Les présentations faites, il est temps d’en savoir un peu plus au sujet du Specialized Stumpjumper 29 2019. Notamment sa version la plus All Mountain, dotée du débattement le plus important. Certaines questions se posent…
Ces derniers temps, avec l’orientation plus « race » du Specialized Enduro, le Stumpjumper était devenu, par nature, un choix privilégié par ceux qui voulaient un vélo ployvalent. Qu’en est-il avec cette nouvelle mouture ?! Prise en main Endurotribe et éléments de réponse..!
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Au sommaire de cet article :
- Pépère ou full attack ?!
- Côté suspensions…
- Côté châssis…
- Côté Géométrie…
- Polyvalent ?!
- Ce que l’on retient ?!
Pépère ou full attack ?!
Au moment de prendre en main le Specialized Stumpjumper 29 Comp Carbone 2019, la question peut se résumer à cette image… Où se situe-t-il ? Lunettes pépère ou masque full attack ?! Si cette vision reste symbolique, elle est tout autant stratégique : comment apprécier à juste titre cette énième déclinaison du concept FSR ?! Fait-elle de l’ombre au Specialized Enduro actuel ?! Deux questions qui méritent une approche réfléchie.
Quels points de repères ? Quel protocole ? Quel poids accorder aux différents ressentis ?! Notons d’abord qu’en parallèle de cette prise en main, nous disposons d’un Specialized Enduro 29 2018 à l’essai. Nous avons donc certains repères à son sujet : ses réglages de suspensions optimaux, ou du moins, sa sensibilité aux changements d’ajustements. Premier point de comparaison.
Ensuite, qu’il s’agit d’un 29 pouces… Et qu’on l’a encore écrit récemment, le comportement des roues peut peser lourd dans celui du vélo. Nous n’hésitons donc pas à alterner les trains roulants, pour mieux cerner la part de chaque élément dans le comportement du Specialized Stumpjumper 29 2019. Second point de comparaison.
Côté suspensions…
En matière de suspension, la démarche Specialized évolue. Avec la disparition de l’Auto-Sag, la marque préconise toujours 25% mais la porte se veut ouverte. Notre configuration empirique – 30% de SAG avant/arrière + détente en milieu de plage – appliquée au début de chaque essai, permet d’en savoir plus.
L’occasion ici de confirmer que le Specialized Stumpjuper 2019, comme le Specialized Enduro à l’essai, ne sont pas conçus pour autant de SAG : même sensation de flou, un peu pataud, alors qu’entre 20 et 25%, le résultat est bien plus cohérent sur tous les points. Une observation qui n’a l’air de rien, mais dont on peut tirer plusieurs enseignements.
Comme ses prédécesseurs, le Specialized Stumpjumper 29 2019 n’a pas besoin d’un SAG prononcé pour assurer sensibilité, confort et grip. La nouvelle donne ne révolutionne donc pas les bonnes habitudes. D’ailleurs, si la porte semble désormais plus ouverte à jouer des réglages, le système en lui-même ne semble pas bénéficier d’une plage de réglage plus étendue. Ça reste relativement pointu.
Côté châssis…
Historiquement, les prédécesseurs du Specialized Stumpjumper jouaient plutôt le jeu de la tolérance, là où le Specialized Enduro dispose d’un triangle avant des plus rigides… Au point de faire subir la torsion à certaines versions de son triangle arrière. Sur ce plan, le Specialized Stumpjumper 29 2019 semble plus cohérent.
L’alternance entre roues d’origine et Asterion Edition One – que l’on sait capables de mettre à mal les châssis les moins vaillants – m’en convainc. Le Specialized Stumpjumper 29 2019 s’en accommode et en tire parti : plus dynamique et plus précis, sans y perdre en tolérance. Ce qui me fait penser qu’il puisse positivement tirer parti des Roval en carbone disponibles à certaines pages du catalogue.
L’expérience me fait penser que le Specialized Stumpjumper 29 2019 fait partie des meilleurs compromis qu’il m’ait été donné d’essayer à la gamme du S rouge. Raideur maîtrisée de manière homogène entre triangle avant et arrière d’une part… Ratio précision/tolérance ensuite, l’étendu de ses capacités en la matière me suggérant une polyvalence intéressante…
Côté Géométrie…
À jouer des réglages de suspension et des trains roulants, restent des traits de caractères qui ne trompent pas, et que l’on peut commencer à relier aux dimensions du vélo. C’est notamment le cas de l’ensemble boitier bas + reach court + stack important qui perdure au fur et à mesure.
La position qui en découle semble une fois de plus asseoir le pilote d’une manière particulière. Dans le vélo, grossissant cette tendance naturelle que les 29 pouces peuvent avoir… Et au dessus de la roue arrière quand nécessaire, relevant le buste et incitant le regard à porter loin.
Une position qui donne du caractère, d’une part, et donne une certaine orientation d’autre part. Il ne s’agit pas là d’être nez dans le guidon, mais plus d’être bienveillant, prévoyant… Alors oui, le Specialized Enduro est plus racé, se prête plus à la débauche et à l’attaque, quand le Specialized Stumpjumper se veut plus…
Polyvalent ?!
C’est le mot que je retiens au fur et à mesure de cette prise en main. À la pédale, je le sens dans la lignée de ses prédécesseurs. À quel point progresse-t-il ?! Difficile à dire sans jouer le jeu de la comparaison directe sur cette simple prise en main. Toujours est-il que je lui trouve les gènes des Specialized All Mountain et Enduro en la matière : À 25% de SAG maxi, et basses vitesse maîtrisées, l’assise et le rendement sont optimums.
En descente par contre, j’ai gardé du précédent Stumpjumper le souvenir d’un petit vélo bourré de potentiel, mais dont certains éléments pouvaient jouer les facteurs limitants. Suspension, géométrie, châssis… Comme si tout était à deux doigts d’être capable de plus, sans s’y risquer.
Que ce soit dans les franchissements, les enchaînements défoncés, en fond de compression ou en réception de saut & marches, le Specialized Stumpjumper 29 2019 me parait concrétiser ce potentiel… Et par là-même, combler une partie de ce qui sépare ce modèle All Mountain de son grand frère Enduro. À la louche, je dirais la moitié du chemin.
Ce que l’on retient ?!
De par les prestations de l’ensemble de son châssis, et les choix de géométrie de ses pères, le Specialized Stumpjumper 29 2019 pourrait donc bien jouer la carte de la polyvalence… J’entends par là de ces vélos capables de rouler à vue à peu près n’importe où, de se faufiler comme d’aller vite de temps à autre. Celui que l’on choisit pour pédaler/rouler au quotidien, et participer à 2/3 événements dans l’année.
D’ailleurs, à force, il me rappelle un de ses plus farouches concurrents. Quand on sait la rivalité qu’il y a entre les deux marques sur le marché américain, il faut oser tenir ces propos… Mais après tout, c’est bien la réalité du terrain qui me pousse au rapprochement. Le Specialized Stumpjumper 29 2019 vient plus que jamais jouer sur les plate-bandes du Yeti SB5.5C !
D’ailleurs, le rapprochement a du sens quand on connait le parcours d’un des pilotes phare Specialized. Jusqu’ici, Jared Graves roulait déjà quasi exclusivement sur un Stumpjumper. Il serait déroutant que ce ne soit pas davantage le cas dans les semaines et mois qui viennent… Tout porte à croire que le Specialized Stumpjumper 29 2019, avec quelques ajustements, soit son vélo..!