Après le compte rendu de l’Andalucia Bike Race, retour sur un des événements majeurs du calendrier, l’incontournable Cape Epic 2025 en Afrique du Sud avec le binôme Pierre Billaud et Théo Dupras sur FullAttack !
Texte : Pierre Billaud
De retour en France après dix jours en Afrique du Sud
J’ai pris part à mon premier objectif de l’année, la Cape Epic. Cette course, c’est la course à étapes la plus dure du calendrier avec cette année, 576 km pour 13 500 m de dénivelé positif. C’est la compétition de VTT la plus relevée et la plus médiatisée au monde avec une ferveur qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Bref, c’est la course à ne pas manquer !
Et cette année, pour ma quatrième participation, c’est avec mon coéquipier du Team Hexatri, Théo Dupras, que je me suis engagé. Pour lui, ce sera sa toute première participation. Une course mythique donc, qui mérite une préparation particulière, notamment en raison de la chaleur que l’on va trouver sur place. L’Afrique du Sud se trouvant dans l’hémisphère sud du globe, nous arriverons là-bas en fin d’été. De plus, les conditions sanitaires vont nous obliger à prendre des précautions en ce qui concerne l’alimentation et l’eau, pour nous occidentaux, afin de ne pas tomber malade et d’éviter les désagréments qui vont avec.

L’effervescence monte petit à petit
Arrivés sur place jeudi 13 mars au matin dans la ville de Cape Town, nous sommes allés aussitôt poser une première fois nos crampons sur le prologue prévu le dimanche. Nous souhaitons commencer à prendre nos marques et surtout essayer de nous acclimater à cette chaleur écrasante. Mais la première nuit ne se passe pas de la meilleure des manières pour mon binôme qui a déjà des troubles digestifs. Pourtant, nous avions fait attention… Heureusement, plus de peur que de mal et il retrouve des couleurs dans la journée du vendredi.
Durant les deux jours qui précèdent le grand départ, nous nous occupons de la logistique, avec notamment, la réunion Team. On sent que la pression monte petit à petit dans le premier race village ou se dérouleront les trois premières étapes. D’ailleurs, la première se trouve être un prologue de 26 km pour 750 m de D+.

Le grand départ !
Dimanche 12h50, nous élançons et c’est parti pour huit jours de course sous une chaleur écrasante et sur un circuit très exposé. Nous prenons un départ canon avec une première bosse montée dans le temps des meilleurs. Le rythme est effréné roue dans la roue de mon coéquipier à vive allure sur des chemins, certes sans réelle difficulté, mais très poussiéreux. Il suffit d’un moment d’inattention pour partir à la faute, et malheureusement, c’est ce qui m’arrive. Tout à coup, je perds le contrôle et viens heurter le bas-côté en chutant violemment. Heureusement, cette cascade est sans conséquence majeure, mais ça a bien tapé et je n’arrive pas vraiment à me remettre dans le rythme derrière. Au final, nous franchissons pour la première fois la ligne d’arrivée en P24. Un résultat correct au vu de la péripétie. C’est le lancement, les écarts sont pour le moment minimes et il nous reste sept étapes.
Les choses sérieuses commencent !
Lundi, première vraie grosse étape avec un gros morceau de 92 km pour 2 750 m de D+. Le début d’étape est relativement plat, et malgré un rythme effréné, nous arrivons tout de même à bien nous placer en nous accrochant au groupe de tête pendant toute la première moitié de la course. Cependant, ça se complique pour moi par la suite. À un moment donné, je fais face à un problème mécanique qui va m’handicaper sur la fin de course et qui nous fera perdre pas mal de places et de temps durant la deuxième moitié d’étape. Nous gagnons trois places par rapport à la veille et terminons à la 21ème place.

Un contre-la-montre XXL
Le mardi, l’étape est un peu plus particulière, sans confrontation directe, mais elle s’annonce vraiment intense. Au programme donc, un gros contre-la-montre de 66 km avec seulement 950 m de D+. C’est une étape conçue pour les rouleurs. Et heureusement pour moi, je peux compter sur mon coéquipier, à l’aise sur ce genre d’exercice. Nous prenons un bon départ, avec de gros relais de mon coéquipier qui nous permet de revenir rapidement sur quelques équipes parties quelques minutes plus tôt. J’arrive à le relayer comme il faut, mais plus les kilomètres défilent, et plus Théo ne se sent pas bien. Nous sommes donc dans l’obligation de réduire la voilure en fin de course afin de gérer nos organismes pour ne pas trop payer notre effort le lendemain. Cependant, cela nous coûte quelques places sur cette fin d’étape et nous passons la ligne en P24.

Sous une chaleur de plomb !
Mercredi, encore un gros morceau à avaler avec à la base 78 km pour 2450 m de D+, une étape qui s’annonce encore compliquée avec un gros pic de chaleur prévue dès le début de matinée. Voilà pourquoi l’organisation a décidé d’avancer un peu le départ et de raccourcir l’étape d’une dizaine de kilomètres. En place dans la grille de départ, le coup de sifflet retentit et nous réalisons une bonne entame de course en étant bien placés dans la première bosse. Mais à mi-course, je subis clairement la chaleur et je dois baisser le rythme. L’orga a vraiment bien fait de prendre des dispositions pour minimiser notre exposition à cette chaleur infernale… Autant dire qu’il ne faut pas louper les bidons qu’on nous tend sur les zones de ravitaillement. Nous sommes obligés de ménager nos organismes, tout particulièrement de mon côté, et cela nous coûte quelques places sur la fin de course, pour finir P18 à l’arrivée. Premier Top 20 de la semaine.

