On vous l’avait présenté à sa sortie, la voilà à l’essai : la mousse anti-crevaison Huck Norris. Sur le papier, elle a de quoi faire mouche. Qu’en est-il vraiment ? Premier essai à y répondre…
79 € la paire
75 g (vérifié, par bande, neuf, sans scratch, format 29 pouces)
24 à 29 pouces, 3 largeurs pour jantes de 21 à 45mm
5 semaines / 7 séances spécifiques / 10h30 de roulage effectif / Pneus Maxxis Exo, Onza FRC120 & Mavic (non XL) / Jantes Mavic Crossmax XL Pro & Deemax Pro, DT Swiss Spline M1700
Est-ce pertinent ?
C’est une légende qui ressort à chaque crevaison : à quand un Bib Mousse pour remplacer l’air de nos pneus ? Le Huck Norris surf sur cette voie sans pour autant la développer totalement : une bande de mousse d’un centimètre d’épaisseur. Elle prend place dans le pneu, monté tubeless.
Pas de quoi rouler systématiquement sans gonfler, mais objectifs avoués : permettre d’utiliser des pressions plus faibles sans pincer le pneu ou « poquer » la jante. Avec en trame de fond un principe technique fort : pour ne pas crever ou casser, mieux vaudrait placer 70g de matière entre les flancs, que de renforcer lourdement ces derniers…
Est-ce pratique ?
Le Huck Norris se montre plus simple qu’une chambre à air. Placé dans le pneu, avant ou pendant qu’il prend place sur la jante, sans se soucier d’une quelconque valve. Trois largeurs existent, en fonction de la largeur de la jante et de la section utilisée :
Tailles | Largeurs de jante | Sections de pneu | Largeurs de la bande |
---|---|---|---|
S | 21 à 28mm | 2.1 à 2.5 pouces 52 à 63mm Etrto | 49mm |
M | 27 à 35mm | 2.25 à 2.8 pouces 57 à 71mm Etrto | 54mm |
L | 34 à 45mm | 2.4 à 3.0 pouces 61 à 76mm Etrto | 59mm |
La bande s’adapte au 26, 27,5 et 29 pouces. quelques petites astuces à ce propos…
Galerie Commentée :
Le dispositif peut favoriser le « clipsage » des pneus tubeless sur les jantes : la mousse écarte les flancs du pneus, qui attirent les tringles vers les crochets. N’influant pas directement sur les tringles, l’effet n’est pas toujours suffisant. Parfois même, la présence du Huck Norris peut compliquer la préhension des flancs : pour monter le pneu ou positionner finement les tringles.
Le Huck Norris peut donc favoriser le montage, mais le résultat n’est pas systématique. Il dépend des configurations pneus/jante. Elles sont innombrables. D’autre part, à basse pression, la présence du Huck Norris fausse l’estimation de la pression au touché. En pinçant le pneu, on peut sentir la présence de la bande, à la rigidité relative, entre les flancs.
Est-ce utile ?
Habituellement, la protection de la jante et la stabilité du pneu déterminent la pression minimale utilisée. L’impact a une sonorité clair et un toucher sec. Avec le Huck Norris, la protection de la jante aux impacts n’est plus une limite. En baissant en pression, on ne perçoit pas de choc jante/obstacle. On sent un choc sourd et réparti, on n’entend plus rien. Les jantes Mavic Crossmax XL et Deemax Pro utilisées sont comme neuve.
C’est très clairement le maintien du pneu qui devient le facteur limitant. On exploite donc des pressions plus faibles, et constate un gain d’adhérence intéressant. Pour ma part, – 0,4 Bars / 6 Psi avec des pneus Enduro renforcés ou plus fins, type Exo ou Snake Skin.
J’exploite donc à nouveau des pneus fins, sur terrain rocailleux et en chrono. Là où je les avais, à force, mis au rebut. Désormais en matière de résistance, le Huck Norris apporte de nouveaux niveaux d’exploitation des pneus :
Montage | Résistance |
---|---|
Pneus Enduro légers (700/800g) | Moyenne |
Pneus Enduro légers (700/800g) + Huck Norris | Bonne |
Pneus Enduro renforcés (900 à 1100g) | Supérieure |
Pneus Enduro renforcés (900 à 1100g) + Huck Norris | Forte |
Pneus de Descente (1100g et +) | Maximale |
Le Huck Norris peut également permettre de rouler à plat : on ne perçoit plus la jante vibrer sur le sol. En courbe, elle a moins tendance à mordre directement le terrain. Reste que le pneu chasse quand même, toujours au risque de déjanter. Il faut donc baisser d’un ton, mais finir une spéciale sans s’arrêter ou tout casser peut s’envisager.
