Alors que RockShox vient tout juste de dévoiler de quoi optimiser leur suspension avant avec le kit DebonAir, elle offrait, depuis un an, la possibilité d’upgrader la suspension arrière avec le kit MegNeg. Qu’est-ce que c’est exactement ? À quoi sert-il ? Et est-il finalement nécessaire et intéressant ? Nous l’avons passé à l’essai, on en parle tout de suite…
environ 100 €
3 dimensions selon dimensions de l’amortisseur à upgrader : 185/210 mm x 47,5/55 mm, 205/230 mm x 57,5/65 mm et 225/250 mm x 67,5/75 mm
1 mois et demi, 30h, 350km, sur Specialized Enduro dans le Sud de la France
Est-ce pertinent ?
Le kit d’amélioration MegNeg, pour Mega Negative chamber, est un upgrade permettant d’augmenter le volume de la chambre négative d’un amortisseur Rock Shox Deluxe ou Super Deluxe.
L’augmentation du volume de cette chambre, implique une pression d’air supérieure dans la chambre positive pour obtenir un SAG identique et donc une progressivité de l’amortisseur différente au cours de son enfoncement. Avec, la courbe de progressivité change :
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Le kit d’amélioration RockShox MegNeg élargit donc notre champ d’action en matière de réglage et offre l’opportunité d’aller plus loin dans les ajustements possibles d’un amortisseur pneumatique. On agit cette fois, directement sur la courbe de force en début et milieu de course, ce qui, jusqu’à présent, n’était pas possible – ou presque – avec les amortisseurs à air.
Est-ce pratique ?
Pour connaitre le véritable rôle que joue ce kit d’amélioration à l’usage, il suffit de le monter et de le rouler. Pour le coup, le montage n’est pas sorcier mais il faut s’appliquer. De toute façon, un amortisseur doit toujours se traiter avec attention. Seulement une quinzaine de minutes, démontage et montage sur le vélo compris, pour les initiés. Peut-être le double pour les plus novices… Surtout que Sram propose une notice de montage très détaillée et complète pour nous accompagner.
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Le kit est simple, et tout est dans la boite… …qui se compose d’ailleurs d’un nouveau corps d’amortisseur en deux pièces, des bandes réductrices de volume pour la chambre négative, de joints nécessaires au montage de cette nouvelle chambre et d’un peu d’huile et de graisse. Tout y est ! Reste plus qu’à se munir d’un jeu de clé pour démonter l’amortisseur du vélo, d’une pompe et d’un chiffon. La « canette » à un sens. Le bossage permet de s’y retrouver. C’est l’unique étape de montage qui peut semer le doute. C’est par ces petits trous que la chambre négative déjà existante communique avec cette nouvelle extension.
La seule difficulté réside parfois, après dégonflage complet de l’amortisseur, dans le retrait de l’ancien corps d’amortisseur. Le dévissage peut être laborieux sans clé à sangle puisque la prise avec la main est limitée. Mais c’est possible ! Sinon, une vieille chambre à air sans talc peut aider à optimiser la prise.
Enfin, pour retrouver son SAG, RockShox préconise d’augmenter de 20% la pression d’air. Une valeur qui reste, après essai, indicative ! Selon les vélos et les cinématiques, il faut parfois pousser un peu plus. Jusqu’à 25, 30%… Mais qu’importe… c’est un jeu d’enfant !
Est-ce utile ?
Une fois monté, l’incidence du MegNeg est d’entrée de jeu très fortement perceptible… Bien que la sensibilité soit légèrement meilleure, c’est surtout l’augmentation du maintien et la diminution de la raideur du début et du milieu de course qui me sautent aux yeux. Et je ne parle pas là de l’argument marketing dont certains abusent mais bien de la capacité de cette partie du débattement à dissiper l’énergie : l’amortisseur ne consomme plus inutilement le débattement. Le MegNeg procure une sensation de fermeté marquée mais le vélo n’en devient pas pour autant trop dur. Il gagne en grip, en confort et en stabilité puisqu’il oscille moins.
On va d’ailleurs bien moins souvent taper au fond et chatouiller la fin de course. Dans l’ensemble, le débattement est mieux exploité, on utilise moins de débattement pour dissiper la même énergie, j’ai envie de dire que le débattement utile est optimisé, réduit pour l’occasion : l’assiette du vélo n’en est que meilleure.
Tout cela, à condition de trouver la bonne combinaison de bandes/spacers dans les différentes chambres d’air. Mais heureusement, l’ajout ou le retrait d’une seule bande dans la chambre négative est très perceptible à l’usage : 1, 2, 3 ou 4 bandes, le choix est vite fait. On s’y retrouve facilement : on peut hésiter à une bande près mais pas à 2 ou 3.
