La tendance commence à être claire ! Pendant une longue période, les vélos All Mountain disposaient de 140mm, et les vélo Enduro de 160mm de débattement. Depuis quelque temps, les marques propulsent ces derniers vers toujours plus. Tout le monde monte d’un cran.
Le nouvel Intense Tracer, dévoilé ce 7 février 2017, s’inscrit dans cette lignée. Pourquoi ? Comment ? Dans quelle cohérence vis-à-vis du reste de la gamme, dont les Intense Spider et Recluse ?! Premiers éléments de réponse exclusifs, en provenance directe de plusieurs semaines d’essai terrain…
Temps de lecture estimé : 10 minutes
L’intense Tracer, jusqu’à présent…
Jusque-ici, l’Intense Tracer était bel bien le modèle Enduro de la marque. Mais dans son descriptif comme dans sa conception, on pouvait déceler une once d’hésitation. Amortisseur en 200×57 pour gérer 160mm de débattement, cadre aux lignes de la précédente génération, biellette basse très exposée… Le modèle était avant tout une grosse version des modèles à plus faible débattement de la marque.
Ceux qui ont suivi avec attention les essais et commentaires constructifs de nos récents essais Intense le savent : la cinématique à point de pivot virtuel utilisée par la marque a un caractère bien trempé, avec ses bons, et ses mauvais côtés. Notamment le fait qu’en première partie de course, la sensibilité soit limitée… Et qu’en seconde, la suspension ai tendance à « s’ouvrir » sans offrir beaucoup de consistance.
On l’a éprouvé à l’essai, ce comportement reste exploitable pour une pratique Trail (Intense Spider). Il peut trouver une certaine parade via des réglages minutieux (Intense Recluse). Mais pour des débattements supérieurs, les limites entre trait de caractère et défaut se confondent. Techniquement, il devient difficile de concilier certains éléments qui deviennent antagonistes…
… La bonne orientation ?!
En fins pratiquants, nous sommes attentifs à la pertinence des faits sur le terrain, en préalable à toute autre discution. C’est donc sur ce point particulier qu’une réaction de la marque peut avoir un certain sens. Et c’est sur ce point précis qu’elle répond à travers l’Intense Tracer 2017.
En premier lieu par le choix des compétences mises à contribution pour travailler sur ce nouveau modèle. C’est l’atelier Cero design qui s’est essayé à l’exercice. À la tête duquel, Cesar Rojo, un des pères des Mondraker les plus en vue et de la Forward Geometry – appréciés par ailleurs dans nos pages, ou encore de la marque qui fait parler et saliver : Unno.
Entre respect de l’identité visuelle Intense et une certaine mise au goût du jour, le résultat flatte d’abord l’oeil avec ce nouvel Intense Tracer. Roues de 27,5 pouce et désormais doté de 165mm de débattement à l’arrière, 160mm devant…
Au moment d’écrire cet article, deux modèles Intense occupent notre atelier : l’Intense Recluse essayé il y a peu, et cet Intense Tracer 2017. La comparaison est sans appel. À l’oeil, le petit dernier en impose. Ses lignes suggèrent volontiers une monture à forte capacité…
Géométrie
Encore faut-il que la cohérence opèrent entre la suggestion et le rendu. Coup d’oeil à la géométrie pour confirmer. Là aussi, certains éléments dépeignent le même tableau…
Stack dans la limite basse de ce qui se fait – identique au Mondraker Dune en taille L – mais boitier bas – même hauteur que l’Intense Recluse à plus faible débattement… Et Reach dans la bonne tendance des vélos qui s’allongent. Ça se confirme. L’Intense Tracer 2017 se veut bas, racé. Des chiffres en accord avec les lignes…
L’évolution de la cinématique
… Et donc, avec la cinématique que l’on était en droit d’attendre. Du moins, sur le papier les éléments sont probants. Il suffit pour cela d’une première observation toute simple : les biellettes sont plus longues que par le passé. Elles suggèrent donc des variations et transitions cinématiques plus douces. De quoi, théoriquement, lisser le comportement précédemment évoquer.
Une tendance que l’on constate à la lecture des courbes de ratio fournies par la marque…
Une prouesse notamment rendue possible par l’architecture de biellette inférieure assez audacieuse autour du boitier de pédalier… On comprend mieux.
Premières impressions
Il se dégage jusque’ici un certain ton de cette présentation. Certaines affirmations et certitudes à ne pas confondre avec de la prétention. De simples certitudes forgées à l’épreuve du terrain. En ce mois de janvier, l’Intense Recluse et l’Intense Tracer 2017 se sont relayés entre nos mains.
L’occasion d’étrenner le dernier venu, et de constater à l’usage ce qu’il en est : le ramage se rapporte au plumage. Sur le terrain, l’Intense Tracer est aussi Fat que ses lignes inspire. L’enchaînement Intense Recluse – bien réglé – et Intense Tracer – réglages de base – suffit pour s’en convaincre.
