Nous y voilà ! L’heure a sonnée. Elle est même un poil passée, puisque le Commençal Meta AM nouvelle fournée était en partie dévoilé le 22 juin dernier, et prend pleinement place à la carte depuis hier, 7 juillet. Alors, pourquoi avoir tant attendu ?! Tout bonnement parce qu’on vous l’a glissé en guise de mise en bouche, ce Commençal Meta AM est conçu pour fonctionner avec un nouvel ingrédient…
Cette nouvelle génération de fourches : les Fox 38, et pour le Commençal Meta AM Team pris en main ici, la RockSohx ZEB. Des fourches visiblement plus grosses, que l’on supposerait plus rigides, faites pour rouler plus vite, plus fort… Bref, pour top pilotes et trop fins gourmets ?! C’est ce que la facilité pourrait laisser penser… Mais ce serait une grossière erreur ! Et on vous dit pourquoi..!
Temps de lecture estimé : 10 minutes – Photos : Commençal & RockShox
Au sommaire de cet article :
Une fois n’est pas coutume…
C’est donc par cette nouvelle génération de fourche que l’on débute cette présentation d’un nouveau vélo, le Commençal Meta AM. Pourquoi ?! Parce qu’on l’a expliqué au lancement du Meta TR il y a quelques temps : en matière de développement, le vrai travail effectué par la marque andorrane ces dernières années a porté sur les notions de rigidité et raideur. En matière de châssis forcément : j’entends par là l’ensemble que le cadre et la fourche peuvent former…
Mais aussi en matière de suspension ! Pour bien saisir, nous vous avons ainsi proposé des didactiques Endurotribe ces derniers jours. Un premier pour bien faire la distinction entre rigidité et raideur. Un second pour mieux cerner le comportement des suspensions via les courbes de force et raideur… Des courbes qui – pour en revenir à la RockShox ZEB – démontrent qu’au delà du châssis, c’est peut-être aussi (surtout ?!) en matière de fonctionnement que la différence peut se faire sentir… Voyons donc pourquoi, et comment, le Commençal Meta AM se distingue !
[divider]Commençal Meta AM[/divider]
[column size=one_half position=first ]
- Usage Enduro
- Roues en 29 pouces
- 16/170mm, RS Zeb & Super Deluxe
- Triangle avant & arrière alu
- Reach 495mm en L, offset court 44mm
- Roues DT Swiss, montage spécifique
[/column]
[column size=one_half position=last ]
- Schwalbe MM & BB, Supertrail 2.4
- Sram Code RSC, 200mm
- 6 modèles, 4 tailles, 2199€ à 5299€
- 15,9kg, annoncés
- Dispo fin juillet 2020
- Fiche du vélo sur www.commencal-store.com
[/column]
Commençal Meta AM
On l’a vu au moment de découvrir le TR, et on le retrouve ici : cette dernière génération de Commençal Meta TR & AM partage le même cadre, à quelques nuances près. Il s’agit là d’une évolution du concept déjà mis à profit lors des saisons précédentes mais dont quelques ajustements valent le coup d’oeil. Petit tour en cuisine donc…
[toggler title= »Côté cadre » ]
Tube supérieur désormais droit et d’une pièce, tube de selle de plus gros diamètre… Un ensemble qui permet de redimensionner l’ensemble biellette/pied d’amortisseur et supprimer le pontet entre les haubans. Tout l’objectif de ces évolutions est de maîtriser différemment la rigidité et la raideur du châssis. Une approche notamment, qui permet au triangle avant de moins se déformer, frontalement, au freinage…
Tant mieux, quand dans ce domaine, la fameuse nouvelle génération de fourches Fox 38 / RockShox ZEB suggère qu’elle passera moins sous le cadre au premier freinage appuyé. L’idée n’est pas forcément de faire un bout de bois impossible à rouler, mais bien de faire en sorte que les nouveaux cadres de Meta soient compatibles avec l’ensemble des fourches du marché actuel…
