USA : Bell Super Enduro 2012 – Le compte-rendu de Mary Moncorgé

Mary Moncorgé, rideuse française expatriée aux US depuis quelques années et compétitrice assidue des épreuves SuperD/DH américaines, nous raconte ses aventures lors de la 1ère édition du Bell Super Enduro

Texte : Mary Moncorgé # Photos : DR/Sean McSorley

Une grande première

Le week-end dernier se déroulait le 3ème Fox/Santa Cruz Mountain Bike Festival (SCMBF pour les intimes) du côté d’Aptos (Californie) à 10 minutes au sud de Santa Cruz. Lieu mythique du VTT aux USA, beaucoup de sociétés du vélo ont été fondées içi et sont toujours dans la région, les montagnes avoisinantes offrant un terrain de jeu parfait pour la création et le test de nouveaux produits. Le SCMBF est organisé par l’association MBOSC (Mountain Biker Of Santa Cruz) qui proposait pour la première fois cette année une épreuve d’Enduro VTT : le Bell Super Enduro (parrainée par les casques Bell), première course autorisée dans la forêt de Soquel avec au menu 3 descentes chronométrées avec 3 liaisons à effectuer dans un temps imparti.

Seulement 50 coureurs ont eu la chance de participer à cette course car l’administration forestière souhaitait limiter l’impact sur le terrain. Les 50 pilotes choisis n’étaient pas des moindres : plusieurs pilotes habitués des Coupes du Monde de Descente (Curtis Keene, Duncan Riffle…), des spécialistes internationaux d’Enduro (Mark Weir, Ross Schnell, René Wildhaber…) ainsi que des pilotes locaux qui envoient. Voici comment l’Organisation SCMBF présente l’événement : « Le Bell Super Enduro est composé de 50 talentueux coureurs, sélectionnés parmi 177 candidats. Les pilotes sont âgés de 18 à 57 ans, il y a 8 femmes et 19 coureurs locaux. On trouve autant de pilote âgé de plus et de moins de 30 ans. Les participants ont été sélectionnés sur leur capacité à terminer cette course intense et rigoureuse dans le délai imparti. »

Nous avons démarré par groupe de 5, toutes les 5 minutes et avions 2 heures pour faire les 20 km d’ascension de la célèbre Pumptrack d’Aptos, via la forêt de Nisene Marks, jusqu’à Santa Rosalita. Habituellement 2 heures c’est plus que suffisant, mais pas si simple avec la pluie de fou que nous avons eu la semaine dernière (20 centimètres les 3 jours précédents la course). La piste a bien drainé grâce au vent de la veille, ce qui nous a permis de pédaler tranquillement et de discuter tout le long. C’était mon premier Enduro – je fais de la Descente et des Super-D d’habitude – et ne pas avoir à pousser trop fort lors de la montée, ça fait du bien et offre une atmosphère détendue à la course. Nous nous sommes tous regroupés au belvédère de Santa Rosalita – vue magnifique sur la baie de Santa Cruz/Monterey et nous nous sommes alignés comme nous voulions pour le départ, après nous être ravitaillés et avoir ôté quelques couches (j’avais décidé de courir en lycra au lieu de mes baggies habituels).

La première spéciale chronométrée nous emmenait de Ridge Trail à Braille. C’était la plus physique de l’épreuve, avec deux montée raide de 20 secondes qui coupe votre élan. N’oublions pas les conditions super boueuses qui ont totalement changé notre perception et style de ride sur les sentiers. Je n’étais pas vraiment contente à la fin de la première étape car j’ai glissé dans un virage, en plus d’avoir dû faire deux descentes du vélo façon Cyclocross et de courir avec mon vélo. Les seuls bons côtés de ce premier run étaient d’avoir rattrapé Kathy Pruitt, ce qui a motivé à pédaler plus fort, et de retrouver un bon pote en bordure de sentier pour m’encourager alors que je courais en haut d’une côte avec mon vélo.

Apparemment, cette session n’était pas aussi mauvaise que je pensais car je la remporte ; Joanna Petterson (Specialized) est deuxième et Abigail Hippely (Santa Cruz) et Ann Fitzsimmons (Fox) ont eu le même temps pour la 3ème place. Du côté des hommes, Ryan Condrashoff était le seul à passer sous la barre des 7 minutes avec un impressionnant 06 minutes 47s, soit tout de même 24 secondes d’avance sur le deuxième pilote, Aaron Bradford, et Barry Wicks était troisième.

