L’ex descendeur de Coupe du Monde Romain Paulhan, qui a depuis à son actif quelques belles piges en Enduro, nous raconte sur Endurotribe son aventure itinérante chilienne à l’occasion de l’Andes Pacifico 2019 en février dernier. Récit…
Temps de lecture estimé : 7 minutes – Récit : Romain Paulhan – Photos : Andes Pacifico / Jonatha Junge
Direction Andes Pacifico
Tout commence à l’aéroport St Exupéry (Lyon), je vais pour enregistrer mes bagages et là j’aperçois François Bailly Maître, on prend le même coucou, bon ça !
Du coup je pense faire la découverte de ce bon Jurassien durant les douze prochaines heures, et bah non Monsieur se fait surclasser en 1ère ! See you there bro !
Nous y voilà, Santiago !
Du bidonville au Raptor 29L/100 le contraste est saisissant, rajouté à cela 36 degrés sur le nez, humm, ça change pas mal du -10 degrés de la semaine passée ! L’accueil des Chiliens est royal, aussitôt arrivé les cartons sont chargés dans le pick-up direction l’hôtel !
Première nécessité, sauter dans la piscine, le corps a du mal à comprendre ce qui se passe mais on s’y fait vite à ressortir les « flips flops » ! L’équipe se forme au fil des heures, les membres en sont plutôt exotiques : Sam Dale, Josh Lewis, Allan Cooke, Iago Garay, Laura Battista et Gary Perkin, ça sent bon la semaine ça !
Une nuitée histoire de recharger tout ça, trois coups de clé allen, mille deux cents au démonte pneu plus tard pour monter le « cush core » nous voilà parti tester l’arrière-pays. Il fait très chaud, on transpire comme un trucker à la beudène tendue en plein mois d’août dans son 38 tonnes, mais on monte, on se laisse porter par la sono de Iago pour oublier la fournaise ! Les cactus sont omniprésents comme des sapins au Pleney, la terre est super compacte et terriblement sèche. Ce « post ride flight » fait du bien, les montagnes sont belles, impressionnantes, on aperçoit des 5000, c’est chouette !
Le lendemain une sortie « Santa Cruz x 50to01 » est programmée, plus de 70 riders sont attendus, l’objectif, partager un bon moment tous ensemble sur la bicyclette et se retrouver autour du combo ultime « Pizz & Binche » ensuite ! Nous sommes plus de 80 à partir rouler, l’ambiance est à la cool, les wheelings s’enchaînent, la montée passe à merveille, ça papote et l’inertie passionnelle nous fait oublier la chaleur ! Des petites bosses se profilent au milieu des cactus, un stop s’impose « no hands, no foots, nothing, t_bog, wheeling to jump, table top, whip », chacun y met sa sauce et on se marre ! Deux, trois petits « AMENA »(saut sur l’avant sans gravité ) nous régalent !
Quelques minutes plus tard le sommet est là, la descente est pleinement attendue de tous, la petite photo pour immortaliser tout ça, le « TchouTchou » est lancé direction Santiago.
Ça drifte, ça crie, ça saute, bref on passe un bon moment ! On arrive sur une zone plutôt cool avec une belle double, un petit stop se fait naturellement et chacun y met un peu de piment ! Un local nous montre une pente raide, on l’ouvre, le local hésite puis après deux, trois démos il se lance et passe avec facilité ! Il est tout fou comme nous ! Roue libre, on descend voir ce que donne ces pizzs !
Un espace nous est réservé tout spécialement au centre commercial, l’équipe locale en enduro en profite pour faire la présentation de ses nouveaux pilotes, du son, des binches, des pizz c’est Santa Cruz qui régale. Tout le monde est relax, l’ambiance est tranquille.
Les boites de pizz vides s’empilent, une idée de bunny up surgît, nous voilà à nouveau en train de tirer sur le guidon pour la digestion et c’est Monsieur Garay le Kangourou le plus fou !
Voilà de quoi ré acclimater le corps, place à l’aventure Andes Pacifico !
Jour de course !
