Pierre Real, pilote creusois pour le MountainBike Zone Enduro Team, nous présente son dernier projet vidéo « Lone Shadow » ainsi que ses objectifs pour 2019. Il nous livre en prime pour Endurotribe les préparatifs et coulisses de la vidéo tournée avec Fabian Monchâtre…
Temps de lecture estimé : 7 minutes – Réalisation : Fabian Monchâtre – Photos : Evan Rebierre
Pierre Real, Creusois dans l’âme
Peu de personne me connaisse donc je vais brièvement me présenter.
J’ai 21 ans, je fais du VTT depuis 5 ans et je me suis vite tourné vers la DH et l’Enduro. Je me suis, depuis, spécialisé dans l’Enduro mais ça ne m’empêche pas d’aller attaquer les chronos de certaines DH quand j’en ai l’occasion ! Comme la DH urbaine de Grasse que j’adore. Je participe aux Coupes de France, quelques EWS depuis deux ans grâce aux WildCards, notamment celles qui sont en France et à proximité ; et à certaines Maxiavalanche pour le fun et le challenge.
Vous m’avez peut-être vu sur cette photo du holeshot au départ de la Maxi de Vallnord qui a généré quelques réactions sur les réseaux. Diffusée également sur votre magazine Enduro en ligne préféré 😉 .
En 2018, je suis revenu d’une opération des ligaments croisés, mon but était de revenir tranquille mais pas pour se tourner les pouces non plus. Niveau résultats, ça ne c’est pas aussi bien déroulé que je l’aurais souhaité… Énormément de casses mécaniques (même SRAM n’a jamais vu un truc pareil…) mais le principal est que je me sois amusé. « DNS » dans le Caroux et 38ème à l’EWS de La Thuile. 22ème au général de la Coupe de France et premier sur la Maxi de Vallnord dans ma catégorie. Pour la saison 2019, j’ai pour objectif d’atteindre le Top 5 en Coupe de France, et de rouler en régionales. Enfin, essayer de faire des Top 40-50 sur les EWS où je pourrais participer.
Comment nous en sommes arrivés là
En novembre dernier, vous l’aviez peut-être vu, nous tournions avec Fabian une vidéo au guidon de l’Orange Alpine6 E en compagnie Valentin Anouilh. Elle est d’ailleurs à (re)voir sur VTTAE.fr ! Bien avant ça, Fabian et moi parlions déjà de réaliser une vidéo ensemble. Finalement, on n’a jamais pris le temps de concrétiser, moi et ma saison, lui et ses autres projets en plus de ses cours… Mais, on a toujours gardé l’idée de côté, prêts à faire feu si l’occasion s’y prête.
Mi-janvier, il me contacte pour me demander si je suis chaud pour un projet vidéo. Fabian souhaite participer au concours vidéo organisé par DJI (leader mondial des drones civils) dans la catégorie « sport ». Forcément, je suis ultra motivé, je viens de changer de monture et je roule désormais pour Rocday et Amplifi. Je ne pouvais qu’accepter, histoire de faire une chouette vidéo avant le début de la saison. Et puis, je crois que plus on tourne des vidéos, plus on y prend goût !
Les règles du concours sont : proposer une vidéo inférieure à 5 minutes (jusque-là pas difficile à faire) et avoir au minimum 30 secondes de plans aériens réalisés au drone. Là, ça se corse un peu. Commençant à discuter, les idées ont fusé, on avait la base, le type de vidéo souhaitée et même la musique. Mais seul bémol, « où va-t-on filmer ? » Il nous faut une zone autorisée au survol et des traces relativement dégagées pour ne pas trop risquer de crasher le drone… Mais aussi pas trop loin de chez nous pour gagner en efficacité.
On a eu la même idée de lieu… Retourner au Singletracks Bikepark au Nord de Limoges ! Étant de Guéret et lui d’Angoulême, c’est le spot idéal pour nous. Je connais ce Bikepark par cœur, j’y roule depuis 4-5 ans, avant même qu’il soit ouvert au public. Fabian le connaît quasiment par cœur aussi, à force d’y rouler et shooter depuis plus d’un an et demi. Pas besoin de repérage, on a fait le listing des passages de pistes auxquels on pensait. On voulait éviter d’utiliser des passages que l’on a vu et revu en vidéo. À partir de là, on avait tous les éléments ! Fabian a commencé à mettre en marche sa créativité pour coucher les idées au propre, pendant que moi, je réfléchissais à rendre la vidéo « agressive ».
Tournage au Singletracks Bikepark
Le lieu est mystique, les couleurs, la terre, l’ambiance que dégagent ces forêts, cette ferme et son pumptrack… Jamais on n’aurait pensé avoir un petit bout de Canada perdu dans le Limousin ! Ted Tempany, shaper au Canada (à Squamish notamment), créateur de la fameuse Half Nelson, approuve ce petit bout de Canada perdu ! Très dur de s’en lasser avec le nombre de pistes et de variantes. Et les possibilités pour filmer sont quasi infinies !
26 janvier 2019, La Jonchère Saint-Maurice (87), 2 °C.
Fabian n’avait qu’une journée de disponible, pas une de plus. Le concours se clôturant le 18 février, il fallait que la météo aille dans notre sens et que l’on soit efficace ! D’où le travail en amont.
Dans l’idéal, il nous fallait un beau brouillard assez épais qui dure dans le temps. A notre arrivée à 8h30, avant l’ouverture du Bikepark, tout était enneigé. On nous avait prévenu que la neige risquait de pointer son nez mais on avait pas le choix… Il y avait tellement de neige que le Bikepark avait décidé d’annuler les shuttles de la journée. En prime, nous avions un gros brouillard bien épais, tellement épais que l’on ne voyait pas à 100m. La cerise sur le gâteau était une espèce de neige fondue, façon crachin breton qui pointait le bout de son nez. Lorsque l’on a vu le beau brouillard, on était heureux ! Mais le reste et les 2 °C nous ont un peu moins réjoui.
Arrivés au sommet sans trop de difficulté (merci les déneigeuses), nous avons commencé à filmer et on s’est très vite rendu compte que tous nos plans allaient tomber à l’eau. Certains endroits étaient impraticables, d’autres allaient être durs à passer correctement. La pluie fine s’intensifiait et ce sont des « astéroïdes » de neige qui tombaient des arbres. Le but premier était de faire voler le drone et ça devenait de plus en plus compromis. Fabian voulait impérativement le faire voler, coûte que coûte. Dès qu’il y avait un trou dans la forêt, où les arbres ne pouvaient pas « attaquer », il le faisait décoller. Le drone était complètement trempé, comme le reste du matos et nous même… On a quand même eu une toute petite part de chance, le vent n’était pas de la partie et cela a facilité le pilotage.
Sur le vélo, je n’étais pas du tout en forme, plus je roulais plus je me sentais mal. j’alternais entre trop chaud/froid. J’étais frigorifié, les poumons me brûlaient, je ne sentais plus mes orteils. Un gros calvaire.
Vers midi, on est redescendu à la ferme (à l’accueil du Bikepark) pour se réchauffer au coin du poêle. Manger un morceau, sécher les affaires et charger l’unique batterie du drone. J’étais vraiment mal, sans la moindre envie de repartir de la ferme. Il fallait pourtant bien finir par bouger car il nous manquait beaucoup de plans.
Nous avons finalement filmé de 13h30 à 15h. Jusqu’à ce que je n’arrive plus à rouler. Je n’étais vraiment pas bien.
On s’est posé avec une bière au coin du feu pour regarder ce que l’on avait. Fabian m’a dit « laisse tomber, on arrête tout, je ne veux pas que tu prennes plus cher, au risque que tu te fasses mal en plus ». Il a vérifié le nombre de plans et cela semblait suffisant, même s’il savait qu’il allait certainement un peu galérer au montage. Heureusement, son pote Evan était là pour compléter les plans lorsque Fabien pilotait le drone. Sans lui, la vidéo aurait été compliquée et très écourtée.
Une journée finalement très stressante, où rien ne s’est passé comme prévu… Mais ça nous donne une bonne excuse pour recommencer, dans pas longtemps et en mieux !!!
C’était à Fabian maintenant d’exprimer son talent en passant par de longues heures de montage. Il a du pas mal « bidouiller » pour combler le manque de plans ; la qualité de certains s’en ressent.
En attendant les résultats du concours le 20 mars, on vous laisse maintenant découvrir notre vidéo. En espérant qu’elle vous plaise, que vous appréciez le Singletracks Bikepark sous son manteau blanc…. Nous, on s’est quand même bien amusé à la réaliser ! 😉
Lone Shadow – La vidéo