On commence à être dans le match !
Jeudi, étape de transition. Nous avons 80 km pour 1 950 m de D+ avec 40 premiers kilomètres relativement plats. À la suite de cette première moitié d’effort, nous parvenons à intégrer le groupe de tête malgré un rythme plus que soutenu. Mais tout le monde est à bloc et le moindre mètre concédé est impossible à rattraper tout seul. Soudain, le pilote devant moi chute alors que je suis en queue de peloton. Cela suffit pour me décrocher du groupe, et je n’arrive pas à rentrer de nouveau derrière. Théo est donc obligé de décrocher pour me rejoindre. Par la suite, nous nous faisons reprendre par quelques équipes (Bidon Récup, Buff et BH), ce qui nous permet de nous entraider pour les parties roulantes en prenant des relais. Stratégiquement, nous réussissons à la jouer intelligemment sur cette fin de course et suivons les bons coups pour terminer à une belle 14ème place.


Une Queen qui tiendra toutes ses promesses !
Vendredi, c’est la Queen Stage et nous savons d’avance qu’elle tiendra toutes ses promesses avec ses 98 km pour 2850 m de D+ ! Nous prenons un bon départ et parvenons à bien nous placer en intégrant le groupe de contre. Une équipe d’Afrique du Sud (Insect Science) prend les commandes et impose un rythme effréné, ce qui fait exploser notre groupe. Nous nous retrouvons alors seuls dans leurs roues. Seulement, Théo subit un pépin mécanique avec une branche qui vient remonter dans son dérailleur et endommage sa chape. Après un petit atelier mécanique et quelques minutes de concédées, nous arrivons à repartir. Mais Théo n’arrive pas vraiment à se remettre dans sa course et subit un petit passage à vide. Il arrive tout de même à se remobiliser pour la grosse dernière difficulté du jour, ce qui nous permet de basculer dans la vallée de Meerendal, dernier lieu de course. Prudemment, nous effectuons la longue dernière descente qui nous emmène jusqu’à la ligne d’arrivée que nous franchissons en P19.

Si proche d’aller chercher un gros résultat !
Le samedi, c’est une grosse étape qui nous attend avec 87 km pour 2 550 m de D+. Le peloton est lancé et nous nous plaçons dans le groupe de contre, accompagné des teams Toyota Specialized, Klimatiza Orbea et Buff Megamo. Le rythme est soutenu mais tenable. Au premier ravitaillement, nous arrivons d’ailleurs à nous échapper avec les Toyota qui décident d’accélérer pour tenter de revenir sur le groupe de tête. L’écart se réduit peu à peu, et alors que nous étions quasiment rentrés, je coince et n’arrivons pas à faire la jonction. Nous sommes obligés de baisser l’allure et de gérer au mieux cette baisse de forme pour ma part. Nous nous faisons évidemment reprendre par les Klimatiza, mais parvenons à garder un assez bon rythme pour finir tout près du Top 10, en P13.

Une petite dernière un peu remaniée
Le dimanche, c’est le grand final ! Arrivé sur site une heure avant comme tous les jours, on nous annonce que le départ est décalé de deux heures et que l’étape est raccourcie de 20 km, passant de 60 à 40 km pour 1050 m de D+. L’appartement dans lequel nous logions étant déjà rendu, nous sommes obligés d’attendre gentiment 10 h 30 pour nous élancer une dernière fois et boucler ces huit jours de course. Durant notre effort, nous nous rendons compte que le parcours a été complètement remanié et se compose uniquement de larges chemins. C’est une véritable autoroute ! Il ne fallait donc pas louper le bon wagon. Malheureusement, ça casse dès le départ juste devant nous et nous ne pouvons pas nous raccrocher au groupe de tête. De plus, physiquement, je ne suis pas à la fête. Heureusement je peux compter sur mon coéquipier pour m’abriter au maximum et nous permettre de grappiller tout ce que nous pouvons alors que le classement général est encore indécis. Nous avons encore la possibilité de gagner une ou deux places… Au final, nous arrivons à sauver les meubles et franchissons une ultime fois la ligne d’arrivée en 16ème position pour prendre la 17ème place au général.

La Cape Epic est terminée, et je tire un bilan plus que positif. Mon binôme Théo, a répondu plus que présent alors que c’était la première fois pour lui qu’il participait à une course d’une telle difficulté. L’association a parfaitement fonctionné, avec une très bonne entente, que ce soit en course ou en dehors, et c’est ô combien important pour ce genre de compétition. Nous avons donc hâte de remettre ça dans moins d’un mois, sur une autre course à étapes en binôme, cette fois-ci en Croatie, sur la 4Islands.
Mention spéciale à notre couteau suisse Sud-Africain James Allan, qui nous a assistés tout au long de notre périple et a été d’une aide si précieuse. Merci également à notre community manager, Marie Grenouillet, qui était derrière l’objectif pour vous relater toute notre aventure au jour le jour.
Je remercie aussi tous nos partenaires de nous permettre de rendre tout ça possible. Place maintenant à un peu de repos avant de se préparer pour la prochaine !

