La résolution des 10% !

Y a-t-il vraiment un moment meilleur qu’un autre pour prendre de bonnes résolutions ? Nah, là n’est pas la question. Dans tous les cas, une bonne résolution se médite, se prépare, se justifie et se consolide à l’épreuve du temps. Et celle dont on parle ici n’a pas de saison. Mieux, elle s’entreprend et s’entretient toute l’année. Nos chers chemins en ont tant besoin… Accordons leur au moins cette bonne résolution des 10%..!

Certains appellent ça le flow. Pour d’autres, c’est l’kiff. Pour nous, pilotes, il s’agit du plaisir pris dans ces moments de plénitude où le bonhomme, le vélo et le terrain sont en phase. Où chaque centimètre de la trajectoire vaut de l’or, chaque geste est juste. Entre les deux, chaque réaction du vélo est en accord avec le terrain et nos initiatives. Le vélo met son juste grain de sel… Ces moments de grâce où toutes les planètes s’alignent, on les a tous déjà plus ou moins touché du doigt. Plus ou moins souvent, plus ou moins fort, selon son propre niveau, mais qu’importe. Au final : le plaisir est le même, sachez-le ! Le rapport à la performance, on le connait, on le maitrise, on l’assume… Mais avouons, surtout, que c’est parce que c’est comme ça qu’on lit, vit, découvre, respecte, mesure, parcours la nature, que pour nous, rien ne pourrait remplacer le VTT.

Si l’on prend, quelques secondes, du recul sur ce tableau, n’y a-t-il pas un constat qui s’impose ?! Pilote, vélo, chemin…

Incontestablement, il y a trois paramètres majeurs dans ce schéma. On sait prendre soin des deux premiers. Nos sociétés modernes n’y dérogent pas. Bien que malmené ces temps-ci, notre système de santé fait partie des meilleurs au monde. Beaucoup nous l’envient. Et si l’on voit plus large encore, le monde entier n’a jamais si largement partagé son savoir à propos de toute forme de médecine, qu’elle soit moderne ou alternative… Idem côté matos. Si la pénurie ne permet pas à certains d’écouler autant que la demande semble l’exiger, l’information, son partage et le savoir faire qui règne dans tout bon atelier, n’ont jamais été aussi développés qu’en ce début de 21e siècle. Dans l’un comme dans l’autre des cas, c’est la nature humaine, prompte à l’entraide, au partage et à l’échange, qui fait mouche.

Mais qu’en est-il du troisième ?! Qui s’occupe des chemins ? Attention ! je ne dis pas que personne ne s’y consacre. Ou encore qu’il faudrait absolument que l’humanité fasse preuve ici de la même débauche d’énergie irrationnelle et destructrice qu’ailleurs, parfois… Mais force est de constater que des trois ingrédients qui font les meilleures sessions, les Trails ne bénéficient pas du même traitement. Et pourtant, sans eux, nous ne serions rien ! Et pourtant, ceux sur lesquels on touche du doigt le saint graal du run parfait, ne se sont pas fait tout seuls ! Alors, qu’attendons nous ?!

Les chemins et traces que l’on empruntent ont une histoire. Qu’ils soient de muletier, de traie, de contrebande, de pèlerinage ou de sanglier… Chacun, à son époque, a laissé une trace certes, mais aussi un héritage. Quel sera le notre ? En d’autres termes, posons-nous la question : doit on rester simples usagers ou pire, consommateurs de nature ?! Dans ce monde où tout est sensible, sujet sensible !* Mais ne restons pas pour autant dans le petit confort que pourrait nous offrir l’idée que plus rien n’est possible ! Entre rien et trop, il y a forcément un juste ce qu’il faut ! Certains disent no dig, no ride > si tu veux rouler, faut creuser. Sans aller jusque là – ça en deviendrait sectaire par moment – on ne peut pas rester indifférent face au sujet…

Joignons les paroles à l’acte ! 10% ! Osons consacrer 10% de notre temps à l’entretien des chemins.

Une fois sur dix, prenons l’outil plutôt que le cintre. Pour ceux qui roulent une fois par mois, c’est grosso-modo une fois par an. Pour ceux qui roulent trois fois par semaine, c’est une fois par mois. Que ce soit de notre propre initiative ou au sein d’un club, d’une brigade ou d’un chantier citoyen. L’important étant, quoi qu’il arrive, de raison garder. Réserver le simple entretien de l’existant à l’initiative personnelle, et les actions plus importantes aux mouvements collectifs et associatifs reconnus et investis. Clubs, Brigades Vertes et autres chantiers citoyens…

L’important, d’abord, est de s’investir. Car au final, combien sommes nous à véritablement s’en soucier ? Imaginons les moyens et ressources que représentent ces 10%, si chacun s’y met ?! Un vivier ! Aux endroits où un plus grand nombre ose, se motive, s’y met, ça marche. Et bien souvent, ce sont ces endroits que l’ensemble de la communauté plébiscite ensuite pour la qualité des chemins et l’ambiance qui y règne. À d’autres, ça permet au moins de faire partie des débats, quand la pression, les conflits d’usage et les enjeux sont plus tendus. Bref, ça permet, aussi, d’exister. Mais combien d’endroits de la sorte finalement, face à l’échelle de notre beau pays, de notre belle planète ?!

