Ambassadrice Specialized et multiple Championne de Belgique d’Enduro, Alexandra Marchal s’attaquait pour la toute première fois cette année au mythique raid Transvésubienne. Inscrite en duo avec Greg Noce, elle nous raconte son aventure « victorieuse » pour Endurotribe…
Temps de lecture estimé : 8 minutes – Récit : Alexandra Marchal – Photos : InovPhoto/Alex Marchal
La Transvésubienne, un nom qui parle aux passionnés de vélo de montagne… Un nom qui fait rêver… Mais qui fait peur aussi ! Les chiffres… À vrai dire je ne les connaissais même pas, je savais juste que j’allais en chier et qu’il ne faudrait pas s’énerver pour tenter d’arriver au bout ! Une course dont j’entends parler depuis mes débuts mais qui n’a jamais vraiment figuré dans mon programme, excepté en 2015, où j’avais finalement fait la Trans50 (petite joueuse !). Ça avait donné le ton : des portages/poussages, des montées interminables, des crampes, mais aussi de looongues descentes qui m’avaient permis de rattraper pas mal de monde avec mon vélo d’Enduro.
On décide cette année de la faire en duo avec Greg. On cherchait à partager un événement ensemble et c’est sur la TransV que notre choix s’est porté. C’est une course qui lui tient à cœur comme c’est la région dans laquelle il a grandi et donc les chemins sur lesquels il a commencé le vélo.
Le rendez-vous est pris. Pas de grosse préparation suite à nos emplois du temps respectifs, mais on y pensait régulièrement et on a essayé de placer quelques portages lors de nos sorties et de les rallonger petit à petit. Début mai, il était temps !
Arrivés sur place le jeudi soir, direction Utelle. On avait décidé de prendre nos Levo pour faciliter les recos, donc hop, en selle pour la descente vers le Pont de Cros. Mince, ça ne fait pas que descendre en fait ! En électrique ça passe tranquille, mais dimanche ce ne sera pas la même ! On enchaîne calmement et bam, crevaison pour moi, alors que l’on roulait souple. Ça me met un petit coup de stress pour la course, il faudra rester prudent !
Vendredi, pluie annoncée (jusqu’au lundi non-stop, super !). On décide donc de ne pas traîner pour aller repérer la nouvelle partie entre Levens et Saint-Blaise. On enchaînera par la remontée vers Aspremont puis le Mont Chauve. Même en VTTAE les montées sont hard (surtout quand c’est la 2ème fois que l’on pose ses fesses dessus !). Ça promet ! La descente du Mont Chauve est toujours aussi physique et les pierres saillantes ne nous épargneront pas, il faudra rester souple ! Finalement pas de pluie, on rentre au sec.
Le prologue
Samedi, prologue au programme ! On scrute toutes les prévisions météo, le déluge est annoncé, mais en réalité, toujours pas de pluie, ouf… En route pour la Colmiane, on file faire un mini tour de reco. La montée est juste horrible, et c’est par ça que l’on commencera dimanche, l’enfer… Notre départ est à 15h30, dans les dernières vagues, ça laisse le temps à la pluie d’arriver… Toujours pas ! Le départ est lancé, la côte est toujours aussi abominable, il n’y a que deux mecs derrière nous (au top, je suis collée complet !), heureusement on rebascule assez rapidement et on remonte un peu de monde. Greg ouvre et prévient que l’on est deux donc ça facilite un peu les dépassements. Malheureusement il crève de l’avant et me dit de continuer. Au final, malgré les sensations, le prologue s’est plutôt bien passé en voyant les résultats (60ème Scratch). On ne traîne pas et on rentre… Il y a pas mal de choses à préparer pour le lendemain !
La Transvésubienne
Comme prévu depuis 3 jours, la pluie fait son apparition… Et ça tombe !!! Le mince espoir qu’il restait s’anéantit… Mais on s’y attendait, puis on ne va pas se laisser impressionner par cette météo à la belge ! On connaît !
Dimanche réveil à 4h15, petit déj au gâteau de riz préparé par Eliane, la maman de Greg. Trop bon ! On range les dernières affaires et on se prépare, on n’oublie pas le ravito, des bidons à foison, des barres, gels et autres anti-crampes… Direction la Colmiane pour un départ à 7h. Il a plu toute la nuit et ça continue, histoire de compliquer un peu les choses sinon ce n’est pas marrant…
Mise en grille, j’ai une bonne place grâce au prologue, mais bon, on a dit qu’on n’allait pas s’exciter donc pas question de s’emballer.
7h pétante, feuuuuu ! Je prends un petit rythme dans la première atroce bosse de départ, je ne connais pas la suite donc j’y vais tranquille et j’espère que Greg va vite me retrouver. Mon dieu que cette montée est horrible ! Ça me semble interminable, j’ai déjà mal au dos, les jambes dures… La journée va être excessivement longue… On arrive enfin sur du single, et ça me soulage, c’est ça que j’aime ! Même si c’est dur, ça me semble moins pénible… Avec la boue, peu de portions passeront en vélo, il faut souvent pousser, mais les quelques parties roulables restent agréables, on attaque enfin le vif du sujet. La vue doit être superbe, enfin, il faut imaginer car avec ce brouillard, on n’y voit pas à 5 mètres !
