Comme à l’accoutumée en cette période de l’année, les pentes de Finale Ligure accueillent le gratin mondial pour un dernier baroud d’honneur… Mais cette année, le championnat Enduro World Series s’est conclu la semaine passée : place donc au Trophée des Nations !
On l’a vu en présentant le week-end, à ce petit jeu la France fait figure de favorite dans bien des catégories, si ce n’est même de nation à battre ! Reste qu’un tel statut ne suffit pas pour l’emporter. C’est ce que l’on va voir tout de suite…
Temps de lecture estimé : 7 minutes – Photos : Enduro World Series
Tout avait pourtant si bien commencé…
Sur le papier, la France était la nation la plus forte, du moins aux forces les plus abondantes, à l’abord de ce Trophée des Nations. Et d’une certaine manière, les Frenchies présents sur la côte ligure ne manquaient pas de faire honneur à leur rang en ce début de week-end.
Tout d’abord lors de la parade de vendredi soir, dans les rues de Finale. Dans un style non sans rappeler le défilé d’ouverture des Jeux Olympiques, les nations défilaient derrière leur étendards, avant de signer la photo de famille sur le podium. Kevin Miquel en bon Français, Dimitri Tordo en supporter, Isabeau Courdurier rayonnante… Les baguettes étaient de sortie !
Le lendemain, le drapeau tricolore était à nouveau hissé haut et fort sur le podium, à l’issue de la course des amateurs, remportée par Les petits poulets Clément Charles, Ambroise Herbert et Quentin Arnaud devant l’équipe Ecureuil – German, Massot & Garanger.
La tuile…
Oui mais voilà, il y a des week-ends comme ça, où tout dérape… Non, on ne parle pas de la soirée de samedi soir bien arrosée pas nos Frenchies Champions du monde amateurs… Quoi que ?! Mais plutôt de ce qui se tramait du coté des élites.
De sortie une dernière fois pour régler les derniers détails, Kevin Miquel est d’abord victime d’un OTB rédhibitoire pour la suite de son week-end : fracture du 5e métacarpe de la main droite. Game over. Soldat Miquel sur le carreau, soldat Dailly à la rescousse.
« Une stratégie bien huilée dès vendredi… »
La France aurait alors pu se rassurer en se disant qu’avec un tel suppléant, les dès n’étaient pas encore jetés… C’est d’ailleurs l’espoir sur lequel tout le monde s’est rabattu samedi après-midi, les troupes révisant la stratégie établie pour l’emporter.
Effectivement, depuis vendredi soir, il était convenu que Kevin Miquel ouvrirait le bal de la SP1 toute en puissance et relance, que Dimitri Tordo se jetterait dans la pente de la SP2, que Florian Nicolaï jouerait de sa finesse dans la SP3 et que le trio se laisserait de l’espace pour ne pas souffrir de la poussière des derniers runs… Une machine trop bien huilée ?!
… Et l’hécatombe !
Oui mais voilà, même remaniée, la stratégie n’aura pas tenu longtemps. À en croire les feuilles de temps, la SP1 a le chic d’écrémer la course d’entrée de jeu. Pour l’anecdote, Nicolas Vouilloz, remplaçant d’Adrien Dailly dans le Team Lapierre, y crève de bon matin…
Avant que ce soit Florian Nicolaï lui-même, qui lâche près de 4 minutes sur la gagne, d’entrée de jeu. La France reléguée à l’avant dernière place du classement dès le premier chrono ?! Du jamais vu ! D’autant que dans le même temps, les Espoirs filles et garçons tricolores étaient aussi sur la touche sur chute, blessure et autres avaries. Outch ! Gros jour sans !
Le Crunch pour sauver l’honneur ?!
Heureusement, chez les dames, la compétition particulièrement serrée avec la Grande-Bretagne n’a pas manqué d’avoir lieu ! Et pour preuve, les Britanniques ont même mené la course lors des trois premiers chronos du jour. Au point de faire flancher pour de bon toute une nation ?!
Heureusement non : après un début prudent, Isabeau Courdurier, Morgane Charre et Mélanie Pugin profitent finalement des spéciales 3 et 4 pour refaire leur retard, et prendre l’avantage : +16s, +6s, et finalement -5,8s au départ du dernier run. Compétition serrée et haletante avant que le chrono livre son verdict au pied de DH Men…
À rebaptiser DH (Wo)men ce dimanche : pour 8s, les Françaises sauvent l’honneur de toute une nation. Voilà Isabeau Courdurier – définitivement miss 100% cette saison – Morgane Charre et Mélanie Pugin Championnes du monde d’Enduro par équipe, premier titre de l’ère moderne sous l’égide de l’UCI.
Et donc ?!
Voilà pour la gloire côté tricolore, car pour le reste, d’autres nations ont profité de l’opportunité, et pas à moitié. Chez les hommes, les chronos livrent une certaine logique : de spéciale en spéciale, Martin Maes, Richie Rude et Sam Hill ont tour à tour porté leurs équipes, signalant par leurs temps scratchs que la compétition avait toute leur attention, même en cette fin de saison.
Les tauliers sont de sortie et avec une telle débauche de talent, on pourrait craindre que la compétition par équipe tourne à une seule et même logique dans chaque équipe, à savoir : qui serait capable de tenir la roue de son leader le plus longtemps possible ?! Sauf que d’une certaine manière, le podium final démontre qu’il y a aussi une cohésion d’équipe à avoir… En tête de bout en bout, Richie Rude, Shawn Neer et Kody Kelley confirment que savoir rouler ensemble compte pour le Trophée des Nations… Les (ex)teammates, réunis sous la bannière étoilée, ne laissent à personne d’autre le soin de mener la course et empoche le Trophée des Nations 2019 !
Et derrière eux, deux autres équipes dont la cohésion doit marquer les esprits : les Suédois, surprenants deuxième de la course, qui coiffent au poteau les Canadiens – troisièmes. Aux chronos cumulés, les écarts sont impressionnants : les Américains survolent d’une grosse minute, alors que la deuxième à la sixième place se tiennent en 40s – l’équivalent de 12s sur une course individuelle de 20min… Dans ce mouchoir, la Nouvelle-Zélande échoue au pied du podium pour 7s, et la Belgique portée par Martin Maes sort l’Australie du top 5 !
Pèle-Mêle…
Voilà pour les principaux résultats de ce premier Trophée des Nations de l’ère moderne. La suite des feuilles de classement laissent transparaître d’autres résultats bons à noter pour la postérité. La victoire néozélandaise chez les Espoirs garçons, la britannique chez les Espoirs filles…
Et un coup d’oeil au classement du Trophée de l’Industrie pour retrouver une note de bleu, blanc, rouge… Une sacrée note même : les vieux briscards du Team Julbo – Barel, Clementz et bailly-Maitre – qui s’imposent de deux minutes devant les pilotes du Team Ibis, et les frenchies du Team E-Thirteen… Le Team Tribe Rocky Mountain Urge qui s’impose chez les équipes mixtes, et les Trois Baguettes – Julie Duvert, Morgane Jonnier et Estelle Charles – seules au monde chez les dames, complètent le tableau.
Côté presse spécialisée, on va attendre qu’ils rentrent pour leur tirer les vers du nez… Mais il est déjà bon de noter que le Rallon Endurotribe et Tom Garcia aient fini sans encombre cette édition du Trophée des Nations au sein du Bluegrass Factory Racing. Ce sera en tout cas bientôt l’occasion d’un récit vu de l’intérieur, mêlant expérience, analyse, ambiance et bons moments de cette fin de saison… À très vite !