Nous avons été conviés à l’autre bout du monde le temps de la présentation du nouvel Enduro 29″ californien : le Santa Cruz Megatower. Mais la marque a vu les choses en grand et nous a aussi conviés à participer à la mythique course multidays NZ Enduro, dont elle est partenaire.
C’est donc pendant une dizaine de jours, que la Nouvelle-Zélande, plus précisément les alentours de la ville de Nelson, est devenue notre terrain de jeu. Les différents spots, les caprices de dame nature et la course, nous ont offert des conditions rêvées pour éprouver ce Santa Cruz Megatower.
Alors qu’en est-il ? Ses capacités sont-elles à l’image de son nom ? Atteint-il des sommets tel un gratte ciel ou se contente-t-il de 3 petits étages ? Ce nouveau Santa Cruz Megatower vient compléter la gamme en respectant les dernières innovations de la marque. Quel est donc son comportement ? Reste-t-il accessible ?
Temps de lecture estimé : 12 minutes – Photos : Santa Cruz/Gary Perkin/Sven Martin
Au sommaire de cet article :
Le terrain de jeu
Mais pourquoi nous faire traverser la planète ? Plusieurs raisons à ce choix ! D’une part la météo clémente du moment. D’autre part, la volonté du couple local Sven, photographe de renom, et Anka Martin, de faire découvrir son terrain de jeu. Et pour finir, la NZ Enduro qu’ils organisent et l’envie de Loic Delteil, responsable français, de nous mesurer à ce petit jeu ! Sans hésitation, l’occasion de tester en long, en large et en travers le nouveau jouet Santa Cruz.
Quand on connait les qualités de pilotage des kiwis, on devine que l’adjectif phare du terrain c’est technique. Et l’expérience confirme. Dévers, racines et terrain fuyant, quand ils ne sont pas tous les trois cumulés, impliquent de l’engagement. Pas le choix, faut s’y jeter ! C’est T-E-C-H-N-I-Q-U-E !
Mais la sécheresse locale du moment devait aussi toucher à sa fin, évidemment le jour de la NZ Enduro ! Connaissant le terrain, la pluie et ses forêts tropicales demandaient de redoubler de vigilance mais aussi d’engagement. De quoi mettre à mal pilote et Santa Cruz Megatower ! Que demander de plus ?
Un air de famille
Qu’en est-il maintenant de ce Megatower ? La ressemblance avec le Santa Cruz Bronson essayé par ailleurs est évidente. Cependant peut-on penser qu’ils partagent forcément les mêmes traits de caractère ? D’emblée, le raccourci semble un peu trop facile pour s’y engouffrer…
Puis, d’une part, l’échange avec Nick Anderson, le chef des ingés de la marque laisse transparaître une volonté claire : rendre le Megatower plus facile à piloter qu’un Bronson. Comme nous l’avions écrit dans notre essai, cela passe par une suspension arrière moins ferme, qui demande moins d’effort de la part du pilote… D’autre part, comme nous venons de le présenter, le Santa Cruz Megatower propose une modularité et des grandes roues que le Bronson n’offre pas !
Alors oui, il y a bien un air de famille, il y a très certainement un comportement proche, mais il y a aussi quelques différences non négligeables qui peuvent influencer le comportement du vélo ! L’objectivité est, plus que jamais, de rigueur. Je monte donc pour la première fois sur le Santa Cruz Megatower sans a priori, ni aucune certitude à son sujet…
Différents visages !
Le Santa Cruz Megatower offre une modularité rare. D’ailleurs, l’influence de ces paramètres le rende effectivement plus tolérant que le Bronson et par la même occasion plus facile à piloter… Aussi, c’est par des choix en matière de géométrie qui vont dans la bonne direction, que le Santa Cruz Megatower se distingue fortement du Hightower LT, et s’impose ainsi comme un véritable très bon Enduro 29″ du moment. Voyons en détails…
[toggler title= »Position et pédalage » ]
Même si tous les réglages disponibles influencent sensiblement son comportement au pédalage, les premières montées confirment que le choix d’opter pour un tube de selle très redressé – plus de 76° – est une bonne chose. Le reach long ne donne ainsi plus l’impression d’être couché sur le vélo, puisque la longueur du toptube est désormais contenue !
Et comme j’ai l’habitude de le dire dans nos essais ces derniers temps : par expérience, la qualité de la position assis sur la selle joue un rôle majeur dans le confort et l’efficacité pour pédaler. A aucun moment je me suis trouvé en difficulté avec ce Santa Cruz Megatower à la pédale. Je l’ai même trouvé efficace pour son gabarit. Les masses sont mieux réparties entre les deux roues. On se sent plus centré sur ce Santa Cruz Megatower.
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[toggler title= »Position de géométrie… » ]
Le changement de position influence donc la géométrie et me rappelle l’essai du Bronson, où il avait aussi une incidence sur le comportement de la suspension. Là où le Bronson subissait plus de changements sur sa suspension que de changements attribuables à la variation de géométrie, le Santa Cruz Megatower se montre plus équilibré, plus égal à cet égard !
