L’Urge Kenya d’Yvaral Villier

De retour de cette aventure unique, Yvaral Villier rider Santa Cruz MIA,  invité privilégié à participer au Fabien Barel Invitational. Nous raconte à travers un petit mix d’interview et de compte rendu, son aventure, ses difficultés et le bonheur d’un geste accompli.

L’Urge, course ou trip d’après toi ?

> L’Urge Kenya est avant tout un trip, malgré la course. Ce qui passe en premier, c’est l’aventure humaine entre les 10 pilotes, l’organisation et la population locale. Ensuite, il y a  l’exploit physique, atteindre le sommet… (Pas facile de grimper un sommet à 4800 m) puis le descendre ! Pour ce qui est des résultats, même si ce n’était pas la priorité, nous sommes tous plus ou moins des compétiteurs… Du coup, ça compte forcement…
Nous avons ensuite réalisé pas mal d’images (photo et vidéos) pour avoir un maximum de retour presse. 5 personnes d’altermondo (la boite de comm) pour filmer et photographier, Christophe Margot bien connu dans le milieu de la photo et Eric Bacos pour la vidéo.

Comment ça s’est passé avec les autres riders qui n’ont pas tous la même pratique, sinon approche, du VTT ?

> Le contact avec chaque rider a été super intéressant et très enrichissant pour moi. Ce qui est énorme c’est qu’au final je me suis rendu compte que nous avions tous plus ou moins la même approche du VTT, une même philosophie de vie. Je connaissais déjà les pilotes Français. J’ai appris à connaitre René, Marc, Wade et Darren. Qui sont tous d’une gentillesse et d’un dévouement énorme. Et tu vois, je ne pensais pas que Daren soit un aussi bon compétiteur d’enduro, il a vraiment joué le jeu. Il m’a très agréablement surpris. C’est vraiment quelqu’un de bien.

L’un des objectifs affichés de l’évènement était la rencontre avec la culture et le peuple Kenyan. Mission accomplie ? (relation avec le guide / porteur / accompagnant…)

> On peut le dire, oui. En fait, ce qui était mis en avant, était le contact avec le porteur. Les échanges n’étaient pas toujours simples, étant plutôt introvertie et timide, ce qui n’aide pas forcement. Mais c’est toujours sympa d’essayer de communiquer dans une autre langue. Second petit problème,  je n’ai pas forcement une bonne memoire, du coup je n’ai pas retenu tous les mots de la langue Swahili, mais ça l’a fait…  Autre rencontre importante, Caroline la représentante de l’ONG ACCORD a qui nous avons reversé la somme de 10.000 € afin d’aider le peuple  Massaï à obtenir de l’eau potable.

Roulez à cette altitude n’est pas facile, peux tu nous expliquer ce qu’il t’est arrivé ?

> Effectivement, ce n’est pas facile. Et le mal des montagnes n’est pas la pour t’aider…  (Je m’étais pas mal renseigner sur ce mal, suite à une ascension au Maroc il y a 5 ans ou je l’avais déjà attrapé). J’ai commencé à me sentir mal (mal à la tête, fatigue) vers les 4000 m, faut dire qu’on n’a pas arrêté entre photos et vidéos sur toute la monté pendant les 2 jours precedents… J’ai vraiment commencé à me sentir mal…. En plus, pour finir de qui me cassé le moral, Nico (Vouilloz) avec son mono plateau en 36,  arrivait à franchir des trucs, que je me sentais vraiment incapable de monter avec mon plateau en 22 ! J’ai terminé les 200 derniers mètres sur les rotules, on m’a même aidé à porter le vélo…  Il faut savoir que le mal des montagnes se traduit par un œdème pulmonaire ou un œdème cérébral, c’est ce dernier que j’ai eu. Pour le soigner, il faut redescendre de 400 m, sauf que nous arrivions de nuit et qu’il fallait marcher quelques kilomètres avant de pouvoir commencer à redescendre…. Le soir au refuge,  j’entendais tous le monde se marrer pendant que j’étais obligé de m’isoler tellement j’avais le cerveau qui allait exploser… La blaze. Heureusement le doc m’a donné des diurétiques et fait une intramusculaire. Résultat, le lendemain matin je n’avais plus mal à la tête.  Même si ce n’étais pas vraiment raisonnable, j’ai pris la décision de grimper les 700 derniers mètres Impossible moralement de voir partir l’équipe sans moi. (Alex Balaud qui a eut le mal des montagnes le matin  n’a pu se soigner a temps). J’en ai vraiment bavé, c’était très raide, avec le bike de 15 kg sur le dos, j’ai eut du mal à arriver au sommet. Fred (glo) me l’a porté les 50 derniers mètres. En haut, c’était vraiment le pur bonheur, il y avait une cohésion de groupe, une euphorie que j’avais rarement ressenti. Ensuite, il a fallu prendre le départ. J’avais l’estomac en vrac à cause du traitement que m’avait donne le doc (je me suis même arrêter vomir sur le parcours)… Donc forcement la DH a été dur, pas mal de chute et surtout plus de force du tout sur ce parcours très exigent ; des pierres, des bosses, 2 portages de 15 minutes. Habituellement que du bon mais bon… J’étais heureux de l’avoir fait. Le doc me disait que c’était déjà un exploit d’être arrivé au sommet et que la descente c’était du bonus…

Malgré tout, le plaisir de rider a été au rendez vous ?

> Comme je te le disais, le parcours était très exigent. Je ne dirai pas que j’ai pris du plaisir sur les singles, j’étais en vrac… le plaisir est venue du fait que j’étais dans un endroit complètement inconnu, avec des paysages de fou à vivre de! s choses fortes avec des personnes au top.

Autre chose ?

> J’ai été ravi de participer à cet évènement qui est pour moi la concrétisation d’un vieux rêve de minots, être avec mes idoles, et réaliser un exploit sportif. Je remercie les personnes de l’organisation, les pilotes, les porteurs, mes partenaires, ma famille et Momo. Conserver le plaisir de rouler, et enfin je rajouterai Respect, Tolérance, et Civisme. Quand on voyage, on se rend d’avantage compte que nous perdons certaines valeurs. Que nous ne sommes pas conscients de tout ce que nous avons.

Texte et photo : Race Company

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