Ça commence enfin à descendre et les sensations sont meilleures. Le plaisir est là. Passage express au ravito et magnifique descente qui suit ! On assure, on reprend plein de gens donc ça fait du bien au moral.
Toute cette première partie est magnifique, je découvre le parcours et c’est ce que je préfère. Passage au fameux Brec d’Utelle après un portage que je pensais beaucoup plus long, c’est dommage qu’on ne puisse pas profiter du paysage… Je reste dans la roue de Greg pour la descente que j’appréhende un peu, mais finalement tout passe très bien, et pas de soucis technique.
On arrive à Utelle, bonne pause pour refaire le plein puis on attaque une partie connue. Sous la pluie, ce n’est pas si simple, les dalles sont glissantes et on se fait tous les deux surprendre… Mes deux roues partent d’un coup et je me retrouve contre la paroi rocheuse à droite… Heureusement plus de peur que de mal, j’ai bien tapé et la respiration presque coupée mais je ne veux pas m’arrêter. Les minutes qui suivent sont un peu dures… On reprend finalement notre petit rythme et on attaque la montée sur Levens. Le poussage est assez long mais ça permet de discuter et de récupérer un peu. De gros morceaux nous attendent encore… La remontée après Saint-Blaise est vraiment compliquée, c’est raide, plein de boue, on perd un temps dingue et on s’épuise… Je commence à accuser le coup… On décide donc de faire une bonne pause pour se ravitailler, se changer et nettoyer un peu les vélos… On se rend alors compte que j’ai tordu un maillon de la chaîne et on prend le temps d’arranger ça… Heureusement !
Je repars un rien reposée mais le sourire n’est plus tellement présent… Ça commence vraiment à être dur ! J’ai hâte que ça se termine… On m’annonce que j’ai pas mal d’avance sur la 2ème fille, on décide donc de gérer à fond jusqu’à la fin, tant au niveau physique que matériel. L’objectif est de terminer et on ne veut pas s’embêter avec des soucis mécaniques. Après une seconde partie de portage dans la boue bien usante, on se retrouve sur une piste… Et ça fait du bien ! Les jambes tournent enfin, on a l’impression d’avancer un peu ! Il reste encore un bon portage après Aspremont, je le redoute un peu…
Ça passe finalement plutôt bien mais je suis épuisée et je ne dis plus un mot, Greg m’encourage mais je ne veux rien entendre, j’ai juste envie de terminer ! La descente du Mont Chauve est difficile, l’impression de ne jamais avoir le bon rapport, la bonne hauteur de selle… On est censé voir la mer mais ce n’est toujours pas dégagé, donc assez peu de plaisir… La dernière partie dans la jungle est bien défoncée par les passages… On joue donc la sécurité et on descend du vélo sur certaines sections… J’ai les bras en compote, je me sens vide…
Mais la fin approche ! Et alléluia, on y est !!!! Je suis tellement fatiguée que je ne réalise pas vraiment… On prend la peine d’enfiler une petite veste avant de rejoindre la plage. Suite aux conditions météo, le parcours a été raccourci et le retour sur la Promenade des Anglais se fait en liaison par la route. Il me faudra un bon moment avant de prendre conscience qu’on l’a fait… Enfin arrivés sur la plage, c’est le moment de se relâcher…
À chaud, je trouve que le rapport difficulté/plaisir est limite… La météo a sûrement joué un rôle… La préparation n’était pas optimale non plus… Cela m’inspire donc encore plus de respect pour tous les finishers, et notamment les multiples vainqueurs de cette monstrueuse épreuve !
Avec un peu de recul, ce fût quand même une incroyable expérience, surtout partagée de cette manière ! Les chemins sont exceptionnels et cela reflète vraiment le VTT à l’état pur, qui nécessite une sacrée dose de dépassement de soi et un bagage technique conséquent !
Je tiens encore à remercier Greg de m’avoir motivée et surtout soutenue dans cette épreuve, ses parents qui nous ont accompagné et ont assuré les ravitos, mais aussi nos partenaires qui nous permettent de rouler dans les meilleures conditions : Specialized France et en particulier le shop Evobikes pour le Stumpjumper FSR Expert (qui reste à mon sens l’arme optimale sur ce type d’épreuve), Racer Gloves pour les gants et protections, et High5 France pour la nutrition sans faille (même pas une crampe !). Comme il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, on se donne rendez-vous l’année prochaine (ou dans 2 ans) avec cette fois, un peu de soleil afin de pouvoir profiter des points de vue ! 😉
Alex
Le film 2019 > https://fullattack.cc/2019/05/video-transvesubienne-2019-le-film-officiel/
Les résultats complets > https://fullattack.cc/2019/05/transvesubienne-2019-emeric-turcat-brave-les-elements/