J’ai la chance d’être entouré d’athlètes ayant déjà réalisé cette magnifique épreuve, et ce qu’il ne faut pas oublier dans nos gros sacs numérotés fournis par l’organisation, c’est le coussin que tu empruntes à l’hôtel pour gentiment le ramener certes un peu moins blanc après la course !
Sac bouclé, destrier flambant, nous voilà dans la pick-up direction le premier camp, ça fait plaisir de retrouver les montagnes, la terre et les rivières.
Nous sommes 120 participants cette année, 40 de plus que l’an passé, donc grosse organisation, le camp est cool, il y a de quoi de se restaurer, se faire masser et de le prendre relax autour d’une bonne mousse !
Petit repas local, veggie ou bœuf, tout le monde est choyé, briefing de bienvenue sympathique, une nuitée surexcitée dans la tente, nous voilà au sommet du bikepark de la Parva non loin de Santiago avec un départ à plus de 3500m d’altitude.
Avant de se rouler dans cette terre baptisée « anti-grip » la photo de famille est obligatoire, l’ambiance est détente et le stress de la compétition n’est pas !
Des spéciales entre 5 et 19 minutes pour la plus longue, toutes plus ou moins à ciel ouvert sans aucune racine ou d’ombre d’arbre mis à part dans la dernière.
Des paysages somptueux, des scènes dignes de film, avec des paysans à dos d’ânes au milieu des faces rocheuses, sablonneuses et désertiques. Des nuances de sols aux couleurs sublimes, bref on en prend plein les mirettes.
Dieu que c’est bon de faire du vélo dans de si beaux endroits, je me dis que j’ai vraiment de la chance d’être là !
Je suis si content de partager ces moments, et plus particulièrement avec « Sambo » Sam Dale avec qui je me suis entraîné pendant presque deux ans pour la Coupe du Monde de Descente. Cette aventure est d’autant plus fascinante, tout comme celle de peaufiner chaque trajectoire au millimètre lors d’une Coupe du Monde, encore une fois la passion nous réunit là !
Peut-être que l’on est vieux, mais on apprécie ! C’est comme le bon vin, les années nous bonifient, enfin presque, bref, on est autant ravi l’un que l’autre d’être là, ces beaux moments de vie nous rassemblent.
Les chevaux sauvages en fond de vallée sont presque irréels tellement c’est classe, les condors sillonnent les crêtes et nous observent tels des rois.
Voilà, je ne vais pas vous dévoiler, sinon vous n’allez pas y aller !
Bon…, je trouve une fin, le dernier jour on surplombe le pacifique, la dernière spéciale est en léger sous bois, les dévers sont copieux, ça faisant longtemps que l’on ne s’était pas retrouver en sous bois.
Nous voilà tous, en bas, de belles accolades, des regards pleins d’émotions, des traits tirés, cette fabuleuse aventure se termine ainsi.
On se remémorent déjà des soirs où à 21h30 nous rentrions tout juste au camp, pieds dans les Five Ten, un centimètre de poussière collé partout, avec une dale de dino, mais on l’a fait, tous ensemble !
5 jours de ride, 6 nuitées en tente, quasi cent kilomètres de spéciales pour 2h cumulées de chrono, autant sur cet événement qu’en 10 ans de Coupe du Monde de Descente, pour terminer à 14 secondes de Pedro Burns le premier Chilien à remporter Andes Pacifico, c’est beau !
Bref, une aventure à part entière.
Une expérience à partager sous aucun prétexte, une épopée où l’on a le temps de discuter de tout et de rien, des meilleures parties en spéciale en oubliant le chrono même si on se prend au jeu une fois lancé !
Par contre, le crew Santa Cruz a remporté haut la main la dernière spéciale, celle de la soirée de fermeture !
Merci Freddy, tu nous manques, et encore une fois on a vibré en cette dernière soirée.
Muchas gracias per todos, Allan Cooke, Loic Delteil, Iago Garay, Sam Dale, Josh Lewis, François Bailly Maître, Laura Battista, et à tous les Chiliens pour leur accueil et leur générosité incroyable Téo Nass, Sebastián Aguayo & Ignaco Vera Díaz et à l’organisation pour le travail colossal réalisé et bien mené par Eduardo de Solminihac.
Love you all, peace,
Paulhette