Nous y voilà ! D’ici peu, la saison 2016 reprend ses droits. Derniers instants de doute, de répit, de vide ou de concentration, c’est selon. Le compte à rebours touche à sa fin. Depuis Finale, il y a près de six mois, chacun a goûté à un repos bien mérité avant, c’est le jeu de la compétition, de reprendre le chemin de l’entrainement.
Un hiver studieux, parfois éprouvant, fait de travail et d’abnégation… Parfois aussi de blessure et de convalescence, séquelles d’une saison précédente pas toujours rondement menée. Et comme si ce n’était pas suffisant, immanquablement, la confrontation directe n’étant plus, une part de doute s’installe. Un manque de repère que chacun tente de combler comme il peut.
Désormais, seuls les numéros de plaque permanents, issus du classement de l’an passé, laisse trace d’une hiérarchie qui n’a jamais été tant remise en cause. Qui est en forme ? Qui ne l’est pas ? Quelles sont les forces et faiblesses de chacun ? Quels éléments les uns et les autres ont-ils pu laisser transpirer de leur préparation forcément jalousement gardées ? Petit tour des forces en présence, au moment même où les compteurs sont remis à zéro…
Photos : Issues des réseaux sociaux de chaque pilote/Endurotribe
#1 Richie Rude
Son vélo : Yeti SB6c (27,5)
Le jeune américain est désormais leader du team Yeti Fox, avec Cody Kelley, son nouvel équipier, dans la roue. Il a repris la compétition début mars avec la première manche du championnat australien où il s’est confronté à son pote Jared Graves. Second à une petite distance respectable, il semblait moins en rythme que Jared, mais peut quand même être dans le coup dès cette manche inaugurale, pour plusieurs raisons. À son âge, un mois permet de progresser… Et puis, on ne sait finalement pas à quel point les deux ont caché ou non leur jeu durant cette confrontation pré-saison !
#3 Jérôme Clementz
Son vélo : Cannondalle Jekyll carbon (27,5)
Fidèle à son habitude, le « tonton de l’Enduro » a profité de ses trips pour s’acclimater. L’Amérique du Sud, l’Argentine, le Chili, ça promet du cailloux, de la poussière. Plutôt que de prendre de « mauvaises » habitudes sur la mousse et dans la neige vosgiennes, il a enchaîné Finale (avec François Bailly-Maitre, Rémy Absalon et Ludo May, entre autres…), l’Andes Pacifico (où il a progressivement pris le rythme), Nevados de Chillan (où il a fait jouer les relations nouées il y a deux ans au passage de l’EWS), Maçanet (avec Damien Oton, Rémy Absalon, Greg Doucende, Benoit Colange et Corentin Macinot)… Bref, les cailloux, les rochers, la poussières et une multitude de repères en tête, nul doute que Jérôme sait où il en est au moment d’attaquer les choses sérieuses…
#4 Florian Nicolai
Son vélo : Rocky Mountain Altitude Rally Edition (27,5)
Florian Nicolaï est du genre à en faire beaucoup. Entrainement, course, il est un peu l’ogre qui prend habituellement part à tout ce qu’il peut avant la première EWS de la saison… Mais cette fois, il en a fait moins. La faute à une blessure contractée en début d’année. Sa participation aux premières EWS est déjà, en soit, quelque chose qui n’était pas forcément acquis. On pourrait penser qu’il n’est pas au sommet de sa forme… Mais aussi gager que ce « repos forcé » lui permettra d’être plus frais qu’à l’accoutumée ?!