[/toggler]
[toggler title= »Côté suspension » ]
Ces fourches, justement, parlons-en ! En matière de conception, on l’a vu en décortiquant les courbes de force et raideur : la RockShox ZEB poursuit la tendance initiée il y a plusieurs années par la marque… Plus de maintien en début de course, plus de linéarité ensuite pour utiliser tout le débattement, et une raideur toujours plus faible pour moins taper dans les mains. Ça, clairement, c’est aussi ce que l’on peut dire du comportement de l’air, vis-à-vis du ressort…
Pas étonnant donc, de retrouver une gamme de Commençal Meta AM majoritairement montée avec des amortisseurs à air, dont le modèle phare, la version Team prise en main ici. L’air à l’arrière, c’est certainement ce qui se marie le mieux à la RockShox ZEB…
Tient, d’ailleurs, personne ne s’est jamais demandé pourquoi Amaury Pierron gagne en Coupe du Monde de Descente avec un RockShox Super Deluxe à air ?! Il suffit de savoir qu’une Boxxer – pneumatique – avec le volume très important dans les plongeurs, pousse le bouchon encore plus loin qu’une ZEB, et que le team, il y a longtemps déjà, avait modifié ses propres fourches pour utiliser l’équivalent de la mise à jour DebonAir sorties au printemps dernier…
[/toggler]
[toggler title= »Côté géométrie » ]
Bref, poursuivons cette bonne recette en faisant le lien entre suspension et géométrie. Les Commençal Meta AM font usage d’un pied et d’un amortisseur qui fait la différence avec les TR. 230×62,5 contre 210×55 en matière d’entraxe et de course d’amortisseur. Ça permet de placer chaque vélo et son débattement où il faut sur les courbes de cinématique, mais aussi d’ajuster les côtes à la hauteur supérieure des fourches nouvelle génération.
L’un dans l’autre, on imagine sans mal que sur le Commençal Meta AM, l’amortisseur et son pied détendent légèrement plus la suspension pour contrôler l’effet d’une fourche plus haute. Au final, il y a bien une différence entre TR & AM : un reach 5mm plus long (490mm en L), un stack qui augmente sensiblement (+20mm à la fourche / + 5mm à la douille), un angle de direction 1° plus couché (63,5°), un empattement qui vaut celui de la taille du dessus (+27mm), un boitier qui remonte (+12mm)…
Tout ça en préservant ce qui fait l’essence du Commençal Meta nouvelle génération, notamment en matière d’ergonomie à la pédale : un tube de selle redressé à 78,5/6°, très court (440mm en L). Les bases, elles, ne bougent quasi pas (2mm), mais on l’a déjà écrit par le passé : c’est à prendre en compte dans une logique de répartition des masses avec l’empattement total, qui lui, varie. Au final, on a donc bien un Commençal Meta AM qui se distingue, sur le papier, de son petit frère.
[/toggler]
[toggler title= »Côté specs » ]
Enfin, coup d’oeil aux spécifications pour conclure ce tour en cuisine. L’occasion d’y déceler quelques petits secrets d’assaisonnement en matière de rigidité/raideur. Coup d’oeil aux roues notamment, pour constater que les Commençal Meta AM font bien usage d’un ensemble DT Swiss réputé, y compris les moyeux sur les modèles les plus haut de gamme… Sans pour autant que ce soient les habituelles EX1501.
Les jantes sont équivalentes, les composants sont réputés, mais la marque a choisi de maîtriser le montage pour ajuster le résultat au reste du vélo. Même logique que précédemment avec le choix des pneus, les cintres/potences maison, et cette fois, des freins plus gros : Shimano 4 pistons ou SRAM Code dès que la cible tarifaire le permet…
[/toggler]
Sur le terrain !
