Quoi de plus tendance que les pédales plates en Enduro ? Depuis la victoire de Sam Hill sur les EWS 2017, tous les doutes et toutes les certitudes sont remis en cause. Mais Sam n’est pas le seul à faire parler la poudre en pédales plates : Josh Bryceland, Craig Evans, James Hall sont d’autres bons figurants au classement EWS qui préfèrent les picots aux verrous !
Alors, comme c’est l’hiver, et que c’est le moment d’essayer de nouvelles choses, Endurotribe s’intéresse au sujet mais sous une vision globale : parler de pédales plates mais à la condition de parler aussi des chaussures qui vont avec ! Ce (gros) dossier se veut à la fois, informatif et didactique, expérimental puis préconisateur et astucieux !
Au sommaire :
- Pourquoi les pédales plates ?
- Relation fusionnelle, mais agressive !
- Etat du marché
- Les caractéristiques des pédales
- Pédales à l’essai
- Caractéristiques des chaussures
- Chaussures à l’essai
- L’essai terrain et nos attentes
- Comment bien choisir ? Les combos intéressants…
- Astuces et cheat code
- Mon expérience
- Que retenir ?
Pourquoi les pédales plates ?
Aussi adulées que controversées, les pédales plates font couler beaucoup d’encre depuis leurs heures de gloire en DH. Qui n’est jamais tombé à cause d’un déclipsage impossible en pédales automatiques ? Voilà tout l’intérêt des pédales plates : libre comme l’air, aucun pied n’est fixé aux pédales et sortir le pied devient plus rapide et plus aisé. La confiance règne et elle est l’atout majeur des pédales plates.
Qui n’a jamais entendu dire que l’on doit toujours apprendre à faire du VTT en pédales plates ? Mais qui n’a jamais aussi basculé très – trop – rapidement vers les pédales automatiques pour faire comme les grands ? Effectivement, pour l’apprentissage, les pédales plates sont un must. Elles apprennent à faire corps avec son vélo sans y être attaché. Les premiers bunny hop en plates sont riches en émotions ! La confiance qu’elles procurent permet quelques folies de débutant, même si nos tibias se souviendront toute leur vie de nos débuts en VTT.
Mais il nous est impossible d’aborder le sujet des pédales plates sans évoquer les chaussures, qui ont certainement un rôle tout aussi important ! Auquel cas, seule la moitié du problème serait résolu…

Relation fusionnelle, mais agressive !
Comment donc parler des pédales plates, sans aborder le choix des chaussures ? Ce serait comme parler de pneu sans évoquer le terrain. Un non-sens : l’un ne va pas sans l’autre !
Le cramponnage de la semelle, la dureté de la gomme, l’épaisseur, la rigidité, etc. peuvent être des caractéristiques toutes aussi importantes que le type de picots, leurs longueurs, la taille, la forme de la pédale, etc. Comme une paire de chaussures ou une paire de pédales isolées ne fait pas tout, et avec autant de spécificité, il est important de tenir compte des 2 produits lors du choix à l’achat. C’est le combo qui compte !
Ainsi, comme leur relation est fusionnelle, un état des lieux des chaussures ET des pédales actuellement disponibles à la vente s’impose.
Etat du marché
Actuellement beaucoup de marques proposent des pédales plates dans leur catalogue. Il en va de même pour les chaussures. Pourtant les choses évoluent doucement, les gammes sont rarement renouvelées, mais quelques perles rares existent déjà.
Pour réaliser cette enquête, nous avons, avant toute chose, sélectionné un panel de pédales et de chaussures représentatif du marché. Des pédales larges, des moins larges mais plus fines, des plates et des plus concaves, avec des picots fins, d’autres plus gros voir spécifiques. Idem pour les chaussures : semelles souples ou plus rigides, gomme tendre ou plus dure, etc.
Aussi, il est évident qu’on ne peut pas passer à côté de certains modèles, par expérience comme par réputation. Les chaussures FiveTen, connue pour avoir révolutionné le marché il y a une quinzaine d’années. Et, les pédales Nukeproof, victorieuses sous les pieds de Sam Hill en EWS, ou encore le combo Specialized, première marque à développer pédales et chaussures ensemble…
Enfin, nous avons mis tout ça à l’épreuve du terrain ! Trois à quatre mois d’essai, en changeant souvent de chaussures, ou de pédales, par tous les temps, sur tous les terrains. Tour d’horizon des caractéristiques de chacune…

Les caractéristiques des pédales
Les critères à prendre en compte sont nombreux et déterminants. Mais ici, le compromis est l’ennemi du bien. Le choix doit aussi se faire selon la paire de chaussures qu’on y associe.
