Cannondale, qui s’était « contentée » jusque-là de développer des VTTAE semi-rigides, franchie un nouveau cap – « il était temps » s’il on en croit les fans et revendeurs de la marque – avec la présentation d’une toute nouvelle famille de VTT à assistance électrique tout-suspendus : les Moterra (130mm en 27,5 Plus) et Moterra LT (160mm en 27,5 pouces). C’est à l’occasion des Eurobike Media Days en Autriche, sur les trails de Kirchberg en Tyrol, que nous avons fait connaissance avec ses nouveautés…
Photos : Q. Chevat/Ale Di Lullo
Le VTTAE selon Cannondale
Dans cette nouvelle aventure, Cannon’ a choisi Bosch (un partenaire de longue date avec qui la marque a développé ses premiers vélos de ville assistés à la fin des années 2000) et son pack VTT Performance CX (batterie 500Wh) qui n’est autre que la motorisation numéro un sur le marché.
Selon Cannondale, un VTTAE AM/Enduro de dernière génération se doit de proposer une très bonne motorisation, la plus intégrée possible (le Spe Levo a été cité en benchmark), sans pour autant compromettre la cinématique (placement du point de pivot inférieur) et la géométrie (longueurs des bases), la répartition des masses (position de la batterie) et le centre de gravité. Et cerise sur le gâteau vélo, indispensable argument de vente sur certains marchés (US, Allemagne…), il doit y avoir suffisamment de place pour intégrer un porte-bidon.
A partir de là et avec à disposition des produits Bosch tout à fait standards et communs à toutes les marques de VTT, Cannondale a fait travailler sa matière grise… Quitte à débarquer un peu tard, autant faire les choses bien et optimiser ce qui se fait déjà de mieux sur le marché. Voilà en résumé la philosophie du cahier des charges des Moterra.
Intégration, efficacité, zéro compromis
Cannondale a d’abord travaillé sur le placement de la batterie. Jugée beaucoup trop excentrée du centre de gravité et avec une mauvaise répartition des masses sur les vélos concurrents « intégrés », sur les Monterra la batterie a donc été placée à l’envers (renversée) et de façon très verticale au plus bas et au plus près du moteur. Reste maintenant à placer tout ça dans un cadre…
La marque a donc développé un nouveau châssis en alliage SmartForm C1 avec un tube diagonal très particulier et fin (certes, ça ne se voit pas au premier coup d’œil… Représenté en bleu ci-dessous) auquel a été soudé un gousset hydroformé assez massif de support de batterie.
Cette solution permet d’obtenir un cadre suffisamment rigide, qui intègre et positionne au mieux les masses et permet aussi et surtout sur un VTTAE de pourvoir charger la batterie sur (via une fenêtre côté gauche) ou en dehors du cadre. La batterie se démonte aisément en déclipsant le Batstrap, un long strap élastique en caoutchouc qui la maintient et la protège. Passons au placement de la motorisation et son impact sur la cinématique et la géométrie.
En inclinant légèrement le moteur Bosch vers l’arrière et en développant sa propre coque supérieure de fixation/protection (exit donc le capot Bosch et la plaque de fixation standard du moteur), Cannondale a trouvé une solution optimale – ça parait pourtant tout bête a posteriori – pour libérer de l’espace et placer idéalement son point de pivot inférieur (base/triangle avant) afin d’éviter le kickback et l’influence du couple sur la suspension. L’espace libéré permet aussi d’utilisation de doubles roulements (côte à côte) dans chaque pivot du bras oscillant.
Grâce au moteur incliné, on obtenient surtout des bases très compactes qui sont ni plus ni moins que les plus courtes du marché des VTTAE (443mm sur la version LT !).
On perd en revanche un peu, avec cette solution, en garde au sol par rapport à la position classique d’un moteur Bosch.
Les Moterra héritent d’une cinématique simple et connue de type « faux bar linkage » articulée (à la manière du Habit) avec une biellette ancrée sur le tube supérieur. Une bien belle biellette en carbone (plus rigide et deux fois plus légère qu’une version alu) d’ailleurs de série sur tous les vélos qui semble presque « bizarre » sur ce genre d’engin en alu de plus de 22kg.
Pour faire passer des gros pneus « plus » (que l’on retrouve sur la version Moterra 130mm) et rigidifier de manière générale le triangle arrière, Cannondale a opté pour un entraxe de DH de 157x12mm. Afin de conserver une bonne ligne de chaîne, la marque a développé son propre plateau Cannondale AI chainring (15 dents) doté d’un déport de 6mm.
La gamme Moterra
Cannondale proposera d’ici courant novembre 2016, une gamme de 5 vélos dont deux enduros LT.
La gamme démarre à 3999 euros et grimpe jusqu’à 5999 euros, ce n’est pas accessible à tous certes mais plutôt bien placée au regard de la concurrence, d’autant que tous les modèles (même les entrées de prix) disposent de la même motorisation avec la même batterie 500Wh !
Les deux modèles LT seront pourvus de la nouvelle commande VTT minimaliste Bosch Purion…
Comme touts les Cannondale, chaque cadre Moterra sera garanti à vie par la marque.
Les vélos seront disponibles en 4 tailles, du S au XL.
Sur le terrain
En photo comme en vrai, les Moterra sont vraiment massifs. Pas particulièrement beaux de mon point de vue à l’heure où tous les VTT classiques s’affinent et s’épurent, ces vélos semblent privilégier l’efficacité. Et c’est ce à quoi j’ai pu goûter à l’occasion de deux sorties avec chacune des versions.
Quelque soit le modèle, le pari de Cannondale semble être réussi après une bonne trentaine de kilomètres en Moterra. Les vélos sont scotchés au sol et sécurisants, bien équilibrés et facile à cabrer ou à faire tourner dans les les épingles en sous-bois les plus raides du Fleckalm Trail de Kirchberg.
Après ces premières heures de roulage, j’ai été davantage conquis par le LT. La version Enduro est beaucoup plus précise et incisive que le Moterra en 130 et ses pneus « plus », avec un grip phénoménal, un comportement en dérive très sain et une plus grand facilité à tourner serré.
Plus facile dans la plupart des cas, le Moterra 130 séduira davantage le grand public par son confort et son coté rassurant. En revanche lorsque l’on hausse le ton, les pneus « plus » deviennent vite flous (faudrait creuser avec différents réglages de pression) et n’offrent pas le feeling progressif du 27,5 en courbe. Ça accroche, ça accroche (waouh), ça accroche (c’est dingue comme ça tient), et ça finit par décrocher sans crier garde.
Malgré une garde au sol limitée par les solutions techniques retenues par Cannon’, je n’ai rien eu à souligner de ce côté là durant cette prise en main.
Les Moterra donnent sacrément envie d’attaquer, jusqu’au moment où après quelques longs runs, le poids de l’engin vous rappelle à l’ordre quelque soit le modèle. C’est épuisant du haut du corps et l’écart de conduite est plus difficile à rattraper par rapport à un vélo classique et peut se payer cash.
Rien à signaler enfin du côté de la motorisation (la plupart du temps, j’étais en position intermédiaire « Tour ») si ce n’est le plaisir de profiter du panorama exceptionnel du coin et de s’amuser à piloter en montée, le tout en discutant avec les copains… Quel pied !
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