Retour fin novembre, habituellement une période de répit dans le monde du VTT. Pourtant, les habitudes changent. Certaines marques allemandes y dérogent en nous conviant – et pas n’importe où – pour tester leurs nouveautés. Cette fois-ci, le Radon JAB – coup de poing rapide et précis en anglais.
Avec ce vélo, que nous avons pu apercevoir au Roc d’Azur, Radon mise sur un tout nouveau vélo. Ce n’est pas l’évolution ou l’amélioration d’un modèle déjà présent à la gamme, nous disent les allemands. Ses lignes, en carbone, brutes et élégantes à la fois, nous rappellent un avion de chasse !
Les sensations à son guidon nous rappelleront-elles la même chose ? Quels usages inspireront-elles ? Sera-t-il aussi « punchy » que laisse à penser son nom ? Début de réponse à travers cette prise en main.
Temps de lecture estimé : 7 minutes – Photos : Radon/Extreme Rafales
Au sommaire de cet article :
- Terrain de jeu…
- A la pédale !
- Légèreté nuancée !
- La pente s’inverse !
- A double tranchant…
- Il y a de l’espoir !
- Rigide, oui…
- …mais pas une lame !
- Que retenir ?
Terrain de jeu…
Pour l’essai du nouveau Radon JAB, nous étions conviés à Olargues, dans les Hauts Cantons : terrain de jeu des tops pilotes d’EWS Théo Galy et Youn Deniaud, terre de souffrance de l’Epic Enduro et site d’une future manche EWS 2018… Ouf !
Un terrain taillé pour du « vraiTT » comme disent certains locaux : du cailloux, de la poussière, de la vitesse, des passages techniques, des épingles, des zig-zag entre les arbres, et encore du cailloux… Un programme qui n’épargne personne : ni pilote, ni matériel.
À cette occasion, Radon n’a pas fait les choses à moitié en affrétant une navette pour toute la journée d’essai. De quoi s’économiser à la montée et accumuler le dénivelé négatif. Un programme confiant, pour mettre à rude épreuve le Radon JAB…
A la pédale !
Pour s’échauffer et charrer – terme local pour parler ou raconter des histoires – nous décidons de faire une partie de la première montée sur le vélo. C’est aussi l’occasion de voir ce que le Radon JAB a dans le ventre.
D’entrée de jeu, au pédalage, on se sent comme à la maison. S’il conserve des roues de 27,5, le Radon JAB est absolument dans l’ère du temps et sa géométrie le confirme : reach et empattement longs, angle de direction fermé, boitier bas, etc.
Sur le Radon JAB, on est au dessus des pédales grâce à un angle de tube de selle assez ouvert (74,6°). Habitué à des angles plus fermés sur mes précédents vélos, j’apprécie la position. J’en ressens aussi rapidement l’intérêt : le confort à long terme.
Légèreté nuancée !
En chargeant le Radon JAB sur la remorque, je me suis senti fort… À moins que le vélo soit réellement léger ! Qui sait ?! Reste que cette impression passée, et malgré son poids plume, le Radon JAB a bien le rendement d’un vélo d’Enduro, ni plus, ni moins.
Sa qualité réside donc plus dans cet angle de selle ouvert qui évite d’amener trop de poids sur l’arrière, qui minimise le pompage et diminue la charge sur le pneu arrière. Le premier sommet est atteint à la pédale. Nous voici enfin en haut de notre première descente.
La pente s’inverse !
Le ton change rapidement ! Une fois debout, le Radon JAB semble plus court et plus bas que ce que laissait présager la géométrie sur le papier. Avec 2cm de spacers sous la potence et une douille de hauteur convenable, je mets cette sensation sur le dos d’un guidon peu relevé.
Qu’importe, j’essaie de faire abstraction de ce point et me concentre sur les autres traits de caractère du vélo. D’ailleurs, le Radon JAB se démarque sur certains aspects.
Montés avec un Fox DPX2, à 30% de SAG, la sensibilité et la réactivité sont au rendez-vous. La suspension lisse bon nombre d’aspérités du terrain. Le confort est encore une fois de la partie. Mais progressivement la pente s’accentue, et l’exercice se corse…
A double tranchant…
« Dré dans l’pentu », la progressivité importante de la suspension arrière ne permet pas d’asseoir le vélo dans la pente et d’être en confiance. L’inscrire dans une courbe pentue demande concentration et engagement. Ma sérénité sur le Radon JAB en pâtit.
