Le 13 avril dernier, Emmanuel Macron, Président de la République, annonçait l’orientation que doivent prendre les mesures sanitaires actuelles. Cap fixé au cours de cette allocution publique : règles actuelles en vigueur jusqu’au 11 mai, puis amorce de dé-confinement à partir de cette date.
C’est visiblement la mission fixée au gouvernent et ses équipes, qui doivent désormais en préciser la concrétisation. L’heure actuelle est donc à la concertation et à l’élaboration de stratégies dans les hautes sphères de l’Etat, pour chaque secteur d’activité, dont celui du sport qui nous concerne.
S’il faudra encore attendre plusieurs jours pour être totalement fixé sur la teneur du dé-confinement annoncé, quelques fuites circulent et doivent permettre à chacun, en citoyen averti et responsable, de se forger un avis sur la situation. Voyons plutôt…
Temps de lecture estimé : 8 minutes
Au sommaire de cet article :
À la source
En matière de journalisme, la règle suggère que l’on ne soit pas tenu de citer la source de nos informations si cette dernière nécessite d’être protégée. Dans le cas présent, la citer permet au contraire d’en crédibiliser le fond. C’est une communication interne à la Fédération Française d’étude et de sport sous-marin (FFESM) qui nous donne accès à certains échanges intéressants. Une communication sur laquelle France Info et L’équipe s’appuient dans leurs articles d’hier.
Il s’agit plus précisément d’un compte rendu de réunion du 17 avril réunissant le cabinet de la Ministre des Sports, l’Association des Directeurs Techniques Nationaux (DTN), l‘Institut National du Sport de l’Expertise et de la Performance (INSEP, gérant les sportifs de haut niveau) et l’Agence Nationale du Sport. Soulignons notamment que les DTN sont ces agents sous double tutelle, celle du Ministère des Sports et de leur fédération de rattachement, et qui doivent assurer la connexion entre les deux entités.
En somme, cette réunion et son contenu se situent au dessus des fédérations, en l’occurrence la Fédération Française de Cyclisme qui peut nous importer. C’est à partir de ce qui se dit à cet échelon, que la FFC doit notamment composer les mesures particulières qui doivent elles-même s’adapter ou bien entraver les spécificités de nos pratiques. Avoir accès à ces échanges permet donc, notamment de faire la lumière sur qui décide de quoi, le moment venu.
Ce que l’on apprend…
Le document de trois pages comporte différents points et informations qui traitent des différents niveaux de pratiques sportives, qu’elles soient professionnelles ou amateurs. Nous ne retenons ici que les éléments qui peuvent concerner le milieu du VTT, et plus particulièrement de l’Enduro, dont l’échelle de développement vis-à-vis des instances reste à construire. Rappelons notamment que le statut d’athlète de haut niveau stricto-sensu ne concerne pas les pilotes d’Enduro, la discipline n’étant pas inscrite au Projet de Performance Fédéral de la FFC qui s’étend jusqu’en… 2024 (JO de Paris)…
[toggler title= »Doctrine sanitaire & médicale » ]
En premier lieu, le document indique que le Ministère des Sports travaille à la constitution d’un réseau médical. Au stade qu’il nous est possible de consulter, il compte 12 médecins du sport professionnel, de fédérations et de clubs. Ce réseau doit encore être consolidé avant d’être également mis en relation avec l’ensemble des médecins susceptibles d’être en contact avec les sportifs du pays, à tous les échelons. C’est le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) qui doit relayer les directives auprès de « chaque club, de chaque ligue. »
Pour l’heure, le contenu de cette doctrine n’est pas précisé. Seule le fait qu’elle soit différenciée entre « athlètes de haut niveau devant revenir à la haute intensité » et « français qui vont reprendre une activité physique » est évoqué. Il doit être issu à la fois des préconisations de ce réseau naissant, et des échanges interministériels qui se tiennent actuellement. On évoque néanmoins « un bilan médical de pré-reprise obligatoire pour les athlètes » et « des protocoles de reprise avec application des gestes sanitaires » qui doivent être élaborés pour soutenir les encadrants qui auront en charge la reprise des activités, on pense aux clubs notamment.
[/toggler]
[toggler title= »Reprise de la pratique » ]
En ce qui concerne la pratique sportive en elle-même, y compris celle du VTT qui nous concerne, les précisions disponibles tiennent en une phrase, peu précise mais porteuse d’espoir, c’est selon…
« Les Français devraient pouvoir « courir, marcher et rouler » en extérieur dans des conditions « normales » à partir du 11 mai »
À défaut d’être précis, ça confirme néanmoins que pour l’heure, on puisse continuer à fonder espoir sur cette date. Individuellement ou en groupe ? Ce sont notamment les informations sur la reprise des activités associatives et fédérales qui peuvent en dire plus…
[/toggler]
[toggler title= »Reprise des activités associatives et fédérales » ]
En ce qui concerne les associations et clubs, une précision importante est pour l’instant évoquée. Seules celles qui disposent d’encadrants aptes à intervenir auprès des jeunes, ET dans le cadre scolaire, pourraient reprendre au 11 mai, et jusqu’au 15 juin. L’idée est ici de mettre l’activité sportive au service de la reprise des écoles, qui devraient, elles, reprendre en limitant le nombre d’élèves par classe et multipliant par là-même les besoins en matière d’encadrement.
