Ceux qui ont déjà eu l’occasion de le côtoyer – ou de lire son très bon Instantané – le savent. Yoann Barelli est dans l’affect. On l’a déjà vu – pour la photo – poser en train de câliner son fidèle destrier… Ce que l’on sait moins, c’est qu’en plus d’être sympathique, le bonhomme a un certain sens du détail. On ne devient pas pilote du top 20 mondial par hasard…
À l’heure de débuter une petite et nouvelle série de vélos des pros, il s’avère donc logique de se pencher sur son Giant Reign. C’est dans la longue allée des stands, à Finale Ligure, que l’on a jeté un oeil à sa monture… Avant de lui poser tout un tas de question pour en savoir plus sur ses petites habitudes.
Temps de lecture estimé : 5 minutes / Photos : Endurotribe & Enduro World Series
Descendeur…
Il suffit de discuter avec lui quelques instants pour que, tôt ou tard, la pratique de la Descente apparaisse comme un sujet d’inspiration. Ne l’oublions pas, Yoann Barelli a été, en 2004, Champion de France de la discipline… À l’époque, déjà, sur un Giant.
Aujourd’hui, encore, il n’est pas rare de l’entendre faire référence à ses potes de l’US Cagnes : les Bruni, Vergier, Marini & Co. Pour peu qu’il se déroule une manche de Coupe du Monde de Descente, on peut compter sur lui pour être à l’affût de la moindre actualité.
Avec un tel bagage, il n’est donc pas étonnant de retrouver cette influence dans ses choix matériels. Yoann a été, et reste, un très bon descendeur. Il ne renie pas ses origines. Il en fait sa force. Stratégiquement, il choisi ici d’appuyer ses points forts pour construire sa confiance… Et donc, sa vitesse !
Yoann mesure 1m77. Il devrait logiquement rouler un M. Pourtant, il a « choisi un L pour avoir plus de stabilité quand ça bombarde et que c’est défoncé. » Potence en 40mm pour rester bien posé et cintre en 780mm. L’inspiration est clairement établie. Reverb en 150mm de course compléter l’ensemble. « C’est le top vu que je roule avec un taille L. Ça me permet d’avoir suffisamment de dégagement au niveau des jambes quand c’est pentu. »
Jusque qu’au bout des doigts !
L’inspiration de Yoann ne s’arrête pas là. Un autre détail attire tout de suite l’oeil… La position de ses leviers de frein ! Là encore, l’idée de départ vient de la Descente… « J’ai pas mal observé la manière dont roulent les descendeurs maintenant. Ils ont le buste très haut au dessus du guidon. Le regarde porté très loin devant la roue avant. »
Positionner les leviers freins plus haut peut permettre de poser la main à plat sur le cintre, plutôt que d’empoigner en permanence. L’effet est double : soulager les bras de la fatigue, et disposer d’un appui plus franc. Plus facile pour relever et porter le buste – donc le regard – vers l’avant.
« En Enduro il est d’autant plus important de regarder loin devant. Nous ne connaissons pas totalement où l’on pose les roues. Être un peu plus droit sur le bike permet d’être plus à l’aise, de mieux jouer avec le terrain. C’est quand même plus classe que d’avoir le nez dans le guidon en mode « chien qui cherche un os »… »
Ressort or not ?
L’inspiration ne s’arrête pas à la position sur le vélo. Elle s’immisce jusque dans les settings des suspensions. Comme une partie des autres top-pilotes, Yoann Barelli a souvent utilisé un amortisseur à ressort cette saison.
« Le Reign est un bike qui se roule avec pas mal de SAG. Il marche bien quand tu pousses fort dessus, quand tu vas dans le fond. » Yoann a donc cherché à profiter de l’infinité de réglages que procure l’amortisseur à ressort. « On a beaucoup travaillé sur le tuning à l’intérieur de l’amorto (ressort) et on arrive à avoir une courbe très progressive. Mon bike est très sensible sur les petits chocs et se durcit vraiment en fin de course, un vrai mini DH bien dynamique. »
Un comportement qui reste plus constant dans le temps puisque « Le ressort amène beaucoup de fluidité au fonctionnement du vélo. Une fluidité que tu retrouveras du départ à l’arrivée d’une spéciale, qu’elle soit de 3 ou de 25min. » Mais un choix qui nécessite aussi une certaine minutie.
À Finale, Yoann est passé d’un ressort de 450Lb à 425Lb et a ajouté un Token, au nombre de 3 dans la RockShox Lyric en 170mm. C’était « pour asseoir le vélo un peu plus dans le défoncer et la pente à Finale. » Clairement, le bonhomme avait coché les 2 premières spéciales du week-end pour porter l’estocade.
À l’analyse Entre les chiffres la stratégie est avérée. Il suffit d’observer l’évolution du classement d’une part, et la tactique payante des trois premiers du week-end…
Collé au plancher !
Qui dit pilotage de descendeur dit train roulant qui s’y accorde. Un coup d’oeil aux roues ne trompe pas. Jante SRAM Roam 60 carbone, large de 30mm à l’avant, qui assoie le pneu et procure plus de grip. La raison ? Une pression relativement faible de 22 à 20Psi (1,5 à 1,37bars), comme on l’évoque à l’essai des Mavic Deemax et des bandes HuckNorris…
Jante plus étroite et surtout, pneu qui intrigue à l’arrière… Les marquages gris indiquent un pneu fin, carcasse Schwalbe TLE. Curieux si l’on considère toute la cohérence du reste. « En fait ce pneu arrière n’avait rien d’un Snake Skin tire… C’était un proto en Super Gravity que nous avons reçu juste avant Finale. Je n’aurais jamais pris le risque de rouler avec un pneu fin à l’arrière, encore moins ici… »
Nous voilà rassuré. d’autant plus, au moment de conclure cet article sur une dernière observation.
Transmission SRAM Eagle XO1 à plateau de 38 dents. Couplé au gros pignon de 50 dents, le rapport est similaire au 32/42 d’un montage 1x plus répandu jusqu’à présent. Un montage plutôt raisonnable, si l’on considère que la plupart d’entre nous utilise un plateau de 30, en moyenne.
Oui, Yoann Barelli est un athlète entraîné… Mais heureusement non, il ne nous écœure pas avec un plateau énorme à faire douter de nos propres capacités. Après tout, c’est vrai, il y avait des liaisons de plus de 1000m de D+ à avaler à la pédale à Finale… Et au fond, même s’il nous diverti régulièrement, Yoann et aussi, voir surtout, un pilote plein de bon sens 😉