Nous voici désormais en route pour l’Italie, la station frontalière de la Thuile précisément. Après la manche slovène, il y a trois semaines, la tournée alpine continue, cette fois-ci plus à l’Ouest, où la haute montagne domine et prend le pas sur les petits massifs.
Avant de se lancer dans la compétition, jetons un oeil à ce que cette cinquième manche des Enduro World Series nous réserve. L’endroit, le cadre, l’environnement, les parcours, les enjeux, la compétition, etc…
Temps de lecture estimé : 7 minutes – Photos : Enduro World Series
Le come back !
Qui dit La Thuile, dit retrouvailles. Effectivement le nom et le spot ne sont pas inconnus pour la plupart. En 2014 et en 2016, les Enduro World Series avaient déjà investi les lieux pour une manche alpine de milieu de saison. Donc, première manche de l’année que certains pilotes connaissent déjà !
C’est ainsi, à la frontière franco-italienne sous l’oeil imperturbable du plus haut sommet alpin, le Mont-Blanc, qu’on se retrouve pour cette cinquième manche des Enduro World Series. Une fois le tunnel éponyme ou le col du Petit Saint-Bernard franchi, on accède facilement à la vallée d’Aoste. Restera à choisir entre la pizza ou les pastas pour se ravitailler avant d’atteindre la station sur les hauteurs !
Alors à quoi s’attendre ? Au coeur des Alpes, les plus hautes d’ailleurs, faut-il s’attendre à rouler les prés à vaches embousés ? Du bike-park ? De la rocaille ? Ou des nouvelles traces fraichement ouvertes en sous-bois ?
C’est bien souvent en plein pâturages, parsemés de rochers, de dalles et de mottes d’herbes bien vicieuses, qu’il faut s’aventurer. Avant de plonger dans des sous-bois mêlant terre sombre et meuble aux enchevêtrement de racines que seul les sapins locaux peuvent maitriser ! Le tout en altitude, entre 1450m et 2500m, et on obtient le combo typique des manches alpines, telles que Méribel, Val d’Isère ou encore Valloire chez nous.
Le parcours
On est en station, on pourrait exploiter uniquement les remontées mécaniques et le bike park. Mais hors de question. L’essence même de l’Enduro c’est de découvrir et d’aller chercher les plus beaux runs à la pédale. C’est de cette manière, que les italiens envisagent cette manche des Enduro World Series.
Aidé par quelques remontées, il faudra tout de même pédaler pour rejoindre les départs. Voir même remonter entièrement à la pédale de la fin de la première spéciale au départ de la seconde : 1000m de D+ d’une traite. Comme entre la quatrième et la cinquième, 500m de D+.
Donc comme à son habitude, cette manche italienne met l’accent sur la partie descente en spéciale, avec 5000m de D- cumulé sur le weekend, comme en Slovénie. Ce sera très certainement la manche la plus pentue avec le Chili du début d’année. Et avec seulement 1700m de D+ sur les deux jours, c’est aussi la manche avec le moins de dénivelé positif cumulé depuis le début d’année…
Alors fera-t-elle la part belle les descendeurs ? Ou ceux qui sauront souder, qui ont la caisse, sur toutes les spéciales d’environ 10min chacune ?
La compétition, les enjeux…
Toujours en pleine saison estivale, cette manche à la Thuile attire souvent du monde. En premier les descendeurs, qui profitent d’une courte pause dans leur saison pour venir titiller le gratin mondial de l’Enduro, à l’image de Sam Blenkinsop et Phil Atwill. Puis les Anglais, en road-trip annuel dans les Alpes, comme Josh Bryceland, Sam Dale & co. Le niveau s’annonce relevé !
Sam Hill avait terminé second de cette manche en 2016, avant même d’annoncer sa venue officielle en Enduro. C’est dire que ce format et ce terrain lui conviennent. Actuel leader, avec une bonne avance qui plus est, C’est plutôt sa cheville endolorie en Slovénie que tout le monde va scruter. Va-t-il assurer, comme à Olargues ? Ou bien mettre un point d’honneur à régler tout le monde, comme le terrain l’y incite ?!
