Le printemps, c’est décidément toujours la période toujours propice aux lancements du groupe SRAM. Après le SRAM T-Type mécanique et la gamme de freins à huile minérale sortis la semaine passée, c’est au tour de la RockShox Reverb AXS nouvelle génération d’être officialisée. Extérieurement, la batterie change de place et le chariot change de concept, mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Voyez plutôt ce que cette nouvelle venue renferme en son sein…

Contexte
Souvenons-nous… du temps où la tige de selle télescopique n’existait pas ! À n’en pas douter, après les suspensions et les freins à disques, il s’agit d’une des inventions les plus remarquables de ces dernières décennies en matière de VTT. Logique donc, que son marché se soit développé, et que la concurrence y ait fait rage. Au milieu de tout ça, La Rock Shox Reverb AXS s’est fait une place à part : il a longtemps s’agit de la tige de selle télescopique électronique et sans fil la plus en vue du marché. Un choix technique atypique non sans avoir certains avantages, puisqu’il permet de s’affranchir de l’installation, des gaines, câbles ou durites que la plupart des concurrents imposent de passer dans le cadre. C’est sûr qu’un simple multi-outil pour son installation en quelques minutes est un argument qui peut faire mouche.
La tige de selle est un composant concurrentiel s’il en est, et c’est dans ce contexte que la nouvelle RockShox Reverb AXS fait son entrée
Pour autant, la RockShox Reverb AXS n’a pas été jusqu’ici exempte de tout reproche. Son prix, bien sûr, puisque les solutions électroniques se paient à prix fort. Sa fiabilité ensuite, puisqu’à différentes occasions, le marché a pu constater que la cartouche hydropneumatique utilisée jusqu’à maintenant pouvait avoir du mal à garder fluide et gaz à leurs places. Son architecture encore, puisque dans certains cas, l’emplacement de la batterie – à l’arrière, sous la selle – la plaçait à la merci de la roue arrière, dans quelques cas de figure. Certains choix, enfin, notamment celui de son chariot de selle à serrage latéral. Sur le papier, une solution qui préserve le réglage de l’inclinaison de la selle d’un quelconque desserrage. Mais dans les faits, une solution qui empêche notamment l’adaptation de chariots tels que le réputé Aenomaly Switchgrade…
Et puis, il y a la concurrence. Sur le marché de l’électronique, la Fox Transfer Neo est sortie à l’automne dernier, avec ses propres arguments. Un emplacement de batterie différent, un protocole sans fil ultrarapide, un chariot de selle courant… Tandis que depuis des mois maintenant, One-Up et d’autres placent la lutte sur le terrain de l’encombrement, en challengeant les débattements et insertions proposées sur le marché – allant même jusqu’à proposer de pouvoir caler ses tiges à des courses intermédiaires pour peaufiner ce qui peut et doit l’être dans certains cas de figure… Bref, la tige de selle est un composant concurrentiel s’il en est, et c’est dans ce contexte que la nouvelle RockShox Reverb AXS fait son entrée.

La nouvelle RockShox Reverb AXS en un coup d’œil
Avant d’aller plus en détail dans sa conception, premier coup d’œil sur ce qui peut, et doit, en un éclair, faire savoir qu’il s’agit d’une nouvelle RockShox Reverb AXS… Vous l’aurez tous vu : l’emplacement de la batterie ! Fini le socle placé au sommet de la tige, sous la selle. Comme la concurrence la plus évidente, la RockShox Reverb AXS nouvelle génération place sa batterie à mi-hauteur, au niveau de son collier. Pour le coup, ce dernier, joue une certaine carte de l’encombrement. Il place nécessaire la batterie vers l’avant, pour réduire au maximum l’épaisseur qu’il occupe sur la face arrière – maximisant ainsi les chances de ne pas interférer avec le pneu dans les situations les plus critiques.
L’autre détail qui saute aux yeux dès le premier regard, porte sur le chariot de la nouvelle RockShox Reverb AXS. On est ici sur un chariot à mâchoire verticale en deux parties – supérieure et inférieure – verrouillé par deux vis et leurs écrous. Pour la marque, c’est l’occasion de communiquer sur une solution plus compacte que la précédente, favorisant donc ce que la RockShox Reverb AXS doit permettre en matière de hauteur de selle sur certains cadres… Mais ça, on en reparle à l’épreuve de l’atelier et du terrain, plus loin dans cet article. En attendant, pour la petite histoire, c’est sous ce chariot que se dissimule la valve qui permet désormais d’ajuster la pression d’air présente à l’intérieur…

