Deux sommets pour une parenthèse

On s’évade en Lombardie avec Ulysse Daessle (MET) – souvenez-vous notre Mission Bluegrass – pour une micro-aventure automnale à VTT à deux pas du bureau…


En quelques minutes, le ciel se pare de nuages. Une brume dense se met à remonter à une vitesse folle. Bientôt, la lumière s’éteint et nous sommes plongés dans un brouillard épais, à flanc de montagne. La croix marquant le sommet a disparue, engloutie.

Le temps s’arrête un instant, comme suspendu. Silence. D’un coup sec, le tonnerre vient vite rappeler tout le monde à l’ordre. Les éléments se mettent en branle, et nous aussi !

C’est devenu peu à peu le rituel de l’été : partir directement du QG de chez MET, passer une nuit en refuge, et revenir en vélo pour poser ses pieds sous le bureau et devant son écran. Une belle parenthèse au milieu d’une semaine chargée.

Et ce n’est pas cette année qui changera cette bonne habitude. Avec un défi en plus : profiter du coucher du soleil et de l’aube pour faire des photos à 2300m d’altitude. La descente de retour représente 2000m de D- bien tassés ! Cette fois ci, l’idée est de faire des photos au coucher du soleil et à l’aube.

Pour pouvoir arriver au sommet du premier pic avant le coucher du soleil, la première partie se fait en shuttle – on avoue que la perspective de faire 1500m de D+ en sprint pour rejoindre le refuge n’enchantait pas grand monde.

Le sommet convoité, le Monte Pisello, n’est pas si loin du refuge, mais la pente est raide. Les vélos passent vite sur les épaules, et toute la compagnie se retrouve à pied. Le rythme et bon malgré les épingles qui s’enchainent sans répit.

Mais si tôt arrivés en vue du sommet, le temps change brusquement ! Si nous pensons échapper au pire, la brume se fait de plus en plus dense et la pluie s’en mêle. Les flancs escarpés de la montagne disparaissent, et nous sommes comme maintenus par magie sur un trail imaginaire. Peu de place à l’hésitation, il faut rebrousser rapidement chemin.

Soudain, un rayon de lumière vient déchirer la couche de nuages. Le soleil s’est engouffré dans une brèche, et une lueur orange irréelle vient nous entourer. Ambiance.

L’orage passe aussi vite qu’il était arrivé. Bientôt le soleil lui aussi s’avoue vaincu et le crépuscule s’installe. C’est le moment pour faire les dernières photos de nuit avant d’arriver au refuge pour un repas bien mérité au coin du feu.

La nuit est de courte durée et le réveil à 4h du matin prend tout le monde par surprise. Chacun sort de son sommeil difficilement, et c’est guidé par la lampe torche que nous nous préparons pour l’ascension, en espérant être plus chanceux que la veille.

Direction le Monte Lago culminant à 2353m. 500m d’approche, principalement en portant le vélo. Cette fois ci, la trace est directe et nous grimpons tout droit sur la crête. Le noir laisse peu à peu la place au bleu de l’aube, et nous commençons à entrevoir la croix qui marque le sommet.

L’ambiance est épique. Sur les pentes escarpées aux alentours, les chèvres et les moutons nous surveillent d’un œil goguenard. Il faut dire que le sentier est plus adapté à des pattes agiles qu’aux roues de vélo maladroites. Il nous donnera du fil à retordre dans la descente également !

Cette fois, le timing est parfait. La vue est dégagée, les couleurs se parent de rose et d’orage. Bientôt le soleil se lève et on en prend plein les yeux.

Cette sérénité ressentie en haute montagne nous fait oublier l’heure qui défile. Et le soleil est déjà bien haut quand nous nous mettons à redescendre. Il est temps de rentrer au refuge pour profiter du petit déjeuner avant de retrouver nos activités quotidiennes.

La première partie s’avére technique et exposée. Heureusement le sentier devient plus rouable sur la partie basse, celle parcourue de nuit ce matin. Elle réserve toutefois son lot de passages techniques et de challenges !

Apres avoir repris des forces, nous nous attaquons à l’ultime descente. L’envie de rouler, rouler et rouler est trop forte pour s’arrêter faire des photos. La poussière se mêle vite à l’odeur des freins mis à rude épreuve.

C’est surement une des plus belles traces de la région : 1600m de D- pour une descente de plus de 50 minutes. Si nous la roulons assez souvent dans l’année, elle a cette fois ci une saveur particulière. Celle d’une parenthèse volée à la routine quotidienne, un moment entre orage et splendeur d’un jour nouveau.