erronée qui ne prend pas en compte tous les efforts concernés.

        Et plus globalement, le fait d’articuler l’article en 2 parties, la première parlant de l’anti-rise comme étant une approche théorique incomplète, et la 2ème mentionnant des facteurs « supplémentaires » influençant le freinage n’est pas une vision correcte des choses ; car les facteurs que vous mentionnez sont pour certains d’entre-eux déjà pris en compte dans la définition de l’anti-rise (à savoir : position du CIR et type de support sur lequel est fixé l’étrier (haubans / bases / étrier flottant…)) et pour d’autres, dénués de sens (partie « Influence du positionnement de l’étrier ») comme expliqué plus haut.

        Je lirai avec intérêt les éventuels retours de tes sources – professionnels du milieu.

        A tte

        1. Simon,

          Je reviens vers toi, j’ai pu avoir des précisions intéressantes suite aux précédents échanges. C’est Fred Bernard, du bureau d’études Antidote solutions qui a travaillé sur le Radical, qui a pu me répondre en première lecture de nos échanges. J’en profite pour préciser que Fred et son bureau sont aussi connus et réputés pour la maîtrise de la télémétrie. Il se murmure que ce soit eux qui fournissent/aient fournis Jack, le mécano de Loic Bruni par exemple… Juste pour préciser que leur expérience en la matière s’appuie autant sur la maîtrise des outils théoriques auxquels on fait allusion, que sur des mesures terrain pour les confronter à la réalité.

          Première indications intéressantes de leur part, ils sont bien sûr au fait des notions d’anti-squat et d’anti-rise, mais, comme tu as fait allusion dans tes derniers commentaires, il ne les prennent pas comme vérité absolue ou comme outil principal de conception. Notamment parce qu’il considère que l’énergie cinétique et les accélérations mises en œuvre sur un vélo s’y prêtent mal. À l’origine ces deux notions et modélisations proviennent de la voiture et de la moto, où c’est bien plus à propos. Fred établi par exemple la différence d’énergie cinétique, mise en jeu à vélo et à moto (cross) :

          * Masse vélo + pilote: 100kg (cote haute)
          * Masse moto (MX 250) + pilote: 200kg (cote basse)
          * Vitesse moyenne vélo: 20km/h (cote haute)
          * Vitesse moyenne moto (MX): 40km/h (cote basse)

          l’énergie cinétique étant ce qu’elle est (Ec=m/2*v²) les énergies mises en jeu à vélo sont donc huit fois plus faibles qu’à moto par exemple. Par ailleurs, les accélérations à vélo sont bien moindres, et les positions des centres de gravité diffèrent aussi. Pour citer Fred : « les 2 véhicules ne sont pas vraiment comparables et si les principes mécaniques sont identiques, l’ordre de priorité des effets n’est pas le même. »

          Ça rejoint mon propos initiale stipulant que oui, l’anti-rise est une modélisation qui existe, et qui peut être intéressante dans certains cas, mais qu’on ne peut pas la prendre comme seule et absolue vérité. C’est donc là, il me semble, une différence d’approche par rapport à la tienne, qui me semble accorder une forte priorité à la modélisation de l’anti-rise et ce que l’on doit pouvoir en déduire.

          J’attire ensuite ton attention sur un point de raisonnement qui nous interpelle Fred et moi. Pour ma part, je note effectivement que le cas particulier de la roue arrière qui bloque au frein freinage peut nous permettre d’apprendre certaines choses. Mais je ne suis pas du tout convaincu que l’on puisse le généraliser au cas de figure où la roue arrière tourne. C’est d’ailleurs ce que Fred confirme dans son propos : « Simon applique le Principe Fondamental de la Statique (PFS) sur le sous ensemble « roue + bras oscillant » dont l’un des principes est que un solide (dans son cas roue + bras oscillant) se trouve à l’équilibre statique si ni lui, ni les les éléments qui le composent, sont en mouvement. Hors la roue tourne par rapport au bras oscillant donc on ne peut pas appliquer le PFS ou alors il considère que le vélo à une vitesse nul et dans ce cas la démonstration tiendrait: pas d’effet du freinage sur la suspension mais aurait peu d’intérêt. »

          Je rejoins cette analyse. et c’est la raison pour laquelle il me semble donc qu’à un moment ou un autre, il soit possible d’isoler uniquement le bras arrière, et d’en étudier les efforts qui s’y appliquent. Ceux dus à l’effort de freinage, et transmis par le disque aux plaquettes ou par l’étrier au bras arrière – suivant la manière de définir les frontières de ce sous-ensemble cinématique – doivent pouvoir entrer en jeu, et donc expliquer les raisonnement tenus jusqu’ici. Pour ma part, je note que le visuel indiquant la résultante alignée avec le point de pivot du bras, et à l’origine de ces débats, se justifie donc. J’aurais tout intérêt à m’en inspirer pour compléter l’article didactique FullAttack sur ce sujet. Au fur et à mesure du temps qui passe, des retours, et de mes propres progrès/découvertes en la matière, plusieurs de ces articles méritent d’ailleurs mise à jour et complément. Ça fait partie de la liste des tâches que j’ai à l’esprit. J’y ajoute pour ma part ce point précis. J’entends que certains passages puisse prendre certaines libertés quant à la rigueur pleinement scientifique du raisonnement, comme le passage notamment évoqué. Ça me paraît justifié pour permettre qu’un public non averti ait une chance de se figurer ce qui se passe. C’est l’intention première de ce passage, et après relecture, ca me parait toujours d’actualité.