Quelle durée de vie ?
Le Huck Norris ne dispense pas d’utiliser du préventif pour assurer l’étanchéité de certains pneus. Dans ce cas, la mousse en absorbe une partie. 30g mesurés au bout de 15 jours / 6h30 de roulage effectif.
Tant qu’il est liquide, le préventif contenu dans la mousse peut être évacué en rinçant la bande à l’eau chaude. Une fois sèche, elle retrouve son poids d’origine. Une attention nécessaire pour éviter qu’à la longue, elle ne prenne le poids du préventif séché.
À l’usage, les impacts marquent la mousse. Comme le stipule le descriptif, ce sont les cellules du matériau qui absorbent l’énergie. Le Huck Norris ne fait pas que recouvrir, il amortie donc aussi…
Galerie Commentée :
Pour amortir, la mousse est composée d’un matériau particulier, et de cellules (bulles d’air) emprisonnées. À l’impact, certaines cellules se percent. C’est ainsi que l’énergie est dissipée. La bande est alors marquée, et ses performances chutent avec le temps. Ici, une longue marque formée en roulant à plat. Là, une marque issue d’un fort impact avec une pierre. La fente est entière, totalement traversante. La bande est transpercée, mais la jante et le pneu ne souffrent d’aucune marque. Preuve qu’en courbe et en dévers, les pneus travaillent latéralement : ici, une trace importante déporté sur l’extrémité de la bande…
Une vingtaine d’impact de ce genre sur les 6h30 de roulage à l’initiative de cet essai. Dont un run à plat qui coûte à lui-seul la moitié des marques. Il ne suffit donc pas de nettoyer la bande régulièrement. Le Huck Norris s’use au fur et à mesure des impacts.
Ce qui peut progresser ?
En plus des limites évoquée précédemment, quelques points viennent s’ajouter.
Au toucheer, la matière plus ferme et consistante que la plupart des mousses d’isolation ou de matelas usuelles. Elle démontre que les bandes ne semblent pas taillées dans la première plaque venue. Il n’empêche qu’elle se marque relativement vite. L’efficacité du produit chute donc dans le temps.
Avec le scratch, la fermeture de la bande n’est pas très rigide, au point parfois de devoir s’y reprendre pour aligner les deux bouts correctement. Une découpe qui permettre de clipser les deux extrémités apporterait un petit plus.
L’usage du Huck Norris est indéniablement profitable à l’arrière. En fonction des styles de pilotage et de la répartition des masses sur le vélo, il est plus discutable à l’avant. Or, dans un premier temps, les bandes sont vendues par paire uniquement. La vente à l’unité aurait un sens pratique et économique.
La concurrence ?
Le Schwalbe ProCore et le DeanEasy sont deux concurrents directs aux produits Huck Norris.
Eux reposent sur l’usage d’une petite chambre à air fortement gonflée au sein des pneus. Les deux avancent comme argument d’être placé au plus près de la jante et des tringles du pneu. Un avantage certain contre le risque de déjanter, mais un montage nécessairement plus soigné : mise en place, ajustement des pressions, etc…
Comparativement, la solution Huck Norris est plus simple de conception, et d’usage. Non coupée, elle peut même passer d’une roue de 27 à une roue de 29 facilement. Elle parait donc plus facile et pratique. Reste la question du prix, où la encore, la concurrence fait rage…
Est-ce que ça les vaut ?
79€ la paire de Huck Norris, contre 150€ environ pour les kits concurrents. Sur le papier, ça parait donc presque moitié moins cher. Mais ça reste 79€ pour deux bandes en mousse, alors que la concurrence peut s’acheter à l’unité…
Le Huck Norris a pour lui sa simplicité et sa compatibilité : pas besoin d’investir à nouveau si l’on passe d’un format à l’autre de roue, tant que les jantes et les pneus ont des dimensions proches. Et puis, il faut aussi prendre en compte le prix des pneus que l’on utilise avec.
Si finalement, l’apport du Huck Norris permet d’utiliser des pneus moins renforcés, parfois moins cher, il faut sortir la calculette pour déterminer quelle solution est la plus économique à court, moyen et long terme.