Mais attention ! Cette fermeté ne peut pas correspondre à tous les vélos. Les vélos dont la cinématique procure déjà un fort maintien, dont le ratio de suspension est faible ou la progressivité est marquée, ne s’accommoderont pas du kit MegNeg qui amplifiera trop leur fermeté naturelle. Le risque est de se retrouver avec un vélo qui ne prend plus le débattement, qui ne fonctionne plus. Des vélos aux courbes de force plus linéaires en tireront assurément profit…
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Pour le coup je l’ai passé à l’essai sur un Specialized Enduro. Le vélo est assez progressif, sans le kit, on vient déjà assez rarement jouer avec la fin du débattement. Mais son ratio haut lui permet de tirer parti du MegNeg. Il devient nettement plus ferme en début et milieu de course : il gagne en grip et en dynamisme. Et la fin de course se réserve uniquement aux très gros impacts. 1 à 2 bandes dans la négative, et le plus gros spacer GNAR 2.5T dans la positive, un SAG autour des 35% > ce qui donne l’impression d’avoir un amortisseur à ressort. Sur le début de course où sa raideur naturelle lui procure une fermeté marquée sur cette partie du débattement, l’Enduro tire profit du MegNeg : il gagne beaucoup en toucher de terrain.
Le MegNeg s’avère donc utile pour les vélos dont l’allure de la courbe de force ou de raideur se rapproche fortement de celle du Specialized Enduro. Voici donc quelques questions à se poser pour déterminer si le kit est utile. Est-ce que le début de course me parait trop raide ? Est-ce que le milieu de course me semble trop plush ou trop mou ? Ai-je l’impression de vite ou facilement consommer la première moitié du débattement ? Si la réponse à ces questions est oui, il se pourrait bien que le MegNeg s’avère utile !
Quelle durée de vie ?
Comme sa compatibilité est limitée à plusieurs niveaux, sa durée de vie en dépend. D’une part, l’usage du MegNeg se restreint déjà au sein de la gamme RockShox : aux amortisseurs Deluxe et Super Deluxe. Puis, d’autres part, il se limite aux vélos auxquels il convient. De quoi fortement diminuer les possibilités de montage une fois séparé de l’amortisseur et/ou du vélo. Question de compatibilité !
Sinon, dans sa manipulation, le kit MegNeg n’est pas du consommable. Surtout qu’il est livré avec 2 jeux de joints nécessaires au montage de la « canette », on peut donc même envisager un entretien !
Ce qui peut progresser ?
Si la variation d’une seule bande est très perceptible, on peut assez logiquement penser que le kit MegNeg mérite un poil plus de finesse dans ce réglage pour être apprécié à sa juste valeur. Mais il n’en est rien…
…du moins pas sur le Specialized Enduro qui nous a servi de support. Certes le changement de bande se fait sentir facilement mais j’ai tout de même réussi à trouver un réglage qui me convienne sur la plupart des terrains.
Resterait donc à savoir si cette impression peut s’étendre à tous les vélos ou toutes les cinématiques auxquels il s’accorde… Au pire, il s’agirait de proposer ou dénicher des élastiques plus fins, pas quelque chose de très compliqué en soit.
La concurrence ?
Les kits d’optimisation propres aux marques de suspensions sont rares, et Sram, avec le dernier DebonAir et ce MegNeg, semble d’ailleurs s’y intéresser de plus en plus près ! Mais ils sont d’autant plus peu communs qu’ils agissent sur la fameuse mi-course d’un amortisseur. Ce qui, pour le coup, est au coeur du kit MegNeg.
Donc, en l’occurrence, pour des RockShox Deluxe ou Super Deluxe, il n’y a aucune concurrence qui permette d’influencer le volume de la chambre négative et la courbe de progressivité qui en découle. Et bien que des préparateurs puissent s’aventurer dans de l’optimisation, leur travail est forcément plus restreint et n’offrira ensuite pas la liberté de réglage qu’offre le kit MegNeg. Le kit d’amélioration RockShox se la joue donc cavalier seul… actuellement du moins !
En effet, la marque canadienne Vorsprung s’était déjà aventurée sur ce terrain il y a quelques années, pour des amortisseurs Fox : c’était le Corset Air Sleeve. Il avait les mêmes objectifs et incidences sur le comportement de l’amortisseur : comme ils l’expliquent de leur côté et qui confirme notre ressenti à l’usage, ce kit d’amélioration permet de modifier la courbe de raideur de l’amortisseur et donc celle du vélo par la même occasion.
Est-ce que ça les vaut ?
Bien que limité en matière de compatibilité, à une centaine d’euros, le kit MegNeg peut malgré tout changer le comportement d’un vélo du tout au tout. Dans le cas opportun, j’oserais même dire que c’est la centaine d’euros la plus efficace, pour ne pas dire la plus rentable, à investir dans son vélo, pour l’optimiser.
L’impact de l’augmentation du volume de la chambre négative est non négligeable et son usage peut s’avérer indispensable dans certains cas, pour enfin obtenir un vélo qui se tienne dans son débattement. Il apporte sur certains vélos ce que d’autres ont par nature !
Cependant, il s’adresse à ceux qui en ressentent le besoin. C’est-à-dire ceux qui remettent en question le fonctionnement de leur vélo et qui ont déjà user des réglages disponibles pour l’optimiser au mieux… en vain ! Ainsi, il conviendra à ceux qui en saisissent pleinement l’intérêt, qui en comprennent les tenants et aboutissants, et qui sauront en tirer parti à l’usage. À bon entendeur 😉