Skoda Titan Desert Morocco 2023 – Le compte-rendu de Pierre Billaud

Ce n’était pas une course que j’avais cochée dans mon calendrier cette saison, ni même un événement que je connaissais, mais je me suis rendu au Maroc du 29 avril au 5 mai pour prendre part à la Skoda Titan Desert Morocco ! Une belle opportunité que j’ai eue grâce au magazine FullAttack. Après avoir réservé ma semaine pour cette course, me voilà parti pour cette course atypique au cœur du désert Marocain et du massif du Haut Atlas !

Récit : Pierre Billaud – Photos : Skoda Titan Desert/Pierre Billaud

La Titan Desert Morocco c’est quoi ?

titan desert morocco

Six étapes, plus de 600 km pour plus de 7700 m de dénivelé mais avec certaines particularités. Tout d’abord, l’ensemble des participants est logé en mode « nomade », dans des tentes Berbères et nous changeons quasiment tous les jours de camps de base, parfois au cœur du désert sans aucune civilisation à proximité.

Autre grosse particularité concernant la course, il y a juste des points de passage obligatoire. Il est donc possible de ne pas suivre la trace que l’organisation communique et de prendre des raccourcis. D’ailleurs, les étapes 4 et 5 possèdent une grosse partie en navigation totale avec juste deux points qui nous ont été donnés, le départ et l’arrivée. Entre les deux, c’est à chacun de faire sa propre trace… De plus, l’étape 4, appelé marathon, se fait sans aucune assistance à l’arrivée au camp de base. C’est à chaque concurrent d’emporter ses propres affaires pour passer la nuit (matelas, duvet, affaires de rechange, etc…). Bref, une course très atypique, une vraie aventure !

Vendredi 28 avril, je suis en direction de Madrid pour rejoindre l’organisation et d’autres participants afin de prendre un vol charter le lendemain en direction de Ouarzazate. Une fois atterris, nous prenons un petit transfert en bus nous amenant au premier camp de base, à Boumalne Dadès, aux portes du massif du Haut Atlas. Durant le reste de la journée, j’en profite pour récupérer mon vélo, m’installer et prendre mes marques sous un soleil de plomb qui fait monter le mercure à plus de 35 degrés dans l’après-midi.

Une course très atypique, une vraie aventure…

Étape 1

Dimanche, après une nuit un peu compliquée dans ce camp de fortune, me voici au départ de la première étape avec au programme 89 km pour 2131 m de dénivelé. Le départ est neutralisé avant que nous élancions sur la première piste qu’on ne quittera pas de l’étape. Les premiers kilomètres sont poussifs, ça part gentiment. Certains tentent de s’échapper, mais vu le profil très roulant du segment sur lequel nous sommes, leurs tentatives sont vouées à l’échec d’avance.

Dans la première bosse qui nous emmène à plus de 2000 m d’altitude, le rythme s’accélère et l’écrémage se fait. Nous nous retrouvons rapidement plus qu’à une dizaine de pilotes. Mais le rythme n’est pas non plus infernal et avant de basculer je prends un relais et m’échappe rapidement, à ma grande surprise… Au final, je me fais rapidement rattraper à l’issue de la première descente.

S’en suit une autre difficulté, mais personne n’ose se livrer étant donné le profil descendant et très roulant des quarante derniers kilomètres. Et je vais vite me rendre compte qu’il faut rester tranquillement dans le groupe, car à chaque fois que j’emmène, je m’aperçois que certains ont des traces modifiées, ou connaissent le coin, et coupent au premier raccourci, m’obligeant à faire un effort supplémentaire pour les reprendre. Oui ce genre de chose est autorisé sur la Titan Desert. Voilà pourquoi je décide de rester gentiment au chaud dans le groupe. De toute façon, nous avons un vent de face, et rouler tout seul serait bien trop compliqué.