Et puisque visiblement, parfois, il s’agit avant tout de sa propre personne, et de son nombril plutôt que de celui des autres… je conclurai sur un partage d’expérience. D’abord, si l’on aime faire du VTT, on aime passer du temps dehors, en pleine nature. C’est exactement ce dont il s’agit ici ! Ensuite, tous ceux qui s’y sont essayés vous le diront : il n’y a rien de plus gratifiant que d’apprendre à tracer, d’être satisfait du travail bien fait, d’admirer son oeuvre, et de rouler ce que tu as créé. Mieux : arrivé à un certain point, c’est ce qui fait entrer la pratique dans une autre dimension, la prolonge, la fait progresser, lui évite de s’essouffler. Et c’est encore meilleur quand d’autres se joignent à l’expérience, que c’est partagé. Mais qu’importe, ça le sera, de toute façon, quand d’autres rouleront la trace… Enjoy !

*Orelsan – l’odeur de l’essence – Civilisation – Nov. 2021

Rédac'Chef Adjoint
  1. Bonjour,

    Meilleurs voeux à tous c’est de circonstances :).
    J’habite à 2 pas d’une forêt qui abrite une multitudes de single track assez variés.
    Je suis adepte et pratique l’entretien des chemin, avec sobriété et discrétion, quoi de plus normal que d’entretenir son terrain de jeu.
    Je sais qu’après un bon coup de vent ou suite au chute de neige, je vais avoir quelques troncs et branches à couper/écarter de la traj’.
    Je trouve sympa le marquage des entrées de chemins avec de petits cairn, on dira que c’est raccord avec le terrain. Mais depuis quelques années je vois apparaître des coups de bombes de peinture sur les rochers ou les troncs pour marquer l’entrée des chemins. Ca me navre et me rappelle exactement les incivilités urbaines que je fuis en prenant mon VTT pour m’amuser sur les single. J’imagine que je ne suis pas le seul à trouver ces marques incongrues.

    Soyons discrets, soyons esthètes.

  2. Merci pour ce bel article qui rends hommage aux bénévoles qui entretiennent à longueur d’année les sentiers. C’est un patrimoine qu’il faut conserver et entretenir. Ne soyons plus juste de simples consommateurs, devenons aussi acteurs, en rejoignant des associations qui travaillent avec les collectivités, l’ONF et les autres acteurs de randonnée.
    Pas de râteau, pas de vélo.

  3. Cet article mériterait d’être reconnu d’utilité publique, même si 10% c’est mieux que rien ça devrait être le mini minimum !

  4. Bonjour à toutes et tous,

    Et oui,cela se mérite un beau sentier,tout du moins qu’il soit adapté à notre pratique.
    Malheureusement,il n’est pas toujours évident d’entretenir ou de créer,l’ONF ne voit pas toujours d’un œil bienveillant les utilisateurs de la forêt avec une pelle,un râteau,une scie etc etc….
    Sans compter les randonneurs rêveurs pour qui le simple fait de bouger un caillou se rapproche d’un crime contre l’humanité.

    Et pourtant ,la création,l’entretien est bénéfique pour tout le monde,ça désengorge les trails connus,ca fait respirer les sols,dans certaines régions ça doit aussi pouvoir faire rampart aux incendies ( ?? ) ça permet d’explorer de nouvelles parties de forêt et bien entendu ça aide les animaux à se déplacer plus facilement sur le territoire….
    Sur le dernier point ,à chaque fois que j’ai créé un single,les jours suivant j’ai pu constater qu’il était emprunté par les animaux.

    Nous tous,usagers de la forêt devrions être partenaires et acteurs d’associations pour l’entretien de nos terrains de jeux.
    C’est en se fédérant que nous aurons du poids et pourrons faire en sorte que nous puissions et les générations futures pouvoir continuer à nous régaler en forêt sans que des restrictions viennent nous barrer les chemins.

    Si vous me le permettez voici quelques liens ( pour info ou pour les plus sceptiques,je n’ai aucune action,ou tout autre avantage a citer les liens/marques que je mets en liens)pour ceux que ça intéresse.
    Ça serait bien de faire un vrai dossier la dessus car en France c’est encore des initiatives méconnus.

    Moutain bike foudation :
    http://www.mbf-france.fr

    codever :
    https://www.codever.fr/

    Le programme paydirt de santa cruz:
    https://www.santacruzbicycles.com/fr-FR/paydirt

    Et sûrement d’autres que je ne connais pas.

    Meilleurs vœux à vous.

  5. Bel article et bel hommage aux traceurs.
    Par contre il est vrai que ce n’est pas évident à appliquer.
    Avec l’ONF, l’entretien est mal vu et assimilé à de la construction sauvage qui mérite destruction.
    Je ride en Ile De France et j’ai entretenu et/ou shappé à l’occasion (jumps, virages pierriers sur des spots enduro ou freeride). Les spots les plus en vue sont régulièrement détruits par l’ONF.
    Evidemment enlever des pierres ou des branches d’un single ne se voit pas et n’est pas punissable. Mais le reste l’est, donc c’est compliqué.
    Après il est vrai que dans la bande de rider avec qui je roule, c’est toujours les mêmes qui jouent de la pelle….
    Bref l’équilibre est délicat à trouver.

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