A partir du 15 juin, les associations et clubs pourraient alors reprendre leurs activités habituelles, dans les limites de petits groupes, le nombre étant pour l’heure porté à 30 personnes. Dans la foulée, les premières estimations portent à 200 000 le nombre de personnes ne pouvant partir en vacances d’été à cause des mesures qui resteraient en vigueur. Les associations et clubs sont donc appelés à participer à l’effort d’encadrement pour pallier à ce cas de figure.
[/toggler]
[toggler title= »Ré-ouverture des établissements » ]
En matière d’encadrement, les associations et clubs n’ont pas le monopole. Certaines structures sont aussi et d’abord reconnues en tant qu’Établissement d’Activités Physiques et Sportives (EAPS). La plupart étant des établissements à caractère commercial. On pense ici aux écoles et moniteurs qui encadrent la pratique, que ce soit en sessions de perfectionnement, en tant que guides, pour des navettes, etc… Ou encore à certains bike-parks.
Dans ce cadre aussi, l’activité doit reprendre « progressivement à partir du 11 mai » et respecter l’objectif où « tout [doit] rouvrir au 15 juin, car forte valeur ajoutée au plan économique, touristique et sanitaire. Attention : reprise complète mais toujours dans le cadre de la doctrine sanitaire ».
[/toggler]
[toggler title= »Déroulement d’événements » ]
Autre occasion phare de se rassembler pour partager autour de notre pratique, les événements. À ce sujet, les éléments restent flous. Pour l’heure seuls les propos du Président de la République portant sur les grands rassemblements semblent traduits réglementairement. Il s’agit d’événements de plus de 5000 personnes.
Le document indique pour l’instant que ces événements seraient systématiquement reportés ou annulés s’ils doivent intervenir à la mi-juillet, et que leur tenue serait pleinement possible à partir du mois d’août. Pour l’heure, le travail reste entier pour ce qui concerne les événements de moindre ampleur dans le laps de temps qui sépare le 11 mai du 1er août.
[/toggler]
[toggler title= »Le timing » ]
À l’heure de cette réunion, en date du 17 avril, le Ministère des Sports venait prendre la température, écouter les remontées du terrain avant un premier échange interministériel qui doit avoir eu lieu ce mercredi 22 avril. Un premier croisement entre différents secteurs d’activité pour tenter d’accorder les violons et in-fine, annoncer des mesures cohérentes pour chaque secteur. Le document nous apprend que 15 jours sont ensuite alloués pour préciser les choses. Nous sommes dans cette période à l’heure d’écrire ces lignes.
[/toggler]
Précisions de la Ministre des Sports…
Aucune information n’a pour l’heure véritablement filtré au sujet de ce premier échange interministériel, si ce n’est les propos tenus depuis par la Ministre des Sports, et qui en tiennent très certainement compte.
« Ce qui est certain, c’est que le sport ne sera pas prioritaire dans notre société […] Il n’est pas prioritaire aujourd’hui dans les décisions qui sont prises par le gouvernement. »
Qu’en penser ?!
De là à dire que les détails exposés dans cet article vont nécessairement encore évoluer, il n’y a qu’un pas qu’il est facile de faire. Espérons néanmoins que la moulinette interministérielle n’en fasse pas une bouillie difforme, indigeste et vide de sens, comme c’est parfois clairement le cas dans les mesures qui proviennent de nos instances. Plus que jamais, une mesure réussie est une mesure qui doit tenir compte de la réalité du terrain… Et c’est le moment ou jamais d’en tenir compte si l’on veut réussir le dé-confinement qui nous attend !
Pour l’heure, ces premiers détails qui fuitent ont le mérite de poser un certains timing et une certaine visibilité qui permet de se projeter. Ne serait-ce que pour se forger une opinion, et faire fonctionner la démocratie dans laquelle nous nous situons. Suffisant pour échafauder des plans précis ?! Non. Pour les raisons que l’on vient d’évoquer, mais également pour les raisons qui incombent à la progressivité du dé-confinement telle qu’on y faisait déjà référence il y a peu dans nos colonnes.
« On ne voit ni leviers d’ajustement, ni indicateurs… Or, c’est nécessaire pour responsabiliser et justifier le bien-fondé des mesures à ceux qui devront les mettre en oeuvre > chacun de nous ! »
Pour l’heure, les mesures envisagées vont de pair avec l’embryon de communication de la FFC, ce qui en soit, est un bon début. Néanmoins, toutes proportions gardées, les VTTistes que nous sommes savons pertinemment que la progressivité est un paramètre ajustable… Et il semble qu’en matière de gestion de crise sanitaire aussi, pouvoir la moduler et la piloter soit important, si ce n’est indispensable.
Et pour l’heure, les dispositions avancées semblent très rigides. On ne voit ni leviers d’ajustement, ni indicateurs sur lesquels indexer la reprise pour qu’elle soit réussie. Or, c’est nécessaire pour responsabiliser et justifier le bien fondé des mesures à ceux qui devront les mettre en oeuvre > chacun de nous ! Raison pour laquelle nous écrivons cet article, ouvrons l’expression en commentaires ci-dessous, et ferons une lecture attentive des mesures qui seront précisées après le travail qu’il reste à fournir par nos instances.