Tout plaquer pour vivre du vélo – Chapitre 2

Dans le premier chapitre « Genèse et reconversion », je vous expliquais la première phase de ma reconversion professionnelle, celle qui consistait à construire mon projet et quitter mon CDI en bureau d’études pour passer le diplôme de moniteur/guide VTT et à terme lancer mon activité d’indépendant (qui fera l’objet d’un troisième et dernier chapitre).

Dans ce second article, je vous raconte la formation DEJEPS VTT que j’ai passée au CREPS de Vallon-Pont-d’Arc entre septembre 2021 et septembre 2022. Mais avant cela, je vous invite à (re)lire le premier chapitre !

Chapitre 2 – Formation

Texte : Théo Meuzard – Photos : Théo Meuzard & Romain Laurent

Démarches d’inscription

Plusieurs établissements en France dispensent le DEJEPS VTT. Si à l’issue de la formation, le diplôme est le même pour tout le monde, le déroulé de la formation et la répartition des modules ne sont pas identiques partout. Ainsi, la durée totale de formation au même titre que les dates de début et de fin sont propres à chaque établissement. C’est assurément une donnée à prendre en compte dans le cadre d’une reconversion professionnelle, pour que les étapes d’obtention des tests d’entrée (TEP), de démission, et de commencement de la formation s’enchaînent dans le bon ordre.

Par exemple, il m’était impossible de rejoindre l’Institut de Formation du Vélo de Voiron (le plus proche de chez moi) car la première session des TEP avait lieu deux semaines avant le début de leur formation, et que j’avais 2 mois de préavis à respecter après dépose de ma démission auprès de mon employeur. Je ne voulais pas prendre le risque de démissionner avant l’obtention des TEP. A l’IFV, la formation débute en mai et se termine en septembre de l’année d’après.

C’est ainsi que je me suis tourné vers le CREPS de Vallon-Pont-d’Arc (Ardèche), qui propose sa formation sur un an, de septembre à septembre.

Dès le début de l’année 2021, j’étais en contact avec le CREPS, qui m’a bien aiguillé et a pris le temps de répondre à mes questions. Les démarches d’inscription ne présentent pas de difficulté particulière. Il y a une première phase de préinscription, puis l’inscription définitive est validée après obtention des TEP et confirmation d’un financement. Il faut également être titulaire de l’AFPS ou du PSC1 (certification basique de secourisme).

Dans l’été, le CREPS nous a convoqués pour un entretien de positionnement. Il s’agit d’un échange avec des moniteurs déjà en activité afin d’évaluer les connaissances et compétences déjà acquises par les candidats au cours de leur cursus scolaire, sportif et professionnel afin d’éventuellement alléger ces derniers de certains modules de formation. C’est l’occasion aussi d’évaluer la viabilité du projet et d’aborder les solutions de financement envisagées.

À l’issue de cet entretien, un devis est remis au candidat avec le montant de la formation en prenant en compte d’éventuels allègements.

Coût et financement de la formation

En préambule, je tiens à préciser qu’il existe presque autant de solutions de financement qu’il y a d’individus souhaitant entrer en formation. Les profils, les âges et les parcours sont multiples, aussi je ne serai pas en mesure de lister toutes les solutions de financement existantes, je me contenterai de détailler les démarches correspondant à ma situation personnelle.

Tout d’abord, dans le cadre d’une reconversion professionnelle notamment, deux paramètres sont à prendre en compte lorsqu’on parle de financement : Il y a le financement de la formation en elle-même d’une part (frais pédagogiques, trajets, hébergements…), et le fait d’avoir une source de revenus durant toute la période de formation d’autre part. Ces deux paramètres ne sont pas nécessairement gérés par le même organisme.

Dans mon cas, j’avais coché tous les prérequis du dispositif « Démission pour reconversion » de Pôle Emploi. Cela m’a donné accès aux allocations-chômage durant 2 ans après mon départ de l’entreprise et m’a donc offert un revenu mensuel durant toute la période de formation et plus encore ce qui me permet désormais de lancer mon activité sereinement.

Cela réglait le problème de l’absence de salaire, mais pas du financement de la formation. D’après les informations que j’avais pu obtenir en 2020, avant d’initier ma reconversion, il m’était impossible d’obtenir un financement via Pôle Emploi, étant qualifié et le métier de moniteur/guide VTT n’étant pas considéré en tension. Seul mon CPF (Compte Personnel de Formation), assez maigre à l’époque, pouvait me permettre d’alléger un peu la facture.