Pour la deuxième spéciale, nous nous placions à nouveau comme nous le souhaitions, tout en parlant avec les bénévoles et pompiers de CalFire super sympa. On avait le temps de grignoter un peu afin de se tenir chaud.

Cette deuxième étape débutait avec la partie inférieure de Ridge Trail et ce jusqu’à la fin de Sawpit, c’était la plus longue des 3 spéciales, avec une longue côte au milieu et une piste vraiment grasse. Encore une fois, je n’étais pas contente de mon chrono car j’ai glissé dans un virage, j’ai rattrapé de peu quelques vautres potentielles, mais le plus ennuyeux était mon GPS qui, desserré, tapait sur mon cintre. J’ai pu l’attraper avant qu’il ne tombe, mais dû rouler avec dans la main durant un bon tiers de l’étape, jusqu’à ce que je puisse le mettre dans mon short. Abigail a remporté cette 2ème manche d’une seconde sur moi et Ann Fitzsimmons était troisième. Du côté des hommes, Aaron Bradford (Santa Cruz) termina en tête avec 25 secondes d’avance, Duncan Riffle (Dirt Norco) était deuxième tandis que Mark Weir et Ben Cruz (WTB Cannondale) étaient à égalité pour la troisième place, ces quatre pilotes étaient les seuls sous la barre des 10 minutes.

De là, nous avons enchainé vers la deuxième liaison : Hinn’s Mill et Sulphur Springs (ou comme j’aime l’appeler Souffert Springs). Cette montée est généralement difficile dans un bon jour, mais avec la boue les chemins étaient bien collants. Les cuisses ont chauffé. Je n’avais pas apporté suffisamment d’eau mais heureusement CalFire nous en a distribué lors de l’ascension.

La troisième et dernière spéciale chronométrée était sur le Braille. A ce stade de la course je n’étais plus du tout stressée. Comme il n’y avait quasiment personne au départ de cette étape, j’ai décidé de partir tout de suite afin de capitaliser sur mes muscles chauds. Braille est un sentier très sympa : imaginez que vous êtes Luke Skywalker sur un Speeder Bike dans l’épisode avec les Ewoks. Comme j’étais plus détendue j’ai pris quelques features, qui m’ont peut-être coûté un peu de temps, je me suis bien amusée. J’ai gagné cette étape, Joanna deuxième et Kathy Pruitt troisième. Du côté des hommes, John Hauer a remporte l’étape avec plus de vingt secondes d’avance sur Ben Cruz deuxième et Mark Weir troisième.

Avec deux victoires d’étapes et une deuxième place sur la deuxième étape, j’ai remporté l’Enduro chez les femmes, Joanna Petterson et Abby Hippely complètent le podium. Pour les hommes, Aaron Bradford gagne, Ryan Condrashoff est deuxième. Ben Cruz et Duncan Riffle se partagent la troisième place.

Je tiens à souligner que le Santa Cruz Blur TRc a été sans aucun doute l’arme de choix pour cet Enduro (j’en ai compté plus de 10 au départ) avec au total 4 podiums : Aaron Bradford 1er, Ryan Condrashoff 2ème, 3ème Abby Hippely chez les femmes et moi-même 1ère.

Le classement complet

Pour en savoir plus :

[button color= »light » link= »http://www.santacruzmountainbikefestival.com/events/bellsuperenduro/ »]Bell Super Enduro[/button]

  1. C’est cool que les ricains se mettent à notre format de course….pour une fois qu’on les inspire !!!
    Je déplore juste leur manque d’inspiration au niveau des protections et de l’exemple à donner…..la moitié n’a ni genouillère ….ni intégrale….

    Quand à la limitation à 50 partants pour cause d’impact environnementale…..ridicule !!!! Une limitation est tjs bienvenu …mais en VTT ….50 ou 250 auront le même impact sur le terrain…

  2. En vertu de quel exemple devraient-ils s’équiper de la sorte ? As-tu songé à la possibilité que leur perception de l’enduro comprend un peu plus de montée que la version franchouillarde ? A partir de quel niveau (cumul de D-, degré de pente max., nombre de chutes dans le passé, autre ?) Doit-on porter des protections spécifiques ? Que penser de l’all-mountain qui traditionnellement en porte moins ou pas ? 250, c’est 5 fois plus, j’suis trop fort en maths… mais ils ont peut-être leurs raisons…

  3. @bigmanuel: Le port de protections, a part le casque, n’etait pas obligatoire. Avec le cout des traitement medicaux aux US, ne pas utiliser de protections est quelque choses que l’on ne prend pas a la legere. Mais si ne pas les utiliser te fais gagner quelques secondes, c’etait donc un risque calcule.
    L’admimistration forestiere ne souhaitait, dans un premier lieu, n’autoriser que 30 participants. Avec le succes de cette premiere epreuve, je pense qu’ils vont autoriser plus de participants l’anne prochine.

