La nouvelle avait fait l’effet d’une éruption volcanique dévastatrice comme le dit Steve Peat dans le film Long Live Chainsaw : début mais 2016, Stevie Smith perdait la vie après un accident de moto sur son Île Vancouver. Il avait remporté la coupe du monde de Descente, revenait de blessures, et semblait de retour pour jouer la gagne. Au sommet de son art ou presque. La disparition de ce très sympathique pilote canadien a laissé un vide, mais des années après, son énergie reste néanmoins présente dans les mémoires… Et Long Live Chainsaw, le film signé Anthill, y rend sacrément hommage ! C’est en tout cas ce que l’on en a pensé chez FullAttack. Long Live Chainsaw !
Certains se demandent encore pourquoi Endurotribe est devenu FullAttack il y a moins d’un an… Mais quand la question tombe, on y répond toujours avec la même conviction. Celle qui explique que ça fait de longues années qu’on a le sentiment d’avoir une passion qui dépasse les bornes de l’Enduro… Il n’y avait qu’à voir notamment, l’impact de la disparition de Steve Smith à l’époque. Je me souviens encore la tristesse et le sentiment d’injustice ressentis ce jour là, en ouvrant l’ordinateur pour se mettre à bosser. Et bien des années après, Long Live Chainsaw vient confirmer cette idée. Lorsque Gee Atherton décrit avec quelle enthousiasme Steve Smith découvre la piste de leur mythique segment dans Follow Me…
On a reconnu la piste avant même de commencer à filmer. Stevie a attaqué tout du long ! Il était à bloc. J’essayais de le suivre, et je me disais qu’on était juste en train de faire une reco ! Stevie n’avait aucune idée de la piste, il roulait à 100% sur chaque saut, chaque virage, sans savoir ce qui pouvait venir ensuite. Mais je pouvais voir qu’il le faisait parce qu’il kiffait, qu’il aimait ça ! C’était juste sa manière à lui de rouler !
Gee Atherton, à propos de Stevie Smith
#FullAttack ! Il était pilote de Descente, mais j’ai si souvent ressenti la même excitation en Enduro, lors du fameux premier run à vue ! Qu’importe ! Pas la peine de le faire entrer dans une case : Stevie Smith était un pilote, un athlète, un modèle, une source d’inspiration. Et on pouvait difficilement espérer trouver meilleure confirmation à travers Long Live Chainsaw. Mais si je prends la peine de débuter cet article de la sorte, c’est bien pour illustrer ce que ce film documentaire peut apporter comme points d’accroche. Il y en a de beaux. Le film me parait fidèle à l’image de son personnage principal. Sa joie de vivre, pure, insouciante et communicative, brille de ses origines, très modestes, et par delà sa fin, tragique. L’énergie d’un gamin né pauvre, d’une mère célibataire, à qui le VTT a permis d’emprunter l’ascenseur social sans y perdre son âme.
Une énergie qui semble ne l’avoir jamais quitté, que ce soit au sommet de son sport, ou dans les moments plus difficiles qui suivent. Elle semble d’ailleurs bien présente quand Long Live Chainsaw aborde la disparition de Stevie Smith, début mai 2016. C’est de cette énergie dont il est question – sur fond de tradition des territoires first nation dont il est issu – lorsque Tianna, sa maman, décrit les derniers instants vécus en commun. Quand une mère confie qu’elle a eu la chance d’être là lorsque le coeur de son enfant a commencé à battre, et quand il s’est arrêté à tout jamais… Pour tout fan du personnage, un moment forcément poignant. Mais tout, du début à la fin, semble éviter le piège du trop romancé, trop orchestré ou trop idéalisé que l’on aurait pu craindre. De ce point de vue, Long Live Chainsaw se situe idéalement sur la ligne de crête du film documentaire.
En retraçant sa vie de la manière la plus simple et logique qu’il soit – en chapitres chronologiques – Long Live Chainsaw évoque le contexte de sa naissance, ses débuts en BMX, ce que le VTT lui a apporté, les moments forts de sa carrière… Et ce qu’il a laissé à la communauté dont il est issu. Avec, à chaque fois, des images d’archives, une bonne dose de ses runs de coupe du monde, et des témoignages poignants qui partent de son plus proche entourage, à ceux qui lui ont mis le pied à l’étrier, jusqu’à ceux qu’il a marqué par sa présence. Sa mère, sa soeur, ses amis d’enfance, son mentor, le président de son club, Gabe Fox son manager, Rob Warner auteur du surnom qui donne le titre du film, Brook MacDonald et Josh Bryceland les deux pilotes les plus proches de sa génération, Steve Peat et donc, Gee Atherton, son plus grand rival en piste.
La dernière partie du film fait enfin place à la nouvelle génération de pilotes canadiens qu’il a inspiré : Mark Wallace, Magnus Manson, Finn Iles, Jackson Goldstone… Et en mêlant des images d’archives de Stevie, avec des images de cette brochette de nouveaux talents tournées sur sa piste du Mont Prevost, Long Live Chainsaw tente de répondre en filigrane à la question que tous ceux qui aimeraient le voir encore en vie peuvent se poser : que serait-il devenu ? Regarder Long Live Chainsaw est l’occasion de constater grâce aux images d’archives, que Stevie Smith a fait partie intégrante du tournant que la discipline a connu à cette période. Au début de sa carrière internationale, les vélos sont clairement trop petits et il fait preuve d’un sens inné de l’équilibre et de l’engagement… Tandis que les dernières images démontrent qu’il avait su développer son style, qu’il n’aurait rien à envier à la génération actuelle, qu’il y aurait encore toute sa place… D’ailleurs, quelque part, il l’a toujours. Jusqu’où serait-il allé ? Libre à chacun de se faire sa propre idée, et la conclusion du film fait d’ailleurs preuve de cette ouverture. Long Live Chainsaw !
Long Live Chainsaw > un film de Darcy Wittenburg – pour Anthill Film & RedBull Media House – avec Stevie Smith, Tianna Smith, Gabe Fox, Steve Peat, Rob Warner, Gee Atherton, Brook MacDonald, Josh Bryceland – Disponible en VOD, depuis fin 2021, au lien suivant : https://geni.us/Watch_Chainsaw