J’avais donc fait en sorte de mettre suffisamment d’argent de côté pendant deux ans pour financer intégralement ma formation sur fonds propre si nécessaire.

Le compte CPF est une tirelire dont dispose chaque salarié d’une entreprise, il est crédité chaque année et utilisable uniquement pour de la formation (courte ou longue).

Le financement est souvent le nerf de la guerre dans une reconversion. C’est probablement le premier paramètre à prendre en compte pour que celle-ci soit réalisable. Toutefois en France nous avons la chance de bénéficier de nombreuses aides pour concrétiser ce genre de projet.

Et donc, elle coûte combien cette formation ?!

Le DEJEPS VTT au Creps de Vallon-Pont-d’Arc coûte 9 273€. Cela inclut uniquement les frais pédagogiques. Les logements (au CREPS ou ailleurs lors des modules fait en dehors du CREPS), la restauration et les trajets ne sont pas inclus dans cette somme. Ce montant peut être réduit si le candidat bénéficie d’allègements.

C’est un budget conséquent en cas d’absence de prise en charge par un organisme, qu’il vaut mieux anticiper dès la phase de réflexion du projet.

Pour ma part, j’ai bénéficié de quelques allègements grâce notamment à mon expérience professionnelle. Après allégement, le montant des frais pédagogiques s’élevait à environ 8 500€, auxquels je pouvais déduire environ 2 000€ grâce à mon compte CPF.

Toutefois, lors de mes recherches, un dispositif de financement m’avait échappé. Il s’agit du CARED (Contrat d’Aide et de Retour à l’Emploi Durable), un dispositif qui n’existe qu’en région Rhône-Alpes (et valable uniquement pour les résidents de la région je présume), qui permet la prise en charge totale des frais pédagogiques. J’ai été aiguillé vers ce dispositif par le personnel administratif du CREPS. Même mon conseiller Transition Pro (qui intervient obligatoirement au moment de la rédaction du dossier de reconversion dans le cadre du dispositif « démission pour reconversion ») était passé au travers de cette possibilité de financement lorsqu’il m’a aiguillé. Il faut dire qu’à la base, ce dispositif a été pensé pour les embauches en entreprise, et qu’il faut en théorie une promesse d’embauche pour l’obtenir.

Exceptionnellement, le CARED est accessible sans promesse d’embauche au CREPS de Vallon-Pont-d’Arc. Au total, la région octroie 5 CARED par an au CREPS pour la formation DEJEPS VTT. En revanche, les conditions d’attribution sont opaques (impossible de savoir si tout le monde y est éligible ou non, et si une sélection est faite s’il y a plus de 5 CARED demandés la même année). Le CARED se demande au plus tôt deux mois avant le début de la formation. J’ai donc déposé ma candidature, par l’intermédiaire du CREPS en juillet 2021, sans jamais avoir de contact direct avec la région.

Moins de deux semaines avant le début de la formation, j’ai eu le plaisir d’apprendre que ma demande de CARED était acceptée, et que par conséquent, l’intégralité de mes frais pédagogiques étaient pris en charge ! J’ai même préservé mon CPF qui pourra toujours servir plus tard…
Cette étape a été un immense soulagement, même si j’étais en mesure de payer la formation intégralement, cela m’a permis de me projeter vers l’avenir plus sereinement.

L’obtention d’un financement sonne comme une petite victoire. Même si j’avais mis suffisamment d’argent de côté pour payer l’intégralité de la formation, cela me permet d’aborder les deux prochaines années avec bien plus de sérénité.

Et Pôle Emploi dans tout ça…

C’est à compter du 1er jour hors de l’entreprise que Pôle Emploi entre en action. Avant cela, pas moyen d’obtenir un rendez-vous avec un conseiller pour confirmer mon éligibilité au dispositif démission pour reconversion. Ma crainte était de démissionner, quitter mon entreprise, et d’apprendre que pour une raison que je n’avais pas vu venir, je n’étais pas éligible (et par conséquent, que je n’avais pas le droit au chômage). J’avais un doute sur ma première année d’alternance effectuée au sein de l’entreprise, je ne savais pas si celle-ci serait comptabilisée dans les 5 ans d’activité ininterrompue. Si elle n’avait pas été comptée, cela m’aurait mis dans une situation très délicate. Je me serais retrouvé sans emploi, et sans chômage, donc sans revenu durant toute la période de formation. Autrement dit, le projet se serait arrêté net.

