Le projet Objectif Epic a démarré, le choix du cadre est arrêté, ça y est ! Les subtilités sont lancées. Comme le bon bouclard passionné encore capable de conseiller pour un montage à la carte et aux petits oignons. À l’image du bon chef produit, roi de la ref et Ninja d’excel, que le choix d’un galbe, d’une largeur de jante ou d’une longueur de potence hante des journées entières avant de valider un forecast.
Il ne s’agit pas seulement d’accumuler les références, de procéder à un vulgaire assemblage. Monter un vélo est une affaire de cohérence et d’objectifs clés. D’autant plus lorsqu’il s’agit de s’y prêter pour le Radon Epic Enduro. Quoi privilégier ? Quoi ne pas négliger ? Comment procéder ?! Éléments de réponse au sein de ce nouveau chapitre d’Un Objectif Epic..!
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Une chance à saisir…
On l’a vu au moment de justifier le choix du Canyon Spectral CF. Un Objectif Epic n’est pas qu’une banale participation à la compétition – si tant est qu’y participer puisse être banale en soit. C’est aussi, et surtout, une occasion presque unique de procéder à des essais particuliers, qui puisse nous éclairer.
Normal donc que cette logique apparaisse au moment de procéder à l’appel des prétendants. Certains ont soulevé la question du prix : une limite est-elle fixée ?! Non, tout bonnement parce que je ne cherche pas ici à profiter d’un quelconque statut, mais bien de l’assumer.
Il aurait été facile de se contenter des références incontournables du marché. Mais l’idée est bien de laisser l’opportunité à certaines marques et certains produits de faire leurs preuves, ou non, le moment venu. Voilà qui constitue une première idée majeure, au moment de dresser la liste des prétendants.
Une marge à exploiter…
Après le prix, vient le poids ! On a bien trop souvent été habitué aux férus du gramme qui jouent de la vis titane et de la moindre pièce carbone pour battre des records. Peine perdu ici. Certains des prétendants au montage ne sont pas des plus léger sur la balance.
Mais qu’importe. En matière de poids, l’approche est tout autre. Par rapport à certains concurrents, le cadre du Canyon Spectral CF est relativement léger. Moins de 2kg – sans amorto. Ça peut paraître fin, mais pour avoir étrenné son homologue aluminium plus que de raison, j’ai bon espoir qu’il en soit de même avec la fibre noire.
Ce pari du petit vélo laisse surtout une marge en terme de poids ! De quoi favoriser la fiabilité à certains postes clés. Je vise donc la barre raisonnable que l’expérience a fini par me forger. Un vrai enduro de compétition, fiable et efficace, se situe rarement sous la barre des 13kg, pédales, préventif et vrais pneus compris. 13 kg, +/- 500g, objectif avoué pour passer une journée sereine, sans tirer un boulet.
… Et des objectifs à remplir
À propos d’objectif, une monture à 13kg, fiable et efficace, à promener 12h durant, n’est pas anodin. Les trois autres idées phares qui guident ce montage ne le sont pas non plus !
En premier lieu, l’ergonomie. Tant de temps passer à pédaler, pousser et piloter ne s’aborde pas à la légère. Trop de risque de réveiller des douleurs, anodines au départ, handicapantes voir rédhibitoires ensuite. La taille L du Canyon Spectral CF est validée de longue date par mon expérience au guidon de la version alu. Hauteur, recul, qualité d’appuis et débattement à la selle. Longueur de potence. Largeur et galbe du cintre. Ergonomie des grips sont autant de points sur lesquels j’entends jouer pour me sentir comme à la maison.
« Ergonomie, cohérence & performance »
La cohérence ensuite. J’ai eu l’occasion d’en parler à travers différents essais. Un vélo est un tout. Un ensemble cadre / roues / pneus / cintre / potence / fourche / pédalier qui forment des chaînes faisant le lien entre le pilote et le terrain. Et parfois, il suffit d’un maillon faible, d’une erreur de casting, pour gâcher le rendu et la fête. À moi donc de cerner le caractère de certains éléments pour composer des liens cohérents.
La performance enfin. Le Radon Epic Enduro est une compétition. Et si je maintiens que le résultat n’est pas un objectif en soit, ma performance propre, et celle de ma monture, sont bel et bien au centre de mes préoccupations. Nul doute, donc, que chaque élément soit passé au crible avant de prendre le départ. Est-il en mesure de tenir la distance et le choc ? Tel est bien la question que chacun va avoir à subir… Implacablement..!
Tout au couple…
Dans tous les cas, chaque prétendant doit se plier au même rite de montage : un serrage au couple. La clé dynamométrique et, si besoin le frein filet, comme alliés. Tout bonnement parce qu’une monture, qui doit subir plusieurs heures de roulage d’affilé sans forcément être re-controlée, se doit d’être impeccable.
