Amaury Pierron veut que la sécurité progresse en piste autant que le reste !

C’était déjà la teneur des propos tenus à plusieurs reprises dès l’ouverture de la Coupe du Monde à Lenzerheide, mais le fait qu’Amaury Pierron s’exprime en remet une couche. En choisissant de montrer en détail les images de sa chute et en livrant ses observations, le frenchie n’en démord pas : la sécurité doit progresser en piste !

Vous l’avez suivi sur FullAttack entre les étapes de Coupe du Monde de Lenzerheide et Leogang. Amaury Pierron s’est blessé dès le début de saison et n’est pas en mesure de défendre son titre de vainqueur de la compétition acquis l’an passé de haute lutte. En cause, une chute aux entraînements de la manche d’ouverture à Lenzerheide où, tête la première, le pilote Commençal/Muc-Off a heurté une souche et un rocher présents en bord de piste. Fracture de la vertèbre cervicale C5.

Jusqu’ici, Amaury avait logiquement laissé le soin à son entourage de communiquer sur son état de santé et d’esprit après cette péripétie. Mais de retour chez lui, et désormais concentré sur sa récupération, le vainqueur en titre de la Coupe du Monde de Descente s’est exprimé publiquement via son compte Instagram. Bien sûr, pour donner de ses nouvelles et remercier de tout le soutien reçu suite à sa blessure. Mais aussi pour se prononcer sur les circonstances de l’accident.

D’abord, pour rendre publiques des images de la chute dont il est question. On le voit clairement glisser dans le fameux dévers de Lenzerheide, le vélo se mettre en travers, rebondir sur un des rochers proéminents en milieu de piste et être catapulté hors piste. On y voit aussi clairement ce qui en apparence sembler être des branches de sapin souples et flexibles cacher en réalité un rocher et du bois mort qu’Amaury heurte la tête la première…

Outre le côté spectaculaire que peuvent avoir ces images, c’est pour apporter des précisions sur les circonstances et suggérer ce qui peut progresser en matière de sécurité des pistes, que ces images ont un intérêt. C’est d’ailleurs ce que le message d’Amaury Pierron met en évidence. Il se dit « malchanceux de tomber tête la première sur une souche et un rocher jusquà côté de la piste. Qui est supposée être sûre » puis met en évidence que « cétait [sa] faute de tomber, mais [sa blessure] aurait peut-être pu être évitée avec une B-Zone propre ? »

Et c’est là que le bât blesse. Que ces propos – qui symbolisent les attentes de toute une partie du paddock sur la sécurité en piste – viennent se fracasser sur la réalité du règlement UCI en vigueur cette saison, en la matière. En tout est pour tout, le sujet dont il est question est traité en une phrase et un schéma…

En clair, la B-Zone qu’Amaury Pierron réclame à cet endroit mais qui n’y était visiblement pas, n’est pas obligatoire. Son installation et à la libre appréciation de ceux chargés du respect du règlement. Pire, la teneur même de la phrase laisse place à une large interprétation. Quand, comment, pourquoi juge-t-on si la trajectoire est suffisamment proche du bord ? La proximité avec le bord est-elle le bon facteur à prendre en compte ? Quid de la vitesse, la direction, le sens dun virage et/ou la nature des obstacles et le risque de chute quils peuvent provoquer pour définir le réel risque/danger que représente une zone ?! Quand bien même on en viendrait à répondre plus favorablement à ces questions, rien ne définit la dimension ni ce qui est acceptable de trouver ou non, dans cette B-Zone. Le schéma suggère tout juste qu’il s’agisse d’établir une certaine distance de sécurité par rapport aux spectateurs, sans même aider à la définir !

Bref, rien ne plaide en faveur de dispositions réglementaires suffisantes sur ce sujet. Quand on sait que le sujet occupe des pages voir des dossier entiers dans d’autres sports pourtant – Ski Alpin, WRC, Moto GP, F1… on se dit que puisqu’ils sont passés par là, il y a matière à s’inspirer. Et c’est d’ailleurs là que l’on peut aussi trouver les dispositions qui peuvent plaider en faveur de l’autre revendication d’Amaury Pierron. Il évoque en effet qu’aucun médecin ne soit missionné par l’organisation pour juger de la capacité ou non d’un pilote à prendre le départ de la compétition. C’est le cas dans d’autres sports – à commencer par le BMX, aussi sous l’égide de l’UCI. L’espoir est donc permis ! Dans tous les cas, l’intégrité du participant peut notamment être considérée comme primordiale pour la sécurité des autres pilotes, des spectateurs et la responsabilité des organisateurs.