Vous comprendrez, donc, que je tenais à avoir une confirmation « humaine » et officielle avant d’envoyer valser mon CDI en bureau d’études.

Je n’ai jamais pu obtenir d’entretien ou de confirmation, car pour rencontrer un conseiller il fallait que je sois inscrit à Pôle Emploi, or pour être inscrit, il faut obligatoirement être sans emploi, donc avoir démissionné… Il fallait que je démissionne, pour qu’on me confirme si je pouvais démissionner ou non en somme. Vous voyez le genre de cercle vicieux ?

D’ailleurs, ne faites pas comme moi, n’essayez pas de vous inscrire à Pôle Emploi alors que vous êtes encore en contrat dans un souci d’anticipation. Cela bloquera votre demande et seule une intervention humaine peut y remédier. Comme on me l’a expliqué plus tard, l’inscription à Pôle Emploi se fait au premier jour sans emploi. Ça peut paraître évident dit comme ça, mais tant qu’on n’a jamais eu affaire à cette administration, certaines démarches sont floues.

Une fois cette phase d’inscription un peu chaotique passée, j’ai toujours eu affaire à des gens compétents, efficaces et investis chez Pôle Emploi.

Heureusement pour moi, mon éligibilité au dispositif démission pour reconversion m’a rapidement été confirmée par la suite, tout comme le fait que Pôle Emploi ne prendrait pas en charge ma formation. C’est Pôle Emploi qui a confirmé à la région Rhône-Alpes que je ne pouvais disposer d’aucune autre aide que le CARED mentionné plus haut.

Allocation-chômage validée, financement de formation obtenu, il ne me restait plus qu’à démarrer sereinement le DEJEPS !

Septembre 2021, tout est au vert pour démarrer la formation !

Le DEJEPS VTT au Creps de Vallon-Pont-d’Arc

Le CREPS de Vallon-Pont d’Arc est situé en Ardèche, au bord de la rivière du même nom, célèbre pour les balades estivales en Canoë/Kayak.

Le site est également entouré d’un beau terrain de jeu pour le VTT et depuis quelques mois, une piste officielle de XCO a fait son apparition à quelques encablures du CREPS.

Au sein de l’établissement, on retrouve une salle de musculation, une piste de dirt qui sert d’outil pédagogique et de terrain d’entraînement, un local vélo, les chambres, les salles de cours, le restaurant, et tout un tas d’équipements sportifs qui servent aux autres DE (escalade, canyoning, canoë/kayak…).

Le CREPS propose des pensions complètes pour les périodes de formation dans des chambres spacieuses très récentes et avec une restauration de qualité, à un prix très correct.

Le DEJEPS mention VTT est un Diplôme d’Etat, de la Jeunesse, de l’Education Populaire et du Sport. C’est le plus haut niveau d’enseignement du VTT en France, et cela donne accès aux métiers de moniteur, guide et entraîneur VTT professionnel. Il est reconnu comme un Bac +2 et permet d’exercer dans des clubs, dans des entreprises et/ou en indépendant. Ce n’est pas le seul diplôme qui permet d’encadrer du VTT, mais c’est celui qui offre les prérogatives les plus nombreuses et élevées.

À Vallon, la formation se déroule sur un an, de septembre à septembre, et se fait en alternance avec des périodes en centre de formation (700h en tout), et des périodes en structure pour mettre en application (500h minimum).

Les périodes de formation sont définies par un calendrier et en réalité les périodes d’alternance, c’est tout le reste. Concrètement, cela veut dire que chaque stagiaire gère son alternance comme il l’entend sur l’année, suivant le fonctionnement de la, ou des structures qui l’accueillent. Le seul impératif est d’avoir bouclé au moins 500h en structure avant la fin de la formation.

Le stagiaire est encadré par son tuteur dans sa structure d’accueil, qui va l’accompagner durant toute la phase d’alternance.