Nous arrivons dans la dernière bosse et c’est là que tout se fait. Je m’échappe avec deux autres concurrents et tente même ma chance en haut de la difficulté. Mais derrière, c’est plat, et je me fais donc reprendre directement. L’arche d’arrivée est visible au loin et il ne reste plus qu’un seul kilomètre à parcourir. Sur un chemin parallèle à la trace sur laquelle nous devons absolument terminer cette étape, nous coupons à travers dans une zone jonchée de pierres. Étant en semi-rigide, je ne veux pas tout casser et prends mes précautions. Malheureusement, je perds une dizaine de mètres que je n’arrive pas à combler afin de pouvoir disputer le sprint final. Je franchis donc l’arrivée à la 3ème place après 3h30 et 29s.

Nous arrivons dans la dernière bosse et c’est là que tout se fait

Étape 2

Revanche le lendemain sur la seconde étape de la Titan Desert avec une étape en ligne direction Nkob. Au total, 112 km pour 1830 m de dénivelé nous séparent de notre destination. La stratégie est simple aujourd’hui, attendre le challenge Skoda et les bonifications en jeu pour placer une attaque et essayer de grappiller une minute au général. Par la suite, je compte rester tranquillement dans les roues.

Après un départ sur route bien nerveux où il fallait être attentif et bien placé, je me retrouve rapidement en tête dans un groupe de dix pilotes. Le plan se déroule comme sur des roulettes et au kilomètre 70 je tente ma chance dans le segment Skoda (en bosse). Je me retrouve très vite seul devant, et remporte ce challenge ainsi que cette précieuse minute de bonification. Le segment passé, je décide de lever le pied pour qu’on me reprenne, car je sais que la suite de l’étape a un profil en faux plat descendant sur les 30 derniers kilomètres.

Sauf qu’en menant, je n’ai vu qu’au dernier moment que mes concurrents avaient pris un raccourci. Seul à chasser les trois fugitifs, difficile pour moi de boucher les trente secondes qui me séparent d’eux. Malgré mes efforts, je ne parviens pas à faire le jump et prends la 4ème place en 3h 44m et 54s. 4ème également au classement général, j’ai donc une demi-minute de retard sur le podium.

Le Stage 2 passé, c’est ici que l’ambiance de la Titan commence réellement. Nous sommes dans un camp Berbère en plein milieu du désert, sans aucune installation. Et demain ce sera encore bien différent avec le début de l’étape marathon où il faudra emmener tout ce qui nous semble nécessaire pour la nuit suivante, mais aussi pour l’étape 4. Pendant deux jours, nous serons en totale autonomie, hormis pour l’alimentation… Encore de belles péripéties à venir…

Pendant deux jours nous serons en totale autonomie

Étape 3

Mardi, c’est donc le début de l’étape marathon sur le Stage 3 en mode bikepacking avec le duvet, le matelas pour passer la nuit à la belle étoile, les affaires de rechange et le nécessaire pour l’alimentation sur l’étape 4. Tout ce chargement, il va falloir le traîner pendant 132 km et 1110 m de dénivelé, relativement plat, avec un vent de face et un soleil de plomb.

Le départ est donné et devant, tout le monde se ménage pour garder ses forces. De mon côté, je reste tranquillement dans le groupe de tête en essayant d’être attentif pour prendre les bonnes roues et faire le bon choix au moment où certains partiront dans une direction différente. Je ne veux pas manquer de prendre un potentiel raccourci.

Mais malheureusement, au dernier CP du km106, je subis un gros problème mécanique. Après 30 minutes de galère pour réparer cet incident, je repars avec pas mal de retard sur mes principaux concurrents… En plus de ça, vu que c’est l’étape marathon, je n’aurai pas accès à l’assistance jusqu’à l’arrivée de l’étape de demain. Impossible pour moi de réparer comme je l’aurais souhaité. Au final, je décroche une anecdotique 47ème place et descends 12ème au CG…

Après une après-midi à bricoler et à essayer de trouver la meilleure solution pour réparer ce souci mécanique, me voici le mercredi matin au départ de la quatrième étape. Encore bien chargé de tout mon attirail, je ne suis surtout pas trop serein de ma réparation de fortune. Mon but sur cette étape est de ménager ma monture et de rallier le nouveau camp de base où seront à disposition toutes mes affaires et l’assistance mécanique qui me permettra de réparer convenablement mon vélo.