Surface de la plateforme
Elle influence la stabilité du pied, elle se ressent à l’appui. La sensation d’être stable donne confiance à condition d’avoir une chaussure au moins aussi large que la plateforme pour en tirer pleinement profit. Dans ce cas, les largeurs de plateforme différentes pour les différentes tailles de chaussures sont une bonne option.
Concavité de la plateforme
Elle permet de coincer la chaussure entre les 2 rangées de picots avant et arrière. Elle améliore fortement le grip à condition d’avoir une chaussure avec une semelle suffisamment souple pour se déformer. Les pédales très concaves peuvent être très fines au centre et plus épaisses sur les bords avant et arrière. Attention alors aux données des fabricants, la pédale peut se montrer très fine sur le papier mais beaucoup moins en réalité !
Diamètre des picots
Il agit sur la pénétration du picot dans la semelle, et donc le grip. Il influence aussi énormément le choix des chaussures. Des picots fins conviennent avec tous les types de semelle tandis que des picots plus gros ne pénètrent bien qu’avec des semelles molles ou n’accrochent qu’avec des semelles très cramponnées.
Longueur des picots
Elle influence la qualité du grip, trop courts ils ne pénètrent pas assez dans la semelle, le grip n’est pas suffisant. Trop longs, ils augmentent l’épaisseur globale de la pédale sans améliorer significativement le grip.
État de surface des picots
Dans une moindre mesure, les picots filetés ou crantés améliorent le grip, une fois plantés dans la semelle ou en butée sur les crampons, ils ne glissent pas sur la gomme.
Épaisseur de la plateforme
Elle influence la stabilité du pied et la stabilité globale. Plus elle est fine, plus elle rapproche le centre de gravité de l’ensemble chaussures/pédales de l’axe de la pédale, plus c’est stable. En abaissant le centre de gravité global pilote/vélo, elle améliore aussi la stabilité générale.
Cependant c’est une véritable contrainte de fabrication. Plus elle est fine, plus il est compliqué de loger l’axe, les bagues et/ou les roulements dans la plateforme. Ce qui engendre parfois un renflement autour de l’axe. Par le passé, certaines marques ont même tenté de supprimer l’axe : Momentum FlyPaper, Tioga MT-ZERO…
Renflement autour de l’axe
Il apparait sur les pédales fines et diminue dangereusement le grip. C’est une surface souvent lisse ou sans picot autour de l’axe et proche de la manivelle qui vient en appui directement avec la semelle. Par condition humide c’est un véritable inconvénient.
Encombrement
Elle est intrinsèquement liée à la taille de la plateforme. Mais soyons vigilants ! On peut simplement croire que, plus la plateforme est grande, plus elle est encombrante et est susceptible d’accrocher les pierres ou les racines qui traînent. Mais l’encombrement dépend surtout de la distance entre l’extrémité de la plateforme et la manivelle, une valeur qui n’est jamais évoquée dans les caractéristiques des produits. Les angles de la plateforme ont aussi leur importance. Une plateforme carrée, anguleuse et imposante est plus susceptible d’heurter les obstacles qu’une pédale plus travaillée, arrondie ou dont l’angle est cassé.

