Pour le cinquième épisode de Peinture & Aventure, l’artiste globe-trotteur Tito Tomasi nous fait partager son périple à travers les hauts reliefs péruviens…
A (re)voir : Peinture & Aventure #1 // Peinture & Aventure #2 // Peinture & Aventure #3 // Peinture & Aventure #4 //
Peindre mars
Chaque mois j’ai la chance de prendre une feuille blanche et d’y poser le souvenir le plus marquant des trente derniers jours pour le partager avec vous. Avec cette chronique sur le mois de mars, ce souvenir est si vif et si présent que j’ai un peu de mal à commencer à le raconter.
Je voudrai vous parler du Pérou.
La vie est courte, vraiment courte en fait. Dans cette vie on a peu de chance d’être réellement qui on veut ou faire vraiment mais alors vraiment ce que l’on veut. Ces opportunités sont si rares que les rater c’est comme passer à côté de sa vie. J’ai choisi de faire du vélo et de la peinture pour me rapprocher de ces envies personnelles de liberté et d’expression. J’ai choisi d’aller au Pérou pour faire mon chemin et vivre mon aventure, sans peur et sans regret. Avec mon cœur et mes mollets.
C’est à la fin du mois de février que je quitte le Chili pour le sud du Pérou. J’ai gardé en mémoire mon premier voyage dans ce pays, trois ans plus tôt. Dans mon sac un guide de randonnée bien fourni avec des trek allant jusqu’à 150 kilomètres de distance… Mon vélo est prêt, j’ai mon sac préféré et un nouveau carnet de voyage. J’arrive à Arequipa. Le lendemain je prends le bus dans l’après-midi pour Cotahuasi, le canyon le plus profond au monde.
S’en suivre cinq jours dans le canyon, une vraie odyssée dans cet univers à part. Le canyon est bien peuplé et je peux facilement trouver des villages pour trouver ma nourriture et un toit pour le soir. Les différences d’altitude sont énormes, le canyon étant profond de plus de 3500 mètres. On y trouve des oasis au milieu des falaises de terres érodées, des cultures de céréales et patates en altitude, des troupeaux de lamas et alpagas encore plus haut ! Les sentiers sont super et hyper variés, avec la pluie le soir les ponts sont parfois absents et les traversées de rivières deviennent sympas. C’est un super moment, même si j’ai du mal à me faire à l’altitude, je passe un peu de temps avec une famille à Huarhua. Dans tous ces villages la vie est simple, les gens cultivent et mangent leur récolte, pas d’électricité, pas d’eau courante ou de toilettes. Pas beaucoup de questions et beaucoup de temps pour vivre et partager. On va ramasser les patates au champ avec l’âne et la mule. Le soir avant que la nuit tombe on mange la soupe et un morceau de cochon d’Inde. Oui oui ils adorent ça, et puis c’est pratique pour les élever.
A ce moment je suis terriblement pris dans mon voyage, le Pérou et les péruviens me fascinent. Je ne les comprends pas toujours et je n’approuve pas toujours. Mais j’apprends, en silence et je roule vers l’avant.
Le deuxième chapitre se passe dans un autre univers, le Pérou sait très bien faire cela. Dans un seul et même pays on trouve des différentes cultures, des langues différentes et des mondes différents. Je mets mon vélo dans la soute du bus local de nuit avec les sacs de pains ou de céréales. Voilà comment je débarque dans le monde du lac Titicaca. Ce n’était pas si facile de faire son chemin tant les points d’intérêts sont touristiques, mais en restant quelques jours sur l’île de Taquile le monde retrouve son calme et son silence peu à peu et commence à chanter. L’île au milieu de cette mer à 3800 mètres d’altitude n’est pas juste magnifique elle a son propre langage. Je suis parti pour en faire le tour à VTT, c’est comme ça que je rencontre trois gosses qui vont m’en apprendre beaucoup, puis je passe du temps à peindre et écrire. Un matin je me ballade à pied pour retrouver mes copains, on va chercher mes Posca et pendant quelques heures on repeint un tonneau qui sert de poubelle près d’une arche de pierres. Des condors, un soleil, des poissons leur langage est empreint de cette nature forte qui les entoure et les protège. Ce lieu est calme, ici pas de voiture, de magasin, de goudron ou même de bruit. Les gens cultivent pour eux et la communauté, ils achètent peu sur la terre ferme et vivent ainsi une vie à eux en regardant le bleu intense du ciel et du lac. Intense. Les gens ont un rapport différent avec leur terre, ils la respectent et l’observent mais ce qui change c’est que tout est plus direct. La nourriture est tout près dans le champ, on achète la laine dans la rue et on tricote à chaque minute de libre. Le soleil passe.
A ce moment je suis bien, saisissant chaque instant comme il vient et profitant de ce voyage envoutant.
Troisième et dernier chapitre, la ville mythique de Cuzco. Bien connue des touristes et des archéologues cette citée et les montagnes qui l’entourent sont aussi bien connus des vététistes. Avec un climat clément et un terrain de jeu sans limites Cuzco et la région constituent un vrai paradis pour le vélo de montagne selon Yuri. Un local passionné que j’ai contacté il y a quelques semaines. Je me repose tranquillement en visitant la ville mais Yuri m’appelle pour aller rouler ce soir même. Pas de repos finalement, on met les vélos sur le toit d’un bus rouillé pour monter en haut d’un col. On fera deux rotations sur des sentiers bien ludiques et parsemés de sauts, le moment aussi de faire connaissance. Yuri me donne des conseils sur les trekking et les choses à voir dans les 10 jours que j’ai dans le coin. Sans peur et sans regret avec mon cœur et mes mollets. Je reviens convaincu d’une chose, Cuzco est bel et bien un paradis pour le vélo de montagne. Pendant ce voyage sur les sentiers incroyables je ne touchais pas le sol. Oui oui ! Au plus près de ma vision de la liberté, allant de village en village et rencontrant cette culture andine forte et inspirante. Les gens sont durs et simples, j’apprends encore. Ils m’aident, me poussent et me montrent des chemins que seul le voyage détient en sont essence même. Mais les sentiers sont aussi l’héritage du passé et de la culture Inca, insufflant une atmosphère unique et parfois mystique. Je passe les cols, dévale les vallées et traverse les villages. Prenant totalement mon pied sur mon vélo et repoussant encore mes limites.
Voilà un stade du voyage où les sentiers sont plus derrière moi que face à moi, je rentre à Cuzco le cœur plein de visions. Cette région est un cadeau et est surement l’endroit le plus intéressant que j’ai visité dans ma vie. Je suis amoureux et je veux revenir vivre ici.
Sans peur et sans regret avec mon cœur et mes mollets. Viva Peru !
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