Plus en détail…
De pression d’air, il va justement être question dans cette partie. On entre plus en détail dans la conception de la RockShox Reverb AXS nouvelle génération. En l’occurrence, ça vaut le coup, puisque les deux observations précédentes sont en lien direct avec ce que l’on va détailler maintenant. Et pour cause : on ne peut pas placer la batterie ou la valve à un endroit, sans que ça ait un impact sur la manière d’agencer les éléments à l’intérieur de la tige de selle… Si la batterie est là, et la valve ici, c’est donc qu’il y a une raison ! Pour bien saisir, on commence par s’intéresser à l’éclaté de la nouvelle RockShox Reverb AXS, pour saisir son architecture et sa simplicité…


Vous ne rêvez donc pas : dans la nouvelle RockShox Reverb AXS, il s’agit d’une conception 100% pneumatique. D’huile, mis à part celle de lubrification nécessaire au bon coulissement, vous n’en trouverez pas ! RockShox parle ainsi d’une technologie Air-sur-air pour stipuler que la RockShox Reverb AXS comporte une chambre d’air positive, qui alimente progressivement une chambre d’air négative quand on lui fait prendre un peu de course. Et quoi qu’il en soit, cette artchitecture est des plus simple. Chaque élément de la vue éclatée ci-dessus est disponible au détail, tandis que l’entretien est annoncé comme tel : nettoyage/lubrification interne toutes les 300h – un an environ – et entretien des bagues et joints tous les deux ans.
Dans les faits, vous me direz qu’à l’instar de l’huile, l’air est compressible, et donc, que ça ne doit pas suffire à maintenir la selle à bonne hauteur. Oui et non à la fois. On a parlé d’une forte pression dans la RockShox Reverb AXS. C’est elle qui assure que les mouvements induits restants soient quasi nuls ou du moins, imperceptibles par moments. La marque annonce ainsi qu’en position haute, la RockShox Reverb AXS est figée, puis offre quelques millimètres de débattement lorsqu’on l’enfonce un peu plus dans sa course… C’est la fonction Activeride que le marketing RockShox a baptisée ainsi. Quoi qu’il en soit, l’argument de la marque vis-à-vis de cette architecture, c’est sa simplicité annoncée, et donc la fiabilité induite que RockShox espère récolter avec.
Les diamètres, courses et insertions utiles
Lorsqu’il s’agit de parler tige de selle télescopique, la technologie qui se trouve à l’intérieur ne fait pas tout. Les débattements et insertions entrent aussi en jeu ! C’est que parfois, entre la hauteur du tube de selle, la sortie minimale de la tige (stack), l’insertion de sa partie inférieure sous collier et la profondeur disponible dans le tube de selle, il n’est pas facile de trouver une configuration utile et satisfaisante. Voici donc les dimensions dont on dispose au sujet de la nouvelle RockShox Reverb AXS. Elle est d’abord disponible en trois diamètres : 30,9 – 31,6 & 34,9mm. À chaque fois, pour des courses allant de 100 à 250mm, par incréments de 25mm, non ajustables. Et dans tous les cas, notez que le collier, support de batterie, mesure 35mm de haut, 40mm joint spy compris. Sur la RockShox Reverb AXS 200mm / 30,9mm à notre disposition, on mesure une hauteur totale de 545mm – du centre du chariot au pied de la tige – pour une insertion sous collier de 285mm – soit un stack de 260mm de la base du collier au centre du chariot. C’est par exemple ce stack que vous devez additionner à la hauteur de votre tube de selle et de votre selle, pour savoir quelle hauteur de selle au pédalage minimal vous pouvez espérer obtenir… En attendant d’obtenir plus de détails sur l’ensemble des versions et longueurs disponibles au catalogue, RockShox propose un simulateur pour déterminer la longeur/le débattement de RockShox Reverb AXS envisageable en fonction de son vélo : https://www.sram.com/fr/rockshox/series/reverb-axs/calculator