          Merci pour ces échanges, et merci donc de reconsidérer ce que tu considérais jusqu’ici, être « clairement faux ». Au plaisir

  7. Bonjour Antoine,

    L’ensemble des précisions que tu partages dans ton dernier message n’argumente en rien votre thèse (erronée) qui consiste à prétendre que la position angulaire de l’étrier impacte le comportement la suspension. Thèse erronée qui fait l’objet de ma remarque/critique initiale.

    Pour la plus part de vos propos dans ton dernier message je suis plutôt d’accord avec vous, mais ça s’écarte du sujet initial (qui est « l’influence de la position angulaire de l’étrier ») :

    – Tes sources ont une certaine notoriété dans le monde du vélo => peut-être mais ça ne justifie ni ne légitimisme l’erreur de mécanique théorique que vous communiquez dans vos 2 articles.

    – Nombreux tests terrain et utilisation/maîtrise de la télémétrie pour peaufiner la suspension d’un nouveau cadre => ok très bien, c’est effectivement une phase importante dans le développement d’un nouveau vélo ; mais ça ne justifie pas le fait de faire des erreurs sur la mécanique théorique de base.

    – Pertinence des paramètres Anti-squat et Anti-rise pour le cas du vélo : il y a effectivement débat. Mais ça n’a encore rien à voir avec le sujet initial.

    Points de mes démonstrations/explications que vous essayez de mettre en défaut :

    – Cas de la roue arrière bloquée : je ne sais pas pourquoi vous vous focalisez sur la roue bloquée. Roue bloquée ou roue NON-bloquée, les efforts en jeu sont les mêmes, des PFS sont applicables dans les 2 cas et donnent les mêmes résultats en terme d’analyse statique. Je l’ai expliqué longuement dans mes commentaires plus haut. Donc oui le bras oscillant seul peut être isolé (je l’ai dit plusieurs fois et je l’ai même illustré avec un schéma dans mon pdf d’il y a 3 ans), mais encore faut-il considérer l’ensemble des efforts qui sollicitent ce bras ; vous vous faites l’erreur de ne considérer que l’effort étrier/disque.

    – Citation de Fred Bernard sur mes PFS : peut-être que la citation est sortie de son contexte mais en tout cas tels quels les propos ne sont pas correctes :

    Si on considère une roue bloquée, donc un seul solide « roue+bras oscillant », alors un PFS est applicable

    Si on considère une roue non bloquée, alors on fait un PFS sur la roue ET un PFS sur le bras. Et une roue en rotation peut très bien faire l’objet d’un PFS, contrairement à ce qui a été dit.

    Tu me demandes de « reconsidérer » les bases de la mécanique du solide, non désolé ce n’est pas possible. La partie « influence du positionnement de l’étrier » de votre article sur l’anti-rise demeure erronée. Il ne s’agit pas que d’une « certaine liberté » ou d’un manque de rigueur, même si c’est déjà ça de l’admettre. Un article qui reste flou ça m’est égale, un article qui explique un truc précis et faux, ça m’agace. mais bref..

    Ce sera mon dernier message sur ce sujet, j’y ai déjà passé trop de temps, je ne sais pas quoi vous dire de plus,
    A tte

    1. Simon, merci pour ces précisions. Je partage ton point de vue sur la situation. Les points de désacord persistent. Et il me semble à te lire que plusieurs sont davantage le fruit de l’imprécision du moyen de communication (limite du principe de commentaire) qu’autre chose. Raison pour laquelle je partage l’idée de ne pas donner suite à cet échange dès à présent. Pour ma part, je garde néanmoins en tête que la question de départ – influence ou non de la position angulaire de l’étrier – reste en débat. Et j’entends les arguments qui incitent à reprendre le passage qui fait débat dans l’article didactique. J’y reviendrai à tête reposée, et te ferai part de mes conclusions, si elles viennent à évoluer sur ce point. Je termine simplement sur la citation de Fred sur tes PFS puisque je me dois de veiller à la bonne circulation de l’information : elle fait l’objet d’un paragraphe à part entière dans le mail qu’il m’a adressé, et s’y présente tel qu’il est cité dans mon dernier commentaire. J’ai justement bien prêté attention à ne pas en dénaturer la forme ou le fond, ou d’omettre quoi que ce soit qui pourrait compromettre les échanges.
      Quoi qu’il en soit, merci pour ton attention, ta vigilence et tes partages. Je ne doute pas, vu l’application mise à défendre ton point de vue, que ces échanges aient pu ébranler tes certitudes. Sache en tout cas qu’il n’est évidement pas question ici de reconsidérer quelconques bases ou principes fondamentaux. Au plaisir.