Personnellement, j’ai effectué mon alternance au sein du club local Annecy Cyclisme Compétition, avec pour principale mission de remettre une dynamique autour du XC performance. J’avais en charge trois groupes, des Pupilles aux Juniors. En plus des entraînements club les mercredis et samedis, j’ai eu la liberté de proposer des stages, des cours de mécanique, des initiations à la préparation mentale, c’était super intéressant ! J’en profite pour remercier le club pour cette opportunité. D’ailleurs notre collaboration se poursuit dans la même optique pour la saison 2023.

Dans les grandes lignes, la formation est décomposée en quatre Unités de Compétences (UC), elles-mêmes composées de plusieurs thèmes.

Les 4 UC à valider sont les suivantes :

  • UC1 : Concevoir des programmes de perfectionnement sportif
  • UC2 : Coordonner la mise en œuvre d’un projet de perfectionnement sportif
  • UC3 : Conduire une démarche de perfectionnement
  • UC4 : Encadrer la discipline sportive en sécurité

Pour valider ces 4 UC, il y a en tout cinq épreuves certificatives, et une épreuve « VEPMSP » (Vérification des exigences préalables à la mise en situation pédagogique) qui a lieu dès la fin novembre.

Les VEPMSP permettent de donner officiellement le statut de moniteur stagiaire, ce qui permet par la suite d’encadrer en structure sans l’aide de son tuteur.

Deux épreuves sont au programme des VEPMSP : Une épreuve d’orientation et de secours, puis une épreuve pédagogique. Comme aux TEP, l’orientation piège pas mal de candidats chaque année. Toutefois il est possible de retenter sa chance lors d’une session de rattrapage.

Ensuite durant l’année, on retrouve les cinq épreuves certificatives :

Les UC1 et 2 sont validées en même temps via un dossier écrit et une soutenance orale avec deux possibilités quant au sujet à traiter : soit un projet de développement mis en place durant l’alternance au sein de la structure d’accueil (par exemple, création d’une section Enduro au sein d’un club), soit un projet d’installation personnelle en tant qu’indépendant dans un secteur géographique donné.

C’est la seconde option que j’ai privilégiée. Le travail à fournir est un peu plus important que dans le cas d’un projet en structure mais cela permet d’avoir le soutien des intervenants pour construire son avenir professionnel.

C’est un « gros morceau » des épreuves certificatives mais j’ai trouvé ça intéressant et particulièrement utile lorsqu’on souhaite exercer en indépendant par la suite.

Pour la certification UC1 / UC2, j’ai choisi de défendre un dossier sur mon installation en tant qu’indépendant dans le bassin Annécien.

La certification de l’UC3 se fait en structure d’alternance, par l’intermédiaire de trois éléments : un dossier écrit sur la conception d’un cycle de perfectionnement sportif, une vidéo d’une minute sur l’analyse d’un geste technique et une évaluation sur le terrain faite lors d’une séance du cycle, évaluée par un jury de deux moniteurs.

L’UC4 se valide avec trois épreuves techniques sur le terrain. On retrouve une épreuve de conduite de groupe en sécurité en Enduro (guiding), une épreuve de Descente et une épreuve de Trial.

Lors de l’épreuve de conduite de groupe, un jury évalue la capacité du stagiaire à guider son public support d’un point A à un point B, en sécurité et en apportant du contenu technique.

L’épreuve de Descente s’est déroulée sur une piste labellisée « rocket » du bike park des Orres. C’est une piste rouge d’environ 1min30 qui ne présente pas de grosses difficultés techniques ni de saut. Pour réussir l’épreuve, il ne faut pas excéder le temps de l’ouvreur de plus de 30% pour les hommes et +45% pour les femmes. J’ai trouvé le critère assez large sur cette piste assez rapide. Vous pouvez d’ailleurs trouver des caméras embarquées de cette piste sur Internet.

L’épreuve de Trial enfin est composée de deux zones « open free » (règlement FFC), sur lesquelles il faut marquer au moins 50% de la totalité des points possibles (35% pour les femmes) en moins de 2min30 pour chaque zone.

C’était l’épreuve que je redoutais le plus, car de base je suis une bille en Trial et je n’aime pas spécialement ça. Mais c’est aussi celle que j’ai le plus préparée. Le jour J, sur les deux zones, j’ai trouvé que la première était très facile, et la seconde moins évidente, bien conforme aux critères annoncés. Je suis sorti de l’épreuve avec un sans-faute en marquant le maximum de points possibles et sans mettre un pied au sol, c’est ma petite fierté personnelle lors de ce DE !

