Avec la course du Val Di Fassa, les Enduro World Series 2022 bouclent le premier bloc de la saison. Trois courses qui, à l’image des résultats de ce week-end, permettent de dégager des tendances claires. Chez les garçons, l’Enduro semble définitivement s’installer comme une discipline qui provoque des duels au sommet de la hiérarchie. Tandis que chez les filles, les trois premières étapes de la saison ont déjà fait un certain tri et la course de ce week-end décante un peu les choses en tête… Voyez plutôt !
Rude vs Melamed, le duel 2022 ?!
En écosse, Richie Rude avait pris sa revanche sur l’an passé. À Petzen, Jesse Melamed aussi a rompu le signe, l’emportant après une série de secondes places. Dans le Val Di Fassa, les deux hommes n’ont pas manqué le rendez-vous, et les courbes que voici le démontre sans équivoque. Certes, Richie a marqué la Pro Stage de son empreinte, et Jesse tout juste pris la deuxième place. mais ensuite, les deux pilotes en forme du moment se sont échappés.
La spéciale 2, Titan, les a certes aidé à faire le tri. Le run est long, très technique, sans répis ou presque, engagé… Tandis que la spéciale 3, moins réputée, était comme on l’annonçait, tout de même longue et variée, avec des changements de rythme à bien gérer. Bref, pas étonnant qu’après trois spéciales, le sort des deux hommes de tête paraisse scellé par rapport aux autres. Reste à décider l’issue de la course à la victoire…
Et c’est là que le duel prend toute son ampleur. Après un run de Ninja dans titan, suivi d’une spéciale 3 rondement menée, Jesse Melamed avait 4,9 secondes d’avance, plus gros écart enregistré en tête depuis le début de la course. Pas grand chose tout de même, d’autant quand le dernier run du jour est un top to bottom de presque 15 min. Pourtant, le plus gros de cet écart a fondu dans la petite spéciale 4. Une spéciale qui n’a l’air de pas grand chose par rapport aux autres, sur le papier, mais dont les exigences ont peut-être contrasté avec les précédentes…
Peu de pente, un terrain cahotique et frais qui ne rend pas au début, puis une grosse relance au milieu, avant un peu de piste, et un dernier bois rythmé. Bref, exigeantes dans l’intensité au moment où la fatigue se fait sentir. Et c’est là que Richie Rude a semble-t-il fait le plein de confiance avant le dernier run danteste dans Tutti Frutti.
Un run dantesque d’autant plus qu’il sonne comme une revanche. La semaine passée à Petzen, ce sont ces longs runs qui l’avaient vu perdre du terrain sur Jesse Melamed. Un run dantesque aussi parce qu’on le voit au profil des courbes sur la fin de course : les écarts explosent. L’occasion de voir que c’est là que Martin Maes et Alex Rudeau prennent le meilleur sur leur concurrents directes. L’occasion enfin de noter que Ed Masters, déjà vainqueur EWS, pourraient s’inviter plus encore aux avant-postes sous peu : sa courbe, y compris dans le dernier run, plonge moins que les autres. Mieux, il est le seul, l’air de rien, à reprendre du temps sur les deux hommes de têtes… Affaire à suivre !
Val Di Fassa 2022, la leçon d’Isabeau Courdurier
Pour un journaliste, il n’est pas toujours facile de trouver les bons mots pour qualifier ou résumer une performance. Mais là : quelle course d’Isabeau Courdurier ! Le graphique qui résume sa performance du week-end en atteste. C’est bien simple, la championne de France n’a jamais quitté la tête de la course. Mieux, son rythme a fait plonger tout le monde, sans exception ou presque. On aurait d’ailleurs pu parler de carton plein en matière de victoire en spéciales, si Harriett Harnden, réputée pour ses capacités physiques, ne lui avait pas chipé la gagne sur le dernier run, pour une petite seconde et demie.
Mais qu’importe, la victoire est belle, et vu sous cet angle, peut s’insérer parmi les plus convaincantes de sa carrière. Sur un terrain exigeant à tous les égards, la pilote Lapierre a su être au rendez-vous, et avait un petit truc en plus, incontestablement. Déjà en tête de la Pro Stage, pour pas grand chose, ça s’est clairement vu le dimanche, dès Titan, et la SP3 : 26 secondes d’avance, puis jusqu’à 29 secondes avant le dernier run du jour. Dans ces conditions, seule Morgane Charre parvient à suivre, à distance. Mais c’était bien là qu’était le coeur de la course, quand on voit l’allure des courbes.
À ce compte là, on en oublierait presque que Tutti Frutti, la dernière spéciale, était la plus longue du week-end, et sensée faire des écarts. C’est pourtant bien ce que l’on voit chez les poursuivantes, pour qui cette spéciale a été intransigeante. C’est là que Raphaela Richter, très encouragée en bord de piste, et dans la lutte pour le podium, perd tout espoir sur crevaison de l’avant. C’est là aussi que Mélanie Pugin, revenu dans le coup pour la troisième malgré une cheville endolorie dans les recos de Titan, coince face à Harriett Harnden, troisième du jour…
Classements généraux
On l’écrivait en début d’article, cette manche EWS du Val Di Fassa conclut un premier bloc de courses européennes. Prochaines échéances pour le gratin mondial : Whistler (CAN), puis Burke & Sugarloaf (USA) en août. Un petit mois de pause pour se pencher sur l’état actuel des classements généraux…