#5 Nicolas Vouilloz
Son vélo : Lapierre Spicy Team carbone (27,5)
Cette année, « ET » est le fer de lance de l’armada Lapierre. Exit le Team de DH, c’est forcément sur l’Enduro qu’il incarne avec Adrien Dailly que les yeux vont se river. On le sait très, très méticuleux dans sa préparation. À ce sujet, il a râté l’Hivernal de Levens pour cause de blessure, mais on ne sait pas à quel point elle l’a handicapé dans sa préparation. Les résultats qui ont suivi laissent planer le doute, entre bon et moins bon : une victoire à Dolceacqua pour la confiance, 3ème » seulement » lors de l’Oppidum… Qu’importe, s’il y en a un sur lequel compter pour optimiser chaque détail jusqu’à l’ultime moment de préparation, quelques secondes avant le premier départ de l’année EWS, c’est bien lui !
#6 Martin Maes
Son vélo : GT Sanction (27,5)
La pépite Belge de 19 ans seulement, à qui les Atherton ont fait confiance, reste chez GT, malgré le départ pour Trek de ses anciens acolytes. Il connait donc le Sanction auquel il reste fidèle, et le manager de l’équipe : Mark Morrissen, son ancien mécano et compère chez Atherton. Est-ce que ces évolutions de statut et d’organisation auront une influence sur son niveau de performance ? Comment va-t-il saisir ce nouveau rôle de leader ? On connait de toute façon Martin fougueux et bourré de talent. De ceux capables, sur une réaction d’orgueil ou ou simple coup de génie, de claquer un scratch en spéciale sans prévenir… A surveiller, quoi qu’il arrive !
#7 Nico Lau
Son vélo : Cube Stereo 160 C:68 (27,5)
Il y en a quelques-uns qui jouent la carte de la stabilité : Nicolas Lau, entre autres, sera, une fois de plus, au guidon d’un Cube, comme c’est de coutume depuis 2011. Mais depuis Finale, il étrenne le nouveau Stereo de la marque allemande. On sait Nicolas très précis dans ses choix et attentes matériels. Qu’en sera-t-il cette fois, au départ de ce qui est, pour l’heure, sa dernière saison sous les couleurs allemandes ?!
#8 Joe Barnes
Son vélo : Canyon Strive CF (27,5)
L’inimitable Écossais fait partie des globe-trotters les plus en verve de la planète MTB. Quelque soit l’endroit, Joe semble faire preuve d’une capacité d’acclimatation rare. Comme s’il lui en fallait finalement peu pour être inspiré et s’amuser sur le vélo..! À quel point cette capacité lui sera suffisante, et à quel point le reste devra lui servir pour espérer bien figurer ?! Réponse imminente !
#9 Yoann Barelli
Son vélo : Giant Reign Advanced (27,5)
Après L’Instantané #4, on serait simplement tenté de dire que Yoann est dans le vrai. Quelque part, il parait évident que son tour viendra. Quand..? L’avenir le dira. Une chose est sûr, l’approche du bonhomme vaut mieux qu’un coup d’éclat. S’il a, comme il le souhaitait, gardé l’osmose durant l’hiver, il se pourrait qu’il soit déjà un sérieux client. Dans tous les cas, on peut compter sur lui pour tirer du positif quelle que soit la situation. Believe – Attack – Execute !
#11 Francois Bailly-Maitre
Son vélo : BMC Trailfox TF01 (29)
Le Jurassien a un nouveau coéquipier écossais, Lewis Buchanan, à ses côtés sur toutes les EWS cette année. Voilà qui peut booster un pilote déjà dans le rythme de ce début de saison ! Lui n’a pas changé de structure, ni de vélo, et a déjà montré une bonne vitesse sur les terrains d’Amérique du Sud en remportant l’Andes Pacifico, devant Jérôme Clementz. Sérieux client qui devrait une nouvelle fois défendre le clan des 29 pouces !