Bas, racé, bien plus sensible en début de course à l’arrière, l’Intense Tracer peut même paraître collé sur les premiers mètres. Le temps pour le pilote de changer de logiciel. De lire le terrain différemment. D’arrêter de piloter comme sur un petit vélo sur une pump-track. De se mettre en mode gros vélo qui mange tout.
Le temps aussi de faire quelques réglages. Rien de très pointu cette fois-ci. Juste veiller à rouler les détentes aux 2/3 ouvertes. Le vélo demande à aller vite. Il est fait pour. Sans cette petite précaution, ça peut parfois taper de manière aléatoire sur terrain défoncé. Avec, le fossé se creuse vis-à-vis du petit frère. On est plus sur la même planète. Les réglages sont plus simples. Tant mieux.
L’Intense Tracer 2017 fait passer dans une autre dimension. Il pousse à se concentrer sur l’essentiel alors que tout se passe plus vite. Des chiffres ? Un freinage saccagé, connu et reconnu d’une trace archi-roulée du secteur, abordé 8km/h plus vite selon le relevé GPS du premier run. Juste ce qu’il faut pour décaler un point de freinage et/ou marquer différemment un appui.
Dans ces circonstances, on est heureux de constater que, sans avoir à jouer des spacers, la suspension arrière n’a plus cette tendance à fuir dans la seconde partie du débattement. Notamment parce qu’à cette vitesse, ce serait rédhibitoire. Le maintien est là, la consistance est bonne, on peut pousser et marquer les appuis comme il se doit vu la vitesse. Le comportement plus lisse de la suspension met en exergue les autres qualités du châssis.
À ce sujet, les traits de caractère Intense sont plus que jamais au rendez-vous. Même plus vite, le cadre offre cette précision et cette cohérence que l’on peut prêter aux Intense. Et surtout, même plus sensible en début de course, la vivacité au pédalage est toujours là. Au moment d’appuyer sur les pédales, Ça fige. La cohérence triangle avant/triangle arrière est bien présente. Tout ce qu’il faut pour transmettre le fruit d’une bonne coordination dans nos mouvements de relance.
À quoi bon?
Avec le travail effectué sur l’Intense Tracer, la marque va dans le bon sens pour se repositionner comme elle le souhaite : dans le très haut du panier sur le marché. Elle profite de cette nouvelle monture pour se remettre dans la tendance.
Et elle le fait d’une manière somme toute logique : respecter et mettre en exergue le caractère pour laquelle on la connait. Y apporter ce que l’on pouvait attendre d’évolution. Reste d’autres aspects sur lesquels on peut être exigeant. Notamment dans la finition de certains petits détails pratiques.
L’exemplaire en notre possession n’a pas à rougir de ce côté là. Mais l’avenir doit nous en dire plus. Des points plus faciles à peaufiner qu’une cinématique ou une géométrie gravée dans l’acier des moules de fabrication… Quoi que..! Pour certains, il va falloir faire preuve d’imagination…
Un gap…
Mais, d’une certaine manière, le fossé se creuse entre les Intense Spider, ACV et Recluse d’une part, et l’Intense Tracer d’autre part. Ce dernier n’est plus le barreau d’échelle supérieur en matière de capacité. Il y a un gap, qu’il faut ou non, franchir.
Qui peut s’y prêter ? Les compétiteurs en premier lieu. Incontestablement une arme de guerre pour eux. Les costauds ensuite. Pas ceux qui pâtissent d’embonpoint sur la balance. Ceux qui engagent. Qui roulent fort. Que la vitesse et l’action font vibrer, et qui sont capables de s’y accomplir.
« Un vélo qui s’ajoute à une petite liste savoureuse de concurrents… »
L’Intense Tracer 2017 est clairement un gros vélo. Un monstre. Une machine. De ces vélos que l’on emmène quand ça tape fort, quand c’est défoncé, quand il y a de la pente, du rocher, de la racine et de bons trous. Qui s’y prête en y allant à la pédale, ou via tout subterfuge mécanisé.
Sur le papier existait déjà une petite liste non exhaustive de ses semblables. L’Intense Tracer 2017 se place en concurrent direct du Rocky Mountain Slayer, Santa Cruz Nomad, Devinci Spartan, Mondraker Dune, Commençal Meta AM V4.2, Specialized Enduro 650B et Lapierre Spicy 2017. Une liste qui a le mérite d’en offrir pour tous les goûts, et toutes les bourses…
La gamme
Parce que sur cet aspect, Intense enfonce le clou. Elle se (re)place une fois de plus dans le jeu de ces marques (très?/trop?) hauts de gamme. Les coloris en perpétuent l’image « bonbon acidulé » avec pour certains, la touche de classe et de raffinement qu’il fallait…
4198€ en kit cadre avec amortisseur. Modèles Factory, Elite et Pro disponibles dès à présent. Modèles Experts et Foundation à la mi-mars 2017.