Et qu’en matière de fiabilité, de durabilité, de confort et de silence de fonctionnement, il n’y a rien de mieux que de tout serrer au couple juste et nécessaire, plutôt que de commencer par tout sur-contraindre. Une des meilleures précautions à prendre, et finalement la plus basique, pour s’assurer que rien ne craque ou se fasse la malle en cours de route…
Clé dynamo en main et composants soigneusement alignés sur l’établi, il est temps de s’y coller et de dévoiler la liste, exhaustive, des valeureux prétendants, ralliés à cet Objectif Epic…
Fourche – Formula 35
J’ai eu l’occasion de goûter au fonctionnement des fourches Formula au lendemain de l’EWS Finale. Un premier contact pour mesurer le potentiel des produits. Débattement, dispositifs pour favoriser la sensibilité même lorsque ça vrille ou chauffe, larges solutions d’ajustement hydraulique, possibilité d’ajustement de la progressivité et rigidité mesurée du châssis sont autant de points qui, s’ils sont aussi efficients qu’on peut le souhaiter, peuvent faire mouche sur le Radon Epic Enduro.
« Quelque part entre RockShox et Öhlins »
Après les premiers roulages, globalement, je situe les prestations quelque part entre celles, bonnes et polyvalentes, des produits RockShox, et celles, plus pointues, des produits Ölhins. Notamment par une détente haute vitesse bien gérée qui évite les coups durs quand ça tape fort. Reste un châssis relativement flex auquel associer les bons composants pour être cohérents.
Amortisseur – Du ressort dans l’air ?!
À bien y regarder, il est une certaine tendance qui se dessine parmi les top-pilotes Enduro World Series. En 2016, certains n’ont pas hésité à rouler avec des amortisseurs à ressort ! Gain supposé ? Une constance accrue lors des longs runs cassants que la compétition peut proposer.
Pour autant, la tendance ne va pas forcément se préciser dans les mois et années à venir. N’oublions pas que, tranquillement, les amortisseurs prennent le virage du Metric, sensé apporter d’autres réponses qu’un retour pur et simple au ressort.
« La tentation est grande… Une affaire de millimètres ! »
En attendant, à voir le terrain cassant du Radon Epic Enduro, et le petit débattement du Canyon Spectral CF, la tentation est grande ! Il n’est donc pas impossible que je mène au moins l’expérience dans les semaines à venir.
Reste à composer avec certaines contraintes qui réduisent le champ des possibles : 190x51mm et un diamètre maximum de 57mm. L’affaire se joue au millimètre. Fast Suspension, qui sort tout juste le Holy Grail, est sur le coup. Réponse sous peu…
Roues – Mavic Deemax Pro
Des suspensions qui doivent tenir sur la durée et un cadre aussi léger que précis, reste à composer le reste de la même veine. À commencer par des roues qui apportent leur pierre à l’édifice plutôt que de transmettre bêtement.
Depuis mes récents essais, je prête aux produits Mavic du moment une belle capacité à être aussi confortables frontalement que précis latéralement. En plus d’une année d’essai, j’ai noté qu’il s’agit d’un comportement qui se marie à 90% des vélos. Les premiers roulages du Canyon Spectral CF confirment qu’il s’agit d’un cadre qui s’y prête.
« Valider un possible avancée à l’épreuve du terrain »
Et puis, les faibles pressions exploitées à l’essai de la nouvelle largeur de jante avant me font de l’oeil ! Le gain est notable et d’autant plus appréciable pour augmenter les capacités de confort et de grip d’une monture qui se présente comme un petit vélo, mais qui l’est finalement de moins en moins au fur et à mesure de mes choix…
Et puis, les commentaires sur la fiabilité Mavic vont bon train. On les entend. L’épreuve est belle et les heures de selle pour s’y préparer s’enchaînent. Autant saisir l’opportunité d’en avoir le coeur net. S’ils doivent se montrer récalcitrants, on le saura…
Pneus – L’enquête
En bout de chaîne, le choix des pneus est plus que jamais primordiale… À double titre ! Leur résistance garantie d’arriver à bon port, sans encombre. Leur comportement, ensuite, prend une part non négligeable dans les innombrables réactions du vélo avec lesquelles il va falloir composer sur plus de deux heures de chrono cumulé.
Sur ce point, rien n’est arrêté. Je mène tout bonnement un essai comparatif d’envergure entre les carcasses Enduro du marché. Ces pneus autour du kilo, intercalés entre pneus XC renforcés et carcasses de descente, qui nous sont destinés. Michelin Reinforced, Specialized Grid 2 Bliss Ready, Maxxis Double Down, Schwalbe Super Gravity, Mavic XL, Continental ProTection Apex, Hutchinson Hardskin 2×66 ont répondu à l’appel.