Voilà pour l’habituel tour en cuisine qui introduit chaque présentation d’une nouveauté chez Endurotribe. En guise de dégustation : même contexte que pour la découverte du Commençal Meta TR. Digne les Bains, les Terres Noires, l’Evo Bike Park et Arthur Quet aux navettes. Une prise en main effectuée le lendemain de celle du Meta TR, les idées fraîches et donc bien en tête. De quoi différencier et positionner les deux, d’autant qu’au final, c’est du back-to-back, à intervertir différents éléments d’un vélo sur l’autre, qui conclut la séance…
[toggler title= »Point commun ?! » ]
Ce qui saute aux yeux en premier lieu, c’est cette fameuse maîtrise de la rigidité/raideur, qui fait du Commençal Meta, qu’il soit TR ou AM, une réussite. Maintenant qu’on a précisé les choses en la matière, je peux vous en dire plus. Côté châssis, ça semble en correspondance avec ce que l’on connait des roues DT : rigide, au sens où ça se déforme peut, mais pas raide, au sens ou ça ne brasse pas.
Là où c’est néanmoins très habile, c’est que ça ne filtre pas de trop. Ça laisse simplement passer ce qu’il faut d’information pour que la lecture du terrain soit bonne. Et là où c’est encore meilleur, c’est que les suspensions travaillent de concert. Sur l’un comme sur l’autre, ça permet même de rouler avec un peu moins de SAG, avoir un vélo qui se tient très bien, sans rien perdre en confort, contrôle ou adhérence.
Plus en détail encore, il n’y a pas nécessairement de direction dans laquelle le Commençal Meta AM serait meilleur qu’une autre. Frontalement au freinage, latéralement quand on met de l’angle, verticalement quand il faut jouer du terrain… C’est homogène, continu, équilibré lorsqu’il s’agit de virer de bords, changer de position, etc… Le débattement utile est toujours présent, l’assiette est constante, la précision cohabite avec le confort.
[/toggler]
[toggler title= »Ce qu’il y a de plus #1 – À la pédale… » ]
La question se pose, néanmoins, de ce qui différencie les Commençal Meta TR et AM. Sur le papier, comme sur le terrain : le débattement en hausse, la raideur des suspensions en baisse… Ça se traduit dans deux cas de figure. Le premier : à la pédale ! Globalement, le rendement est bon, le AM a ce joli coup de pédale inspiré du TR. C’est dans l’usage qu’il faut en faire que ça se distingue.
Sur le TR, d’autant plus équipé du ressort : le maintien, le « pop » et le toucher du terrain sont bons, il faut en profiter pour être actif et jouer des aspérités pour tirer parti de la motricité. Sur le AM, c’est typiquement la raideur très faible de l’air après SAG et le débattement supplémentaire qui en font un tracteur, au bon sens du terme / on reste assis, posé sur la selle et on pédale rond : le vélo avale le terrain en nous préservant, garde l’élan et motrice sans avoir à dépenser d’énergie superflue.
[/toggler]
[toggler title= »Ce qu’il y a de plus #2 – En spéciale » ]
Ensuite, c’est à la descente que la différence se fait. Globalement, les deux passent au même endroit, et sont capables d’affronter les mêmes terrains. C’est simplement sur le goût qu’ils procurent en bouche et la manière avec laquelle ils traitent le pilote que la différence se fait. Un peu plus de débattement, et un peu moins de raideur, le Commençal Meta AM est à la fois un peu plus facile et un peu plus gourmand !