  4. A partir du moment ou l’orga n’impose rien en particulier….je n’ai rien à dire sur le manque de protec…..mais c justement l’absence d’obligation de protec de la part des orga qui me déplaît…..nous on l’oblige ….on contrôle et on empêche le départ d’un rider qui n’aurait même pas ses gants…. et c’est de l’enduro sans remontée mécaniques…..il est fortement dommageable de penser que parce qu’on fait du all mountain ….on est moins exposé….plus de D+ = + de fatigue = – de lucidité de le D- = autant de risque que de l’enduro pure….mais on est libre de ses choix tant qu’on ne vous impose rien , je vous l’accorde 😉

  5. Entièrement d’accord avec BigManu ! 🙂 alors là j’ai bien rit avec leur « impact environnementale », limité à 50 participants et après la course, tout le monde range ses petites affaires dans son gros pickup 4*4 qui fait 15l au 100, ça me fait doucement rigoler, surtout venant des américains ! En ce qui concerne les protections, c’est juste une question de bon sens, mais bon apparemment quelques secondes sont plus importantes qu’un genoux ou un coude !

  6. L’important c’est de ne pas tomber 😉

    Je suis assez partisan des protections mais bon sans déconner faut un peu arrêter d’être extrémiste.

    Quand on voit les pilotes en XC qui roulent comme des avions sur des parcours engagés comme à la WC de Champéry, ça ne pose de pb à personne…

  7. Ben moi je trouve que ça c’est du vrai enduro !!! 40 miles en tout, soit un peu plus de 65km… Et que du bike, pas de remontées mécaniques! Et la longueur des spéciales, grâce à quelques montées qui ne font pas peur à de vrais sportifs, qui savent /veulent pédaler !! Et connaissant bien le terrain pour y avoir vécu quelques temps, je peux vous dire que les liaisons étaient balaises. Vive l’enduro des ricains !!!

  8. Extrémiste, le mot est un peu fort, une paire de genouillère me parait être un minimum sur ce genre de compétitions, ça peut éviter de gros désagréments. après, ils se démerdent, c’est leur problème, nous on dit ça c’est pour leur bien 🙂 mais comme c’est des grands pilotes qui envoient du lourd et qui maitrise leur sujet, soyons fou, je vois même pas pourquoi ils mettent un casque ! 🙂

  9. Je trouve pas que les genouillère souples soient gênantes au pédalage, on si fait facilement et maintenant je me sens à poil quand je roule sans. Pour la dorsale c’est vrai que c’est un peu plus gênant et que ça tient bien chaud, mais bon avec un camel ça peut faire office de. De la part de sportif professionnels c’est quand meme le comble de risquer de sacrifier sa saison pour soit disant gagner d’hypothétiques secondes.

  10. Comme le dit Lionel, j’aime bien cette vision de l’Enduro.

    Un casque XC, une paire de genouillères, un camel et vogue la galère… sans risquer sa vie tous les 100 m

    C’est probablement ce format là qui popularisera la discipline auprès du grand public.

    Après il en faut pour tous les goûts et chacun est responsable de sa santé

  11. Entièrement d’accord sur le fait qu’il en faut pour tous les goûts et que ce format de compétition enduro a effectivement de beaux jours devant lui car pas besoin d’être à la montagne pour le mettre en place …et ça c’est déjà bien cool en soit …..la France est un beau pays qui regorge de coin à enduro sans remontée.
    Sinon je rejoins Erwan….sans genouillère je n’arrive plus a me lâcher ….A mes débuts, j’étais partisan des protecs minimalistes, et à force de hausser le niveau de pratique et d’engagements technique couplé aux chutes douloureuses…..je tanne tous les potes du clubs pour porter intégrale et genouillère à chaque sortie….et je ne suis pas un extra terrestre car ils y viennent tous doucement 😉

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