Pédales à l’essai
8 paires de pédales passées au crible :
Galerie Commentée :
Véritable pièce d’orfèvre pour les adeptes de belles mécaniques. Usinées dans un bloc d’aluminium et de conception robuste, les Hope F20 inspirent confiance. D’épaisseur moyenne et avec leur large plateforme elles sont stables. Les picots spécifiques en acier sont assez gros et procurent un bon grip à condition d’avoir une semelle assez molle pour les laisser pénétrer. 389g Les Specialized Boomslang sont les pédales les plus fines du panel d’essai, 10-11mm d’épaisseur. Pour ce faire, un roulement est logé au plus près de la manivelle mais engendre une surépaisseur qui peut parfois gêner lors du repositionnement du pied sur la pédale. Cependant le grip est bon avec la plupart des semelles grâce aux picots spécifiques évasés et à la concavité de sa plateforme. 426g Les Spank Oozy Trail sont très ressemblantes aux Specialized. Le renflement autour du roulement est aussi un inconvénient. Elle n’est pas concave mais compense avec des picots plus fins qui pénètrent mieux dans la semelle. 354g Les Crank Brothers Stamp Large ont la plateforme la plus grande du panel d’essai. Cependant elles ne sont pas plus encombrantes que les autres car la surface de la plateforme est augmentée côté manivelle. Très stable, fine et avec un bon rendement il faut tout de même l’associer à des chaussures avec des semelles molles ou tendre pour obtenir un bon grip. 372g Les Bontrager Line Pro possèdent les picots les plus acérés du panel. En plus, elles sont concaves donc le grip est bon avec la plupart des chaussures. Malheureusement un peu épaisses par rapport à la concurrence. Ses picots sont réglables en hauteur en montant ou non une rondelle sous la tête de vis du picot : simple et efficace. 421g D’un orange éclatant, les Funn Python sont assez fines mais le renflement autour de l’axe est lisse, sans picot, et se montre particulièrement dangereux en conditions humides : la chaussure glisse dessus. Les picots spécifiques sont gros et coniques, ils ne pénètrent pas dans les semelles. Une paire de pédales compliquées à exploiter. 359g Les pédales victorieuses avec Sam Hill : les Nukeproof Horizon. Epaisse mais moins que les Bontrager, procurent un grip démoniaque parce que la plateforme est concave et que les picots amplifient cette concavité. Elles s’accordent avec un grand nombre de chaussures mais ses gros picots préfèrent les semelles molles. Ce sont aussi les pédales les plus « carrées » dans les angles de leurs plateformes. Ce peut être un inconvénient en terme d’encombrement lorsqu’il faut éviter les cailloux en bord de chemin. Les picots sont réglables en hauteur grâce à un rondelle, comme sur les Bontrager. 436g Les plus polyvalentes du panel. De par leur concavité et leurs picots fins, les HT ME05 s’accordent avec tous les types de chaussures. Le grip est excellent, la plateforme est suffisamment grande. Dommage que la peinture soit si fragile ! 289g
- Nukeproof Horizon : http://nukeproof.com/products/pedals-2016/
- Hope F20 : http://www.hopetech.com/product/flat-pedal/
- HT ME05 : http://www.ht-components.com/product/productDetail/29
- Crank Brothers Stamp 7 Large : https://eu.crankbrothers.com/products/stamp-7-large?region=FR
- Spank Oozy Trail : https://spank-ind.com/products/oozy-trail-pedals
- Funn Python : http://www.funnmtb.com/products_detail.php?id=150
- Specialized Boomslang : https://www.specialized.com/fr/fr/boomslang-platform-pedals/p/133437
- Bontrager Line Pro : https://www.trekbikes.com/fr/fr_FR/equipement/composants-pour-vélo/pédales-de-vélo/pédales-bontrager-line-pro/p/13416/?colorCode=black_grey

Caractéristiques des chaussures
Ici aussi le choix des chaussures ne se fait pas sans tenir compte des pédales. Le fameux combo, qu’il faut toujours garder en tête ! Moins nombreuses et moins perceptibles sur le terrain, d’infimes différences persistent, mais n’en sont pas moins importantes.
Rigidité de la semelle
Elle influence le confort, l’appui, la stabilité du pied et selon les pédales, le rendement. Trop rigide elle n’épouse pas la forme de la pédale, le grip, le feedback – le ressenti – et le confort sont altérés. Trop souple elle se casse sur les bords de la pédale et fait rapidement mal au pied.
Épaisseur de la semelle
Elle influence l’appui et le ressenti. Trop fine elle fait rapidement mal au pied, trop épaisse, on ne sait plus où se trouve la pédale sous le pied. Tout comme l’épaisseur de la pédale, elle joue une rôle dans la stabilité de l’ensemble.
Dureté de la gomme
Elle influence le grip et le rendement. Trop dure elle ne laisse pas pénétrer les picots. Trop molle elle absorbe l’énergie au pédalage, encore plus si l’ensemble de la semelle est mou. Ici, c’est une histoire de compromis.
Hysteresis de la gomme
Plus simplement appelé le rebond de la gomme, c’est le retour en position initiale après déformation. Comme pour les pneus, certains fabricants l’utilise pour influencer le grip.
Cramponnage
Comme la dureté de la gomme, il influence le grip mais d’une manière différente. La dureté de la gomme favorise le grip par adhérence avec les picots tandis que les crampons participe au grip par obstacle, les picots viennent se loger entre les crampons. Ce n’est jamais tout l’un ou tout l’autre, mais souvent l’ensemble des deux qui procure un bon grip.