Premières impressions
Vous venez de le lire, j’ai l’occasion de disposer d’un exemplaire de la nouvelle RockShox Reverb AXS au moment de sa sortie. L’opportunité pour moi, d’aller au-delà des informations communiquées par la marque, et vous partager quelques observations utiles en provenance de l’atelier et du terrain.
À l’atelier tout d’abord, plusieurs choses. La première au sujet des encombrements. Pour noter que quoi qu’il arrive, les presque 40mm de hauteur du collier de la RockShox Reverb AXS ne sont pas sans conséquence. Exemple concret à l’épreuve de la concurrence. Prenez une One-Up V3 de débattement comparable – 210mm recalés à 200mm. Cette dernière dispose d’un stack de 230mm, contre les 260mm de la RockShox Reverb AXS équivalente. Comprenez par-là qu’à hauteur de tube de selle équivalente, ça permet de régler la selle 30mm plus basse à hauteur de pédalage. Pour ceux qui, comme moi, sont parfois à la limite entre deux tailles de vélo, qui choisissent la plus grande, ont des jambes plutôt courtes pour leur gabarit et/ou ont des vélos avec des tubes de selle pas spécialement modernes et courts… Ça peut faire toute la différence ! À condition d’avoir une capacité d’insertion suffisante dans le cadre. À ce propos, l’avantage tourne alors à la RockShox Reverb AXS : 285mm sous collier, contre 305mm pour la One-Up V3. Si l’on prend la concurrente plus directe encore, la Fox Transfer Neo et son collier de 28mm, le constat est peu ou prou identique, mais les écarts un peu resserrés : 246mm de stack contre 260mm, c’est 14mm parfois salvateurs de gagnés, et 285mm d’insertion sous collier pourraient paraître équivalents, mais c’est sans compter les 37,4mm de capuchon qu’il faut parfois compter en plus sur la Fox, en fonction des cadres…
Quelques observations utiles au sujet du concept Air-over-air et de la fonction Active Ride que ça implique…
Ensuite, au sujet du serrage de la tige dans le cadre. On sait que parfois, il s’agit d’un point critique pour obtenir un bon coulissement. Ici, RockShox stipule d’utiliser un couple maximum de 6,7N.m ou bien celui préconisé par le fabricant du cadre, en optant quoi qu’il en soit pour le plus faible des deux. Pour autant, je n’ai pas noté d’influence notable de ce paramètre sur la qualité du coulissement, comme ça peut parfois être le cas chez la concurrence. Je ne suis pas pour autant en train de vous suggérer de serrer n’importe comment, mais c’est une manière pour moi de partager le fait que les tubes de la nouvelle RockShox Reverb AXS me paraissent en tout cas suffisement rigides et précis pour assurer un travail de qualité. À l’atelier toujours, quelques mots au sujet de la pression à mettre au sein de la RockShox Reverb AXS nouvelle génération. Au maximum, on parle de 600 Psi. Prenez garde aux pompes haute pression dont vous disposez déjà. Il s’agit d’une valeur très élevée – parfois plus du double de ce que un amortisseur peut accepter. Il n’est donc pas évident d’avoir un outillage qui permet de se hisser à une telle valeur.