  8. J’ai récemment lu l’article sur l’anti-rise et j’ai été interpelé par votre commentaire à la fin précisant que la position de l’étrier autour du disque avait un impact sur la suspension et pouvait gommer un anti-rise élevé ou faible par exemple.

    Intuitivement j’ai immédiatement eu le sentiment qu’il y a une erreur de raisonnement et que cela ne peut pas affecter la suspensions. En posant le problème sur papier, pareil.

    Je me suis dit qu’après tout, vous êtes les experts, et moi – certes un ingénieur et pratiquant de VTT – mais pas spécialiste. L’erreur de raisonnement proviendrait donc de moi, soit, ça m’arrive régulièrement. Ne voyant pas où est mon erreur je suis passé à autre chose, sans avoir estompé le doute.

    Cet article sur le sunn radical (et surtout la dernière image avec la force matérialisée graphiquement) ravive en moi cette interrogation. Je suis agréablement surpris de voir ces échanges intéressants dans les commentaires et me sens moins seul à m’intéresser à ces sujets 🙂

    J’avais hâte d’avoir le dénouement à la lecture des commentaires… mais je reste sur ma faim car il n’y a pas de consensus entre vous, ni de démonstration mécanique permettant de valider ce qui est écrit dans vos articles.

    J’arrive aux mêmes conclusions que Simon, on serait donc 2 à faire la même erreur.
    Après quelques lectures d’articles et de forum, en anglais, que ce soit VTT ou moto, les conclusions sont unanimes : pas d’impact sur la suspension (ce sont des forces internes au « système », que la roue tourne ou pas).

    On serait donc nombreux à faire la même erreur. Ce qui est également possible, mais devient moins probable que seulement 2 gugus ^^

    Cela mérite d’être creusé car mécaniquement je n’ai pas lu de démonstration allant dans votre sens.

    PS : un ingé cycle peut se tromper, ce n’est pas un gros mot. Il peut également y avoir des croyances et des pratiques bien ancrées dans certains bureaux d’étude, mais qui ont été débunké par ailleurs (par d’autres bureaux d’ingé ou dans d’autres applications), ce n’est pas un gros mot non plus

    1. PPS : je comprends votre raisonnement si on parle d’un coup de marteau que qqn (d’extérieur au système) viendrait donner au niveau de l’étrier. Le lieu d’impact du coup de marteau aurait un effet sur la suspension.

      S’agissant d’une force interne et d’un moment donc l’axe est l’axe de la roue, c’est tout à fait différent.

    2. Bonjour Quentin, merci pour ces précisions. Je les entends. Pour autant on en reste pour l’heure au même point, en attente de démonstrations complémentaires. Notamment parce qu’on reste face à une modélisation (anti-rise) certes séduisante parce qu’élégante et suggérant de pouvoir en tirer des conclusions, mais que ses détracteur dans l’application au sujet du VTT remettent en cause l’usage même – invoquant que les masses mises en jeu et leurs répartitions différentes à VTT du reste des sports mécaniques qui s’y tiennent. Donc oui, c’est tout à fait tentant de suivre les démonstrations et conclusions qu’apporte la modélisation de l’anti-rise. Néanmoins quand des ingénieurs de terrain, au plus proche du sujet concerné, maîtrisant de longue date la mesure embarquée, évoquent le fait que leurs travaux mettent en évidence une incohérence entre le terrain et le suivi de la modélisation, il y a prudence, à minima. Si je peux me permettre le paralèle avec un autre « sport », les sujets de corélation font parler par ailleurs, en F1 par exemple. On peut donc, à minima, laisser la place au doute, au moins en l’état actuel de mes investigation sur le sujet 😉 En attendant, je continue à veiller au respect de la prudence qui est de mise sur le sujet. Attention notamment aux termes employés. Peut-être l’article prête-t-il encore à confusion malgré l’ajustement des propos en ce sens, mais il n’est pas question que la position de l’étrier influe sur « l’anti-rise » en lui-même, mais sur le « fonctionnement de la suspensions » en phase de freinage. Ce qui sont deux choses différentes. L’anti-rise est une modélisation d’un phénomène (transfert de masse en phase de freinage) qui a au final un effet sur le fonctionnement de la suspension. Et l’on s’entend que dans cette modélisation, les forces de freinage n’entrent pas en ligne de compte. Pour autant, ça ne veut pas dire que l’anti-rise soit une modélisation du fonctionnement complet de la suspension en phase de freinage, ni que les efforts de freinage n’aient pas d’effet sur le fonctionnement de la suspension. C’est, je pense, la nuance qu’il faut retenir en l’état actuel de nos échanges. Je n’ai pas, pour l’heure, l’occasion de creuser à nouveau le sujet, mais il me semble qu’une piste intéressante soit de creuser le sujet de l’étrier de frein flottant. J’entends par là l’étrier monté sur un mécanisme idépendant de la cinématique propre à la suspension du vélo. Ce mécanisme existe et a plusieurs fois été mis en œuvre avec succès. Il y a donc peut-être des choses à en tirer 😉

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