Je ne vais pas forcément détailler le déroulement de la formation, car c’est une information que vous pouvez facilement trouver sur le net ou auprès des différents établissements qui proposent le DEJEPS, mais j’aimerais revenir sur les périodes les plus marquantes et vous expliquer ce que j’ai aimé ou non.

Parmi les temps forts, j’ai particulièrement apprécié les modules extérieurs, comme le module performance technique Enduro à Millau, le module technique DH aux Orres, ou le module hivernal à La Giettaz. C’était l’occasion de découvrir de nouveaux coins, et nous avons appris beaucoup de choses, c’était vraiment top. Nous étions tous les jours sur le vélo, alors forcément, le temps passait vite !

Nous avons eu la chance d’avoir d’excellents intervenants tout au long de la formation, avec des grands noms du VTT comme par exemple Antoine Bouqueret, Laura Charles, Alex Rudeau, Simon Masi, Simon Rogier, Elie Robert et j’en passe… Franchement, on ne pouvait pas être mieux encadrés. Nous avions vraiment à notre disposition des experts dans leur domaine.

Nous avons parfois (trop peu à mon goût) eu des séances qui nous étaient dédiées. C’est-à-dire que nous étions dans la peau des élèves et nous recevions des conseils de pilotage de la part des intervenants. Cela m’a permis de mettre en lumière et de comprendre certains défauts dans mon pilotage que je traîne depuis des années. Ce sont des paramètres que je suis désormais plus à même de retranscrire aux personnes que j’encadre et sur lesquels je ne portais pas forcément attention avant.

Rien de tel que de prendre la place de l’élève pour devenir ensuite un bon moniteur. Ici pendant le module technique DH aux Orres

J’ai appris énormément de choses en pédagogie et en gestion de groupe. Encadrer, il n’y a pas de doute, c’est un métier et cela requiert de l’expérience. C’est en pratiquant qu’on en prend conscience. On découvre aussi le poids des responsabilités lorsqu’on part seul avec un groupe.
Je trouve que nous avons été très bien formés aux métiers de moniteur et guide VTT. En revanche, je déplore la légèreté de la formation concernant le métier d’entraîneur (j’entends par là le métier qui consiste à planifier l’entraînement d’un athlète dans une étroite collaboration, et dans un objectif de performance). Le métier d’entraîneur requiert des connaissances solides et d’après moi le DEJEPS VTT en tant que tel ne suffit pas.

Je regrette également qu’il n’y ait pas plus d’accent porté sur la dimension physique. En effet, d’après moi la condition physique générale et le pédalage sont l’essence même de notre sport et il est aussi important pour un moniteur/guide d’être au point dans ce domaine qu’il est important de le transmettre aux plus jeunes. Je ne parle pas forcément de XC et de compétition, pour moi l’aspect physique est valable pour toutes les disciplines du VTT et tous les niveaux de pratique. Je trouve que l’approche n’invitait pas vraiment au dépassement de soi et aucune épreuve certificative n’est basée sur l’effort physique. Je trouve ça dommage.

Une promo 2021-2022 hétéroclite et haute en couleurs.

Notre groupe d’une vingtaine de stagiaires (en comptant les titulaires du DE ski qui ont un aménagement spécifique), était composé de profils aussi divers et variés. Que ce soit au niveau de l’âge (18 à 42 ans), de l’expérience professionnelle ou du projet en sortie de DE, il n’y avait pas deux profils similaires, et c’est ça qu’il est intéressant de souligner ! Une majorité des membres du groupe sortait du Bac, quand d’autres étaient issus d’une reconversion professionnelle ou venaient pour compléter leur panel d’activité. La plupart sont issus de disciplines gravity, nous n’étions que trois à venir du cross-country.

« Teamwork make the dream work » A la chasse aux arbouses, petits fruits qui bordent les chemins ardéchois.

Il faut bien garder à l’esprit qu’il n’y a pas de parcours type et qu’il y a une infinité de manières d’exercer une fois le diplôme en poche. On peut faire le choix de travailler de manière saisonnière ou non, de travailler à 100% avec son DE ou au contraire de combiner plusieurs activités.