L’enquête doit aboutir à une classification des produits selon différents critères. Une synthèse au sein de laquelle chacun d’entre nous puisse trouver en un clin d’oeil le produit sensé le mieux répondre à ses attentes. Sur ce poste aussi, il y a donc match ! J’alterne actuellement les montes de pneus. À chaque semaine sa marque. Et si une petite tendance se dessine, il reste encore du chemin avant de lever toutes les incertitudes et arrêter un choix définitif…
Anti-Crevaison – ProCore vs Huck Norris
Quoi qu’il en soit, j’éprouve les pneus de cette enquête à sec : sans préventif ni dispositif anti-crevaison dans un premier temps. L’occasion de mesurer l’étanchéité et la résistance intrinsèque de chacun. Mais dans tous les cas, les essais déjà menés à l’automne dernier m’ont convaincu !
Les pressions plus faibles suggérées par la jante avant plus large ont un intérêt. Mais elles demandent à s’harmoniser avec l’arrière plus exposé aux chocs impromptus. Il me parait donc inévitable, voir même absurde alors que j’en dispose, de prendre part au Radon Epic Enduro sans mousse Huck Norris. À moins que le Schwalbe ProCore, à l’essai plus récemment, démontre certains avantages. Il y a match, mais dans tous les cas, l’un des deux sera de la partie. C’est une certitude..!
Poste de pilotage – Le match
Fourche, roues, cadre, pneus… Les chaînes qui lient le bonhomme au terrain commencent à se constituer. Parmi ses traits de caractères, la Formula 35 compte notamment sur un châssis qui ne se veut pas aussi raide que certains de ses concurrents. Un parti pris assumé avec lequel je doit composer.
C’est donc sur l’un des derniers chaînons, le choix de l’ensemble cintre + potence que je me réserve la plus grande marge de manœuvre. Plusieurs opportunités se sont présentées à moi. La nouvelle gamme Truvativ Descendant en 31,8mm, cintre aluminium et carbone, en premier lieu. L’occasion d’obtenir un premier ressenti entre les deux matériaux.
Les réputés produits Spank ensuite, avec l’ensemble Oozy en deux versions : avec, et sans Vibrocore. Après tout : terrain cassant, petit vélo, longue durée. L’occasion ou jamais d’insérer ce type de produit sensé filtrer et en saisir l’intérêt.
Enfin, la version 35mm carbon des réputés Renthal Fatbar et Apex pour mesurer en quoi ce nouveau diamètre peut avoir son intérêt. Dans tous les cas, l’occasion aussi de mettre à l’épreuve différents galbes et différentes longueurs de potence pour travailler l’ergonomie. On y vient…
Grips – Solution ergonomique ?
J’ai d’ores et déjà 3 longueurs de potence sous le coude. De 40 à 60mm, je me réserve une petite marge de manœuvre pour déterminer le meilleur compromis. Notamment vis-à-vis des lombaires et de la position au pédalage, qu’il faut bichonner.
Je boufonne presque ici volontairement, pour le clin d’oeil à la première partie nocturne de l’épreuve. Les grips SB3 à l’image sont fluorescents. Une idée pour ne pas perdre un vélo tout noir dans l’obscurité ?! Trêve de plaisanterie, les premiers roulages livrent déjà leurs verdicts.
Pour ma part, des fourmillements aux petits doigts, en liaison, passées les 3h de selle. Rien de grave. Angles des cintres et longueurs des potences peuvent aider. Grips ergonomiques aussi. Une tendance identifiée parmi les fabricants de tels produits. J’y reviendrai, mais il me semble intéressant de se prêter au jeu… Affaire à suivre.
Selle – Ergon SME3-M à l’essai…
En matière d’ergonomie, la selle qui doit prendre place sur les 125mm de course de la RockShox Reverb a son mot à dire également. À ce propos, Ergon fait partie des marques qui se positionnent le plus clairement sur la pratique de l’Enduro, en dédiant un modèle à part entière dans sa gamme.
Simple manœuvre marketing ou produit réellement à propos ? La meilleure manière de s’exprimer de manière crédible reste l’essai. C’est donc la Ergon SME3-M qui prend d’abord place sur le Canyon Spectral CF. Les longues heures de selle à effectuer en préparation doivent en valider la pertinence.
Pour l’heure, les arguments de choix (elle existe en deux tailles dont les critères s’évaluent ici) et de conception (formes et appuis de l’assise en correspondance avec ce que j’attends d’une selle) démontrent quelques bonnes prestations sur le terrain.
Transmission – Sram Eagle à l’épreuve !
Avec ce qu’il faut pour être bien équilibré et bien s’orienter sur le vélo, reste un troisième point essentiel : se propulser ! Autrement dit, la transmission ! Ici aussi, certains choix cruciaux pèsent dans la balance.