Ainsi, sur ce dernier, le passage de la position Hi vers Lo affermit la suspension, certes, mais son comportement dû à la modification de sa géométrie change de manière plus radicale que sur le Bronson. La position Lo offre significativement plus de stabilité, quand la position Hi est plus joueuse, vive, mais moins rassurante !
En position Hi, dont le ratio de la cinématique est un poil plus élevé qu’en position Lo, la sensibilité est meilleure et la suspension est plus souple, plus plush, logiquement moins progressive.
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[toggler title= »Longueurs des bases… » ]
En position Lo, en réglage court, les bases de 436mm sont déjà dans la moyenne supérieure des vélos d’Enduro 29″ actuels. Mais alors qu’apporteraient des bases 10mm plus longues ? En quoi cet allongement peut s’avérer (très) intéressant ?
Le passage en bases longues est grandement perceptible. La différence de comportement est flagrante. Le Santa Cruz Megatower est beaucoup plus stable à basse vitesse sans forcément être moins facile à manœuvrer. Plus facile à placer puisqu’il demande moins d’effort pour rester équilibré, il rassure dans les virages comme en épingles. Il conserve aussi mieux sa vitesse une fois lancé à vive allure. Mais attention !
Il devient aussi plus difficile à faire virer de bord si l’on s’est engagé dans la mauvaise direction à haute vitesse. Il devient plus ardu de rattraper une erreur. Et pour finir, comme le bras de levier est plus long, le ratio est plus élevé et la sensibilité est plus importante qu’en bases courtes. C’est bien, cependant le Santa Cruz Megatower peine dans ce cas à accélérer, à prendre de la vitesse lorsqu’il faut pumper… Il s’écrase plus facilement sous l’effort de poussée des jambes !
En fait, j’aurais aimé essayer un entre deux. Comme si la position courte était trop courte et la position longue, trop longue, pour mon gabarit et ma taille L…
Et, au regard de ce que roulent les pilotes Santa Cruz :
- Mark Scott et Iago Garay, plus petit que moi sur des tailles M en bases courtes.
- Loic Delteil, plus grand que moi, sur un taille XL apprécie fortement le réglage le plus long.
Cet offset offre bel et bien une autre opportunité ! Pour les plus grands d’entre nous en l’état… Ok, mais laquelle alors ?
Tout bonnement, celle de pouvoir adapter la longueur des bases en fonction de la taille du cadre. Pourquoi tant de dimensions varient entre chaque taille mais jamais la longueur des bases ? Elles influencent pourtant la répartition des masses entre les roues et la position du centre de gravité…
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[toggler title= »Air ou ressort ? » ]
Un sujet particulièrement d’actualité en Enduro. Cette fois, à l’achat, le Santa Cruz Megatower est disponible en amortisseur à air comme en amortisseur à ressort. Santa Cruz avance que le Megatower fonctionne aussi bien avec les deux options. A l’usage, quelles sont donc les différences notoires entre les deux options ?
Le ressort procure plus de sensibilité en début de course et un meilleur toucher de terrain. Et comme à son habitude, un maintien plus important en milieu de course qui lui permet d’encaisser un poil plus que l’air et surtout d’attaquer et d’écraser le vélo plus fort sans pour autant consommer tout le débattement.
Le montage du ressort élargit donc le champ d’action du Santa Cruz Megatower mais entache un peu sa polyvalence puisqu’il est à privilégier pour les pratiques les plus engagées. Pour de l’Enduro, son dynamisme sur les sentiers naturels et sauvages en prend un coup…
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Graaandes roues
Ce nouveau Santa Cruz Megatower vient finalement étoffer la gamme Enduro de Santa Cruz mais surtout l’élargir : c’est le premier Enduro avec l’amortisseur en prise sur la biellette basse et avec des grandes roues !
[toggler title= »Rigide et précis ? » ]
On sait les roues carbone Reserve tout de même rigides, mais on sait aussi qu’elles restent confortables une fois montées sur un vélo Santa Cruz. Comme si le carbone des cadres californiens était étudié de manière à filtrer impacts et vibrations… Et aussi, comme si, désormais, leur vélos étaient construits autour de leurs roues !
Et une nouvelle fois, Santa Cruz tape dans le mille ! Ce Megatower s’avère dans la zone intermédiaire qui allie rigidité agréable pour un confort suffisant. Ni trop, ni pas assez ! A aucun moment le Santa Megatower ne m’a désarçonné dans les dévers, il ne complique pas la tâche ! Il reste tolérant.
Et jamais je n’ai été troublé par un manque de rigidité quelconque qui m’aurait fait tiré tout droit dans un appui ou pas assez tourner dans un virage. C’est le juste milieu cible que l’on apprécie !