#13 Rémy Absalon
Son vélo : Scott Genius LT 700 Tuned (monté en 29)
Si l’on en croit ses résultats hors EWS : il reste sur deux victoires de rang sur les Megavalanche en 2015. Après plusieurs saisons dans le dur pour cause de maladie de lyme, il semblerait que les choses rentrent doucement mais sûrement dans l’ordre pour celui qui, ne l’oublions pas, a été le leader de la discipline en France, bien avant qu’elle ne prenne une ampleur internationale. Nul doute que si l’occasion se présente, Rémy saura tirer parti, à bon escient, de cette expérience…
#15 Jared Graves
Son vélo : Specialized Enduro carbon 650B
C’est la saison des nouveaux venus chez Spe. Comme Loïc Bruni en Descente, on attend beaucoup des premiers résultats de Jared Graves, sur les EWS, pour « valider » son adaptation au nouveau matériel. L’athlète Australien n’est pas en manque de compétition et de rythme, puisqu’il a fait le championnat de Descente australien avec une Boxxer sur son Enduro. L’occasion pour lui de se mesurer à… Troy Brosnan, excusez du peu. Il a aussi participé à la première manche du championnat australien d’enduro. Une opportunité de mettre en garde son pote Richie Rude : il n’est plus de retour, mais bien fin prêt pour reconquérir un titre qui lui avait échappé sur blessure l’an passé.
#16 Justin Leov
Son vélo : Canyon Strive CF (27,5)
Le kiwi le mieux élevé du circuit laissait entendre dans son journal que sa blessure à l’épaule lui a pris du temps. Il y a deux issues à ce type de mésaventure : avec complication, elle rend le retour compliqué. Avec méthode et minutie, elle permet de restructurer l’entraînement et fait revenir parfois plus fort, car plus précis et appliqué dans le travail. L’occasion de remettre les compteurs à zéro, et construire des repères neufs. Ça pourrait même bien tomber, puisque dans le même temps, il passe du 29 au 27,5 en quittant Trek pour Canyon. Nul doute que son attitude, son équilibre et sa coordination seront à scruter sur les premières images vidéos qui parviendront du Chili. Elles nous en diront davantage sur son niveau de préparation.
#17 Thomas Lapeyrie
Son vélo : Sunn Kern LT (27,5)
Thomas a eu un hiver compliqué, avec une blessure au poignet qui l’a longtemps tenu éloigné du vélo. Mais on sait aussi que c’est un gaillard costaud qui sait s’entourer et bosser pour que la forme revienne. Comme le suggérait son pote Barelli dans L’Instantané #4 : il va falloir être patient et persévérant pour qu’au fur et à mesure de la saison, l’osmose revienne 😉
#18 René Wildhaber
Son vélo : Trek Remedy carbone 29
Megaman ne sera pas présent pour l’ouverture de cette saison EWS !!! Non pas qu’il soit parti à la retraite, juste qu’il s’est sérieusement blessé à la cheville droite il y a quelques semaines à peine. Plusieurs ligaments ont été touchés à cette occasion. Pour l’heure, le vétéran suisse porte encore une atèle et ne peut que raisonnablement pédaler sur home-trainer et vélo de route. Par chance pour lui, le vélo fait partie des premières activités recommandées pour la rééducation de la cheville. Forfait pour les deux premières en Amérique du Sud, on devrait donc le retrouver pour la troisième manche, en Irlande, mi-mai…
#19 Bryan Regnier
Son vélo : YT Capra CF (27,5)
Même s’il dit avoir des contrats d’image avec ses partenaires, et faire la compétition pour apporter du crédit à son personnage, il ne la fait pas à moitié. C’est ce que laisse présager sa structure pour la saison 2016. Il ne sera plus seul, puisque son coach, Nico Filippi, l’accompagnera entre autres sur la quasi totalité des manches de Coupe du Monde 2016.