Le choix du mono-plateau, pour commencer. Une envie forte pour simplifier au maximum l’expérience. Je reste fidèle à ce que j’ai pu écrire à l’épreuve même des pentes du Radon Epic Enduro l’an passé, pour l’essai du Orbea Occam AM : plus la journée passera, plus la simplicité aura du bon face à une lucidité fluctuante.
En la matière, c’est la dernière avancée SRAM, le groupe Eagle, version XO1, qui passe l’épreuve. Avec 50 dents et une plage de 500% à la cassette, le SRAM Eagle propose sur le papier une étendue bien à propos pour affronter les pentes du Haut-Languedoc. Je ne vais pas manquer de mesurer à partir de quel moment elle prend tout son sens.
Notamment pour continuer à pédaler plutôt que me porter sur mes jambes. Pour mouliner ensuite, plutôt que de tendre le psoas, solliciter les lombaires et me tendre plus tôt que prévu. Rester relâché et détendu dans la durée sans m’encombrer pour autant.
Reste qu’avant ça, comme toute nouvelle transmission, le Sram Eagle doit passer l’essai avec succès. En matière de fonctionnement, en matière de réglage, en matière de fiabilité. Ici aussi, l’occasion était trop belle pour se priver d’un bel essai à l’épreuve du terrain, du vrai !
Freinage – Magura MT Trail
Dernier poste important, et pas des moindres vu les 4600m de D- au programme, le freinage. En la matière, Magura n’est pas la première venue, mais une série de freins moins bons qu’à l’accoutumée a quelque peut pu écorner la notoriété de la marque. Pourtant, les Magura MT Trail mis à l’épreuve ici démontrent de belles aptitudes lors des premiers roulages.
Dans la forte pente notamment. Sur 2min30 jusqu’à présent. Disques en 180mm, plaquettes organiques. Ça sent forcément la plaquette en bas, mais pas de perte de puissance à déplorer. Et surtout, un toucher constant et souple. À tel point qu’il me faut un moment d’adaptation pour ne pas bloquer abusivement les roues à chaque fois que je remonte sur le Canyon Spectral CF en ce moment.
Une puissance sans effort que j’espère retrouver plus longuement dans la pente du Radon Epic Enduro, avec plaquettes frittées, disques en 203mm et leviers un doigt dont je dispose. C’est en tout cas un avantage pour le bien de mes bras sur lequel j’aimerais compter.
En bonus – Les petits à côté
Less is more ! Plus le montage est simple et le nombre de pièce limité, plus le risque d’avarie est contenu. Pour autant, il reste quelques petits détails non négligeables. Les protections du cadre et du bonhomme notamment.
Un kit All Mountain Style noir des plus esthétiques et efficaces du marché. Et un garde boue avant pour éviter de s’en prendre plein les yeux si le terrain s’avère humide par moment. Pas d’autres fioritures pour le reste, si ce n’est un câble de dérailleur téflon, et une gourde Fabric au porte gourde des plus épurés.
Pour le reste, c’est sur la tenue que la suite de mes recherches porte. Notamment parce que je n’apprécie pas plus que ça de fixer milles choses sur le vélo, avec les risques de pertes et d’endommagement que ça comporte. Je préfère encore avoir l’essentiel sur moi, à portée de main. Mais ça c’est, encore, un autre sujet 😉
Petite mise au point…
En voilà des éléments à essayer, et des points à valider. D’autant plus si l’on considère les interactions que les uns peuvent avoir sur les autres. Sur le papier, les arguments ont du sens. Sur le terrain, la cohérence doit encore s’avérer et s’ajuster.
C’est toute la tâche de mise au point qui m’incombe d’ici au Radon Epic Enduro. Le vélo est monté, il roule, et les premiers essais m’ont déjà permis de valider quelques points essentiels. J’entre désormais dans le vif du sujet de mon entraînement. Les premières intensités et la phase de préparation spécifique se précisent.
Le mois de février promet une sacrée montée en puissance à ce sujet. Entre un séjour à Finale, un autre sur les traces de l’Epic et une première compétition début mars, le temps est compté et chaque opportunité d’essai plus précieuse que la précédente. Suspensions, pneus, transmission, freinage et poste de pilotage vont, se figer au fur et à mesure du protocole.
Ça tombe bien, c’est mon job, et ce serait de la fausse modestie que de bouder mon plaisir. La tâche qui m’attend est tout bonnement la partie la plus plaisante du projet. On y est ! Les notes vont bon train. Promis, dès qu’elles en contiennent suffisamment pour vous en dire plus sur cette phase de mise au point, j’écrirai un nouveau chapitre d’Un Objectif Epic 😉