Étape 4

Cependant, c’est encore une très longue étape qui nous attend avant de pouvoir accéder à tout ceci. 131 km pour 1146 m de D+ au programme aujourd’hui. En plus de ça, il va falloir se débrouiller sur les 50 km de navigation durant lesquels chaque participant devra faire sa propre trace tout en évitant les pièges des dunes de sable. C’est d’ailleurs ce qui me préoccupe le plus car c’est une première pour moi.

Rouler dans le désert et notamment dans les dunes, ça ne s’invente pas. Et au premier piège de dame nature, je tombe dedans. Je perds pas mal de temps pour essayer de me sortir de cette première zone ensablée. Ensuite, je fais le reste de l’étape seul, à essayer d’aller au plus rapide tout en évitant les différents pièges.

Sur la deuxième partie de course, je parviens à faire une belle remontée pour finir 6ème après 4h 52m et 12s sous une chaleur écrasante avec un bon 40 degrés sur les dernières heures. Au passage, je reprends quelques places au CG et me situe en 8ème position.

Ce qui fait la difficulté de cette course, c’est surtout la chaleur écrasante pendant les étapes, jusqu’à 40 degrés mais aussi la nuit compliquant considérablement la récupération.

Étape 5

Le jeudi, le départ est avancé à 7h30 à cause de la chaleur déjà étouffante qui s’annonce une nouvelle fois aujourd’hui. Cela va nous permettre de moins subir sur les 98 km et 933 m de dénivelé, dont 30 km de navigation.

Les coureurs s’élancent et après seulement quelques kilomètres, me voilà déjà enlisé dans le tout premier tas de sable que nous rencontrons. Et oui, ça ne s’invente pas de rouler dans le sable ! Vu que j’adore faire des tranchées dans les dunes, je tente ma chance durant les 30 km de navigation en essayant de couper à travers. Mais malheureusement pour moi, ce n’est pas forcément la meilleure solution… Seul au monde dans les dunes durant 1h30, croyez-moi que j’ai trouvé le temps long. J’ai surtout perdu beaucoup de temps.

Finalement, après 4h et 07m, j’arrive en 16ème position. Bref, encore une belle leçon aujourd’hui ! Au CG, je reprends tout de même une place et me classe 7ème.

Rouler dans le désert et notamment dans les dunes, ça ne s’invente pas

Étape 6

Vendredi, je me mets en grille pour la sixième et ultime étape de cette Titan Desert. Une étape courte et très rapide de 71 km pour 575 m, durant laquelle il va falloir rester aux avant-postes pour prendre le bon wagon.

Le départ est donné et après avoir tenté ma chance une première fois, c’est finalement la deuxième tentative qui est la bonne. Accompagnés de Sergio Mantecon, Miguel Muñoz et Roberto Bou (leaders du CG), nous prenons petit à petit de l’avance à un rythme vraiment très rapide. Seulement, c’est à cause d’un tas de sable que je me fais sortir. Mes roues s’enfoncent dedans et impossible de rattraper mes trois concurrents ensuite.

Décroché, je finis même par me faire reprendre par plusieurs coureurs pour former un petit groupe de contre. Au final, je franchis la ligne d’arrivée en 2h 19m et 48s de course avec une moyenne supérieure à 30 km/h… Au CG, je prends la 7ème place avec un total de 23h et 47m sur le vélo !

Une course atypique par son format, ses parcours mais au combien dépaysante, une vraie aventure humaine et une ambiance qu’on ne retrouve nulle part ailleurs…

Le profil de course que propose la Skoda Titan Desert Morocco n’est pas forcément idéal pour moi, mais c’est un événement unique et atypique à part entière ! Une expérience singulière dans les dunes du Maroc, mais aussi une aventure humaine avec de bons moments de partage avec les autres concurrents ainsi que la population locale qui nous a accueillis à bras ouverts.

C’est ça l’esprit de la Titan Desert, une grande famille. Un grand merci à FullAttack Magazine pour l’invitation !

Pierre