Par son propos, Amaury Pierron rappelle que la douleur n’est pas un facteur suffisamment objectif pour stopper un athlète dans sa tache. Eux qui sont justement encensés pour leur capacité de dépassement de soit en temps normal ne peuvent pas être en même temps ceux à qui l’on demande de juger s’ils sont aptes, ou non, à participer à la fête. Bref, après y avoir consacré une bonne part d’un film à son sujet, Amaury Pierron ne désarme pas. Avec ses propos, le frenchie ose mettre à profit la mésaventure dont il fait l’objet pour ne pas laisser le sujet s’étouffer. Au-delà de la notion de polémique qui alimente trop souvent le bruit médiatique de notre époque, ça peut et ça doit servir un débat et des initiatives constructives que l’on souhaite de tout cœur. Affaire à suivre !

Rédac'Chef Adjoint
  1. hé oui…la même mésaventure est arrivée également à GWIN, en « zone B », avec un bras et une épaule en vrac, fracturés en dehors de la rubalise également… Espérons que cela fasse (malheureusement) avancer les chose pour nos pilotes

  2. Si un médecin est missionné pour évaluer la capacité des athlètes à prendre part ou non à la compétitions il faudra accepter le principe de précautions…notamment pour les TC( cf rugby et protocole commotion)
    La douleur est effectivement subjective. As t’il vu (a t’il accepté /lui a t’on proposé?)un médecin à la suite du traumatisme?
    Cette discipline est traumatogene et si on veut éviter les retards diagnostic il faudra accepter de ne pas faire repartir certain athlètes (qui penseront peut être aller bien) après un gros crash pour CE fameux principe de précautions. Responsabilité pr le médecin de compétition; conflit d’intérêt (santé / performance) si medecin de team.

    1. Oui, c’est pour ça que l’idée défendue c’est un médecin diligenté par la fédération qui régit le sport. Ça demande effectivement de préciser les protocoles, mais une fois encore, d’autres sports le font, rien ne semble s’y opposer ici, souhaitons que ça fasse parti des progrès à l’ordre du jour.

  3. cher confrere,vous n’etes peut etre pas au courant mais il y a maintenant des scanner et irm pour completer l’examen clinique.Il faut juste s’en donner les moyens.Malheureusement la plupart des organisateurs s’en foutent et ce n’est pas les seuls,regardez le post d’amaury Pierron n’a été relayé dans les revues francophone que par fullattack!!!
    La securité devrait commencer par une inspection du tracé par un Top pilote et un Medecin habitué au ramassage des traumatisés suffisamment à l’avance pour pouvoir rectifier si necessaire la piste et ses abords..

    1. C’est vrai. L’inspection faisait parti des éléments évoqués par Martin Witheley à l’automne dernier. C’était en vigueur à une époque. S’est à priori perdu faute de moyens. La question est de savoir quels sont les moyens réellement à disposition de l’organisateur/promoteur actuel, et si ce sujet peut faire partie des priorités. Il semblerait logique ça en fasse partie, plutôt que d’attendre des retombées qui génère à terme les moyens nécessaires pour qu’à terme tout ça se mette en place… Pour éviter qu’un drâme vienne couper court à tout ça.

    2. Vous n’avez pas du comprendre le poste.
      C’était simplement une réflexion, pas un reproche. Un peu moins de condescendance merci

  4. vu les risques que l’UCI fait prendre aux pilotes il est inadmissible qu’il n’y est pas sur les coupes du monde un scanner mobile .Nous sommes en 2023 le materiel existe depuis de nombreuses années il faut juste que l’UCI daigne investir dans la sécurité.J’ajoute qu’avec les moyens actuels de telemedecine il n’y a meme plus besoin d’avoir un radiologue sur place l’interpretation peut etre fait à distance ce qui simplifie bien les choses et il n’y aurai pas de probleme de conflit d’interet.Le medecin sur place aurait tous les elements objectifs pour juger si le pilote est apte à continuer ou pas.

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