Chaussures à l’essai
7 paires de chaussures sous les projecteurs :
Galerie Commentée :
Portées par Sam Hill, les FiveTen Impact se veulent redoutables mais exclusives ! Si le grip est une priorité, les Impact sont LA solution. Elles s’accordent avec tous type de pédales et de picots. Mais, encombrantes, lourdes et usantes elles s’adressent aux extrémistes des flat pedals. Peut-être que les nouvelles Impact Pro pourraient combler le vide entre ces 5-10 et les autres chaussures du panel. 1175g en 42,5 A l’opposé des FiveTen, les Shimano GR9 sont légères, avec une semelle fine et souple – la plus fine et la plus souple du panel. Aussi simple qu’efficace, elles sont une valeur sûre et très confortable. Lui privilégier des picots fins même si elles tolèrent des plus imposants. 743g en 43 Un très belle et très bonne évolution pour les Specialized 2FO 2.0. Moins rigides et avec un gomme plus tendre elles enterrent le modèle des années passées. La ToeBox laisse réellement de la place au bout du pied, le confort n’en est que meilleur, même si le plastique au dessus des orteils demande un temps de rodage important. Peu cramponnée, molle mais pas aussi gluantes que les 5-10, la semelle des 2FO préfère les picots fins. Elles sèchent aussi très vite, les meilleures de ce test sur ce point. Avec ses pédales homonymes, elles font la paire ! 780g en 44 Les Afton Keegan sont celles qui se rapprochent le plus de la chaussure de skate. Sa semelle n’est pas sans rappeler celles des Vans. Elles se démarquent du reste du panel. Ce sont les plus confortables, mais aussi les plus atypiques. Gomme assez dure, hysteresis rapide et semelle souple demande des picots fins filetés ou acérés et une pédale concave pour convenir. 859g en 43 Les 661 Filter existent depuis longtemps. Mais la 661 est une énigme. Lorsqu’on est en appui dessus, le grip est bon mais le grip instantané est surprenant par son absence quelque soit les pédales. Une chaussure à privilégier pour une utilisation en bikepark ou en BMX, moins en VTT. De plus, le maintien du pied est limite. 908g en 42,5 Les Ion Raid AMP sont une bonne surprise. Au look sobre mais classe, de bonne construction, ses performances sont entâchées par une semelle trop rigide à mon goût. Cependant la gomme joue bien son rôle et compense. Un seul détail à revoir pour révéler toutes les qualités de ces souliers. 819g en 43 Les Giro Jacket utilise une semelle Vibram, éprouvée et réputée dans différents sports outdoor. Elle fait aussi bonne figure en VTT. Ses petits crampons mobiles et sa gomme assez tendre lui permettent d’accepter tous les types de picots. Confortable, visuellement bien construite, semelle ni trop rigide ni trop souple en font une valeur sûre et polyvalente. 812g en 43
- FiveTen Sam Hill 3 : http://www.adidasoutdoor.com/FT35.html?dwvar_FT35_color=Black&cgid=sports-gravity#start=3
- Giro Jacket : http://fr.giro.com/eu_en/products/men/cycling-shoes/dirt/jacket.html
- Specialized 2FO Flat 2.0 : https://www.specialized.com/fr/fr/2fo-flat-2-0-mountain-bike-shoes/p/134052?color=228319-134052
- Shimano GR9 : https://bike.shimano.com/fr-FR/product/apparel-accessories/shimano/SH-GR900.html
- 661 Filter : https://sixsixone-europe.myshopify.com/collections/footwear/products/filter-shoe-black
- Ion Raid AMP : https://www.ion-products.com/bike/men/footwear/footwear/raid-amp/
- Afton Keegan : https://aftonshoes.com/blogs/keegan-shoe/keegan-shoe
L’essai terrain et nos attentes
8 paires de pédales et 7 paires de chaussures à l’essai. Pas moins ! Donc, si mes calculs sont bons, ça fait 56 associations possibles ! Tant de produits et de possibilités demandent rigueur et organisation à chaque nouvel essai. Il a même fallu parfois revenir sur quelques combos pour bien cerner certains aspects.
Tant de sensations subjectives auxquelles il faut associer les caractéristiques des pédales ET des chaussures. Cependant quelque soit le combo, on remarque rapidement que nos attentes sont toujours les mêmes.