À vitesse équivalente, le AM permet de laisser filer et exige moins de son pilote : moins de poigne, moins de mouvement, moins de méfiance, moins d’engagement. Ce qui peut placer les plus prudents dans une bulle de confort, sans les embarquer. Mais ce qui peut aussi tenter les plus téméraires à rouler plus vite et plus fort, pour trouver à nouveau la limite… Et c’est là que la magie opère ! Quelque part, on entre dans une autre dimension. Sucré ? Salé ?! Qui sait ?!! Dans tous les cas, le regard porte de plus en plus loin, c’est bon signe…
[/toggler]
[toggler title= »World class ! » ]
Il finit par se passer quelque chose d’aussi étrange qu’excellent au guidon du Commençal Meta AM : Quand le terrain est scabreux, défoncé, exigeant, on en vient à avoir l’impression de ne pas rouler ce que l’on voit. Une racine dans le mauvais sens ? Un rocher en plein appui ? Une pierre cachée derrière une marche ?! Qu’importe ! Le vélo n’exige pas qu’on se décarcasse. Il suffit d’adopter la gestuelle habituelle, celle dont on ferait usage s’il n’y avait pas de surprise au sol. Mieux encore, on finit par être naturellement sur les meilleurs traj’, quitte à ce qu’elles soient les plus engagées, pas nécessairement sur la trace principale…
Ça, c’est à la fois sécurisant si l’on roule tranquille, et signe d’une très bonne performance quand on roule fort. D’ailleurs, au guidon du Commençal Meta AM, on finit par avoir la même sensation que lorsqu’on parvient à suivre quelques instants un top pilote : vous savez, quand le chemin parait plus facile sous ses roues, que sous les votre ?! Le Commençal Meta AM est de cette trempe ! D’où ça vient ?! De cette fameuse maîtrise rigidité/force/raideur qui fait que le vélo est très homogène, et n’a pas besoin d’énormément de débattement pour amortir.
Début 2011, j’avais eu l’opportunité de rouler un Lapierre Spicy, très particulier : un des vélos de Nicolas Vouilloz, monté BOS et réglé par Olivier Bossard, au pied de la piste, les mains dans les clapets/la tête dans les chiffres. Ce vélo était un ovni. Précision, assiette, grip, lecture du terrain… Tout y était ! Un bijou capable de rendre les choses si justes et si faciles, que je n’avais jamais retrouvé ça par ailleurs… Jusqu’à rouler le Commençal Meta AM ! Et il n’y a pas de hasard : avant de travailler chez Commençal, Arthur Quet , entre autres, a fait ses gammes chez BOS…
[/toggler]
Qu’en penser ?!
La boucle est bouclée : voilà pourquoi, à mon sens, le Commençal Meta AM doit marquer son époque ! Dans mon esprit, seulement le second vélo à atteindre ce niveau de justesse en plus d’une décennie d’essai. C’est signe d’une nouvelle ère, ou presque. En tout cas un nouveau repère important, et un vélo qui rejoint la short-list de ceux sur qui compter.
Reste la question que tout le monde est en droit de se poser : AM ou TR ?! À mon sens, c’est une question d’appétit. C’est pas pour rien que je file la métaphore du restaurant depuis le début de ces présentations. Dans la logique de carte, le TR c’est le plat unique, la bonne salade. Le AM, c’est le menu complet, avec fromage et dessert ! Tout est donc question d’avoir ou non, les yeux plus gros que le ventre…
« Ces vélos vont marquer leur génération, et on va pas s’en plaindre ! »
Je les imagine sans mal, tous les deux, capables de la même virée en quête d’un sommet. Tout dépend de l’ambition de chacun. Certains seront contents d’être allé jusqu’en haut, et savent que de toute façon, la trace escarpée à la descente va les mettre à l’épreuve. Prudence, maîtrise, le TR est fait pour eux. D’autres sont décidés à monter, parce que dans un coin de leur tête, à la descente, ça doit passer à zéro pied, si possible d’une traite, et suivant le flow et le challenge de la trace. Ça, c’est le AM !
Dans tous les cas, les plus tatillons diront qu’il faudrait que ce soit 1 à deux kilos moins lourd. Dans l’absolu, forcément, on cracherait pas dessus. Qu’ils patientent encore. Les autres profiteront de ce niveau de performance dès à présent, et pendant les 2 à 3 années qui viennent. Certainement le laps de temps qu’il faudra encore pour conserver ce niveau de performance en grappillant du poids. En attendant, ces vélos vont marquer leur génération et on va pas s’en plaindre. D’autant qu’il faut bien saisir : quelles que soient les apparences, niveau qualité/prix, c’est copieux dans l’assiette !