Dans tous les cas, J’ai pu atteindre cette pression lors de mes essais. L’occasion pour moi de vous partager quelques observations utiles au sujet du concept Air-over-air et de la fonction Active Ride que ça implique. À savoir tout d’abord, que j’ai effectivement observé un débattement utile lorsque la RockShox Reverb AXS est placée sur une position intermédiaire. Pour ma part, j’estime à une grosse quinzaine de millimètres au mieux, le débattement que ça procure au cœur de l’action. Dans quel intérêt ? Reprenons un peu les essais que j’ai l’occasion de partager avec vous sur FullAttack. Vous l’aurez noté, ça fait plusieurs années désormais, que l’un de mes critères d’appréciation porte sur la capacité du vélo à avaler le terrain en liaison, lorsque l’on pédale sur un terrain cabossé. Pourquoi ? Pour s’assurer que l’on puisse rester assis, confortablement, plutôt que d’avoir à jouer du bassin, sans cesse, à la moindre aspérité. Ce caractère de tracteur, j’ai pris pour habitude de l’apprécier d’une certaine manière : ce que la selle transmet à mon bassin, ce que mes yeux voient du sol, et ce que j’observe du fonctionnement des suspensions. Eh bien c’est simple : dans sa course, là où le débattement et le plus développé, la nouvelle RockShox Reverb AXS change la donne ! Sur les petites aspérités – dont la hauteur se juge en centimètres tout au plus – cette nouvelle venue peut faire passer un vélo du statut de tape-cul à un résultat correct.
Vous me direz que c’est bien beau, mais qu’en VTT classique, pédaler sur une hauteur intermédiaire de tige de selle a moins de sens qu’en VTT à assistance électrique. Je rejoins totalement cette idée même si dernièrement, m’essayer à concurrencer les VTTAE dans l’exercice de la montée impossible du SUPERTROPHY m’a incité à m’en inspirer. Plus simplement, ces premiers essais m’ont également apporté une autre observation. Même tige de selle totalement déployée, et même à 600Psi – pression maximale recommandée – j’ai pu observer quelques millimètres – 5 à 6 en moyenne – de débattement à l’usage de la RockShox Reverb AXS. J’ai simplement noté qu’il faut des sollicitations plus importantes pour en provoquer l’usage. Sollicitations de l’ordre de ce que l’on rencontre en course à plein régime et/ou dans certaines situations scabreuses qu’on tente de passer en force. En liaison, au train, sous le seuil, c’est déjà largement moins le cas. Quoi qu’il en soit, ceci pour dire que si sur le papier ces quelques millimètres peuvent faire tiquer les plus rigoureux de la hauteur de selle au pédalage, dans les faits, je n’ai clairement pas noté de sensation de variation de hauteur de selle qui provoquerait une quelconque gêne. On n’est clairement pas sur le fauteuil d’un semi-remorque lancé à pleine vitesse non plus…

RockShox Reverb AXS, la suite ?
Après ces premiers tours de roue, la nouvelle RockShox Reverb AXS intrigue autant qu’elle convainc, sur certains aspects. Son passage au 100% pneumatique promet une simplification bienvenue et potentiellement plus de fiabilité sur le long terme, du moins pour éviter les fuites et problèmes d’huile. Mais j’attends forcément désormais la tenue en pression au tournant, pour voir ce qu’elle exige comme suivi et offre comme prestation. Son chariot de selle revu offre une compatibilité plus large, notamment avec les chariots Aenomaly que j’ai pu monter avec succès, tandis que son changement d’implantation de batterie la protège mieux des projections. On prend ! Mais tout n’est pas parfait pour autant : l’encombrement du collier peut imposer des compromis sur le réglage de la hauteur de selle dans certains cas. Prochaines étapes ? Tester cette tige sur plusieurs mois et dans différentes conditions, pour voir si l’absence totale d’huile tient ses promesses en termes de performance et d’entretien, dans le temps. Affaire à suivre, sur FullAttack !