Damien Oton est toujours une bonne carte à jouer ici. C’est avant tout sa première victoire sur une manche des EWS, en 2014. 3eme du général actuellement, il peut mathématiquement passer second puisque Robin Wallner – 2eme – reste à la maison : il sera très bientôt papa ! Damien est donc désormais celui qui, au général, peut mettre la pression au boss sur les dernières manches de la saison, où il est toujours très à l’aise.
Richie Rude avait dominé la manche de 2016 de bout en bout. Il avait aussi fait parler la poudre et les réseaux sociaux sur une relance, se permettant de doubler Damien Oton en fin de spéciale – second de la spéciale ! Ce dernier l’a toujours en travers de la gorge 😉
Reste Martin Maes, de retour et joliment après sa seconde place en Slovénie, toujours impressionnant sur ces terrains alpins. Il était le seul à concurrencer l’Australien il y a trois semaines. En sera-t-il de même ce weekend ?
Et enfin Ruaridh Cunningham, qui a prouvé qu’il pouvait performer en Enduro avec sa quatrième place à Petzen et qui semble acclimater à l’altitude après quelques semaines en Suisse ! Gardons un oeil sur cet ancien descendeur…
Chez les filles, rien ne semble désormais arrêter Cécile Ravanel. Largement dominatrice sur les longues et techniques spéciales de la Slovénie, ça risque, pour la concurrence et au vu du format italien, d’être une lourde sanction ce week-end ! Qui d’Isabeau Courdurier, Katy Winton, Mélanie Pugin, Ines Thoma et Morgane Charre, pourra-t-elle lui subtiliser une victoire de spéciale ?
Chez les Juniors, Elliott Heap est sur une autre planète. Il semble parfois jouer avec les hommes plus qu’avec ses concurrents d’âge ! Reste qu’il doit finir, lui et son vélo, entier. Chose pas forcément évidente vu son caractère et son pilotage généreux.
Derrière le quatuor habituel – Cole Lucas, Nathan Secondi, Duncan Nason et Eliott Baud – pourrait être perturbé par la venue de Théotim Tabac et Mirco Vendemmia, respectivement 2eme et 3eme à la dernière manche en Slovénie.
Les Français
Derrière Damien Oton en 2016, le premier français à pointer le bout de son nez était François Bailly-Maitre, le Jurassien ! Quatrième cette année là, c’est sa plus grosse performance en Enduro World Series. Après sa seconde place la semaine dernière à la BC Bike Race, aura-t-il récupéré et réitèrera-t-il sa performance de 2016 !?
On peut ensuite attendre Florian Nicolai. Après une mise en route compliquée en début de saison, il est maintenant en forme, 8eme en Slovénie. Il est aussi particulièrement à l’aise sur les terrains techniques italiens. Quelques enchainements d’épingles, que les forêts du coin nous réservent, pourraient bien le faire briller !
Son teammate, Dimitri Tordo, pointe juste devant lui au ranking, 6eme à cet instant. L’amateur du team Canyon pourrait encore une fois se démarquer en Italie et, pourquoi pas, gagner sa place en tant que professionnel au sein du team…
A quoi s’attendre ?
En ce milieu de saison, cette cinquième manche peut marquer un tournant important. En la faveur des leaders ou non, elle est décisive. Autant parce qu’on s’approche dangereusement de l’échéance finale, que parce que le terrain et le format de course ne pardonneront aucune défaillance.
On bascule ainsi dans la deuxième partie de la saison. La météo s’avère pour le moment assez calme et certaine, seul le samedi pourrait voir passer quelques ondées. Mais si la pluie se joint à la fête et transforme la tourbe en boue, toutes les cartes pourraient rapidement être rebattues !
C’est en tout cas mes premières impressions à l’issue des reconnaissances…
« Quelles que soient les spéciales, il y a toujours, à un moment ou un autre, de la grosse pente et des passages très techniques. Si la pluie et les orages se pointent, il faudra serrer les dents. Ce serait alors vraiment très compliqué de rester sur le vélo ! »
Quoi qu’il en soit, ce round s’annonce crucial et intéressant pour tous et aucun d’entre eux ne lâchera le morceau avant le clap de fin. Alors que la course commence !