Trois notions importantes se démarquent :
Le rendement
Si souvent à l’origine de la controverse au sujet des pédales plates, il semble lié à deux paramètres. Un paramètre physique d’accoutumance : l’habitude de rouler en pédales plates améliore le coup de pédale. Plus efficace avec l’expérience, le rendement est meilleur. En 4 mois de roulage uniquement en pédales plates, j’ai vu la différence et j’ai révisé mon discours à propos du rendement.
Ce dernier semble aussi plus lié à la taille de la plateforme de la pédale qu’à la rigidité de la chaussure. Plus la plateforme est grande, plus elle rigidifie vraiment une partie de la chaussure sous le pied, plus le rendement est bon.
Cependant la semelle de la chaussure a aussi son importance : si elle est molle, elle s’écrase à chaque coup de pédale et engendre une perte d’énergie, donc un rendement, qui, à la longue, est moins bon.
Le grip
Un critère très important pour gagner en confiance quelque soit la situation. Le type de picots, la concavité de la pédale, le cramponnage et la dureté de la gomme entrent en jeu. Mais aucun paramètre à lui seul ne peut-être tenu comme prépondérant ! C’est véritablement une histoire de combo dans ce cas.
Il est aussi important de différencier 2 types d’adhérence : on pourrait les qualifier de grip volontaire et de grip instantané. Le premier est celui que l’on impose et que l’on ressent lorsqu’on est en appui sur les jambes et donc sur les pédales, debout en arrière en descente par exemple. Le second est plus subtil : c’est le grip à tout moment, quelque soit la situation, qu’on y soit préparé ou non, un passage technique à plat où l’on pédale et où l’on n’est pas forcément en appui sur les deux pédales par exemple.
La stabilité
Souvent oubliée ou négligée mais si importante, surtout lorsqu’on débute en plates… Elle permet malgré nos hésitations et nos crispations sur le vélos de garder les pieds sur les pédales.
La largeur de la plateforme de la pédale influence la stabilité latérale, quand l’épaisseur de la pédale influence la stabilité frontale. Cette dernière est perceptible dans les montées très raides. Pas assez stable, le pied se dérobe sur l’avant de la pédale – le centre de gravité dépasse le point de stabilité – et on pose le pied à terre. Suffisamment stable et on passe sur le vélo !
Effectivement nos attentes sont souvent les mêmes. Cependant, elles sont à pondérer personnellement. Lorsque je privilégie le grip au rendement, parce qu’avec l’expérience et l’entrainement mon coup de pédale s’est amélioré, certains privilégieront la stabilité pour apprendre et ne pas perdre les pédales à chaque passages techniques.
Néanmoins le grip reste un critère clé. Un combo qui rend et qui est stable ne vaut rien sans un grip adéquat. Il est donc préférable de pondérer et non pas de supprimer une de nos attentes.

Comment bien choisir ? Les combos intéressants…
Comme nous venons de le voir, il est impossible de choisir ses chaussures sans tenir compte de ses pédales, et vice versa !
Il faut donc comprendre leurs interactions, comme énumérés précédemment, et les intégrer pour choisir. Les caractéristiques de l’une peuvent s’accorder avec les caractéristiques de l’autre, ou pas…
Il nous faudrait plusieurs jours pour tout décrire. Le tableau suivant met en évidence les combos qui valent le coup, et pourtant bien tous différents :
Comme le tableau les met en avant, plusieurs combos se démarquent :
FiveTen/Nukeproof ou Hope
Un must en terme de grip, mais la semelle molle est usante à la longue. Un combo pour ceux qui veulent du grip illimité, qui ont la caisse ou n’attachent pas d’importance au rendement. Les nouvelles Impact Pro, présentées comme plus légères et moins absorbantes, ou d’autres FiveTen, par expérience, pourraient combler ceux qui hésitent encore… Pour certains ce combo peut avoir les défauts de ses qualités : trop de grip ! Alors plutôt choisir les pédales Hope, avec un grip à peine inférieur, elles permettent de repositionner le pied plus facilement. Aussi plus stables et moins encombrantes avec des angles plus arrondis.
Shimano/HT
Le combo le plus polyvalent, du grip grâce à une pédale concave, des picots acérés, et une semelle cramponnée et pas trop rigide. Une valeur sûre pour partir faire du vélo quelque soit les conditions ! Un combo aussi léger, simple, fiable et efficace au pédalage.