J’aimerais donner plusieurs exemples de profils qui n’ont pas grand-chose en commun et qui pourtant étaient réunis lors du DE. Je peux citer Matthieu, 35 ans, qui travaille dans l’évènementiel et qui ne compte pas quitter son métier. Matthieu a pu mettre son métier (salarié) en stand-by pendant un an afin de passer le DE. Durant un an il a touché une partie de son salaire et à la fin du DE, il a repris son activité salariée. Son but est de continuer à travailler à 100% dans l’évènementiel et de commercialiser des séjours VTT le week-end et pendant les vacances.

Il y avait également Gabriel, 42 ans, qui travaillait dans l’industrie automobile et qui a profité d’un plan de départs volontaires dans son entreprise pour passer son DE. Dans ce contexte il a continué à toucher son salaire tout en étant disponible pour la formation et à terme, Gabriel travaillera presque à 100% dans le vélo (il a enchaîné avec le BP APT après son DE pour ajouter des cordes à son arc).

Enfin, dans la promo il y avait aussi Olivia, que l’on connaît dans le milieu puisqu’elle commercialise un service de navettes VTT dans le Beaufortain (Up N’ Down). Olivia a conservé son statut de gérante d’entreprise et a bénéficié d’une prise en charge de sa formation. Elle a pu travailler ponctuellement sur des périodes où nous n’étions pas en formation.

De mon côté, le but est de travailler à 100% dans le vélo après le DE, en exerçant en tant que moniteur/guide et mécanicien cycle indépendant.

En somme, vous pouvez créer votre activité professionnelle sur mesure ! Tout est envisageable, il ne faut pas se mettre de barrière mais faire le point sur ses envies et tous les tenants et aboutissants pour parvenir à ses fins.

Quel que soit l’âge, la situation professionnelle ou le projet futur, il n’y a pas de parcours type pour passer le DEJEPS VTT et vivre de sa passion.

En Conclusion…

Je considère le DEJEPS VTT comme une très bonne expérience, et un passage obligé dans le cadre de ma reconversion professionnelle. J’aimerais insister sur le fait que ce diplôme offre des possibilités multiples (pour ne pas dire infinies). C’est quelque chose que j’avais du mal à percevoir au début. C’est une formation perfectible à mon sens, mais bien née, qui va donner des bases solides en pédagogie et en encadrement.

Je tiens à remercier tous nos intervenants qui sont de vrais passionnés et qui nous ont très bien accompagnés tout au long de l’année.

Et je souhaite toute la réussite nécessaire à ma promo !

Au moment où j’écris ce chapitre, je suis en pleines démarches de création d’entreprise, cela fera l’objet d’un troisième et dernier chapitre dans la série « Tout plaquer pour vivre du vélo ». Ce n’est pas une mince affaire mais c’est probablement la partie la plus excitante, j’ai hâte de vous raconter ça !

Théo

Liens utiles :

Site du CREPS > Le CREPS | CREPS Auvergne-Rhône-Alpes VVL (sports.gouv.fr)

Transition Pro > Transitions Pro

Pour suivre Théo sur les réseaux > page Facebook / compte Instagram

  1. Ah Pôle Emploi tout un poème ! Avec la fameuse intervention humaine pour débloquer la machine et les messages d’erreurs qui reviennent, les informations difficiles à pêcher, et la satisfaction quand tu as enfin un humain devant toi qui répond à tes questions… S’en est presque un boulot à pleins temps chômeurs !

    1. J’avais de gros à-priori sur Pôle Emploi avant d’initier mes démarches et effectivement la phase d’inscription a été chaotique et j’étais vraiment saoulé que personne ne veuille répondre à ma question avant que je démissionne, alors que c’était d’une importance capitale dans le projet. Mais en revanche, une fois inscrit, j’ai été surpris en bien par l’efficacité des personnes que j’ai rencontré. Depuis que je suis inscrit je n’ai plus à m’en plaindre et j’ai le support dont j’ai besoin.

  2. Ha, excellent. La période d’école lors de mon passage du DE a été si dense en terme de roulage que ça ravive des souvenirs incroyables. Passer ses journées à rouler, sans autres soucis à gérer, c’est un luxe ultime.
    Maintenant, le lancement d’entreprise est bien loin de ce luxe. Garder un seul objectif en tête: vendre, vendre, vendre. Et pour ça créer son 1er produit. Et aller chercher les clients.
    Bon courage!