Mais cette progressivité importante a aussi du bon dans l’histoire. J’en profite et j’amène le SAG à 35%. Instantanément le Radon JAB est plus rassurant dans la pente. Il accepte plus facilement de s’affaisser sans pour autant s’écraser et avaler tout le débattement grâce à une fin de course particulièrement fermée.
Malgré tout, couplé à un reach long – 466mm en taille L – la sensation que le Radon JAB semble petit une fois debout se confirme. Le centre de gravité semble se déplacer sur l’avant dès qu’on se lève. La proue n’étant plus très loin sous mes yeux, elle donne cette sensation d’être sur un « petit » vélo ! Il devient alors très exigeant de rester sur l’arrière du Radon JAB.
Il y a de l’espoir !
Mes sensations au guidon du Radon JAB me donnent envie de monter l’avant du cadre et de raccourcir la potence, de manière à ramener mon centre de gravité vers l’arrière. Le vélo d’essai était monté avec une Yari en 160mm et une potence de 50mm, une fourche en 170mm et une potence à peine plus courte pourraient fortement changer la donne.
Si avec une fourche de 170mm, la progressivité de la suspension arrière se confirme, je serais aussi curieux de voir ce qu’un ressort pourrait apporter au Radon JAB. Plus « souple » en début de course pour asseoir plus facilement le vélo et plus linéaire pour utiliser tout le débattement. Il y a de l’espoir !
Rigide, oui…
Plus la journée passe, plus nous enchaînons les descentes et essayons de lâcher les freins. La tâche n’est pas aisée, d’autant plus dans la roue du jeune Youn Deniaud, encore un peu (beaucoup ?) téméraire ! Les courbes et les pif-paf entre les chênes verts typiques du coin mettent à rude épreuve la maniabilité du vélo, mes petits doigts et mes épaules aussi.
Particulièrement long sur le papier, le Radon JAB répond présent et contourne toutes les difficultés sans broncher, même les épingles s’enchaînent facilement. Le Radon JAB est maniable sans être vif ou « punchy » ! Son caractère neutre sur le terrain rappelle son aspect visuel « brut », et nous laisse à penser que les Allemands ne sont pas là pour rigoler !
…mais pas une lame !
Justement, lorsque la vitesse s’emballe, le centre de gravité sur l’avant nous rappelle à l’ordre, mais le Radon JAB reste rigide et précis, surtout du train avant. Guidon et cadre en carbone ? Douille de direction massive et rigide ? Un peu des deux ? L’essai d’un guidon alu permettrait de conclure rapidement sur ce point.
Dans tous les cas, le Radon JAB semble précis sans être une lame. Rigide de l’arrière mais pas trop, il permet quelques folies, qu’il vous pardonnera sans rancune ! Un point positif qui reste dans la philosophie du vélo et constitue une bonne avancée.
Cette fois ci, contrairement à son petit frère – le Slide – le Radon JAB se montre plus rigide : un cadre massif là où les fortes contraintes s’exercent, des gros roulements et des diamètres d’axes importants… Le terrain démontre les progrès que les premières images du vélo laissaient présager.
Que retenir ?
Ces quelques heures passées au guidon du nouveau Radon JAB sont donc concluantes. Sur le papier comme sur le terrain, c’est un vélo nouvelle génération. Il est appréciable de voir que Radon va dans la bonne direction avec ce nouveau venu.
Radon ne souhaite pas comparer le Slide et le JAB, mais nous pouvons faire un rapprochement. Quand le premier atteignait ses limites, le second, lui, les repousse. Même si le Radon JAB semble montrer ses limites lorsqu’il s’agit d’aller très vite, il garde l’accessibilité du Slide et en étend ses capacités. Dans la famille, le dernier venu porte donc bien son nom. Sur le marché, il faut nuancer.
Toujours est-il que, fidèle à son habitude, Radon entend proposer des montages d’un rapport équipement/prix très intéressant. L’accessibilité, autant pécuniaire que technique, est un paramètre important pour ceux qui ne sont pas forcément à la recherche de la performance et du chrono. Un vélo à prendre en compte dans ce cas précis…