Après l’arrivée du Assegai, Maxxis continue d’étoffer sa gamme avec le dernier Dissector. En quoi peut-il être utile à la gamme Maxxis ? Quand est-il intéressant de l’avoir ? C’est ce qu’on découvre tout de suite…
69,99 € en Exo et 74,99 € en DH Casing
845 g en Exo et 1200 g en DH Casing
Modèle à l’essai : 29×2.4WT en DH Casing 3C Maxx Grip et Exo 3X Maxx Terra
30h, 300km, terrain terre + rocaille, par temps sec et humide
Est-ce pertinent ?
Né aux mains des descendeurs pour les terrains roulants, secs et compacts, on pourrait penser que le Maxxis Dissector vient enrichir la gamme Maxxis, là où elle pouvait pêcher. La marque le présente elle-même comme le modèle signature de l’Australien Troy Brosnan. Tout comme l’Assegai, le Dissector est donc là pour sortir du sacro-saint trio Minion/High Roller/Shorty.
On pense notamment à l’idée d’ajuster et affiner le tir face à une concurrence souvent plus polyvalente. Et oui, polyvalence vs spécialisation, c’est un peu ce qui peut résumer le match Maxxis vs le reste du monde. D’autant que le Maxxis Dissector est disponible dans toutes les carcasses de la marque : Exo, Exo+, Double Down et DH.
Il faut donc bien cerner ce à quoi se destine le Maxxis Dissector. Petite inspection des crampons, pour commencer…
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Sur le papier, l’offre a son charme et sa complexité à la fois. Que donne ce pneu à l’usage ? Quand et comment s’en servir ? Doit-on s’en tenir au positionnement marketing de la marque ? La réponse apportée par cet essai est, comme le Maxxis Dissector, fine et toute en nuance…
Est-ce pratique ?!
Au montage, le Maxxis Dissector ne renie pas ses origines. Essayé en carcasses DH et Exo, sur différentes paires de roues, et jusqu’à une usure importante pour en cerner tous les aspects, on retrouve tout ce qui fait que les Maxxis sont appréciables et appréciés. Facilité de montage comme de gonflage, tenue en pression, carcasses et gommes fidèles à ce que l’on en sait pour chacune.
Aucune surprise à l’usage du Maxxis Dissector. Il ne demande pas de précaution particulière ou différente des autres modèles de la gamme. On sent que le process de production est rôdé, et que le dernier né n’y fait pas exception. C’est bien par son profil, et l’usage à en tirer, qu’il doit se démarquer pour faire sa place. Notamment une question clé : à l’arrière ? À l’avant ?
Est-ce utile ?!
Sur le terrain, pas de surprise non plus, du moins, dans un premier temps. Le Maxxis Dissector se prête effectivement à ce pourquoi il est promu. En ligne, sur terrain sec et compact, on goute effectivement à sa qualité de roulage et de freinage, notamment monté à l’arrière. Mais qu’en est-il à l’avant ?
Comme sa prestation est de bon ton, il s’y prête aussi, dans les mêmes conditions. Là encore, sa stabilité et son bon mordant au freinage en ligne lui procurent ce qu’il faut pour tenir le cap. Il n’y a donc pas nécessairement, dans un premier temps, de restriction à l’utiliser plutôt sur l’une ou l’autre des roues.
La bonne surprise, c’est que le Maxxis Dissector ne se limite pas au terrain pour lequel il est vendu. Et on aurait même tendance à le plébisciter pour une situation légèrement différente : sur terrain légèrement humide, tant que la terre est ce qu’il faut d’argileuse, pour offrir une consistance de pâte à modeler. Des conditions que l’on retrouve souvent mêlées à la rocaille du Sud-Est, du Languedoc, de la côte Ligure ou du piémont espagnol des Pyrénées…
C’est là que ses crampons sont suffisamment imposants pour mordre dans le sol, sans être trop proéminents au point de l’arracher, et offrent ce qu’il faut de compromis rigidité/déformation pour faciliter la tâche. Un descriptif qui sied également en tout point pour performer sur les sections rocheuses – dalles, pierrier, calades – qui jonchent les chemins où l’on trouve cette fameuse terre…
Quelle durée de vie ?
Il n’empêche que ce profil de pneu assez caractéristique a une incidence inattendue. Habituellement bonne chez Maxxis et avec une incidence progressive sur le comportement du pneu, l’usure et ses effets sont, pour le coup, un poil accentuées par le profil du Dissector. En effet, le profil singulier des crampons ne joue pas en sa faveur. Explications…
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Si l’usure reste similaire à ce qu’on connait chez Maxxis, ce qui parait logique puisque les gommes restent les mêmes que ce que Maxxis proposait déjà sur les autres modèles, on sent qu’avec l’arrondissement des crampons, déjà bas, le Maxxis Dissector glisse assez vite une fois usé.