    1. Bonjour Simon, Merci pour ton retour. Je n’appréhende pas particulièrement le lancement d’activité (mais peut-être que je devrais !), mais j’y réfléchis depuis plusieurs années, et au cours de cette réflexion, j’ai fait évoluer mon approche pour éviter, je l’espère, de me retrouver dans une configuration de « vendre à tout prix pour survivre ». J’y reviendrai dans le 3ème et dernier article.
      Ton retour est intéressant, je pense qu’il faut voir plus loin que l’idylle du moniteur qui passe sa vie sur un vélo et se poser des questions pour rendre le projet réaliste. Ça m’intéresse d’avoir ton retour sur ton lancement d’activité et de savoir comment tu l’as vécu/géré.

      1. Hello Théo, alors pour te répondre simplement: j’ai fait mes erreurs chez les autres. J’en ai profité pour découvrir pleins de métiers/outils/moyens différents au travers de mes employeurs/collègues/fournisseurs afin de comprendre les facteurs clés de succès. Ça m’a donné une vision. L’exemple concret, c’est de galérer à vendre de magnifiques randos VTT guidées par 30 degrés à des gens en vacances d’été qui ne veulent pas forcer, quand les loueurs de canoës confortables et rafraîchissants se font défoncer par la demande. Mais aussi d’avoir un site web rapide, sécurisé, facile pour ne pas être pénalisé par Google en cas de hack ou baisse de vitesse (Core Web Vitals).
        Fini la galère, je vends un produit dont les gens ont besoin sans marketing (testé au préalable sans investissement). Tous les process optimisés pour la performance, les dépenses de fonctionnement les + compressées, avec une image ultra pro, c’est tout! Et beaucoup de communication au démarrage (SEO, SEA, prescription, street marketing « malin », Relations presse, partenariats, échanges…). Le volet SEO/SEA est capital, fais-toi accompagner! Il existe des asso locales pour entrepreneurs (ex Réseau Entreprendre, Initiative France), très utiles pour recueillir les avis pertinents de pros ou anciens pros (oublie l’avis de ta famille, tes amis: il est contre-productif, ce qui compte c’est ton constat des retours clients « neutres »).
        Bon courage, tu vas voir, c’est que du fun (et n’oublie pas de rester 200% poli même dans le jus, et de dormir « longtemps » 1x/ semaine mini)
        Simon

  3. Bonjour Théo et merci pour le partage de cette aventure manifestement baignée de passion!
    J’ai hâte, comme beaucoup d’autres j’imagine, de connaitre la suite que j’espère la plus positive possible.

    Une question m’est revenue plusieurs fois en te lisant: tu tournes avec combien de vélos? Au moins deux si j’en crois les photos de l’article. Les avais tu avant la formation, ou as-tu dû investir la aussi en fonction des différentes épreuves du DE?

    Merci pour ton retour et une fois encore, bonne continuation!

    1. Bonjour Andy, merci pour ton retour, et effectivement, je ne manquerai pas de vous tenir informés de la suite des évènements.
      Ta question au sujet des vélos est très pertinente, c’est vrai que je n’ai pas pensé à en parler d’en l’article, pourtant cela aurait été utile.
      De mon côté j’ai tourné avec deux vélos (XC et enduro), mais ce sont des vélos que j’avais déjà avant. La plupart des candidats utilisent un seul vélo polyvalent (AM ou enduro). Au niveau de la formation, il n’y a pas d’obligation d’utiliser un type de vélo ou un autre, tout comme il est possible d’avoir un vélo spécifique à chaque discipline. Dans le cas où le candidat a un seul vélo, il faut quand même quelque chose de polyvalent qui permettra de pédaler un peu, faire du trial et de l’enduro.

  4. Bonjour Théo, et après 50 ans passé, peut on devenir moniteur ?
    Et est ce possible de travailler toute l’année ?
    Très beau blog , bravo !

    1. Bonjour Laurent, bien sûr qu’on peut être moniteur à 50 ans passé 😉 J’ai plusieurs exemples dans mes connaissances. J’ai répondu à ton message sur Facebook, on va en discuter au téléphone. A bientôt !

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *