Dix jours à peine après ce gros morceau de bravoure, gagnante méconnue, Laura Charles nous raconte comment elle a préparé et vécu de l’intérieur le fameux Radon Epic Enduro 2018…
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Temps de lecture estimé : 7 minutes – Récit : Laura Charles – Photos : Endurotribe
On fait connaissance
Je m’appelle Laura Charles, j’ai 22 ans et je pratique le vélo depuis 10 ans. Après avoir réalisée 8 années en XCO et XCE (Coupe de France et Coupe du Monde), j’ai décidé de tout arrêter ! Toute ma passion pour le vélo s’est transformée en haine. Mon corps et mon mental ont dit STOP. Je n’avais plus aucune motivation à rouler, m’entraîner, prendre le départ des courses, je ne supportais plus la pression, etc… J’ai donc tout arrêté pendant presque une année.
Petit à petit le vélo commençait à me manquer. Mes proches m’ont beaucoup aidé et m’ont remotivé mais cette fois-ci pour essayer l’Enduro. Je me suis donc acheté un petit vélo d’Enduro, que je me suis fait voler un mois après… Heureusement que Lolo PTZC (Laurent Meunier) était là et m’a prêté un vélo à lui pour que je puisse continuer sur ma lancée. Je me suis ensuite inscrite aux 2-3 dernières courses d’Enduro de la saison 2017 que j’ai trouvé, un peu tard, en août-septembre. Ce petit avant goût de la discipline Enduro m’a vraiment donné envie de continuer.
Epic Enduro ?!
Je ne connaissais pas du tout cette épreuve jusqu’à ce que je vois les comptes-rendus sur Facebook de Lolo. Je me suis directement dit woooh ça à l’air carrément cool comme course.
C’est vraiment un gros défi personnel, le dépassement de soi, aller jusqu’au bout. Je me suis alors dit pourquoi pas l’année prochaine. Mais finalement mon inscription a tardé à se faire…
Ma préparation
Très compliquée… Je suis monitrice de ski nordique à Super Besse. Vous allez me dire oui le ski nordique c’est génial pour la préparation. Effectivement, c’est génial quand tu skies pour toi. En revanche, là, j’ai passé mes journées à « piétiner » avec les enfants ou les débutants. Pas le temps de skier pour moi, ni même de rouler. J’ai terminé ma saison de ski le 2 avril, le week-end juste avant l’Epic.
Mon Epic s’est donc préparé avec une dizaine de sorties VTT de 1h-1h30 axées sur la technique. J’ai quand même pris le départ de la Coupe AURA d’Enduro à Saillans. A ce moment là, l’Epic n’était toujours pas dans mon programme de course. Je me suis inscrite le dernier jour des inscriptions à cause ou grâce à mes proches qui étaient censés m’accompagner. Sauf qu’au dernier moment, mon copain Alex Rudeau n’a pas trouvé de vélo électrique pour le faire avec moi et l’autre (Ludovic Perrin) s’est blessé et n’a pas pu prendre le départ. C’est donc seule, avec mes dix sorties de vélo que je me suis lancée dans cette aventure…
Ma course
Beaucoup de stress au départ de cette course, surtout les jours d’avant, puisque je ne savais pas du tout où j’en étais, si j’allais réussir à terminer sachant que je n’avais fait 120km d’une traite qu’une seule fois dans ma petite vie et en vélo de route… Je ne connaissais absolument pas le parcours hormis la spéciale 1 que j’avais été repérer la veille.
C’est donc dans l’inconnu total que je me lance à 4h45 du matin. Ma plus grosse crainte était de ne pas passer les barrières horaires et aussi de bien m’alimenter puisque je mange très rarement sur le vélo, ce n’est donc pas naturel du tout. Me voilà donc partie pour la boucle 1, dans les roues des autres concurrents, à suivre comme un mouton sans savoir vraiment à quoi m’attendre. J’ai l’habitude de partir assez tranquille, je suis plutôt un diesel. Première montée, tranquille, bonnes sensations, je me réveille tranquillement. Je me lance sur la SP1 assez confiante vu que je l’avais repéré, je savais à quoi m’attendre. Plutôt contente de moi, j’ai assez bien roulé, assez propre, fluide, histoire de se mettre dedans. C’est naturellement que je décide d’enchaîner les spéciales de la première boucle sans faire trop de pause en bas et en haut des spéciales pour ne pas « m’endormir ».
Arrivée fin de première boucle, avec 2h30 d’avance sur la porte horaire, plutôt contente, d’en avoir terminé sachant que le plus dur allait arriver. Je décide de remplir mes bidons et de directement repartir, sans passer par le ravito. Je m’élance donc sur la boucle 2, tranquillement car j’avais vu sur le profil que les montées étaient longues. 600 participants et je réussis quand même à me retrouver seule sur la boucle 1 et la boucle 2 (ahah). Au moins, j’allais à mon rythme et c’était cool. La première partie de la boucle 2 s’est bien passée, jusqu’à arriver dans la montée pour aller à la spéciale 6 où là j’en ai eu marre, la montée était interminable, je n’en voyais pas le bout. Je faisais des pauses, puis je repartais, etc…
Enfin j’arrive en haut (ouf ça c’est fait). SP6, ok ! En route pour la SP7 où là ça s’annonçait compliqué. En effet, au milieu de la SP7, je prends une pierre qui fait sortir ma chaîne des galets du dérailleur. Pensant avoir tout cassé, je décide de ne pas m’arrêter et de continuer sans pédaler vu que tout était bloqué. Ne voyant pas le bout de la spéciale et voyant ma chaîne sortir de tous les cotés, je décide de quand même m’arrêter (on sait jamais si j’arrive à régler le problème…) ! Génial comme idée puisque je perds bien 1 minute à chercher le problème et à essayer de remettre ma chaîne. N’ayant pas réussi, je repars à pied dans la relance et termine toujours sans pédaler. Heureusement en bas de la spéciale, j’ai réussi à remettre la chaîne mais plus rien ne fonctionnait. Pas le choix de revenir au paddock pour terminer la boucle et régler ce petit problème. Retour au paddock avec mon vélo qui faisait un boucan pas possible sur la voie verte (ahah).
Ouuuuf enfin arrivée fin de la boucle 2, génial la pluie aussi arrive. Impossible de trouver ce qui ne fonctionnait pas sur mon vélo, Alex a réussi à rendre la chose moins pire. C’est donc pas vraiment motivée que je repars sur la dernière boucle avec 4-5 vitesses (génial pour les montées et les relances en spéciales). Physiquement, j’étais plutôt bien, pas trop mal aux jambes. Par contre très mal aux fesses (ahah). Le début de boucle 3 s’est bien passé jusqu’à la liaison pour rejoindre la SP10 où je perds ma pédale, d’un coup… Je la remets et repart. Puis s’enchaîne, dans la liaison pour aller à la dernière spéciale, mon axe de roue arrière qui était tranquillement en train de partir (reste zen il ne reste qu’une spéciale).
Et hop me voilà en haut de la dernière spéciale, un peu fatiguée, mais surtout vraiment contente de voir le bout et surtout de voir apparaître entre les arbres mon préféré, Lolo PTZC ! Je me lance donc dans le chantier de cette SP11 où on m’avait dit de faire attention… En effet, à vue, c’était sympathique. J’ai préférée faire 1-2 passages à pied où j’avais peur de tomber et casser mon vélo et où la prise de risque ne servait plus à rien.
Yeeees enfin en bas ! Plus que la longue voie verte et c’est terminé ! Oh amis qui voilà, qui me rattrape encore, Lolo ! Vraiment trop heureuse de le voir et de terminer cette MYTHIQUE course avec lui, celui qui m’a donné envie de la faire. On finit tranquillement en parlant d’envie de manger du vrai bon fromage auvergnat (du Saint Nectaire) ahah. A ce moment-là, les jambes pédalent seules, en mode automatique, en attendant de passer l’arrivée.
Et nous voilà arrivés, avec beaucoup de fierté d’avoir relevé ce défi et de voir mes proches aussi heureux, voir plus que moi d’avoir terminé. Ça, ça fait plaisir.
Je n’oublierai jamais cette course et je pense revenir les prochaines années ! Ce fut EPIC ! J’ai pris la course mètre par mètre, la tête levée, l’envie de relever ce défi pour moi et pour mes proches, pour leur montrer de quoi j’étais capable. J’adore le pilotage à vue, découvrir de nouveaux sentiers. Et ce fut pari réussi. Merci aux organisateurs pour cet événement de folie et merci à tous mes partenaires sans qui ce ne serait pas possible non plus.
Notamment à mon magasin Passion Vélo Thiers pour m’avoir apporté tout le matériel de réparation que je n’avais pas avant le départ (sans pression..!), à Specialized pour ce beau Stumpjumper Expert carbon, Prism Off Road pour mon sac à dos dorsale, Rocday pour les tenues, Asterion Wheels pour ces belles roues et à GripGrab pour les gants/chaussettes.
Merci Endurotribe et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Laura