Notamment et surtout au freinage, où le mordant en prend un coup. Au coup de frein, il mord moins le terrain et ses qualités au freinage sont altérées. Il subit donc un peu plus les effets du temps qu’un Minion ou un Assegai où il y a plus de gomme, et qui jouent moins sur les arrêtes acérées de leurs crampons pour performer !
Ce qui peut progresser ?
Jusqu’ici, nous n’avons pas encore parlé de son adhérence latérale. Et justement, on y vient ! Sur terrain sec et compact pour lequel il est vendu, le Maxxis Dissector ne dérive pas progressivement au point de glisser éternellement : il mord, assez fort, puis décroche violemment si la pression sur les crampons latéraux est trop importante. Quand ça lâche, ça lâche vite, et ça ne prévient pas !
Avant ça, le grip latéral est excellent. Simplement, il ne se prête pas à jouer avec la limite. Il faut soit être clairement prêt à la franchir, soit être très fin pour s’en approcher sans être sanctionné. Un cas de figure qui se présente sur terrain sec et compact, pour lequel il est vendu, alors qu’il ne se présente pas lorsque ce même terrain et juste ce qu’il faut de ramolli par l’humidité.
Raison pour laquelle il est important de situer le Maxxis Dissector au sein de la gamme, et sur le marché. En ça le discours de la marque n’aide pas forcément : certes il excelle sur terrain sec et compact, typé bike park s’il le faut, mais si le terrain devient plus sauvage, plus naturel, plus gravilloneux ou plus poussiéreux, comme on retrouve bien souvent en Enduro, il peut trouver ses limites plus facilement…
Vis-à-vis de la concurrence ?
Dans l’idée, il fait penser à un Maxxis Ardent, qui aurait musclé son jeu. Ce pneu était un must à l’arrière sur terrain sec, fut un temps : rond, crampons bas en forme de flèche orienté vers l’avant, très biseautés… Le Maxxis Dissector s’en inspire mais fait mieux !
Face aux indéboulonnables ensuite, le Maxxis Dissector apporte ce que l’on attend de cette nouvelle vague de profils à crampons entaillés. Et quelque part, c’est un peu le nouvel High Roller ! Même esprit de pneu qui doit rouler, il se distingue par une meilleure stabilité au freinage et un meilleur roulement. Un peu le même, en mieux… Il est assez complémentaire des Minion : là où l’un excelle, les autres sont aux fraises. Le Dissector sur terres assez compactes avec du liant, le Minion sur des mélanges plus meubles, plus désunis et moins lisses.
Ainsi, on comprend que le Dissector est comme tout pneu Maxxis, un modèle assez spécifique, dont il faut bien cerner les qualités, et les limites. Et c’est en comparant à l’Assegai que l’on finit de les saisir. Le Dissector, malgré ses crampons finement entaillés, ne lèche pas le sol de manière aussi prononcée. Il est un peu plus consistant, il lui faut donc un terrain légèrement plus mou dans lequel prendre prise. L’Assegai est donc le must du terrain compact et sec en été, et le Dissector son parfait pendant pour les mi-saisons et l’hiver, des périodes plus humides. Ou encore, Assegai à l’avant, Dissector à l’arrière : un bon combo…
Dans tous les cas, Maxxis ne propose rien d’aussi polyvalent que des Michelin Wild Enduro ou des Schwalbe Magic Mary. Cependant, la gomme Maxxis, tout comme le travail des carcasses, restent toujours plus accessible à tous et plus facile à rouler que la concurrence, même si elles s’avèrent moins pointues/poussées. Les pneus Maxxis, dont le Dissector, s’adressent donc à un grand nombre de pratiquants, à la portée de tous, mais restent bien souvent spécifiques à un terrain, celui que l’on vient de décrire le plus précisément possible.
Est-ce que ça les vaut ?
Ce qui reste malgré tout une aubaine pour ceux qui ne changent que très peu de terrain de jeu et de type de sol. Et c’est le cas d’une partie d’entre nous, qui avons nos petites habitudes. Dans ce cas, on a tout intérêt à jouer la carte du bon pneu, adapté à notre spot, plutôt qu’à tenter la polyvalence qui peut aussi montrer des limites. C’est là où la vision Maxxis reste compréhensible et intéressante, si tant est que l’on parviennent à cibler le pneu qui convienne.
Est-ce que, pour autant, spécialisation doit rimer avec haute valeur ? Ça se peut. C’est en tout cas ce que suggèrent les prix public conseillés des différentes versions de Maxxis Dissector sur le marché : entre 69,99 € et 74,99 € en fonction de la carcasse, c’est légèrement plus que certains concurrents qui profitent d’une toute aussi bonne réputation… Mais jouent, eux, la carte de la polyvalence sans offrir autant de choix et de nuance dans leur gamme, la plupart du temps plus étroite.