#20 Damien Oton
Son vélo : Devinci Spartan carbon (27,5)
Catalan Eagle, #2 en 2014, a retrouvé son pied, sa cheville. Après sa blessure de mai 2015 en Ecosse, le retour a été difficile. Pas tant physiquement, mais mentalement : besoin de retrouver la confiance pour se lâcher à nouveau. Une préparation avec beaucoup de moto et de ride à bloc pour retrouver des sensations et de repères à haute vitesse. Un petit tour à Finale avec Bryan Regnier début 2016, puis sur ses terres, dans le rythme de Jey Clementz à Maçannet. Enfin, passage par Vancouver pour un team camp (les enduristes sont désormais intégrés au team Global Racing) qui doit finir de lui donner de l’assurance en ressentant la confiance et les encouragements de son équipe…
#22 Alex Cure
Son vélo : Rocky Mountain Altitude Rally Edition (27,5)
Alex est l’acolyte de Florian Nicolaï chez Rocky Mountain. C’est de lui que pourrait venir la bonne « surprise » du début de saison. Deux fois vainqueur sur le Trophée de Provence, devant Vouilloz, Dailly, Nicolaï, Regnier, Lapeyrie… Il a montré qu’il est en forme. Et surtout, les observateurs habitués du circuit le diront tous : Alex est uu moins aussi talentueux sur le vélo que son co-équipier… Serait-ce la bonne occasion de confirmer l’impression ?!
Dailly, Claquin… Les Espoirs ?!
Ils ne figurent pas au classement Hommes puisqu’ils ont encore l’âge de concourir en Espoir U21, mais les deux valeurs montantes de l’Enduro Français n’en sont pas moins capables de faire des étincelles parmi les meilleurs.
Adrien a d’ailleurs pointé son nez à plusieurs reprises dans les 20 premiers sur des spéciales 2015, démontrant tout le potentiel qu’on lui prête. À la meilleure école qui soit dans le giron de Nicolas Vouilloz, la pépite Lapierre s’est même payée le luxe de devancer, pour la première fois, son chef de file au classement d’une course : l’Enduropidum fin février dernier. Bon par contre, en épingle, il y a encore du boulot… 😉
Le parcours de Sébastien Claquin a été différent, mais peut-être tout autant gratifiant et riche d’enseignement. Après avoir conquis ce qui reste le dernier titre mondial Junior d’Enduro en date (en 2014 ; le titre a ensuite évolué vers les U21), il a fait ses classes sur la Coupe de France 2015 qu’il a remporté au scratch, pour sa première année senior. Une démonstration et une abnégation qui lui a ouvert les portes du team Rocky Mountain et l’opportunité de retrouver le circuit international.
À l’aube de cette saison 2016, tout laisse donc penser que chez les espoirs, la bataille aura bien lieu, avec deux sérieux prétendants qui pourraient ne pas manquer de s’arsouiller à coup de chronos. Reste à voir quelles seront les prétentions et stratégies de chacun entre la catégorie U21 et/ou la tentation de briller parmi les plus grands…
Et les filles ?
Partie à la retraite, Tracey Mosley ne défendra pas son titre en 2016. la triple tenante du titre (elle a gagné toutes les saisons EWS) libère donc la course à la couronne mondiale. Une quête qui n’a jamais été aussi ouverte puisque dans le même temps, Anne-Caroline Chausson nous livre des nouvelles encourageantes, mais prudentes, de son état de santé. Celle qui était l’autre logique favorite au titre a encore besoin de temps pour retrouver la forme, dans le courant de l’été si tout se passe bien.
Dans la logique des choses, Cecile Ravanel s’était détachée du reste des prétendantes l’an passé, surclassant Aneke Berteen et Isabeau Courdurier notamment. Et puisque ces deux dernières ont changé de monture durant l’hiver (Aneke chez GT, Isabeau chez Sunn),Cécile et son Commençal endosse donc logiquement le rôle de favorite…
Mais puisque l’on parle de compétition, nul doute que la logique soit mise à mal, à un moment ou un autre. La compétition n’a peut-être jamais été aussi ouverte qu’à l’aube de cette quatrième saison Enduro World Series. On a donc forcément hâte de lire les premiers classements pour en savoir plus à ce sujet…