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[toggler title= »Ca tourne ? » ]
On voue souvent aux roues de 29 pouces un manque de maniabilité. Ce Santa Cruz Megatower confirme encore que cette pensée appartient peut-être désormais au passé…
Avec un boitier bas et un empattement contenu et ce malgré des bases plus longues que la moyenne, épingles et virages serrés ne m’ont franchement pas semblé plus étriqués qu’à l’accoutumée. Alors, oui, ce Santa Cruz Megatower aux grandes roues tourne comme la plupart des bons 29″. 😉
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[toggler title= »Ca survole ? » ]
Une des caractéristiques des grandes roues est bien leur capacité à survoler les trous, ou du moins, moins s’y engouffrer que les petites roues avec les avantages et inconvénients qui en découlent : meilleur confort mais grip au freinage altéré.
Sur le Santa Cruz Megatower on survole les passages défoncés. Mais tout n’est pas à référer aux roues… Cette fois la suspension à son mot à dire ! Soutenue par l’hydraulique juste ce qu’il faut, elle assure un bon dynamisme au Santa Cruz Megatower.
Elle allie confort et grip avec un début de course sensible sans pour autant avaler du débattement inutilement grâce à une progressivité marquée en fin de course, mais pas autant que son petit frère, le Bronson…
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Facile et accessible ?
Evidemment ces nombreuses possibilités en matière de réglage peuvent faire tourner en bourrique les moins confiants d’entre-nous. Ils demandent attention et modification permanentes les premières sorties le temps de trouver ce qui convient !
C’est sûr qu’il faut jouer des réglages, de l’amortisseur notamment, en fonction des offset. Et même si un SAG de 33% convient bien quelque soit la position, l’ajout des réducteurs de volumes s’avère utile, au moins un est d’ailleurs indispensable.
Le Santa Cruz Megatower est plush – souple – et avec ce spacer supplémentaire, il gagne juste ce qu’il faut en progressivité pour mieux se tenir en position Lo. Un second spacer peut aussi s’avérer intéressant en position Hi, où le Megatower est encore plus linéaire. Pour les plus fins pilotes, quelques clics de compression basses vitesses sont aussi de rigueur, qu’importe la position…
Réglages | Avant | Arrière |
---|---|---|
SAG | 25% | 33% |
Détente | HV : 1/2 ouverte BV : 1/2 ouverte | 1/2 ouverte |
Compressions | HV : ouverte BV : 1/2 ouverte | BV : ouverte à 2/3 ouverte |
Token / Spacers | 2 (1 d'origine) | 1 (0 d'origine) |
A comparer
Et enfin, je ne peux conclure cette prise en main complète sans chercher à le comparer, à le mesurer à la concurrence… Je pense évidemment au :
- Trek Slash, qui accélère plus fort que le Santa Cruz Megatower mais dont la position de pédalage est bien moins confortable et le pilotage bien plus intransigeant ! D’ailleurs, la position de pédalage du Santa Cruz Megatower me rappelle celle du…
- …Transition Sentinel, tube de selle redressé et reach long. Pourtant leurs comportements sont incomparables. Le Megatower est vif à basse vitesse et se stabilise quand ça s’accélère, et le Sentinel est pataud dans le lent puis se dynamise à hautes vitesses !
- YT Capra, quand à lui, place son pilote beaucoup plus en arrière et s’oblige donc une forte progressivité. Les deux conservent vraiment bien la vitesse et restent tolérants. Deux recettes très différentes, pour des qualités communes !
Qu’en penser !?
Ce Santa Cruz Megatower vient fortement épauler le Santa Cruz Hightower LT lorsque celui-ci est dans le dur. A vrai dire, ils ne jouent plus sur la même partie du spectre de l’Enduro. Quand le plus récent est un véritable Enduro, il ne laisse que les 3 premières lettres de la pratique à son aîné… L’Hightower LT reprend en quelques sortes sa place originelle d’All Mountain.
Avec un comportement du haut du panier vis-à-vis du marché quelque soit la situation, ce Santa Cruz Megatower apporte aussi un peu de nouveauté au marché des Enduro 29″…
« End-uro »
Surtout une nouveauté en fait : la longueur des bases ajustable, qui demande d’ailleurs d’être abordée et réfléchie bien au delà de la simple modularité qu’elle offre. Elle tend aussi à s’adapter aux différentes tailles, et est en quelque sorte une porte ouverte vers l’avenir… #keepushing & #takenote 😉
A coup sûr donc, l’arrivée de ce Santa Cruz Megatower est une réussite et une aubaine ! Le retour à la réalité après avoir quitté l’île n’est pas simple, autant en terme de ride, de sentiers, de lifestyle, de météo, que de monture… C’est dire !
Mes choix pour la NZ Enduro
Notre périple était aussi l’occasion de l’éprouver en condition de course. Des conditions toujours intransigeantes et révélatrices ! On livre ici quelques détails sur le Santa Cruz Megatower en version course…