Giro/Specialized
Plus cramponnée que la chaussure Specialized, la Giro est très intéressante. Un combo stable grâce à la finesse de la pédale, grippy grâce à une gomme tendre, des petits crampons flexibles et des picots bien pensés. Malgré un gros renflement très proche de la manivelle, qui est parfois gênant lorsque la chaussure est en appui dessus, c’est un combo polyvalent et sûr.
Le tableau met aussi en évidence qu’il n’y a ni combo incompatible ni combo idéal. Actuellement et dans le panel d’essai, il y a toujours un inconvénient aux meilleurs combos que l’on a pu tester…
La décision est prise, le choix du combo est fait. Mais est-il parfait ? Est-il idéal ? Est-il encore possible d’optimiser mon choix ? Y a-t-il des astuces bonnes à prendre ?
Astuces et cheat code
Evidemment rouler en plates ça fait avant tout progresser et délirer mais ça s’apprend. Et là, pas de triche possible ! Cependant quelques astuces sont toujours bonnes à prendre pour en tirer profit au maximum :
- Enlever les picots centraux : retirer les picots du milieu de la plateforme augmente la concavité de la pédale et améliore grandement le grip, certaines pédales sont même directement conçues sans ces picots « inutiles », comme les Nukeproof, les Hope, les Bontrager et compagnie.
- Faire en sorte que les picots avant et arrière soient plus longs que les picots latéraux : ceci augmente la concavité et le grip. Les Nukeproof sont livrées dans cette configuration.
- Enlever les picots proches de la manivelle, au niveau de l’axe de la pédale : les retirer permet de faciliter le repositionnement du pied, ça évite aussi de coincer la chaussure contre la manivelle. Attention, sur les HT il est intéressant de garder ces picots pour éviter que la chaussure glisse sur le renflement. La pédale est déjà suffisamment concave !
- Chérir ses pédales : vérifier régulièrement le serrage des picots, le frein filet est votre ami pour éviter d’en perdre tous les quatre matins, remplacer les picots cassés pour conserver le meilleur grip possible. Certains modèles de pédales sont montés avec des picots qui ne sont, ni plus ni moins, que de la visserie standard. Libre à chacun d’adapter des picots plus long ou de forme différente 😉

Mon expérience
A mon arrivée chez Endurotribe, c’est un sujet qui me tenait à coeur. Mais pourquoi donc ? Parce que même après une douzaine d’années de pratique, j’apprends encore de mes erreurs.
L’an dernier fût ponctué de maladresse mais riche en apprentissage. Frustré et angoissé par l’impossibilité de déclipser à coup sûr – la faute à une chaussure qui vient buter dans la manivelle avant de déclipser – j’ai fini par basculer du côté obscur. J’ai remis des plates. Pas facile au début physiquement, mais quel bonheur ensuite.
« Une histoire de confiance… »
Tellement plus fun, et confiance retrouvée, ce retour au source n’est finalement pas si obscur que ça puisque j’y vois désormais plus clair ! Maintenant, comme je ne rencontre plus de situation difficile quelque soit le terrain, je n’imagine même plus repasser en clips. Et j’encourage tous ceux qui veulent s’y mettre à essayer sur une assez longue durée et non pas sporadiquement.
J’ai tout de même une remarque personnelle. Il me semble qu’en France les autos ont la vie dure. Alors que les Canadiens et les Australiens, semblent préférer les flats aux clips. La faute à l’image du haut niveau français ? A l’esprit so routard qui règne sur le cyclisme français ? Bref vivement que Bryceland fasse parler la poudre en Enduro en flats, une bière dans le short…
Que retenir ?
Une chose est sûre : rouler en plates, c’est fun mais ça s’apprend. Et, bien choisir ses pédales et ses chaussures est primordial pour ne pas être dégouté du changement de bord.
Bien comprendre l’interaction entre les 2 composants du combo et bien assimiler les caractéristiques aident grandement. Malgré tant de réflexion et d’essai, mes choix restent les miens, chacun recherche son idéal. Les besoins et les attentes de chacun sont particulièrement subjectifs et personnels.
Enfin, à l’issu de cet article, choisir le combo qui répond à nos attentes, semble plus évident. Et comme nous venons de le voir, il n’y a pas qu’une seule solution au problème ! Pour la suite, les commentaires sont ouverts pour échanger et informer 😉