Les vélos des pros – Le Yeti SB6C de Richie Rude

Le petit monde de l’Enduro est ainsi fait : les meilleurs pilotes du monde roulent sur des vélos disponibles dans le commerce. Du moins, en apparence. Non pas qu’il y ait tromperie sur la marchandise. Mais bien qu’en y regardant de plus près, tout ou presque, est optimisé, pour l’efficacité et pour la gagne.

Le Yeti SB6C de Richie Rude, double tenant du titre suprême, en est le meilleur exemple. Un de ces vélos qui respire le soin du détail au premier coup d’oeil. Qui trahit les heures de travail et d’entretien, avant et après les runs monumentaux que son pilote lui réserve. Et qui renferme quelques surprises… De taille !

 


Temps de lecture estimé : 6 minutes


 

 

Soins particuliers

Shaun Hughes est un bonhomme remarquable. Short, t-shirt, tongs… Le mécanicien de Richie Rude n’est pas du genre à perdre de vue l’essentiel. Son apparence est aussi simple et détendue que son travail est méticuleux. C’est lui qui prend soin des montures du champion.

C’est donc lui qui, d’une certaine manière, est bien l’auteur de ces petits détails qui ne se voient pas dans l’action, mais qui attirent l’oeil lorsque le vélo trône sur le pied d’atelier…

Rien d’extra-ordinaire jusque là… Mais des détails qui démontrent une certaine sensibilité : ne rien laisser au hasard. Ne pas hésiter à prendre l’initiative et développer ses propres petites solutions. Et à bien y réfléchir, ils ont du sens : mine de rien, il faut du temps et du talent pour parvenir à ces petits détails pensés et finis ! C’est, entre autre, à ça que l’on voit le mécanicien de coupe du monde.

 

 

Petits oignons…

Pas étonnant donc que dans les allées de Finale, où il est photographié, le Yeti SB6C du Champion du Monde soit un des plus observés. La plaque de #1 y est forcément pour quelque chose, mais ceux qu’elle attire en ont pour leur intérêt.

Nul doute que les propos des membres du team soient pris au sérieux par leurs interlocuteurs. Une équipe Shimano, très à l’écoute ce week-end là, prend bonnes notes des retours d’expérience. En la matière, il y a de quoi, puisque le vélo du numéro un mondial dispose de quelques éléments remarquables…

 

 

Surprises de tailles…

Sous la toise, Richie Rude mesure 1m80… Et sur la balance, pèse plus de 90kg. Pas étonnant donc, mais tout de même, de trouver des mensurations particulières sur son vélo. En premier lieu, en matière de pression, dans les pneus comme dans les suspensions…

Pas de prise de risque de ce côté-là. Il faut avant tout que le matériel tienne, et encaisse sans sourciller. Pas une mince affaire sous un tel gabarit. D’autant plus que comme beaucoup d’entre nous, Richie Rude est entre deux tailles. 1m80, des mensurations qui le placent exactement entre M et L au tableau des tailles de la marque.

Et pour l’heure, il utilise la plus petite des deux opportunités qui s’offrent à lui. Le Yeti SB6c du Champion du Monde est donc une taille M. Mais en la matière, d’autres éléments dénotent aussi…

 

 

Approche conservatrice ?!

Petit vélo, potence longue et cintre étroit… On grossit le trait, mais la combinaison des trois facteurs va bien à contre-courant de certaines tendances. La comparaison avec le Giant Reign de Yoann Barelli a d’ailleurs du sens : gabarits proches, et deux approches diamétralement opposées entre les deux top-pilotes !

Un constat qui démontre qu’en matière de performance, il n’y a pas une voie unique, mais bien différentes combinaisons de facteurs.

La stabilité ? Il la tient de ses choix de débattement et de ses réglages de suspensions avant de la tenir de la géométrie du vélo. Au global, certains diraient qu’il s’agit de choix anciens auxquelles il s’attache. Un brin conservateur. D’autres y trouvent du sens et une certaine logique.

Celle d’un pilote de haut niveau qui peut se permettre de pousser le matériel dans ses retranchements, et ne pas hésiter à l’utiliser dans des plages où peu s’aventurent. Des corrélations de paramètres qui lui sont presque exclusivement réservées. Avec son gabarit, il ne sont pas beaucoup sur cette planète à se permettre de rouler aussi vite avec de telles pressions de pneu, des suspensions aussi fermes, une telle géométrie et un tel gabarit.

Mais Richie Rude redouterait plus son environnement que ses capacités de pilotage. On l’a vu accrocher une souche à Apsen. Il n’apprécie pas plus l’idée d’accrocher le guidon dans un arbre. Il veut donc avant tout s’affranchir de ces soucis pour se concentrer sur ce qu’il doit faire de mieux.

Puisqu’il sait faire avec ce matériel un brin étriqué, il tire parti du moindre encombrement pour naviguer sur la largeur de la trace. Et il use de la vivacité supplémentaire pour corriger dans l’instant, le moment venu. Sa carrure comme sa puissance lui permettent de tenir bon et d’aller vite.

Au final, une différence qui a du bon. Elle permet de cliver, de contre-balancer, de relativiser les tendances et courants d’idée prédominants. Et mettre une fois de plus en exergue toute la beauté du sport.  La performance, avant toute chose, tient à une parfaite cohérence entre les capacités du bonhomme, et celles du matériel…

Rédac'Chef Adjoint
    1. Pas du tout le sag et les spacers n’ont rien à voir les spacers vont juste lui permettre de talonner moins vite ? et il doit faire environ 95 kg car chez fox même psi que poid approximativement

  1. superbe article, mon futur bike, peut être, j adore son sens conservateur , cela met un frein aux tendances actuelles, je m’y retrouve dans son cas d’ailleurs, mais comme vous dites si bien, il faut un sacré physiques pour tenir la bête. Les détails , tout est nikel..Les freins, mes favoris.
    Question settings, là je suis un peu bleuffé…

  2. Il utilise un cadre taille M en prenant le modèle « petit » pour lui mais compense ce trait en utilisant une fourche en 180 et donc rallonge l’empattement du vélo, non? On pourrait « comparer » peut être un cadre taille M + fourche 180 à un cadre taille L + fourche 160? (c’est une piste de réflexion, c’est peut être faux ce que j’annonce -> un avis des autres?)

  3. Bonjour,
    J’ai peut être mal regardé mais il utilise des pneus à carcasse « DH CASING » à 1.2 kg le pneu ?
    Pas monté en TUBELESS non plus ?

    Je trouve ça curieux.

  4. La fourche en 180 au lieu de 160 « raccourcit » le cadre au contraire (à SAG égal).

    Le Griffin semble bien être celui à 1,2 kg… quant au tubeless, aucune idée.

    En tout cas c’est très intéressant cette approche. Profiter de son physique pour rouler sur un vélo vif pour au final ne perdre du temps nulle part. Compenser ses « défauts » (comme l’expliquait M.Vouilloz dans une interview pour PinkBike il me semble) au lieu d’optimiser ses qualités (comme l’avait fait Yoann sur son Reign très typé DH).

  5. Je parle bien d’empattement et pas de longueur de cadre, vu que cette dernière est fixée par la taille de cadre.. un avis Antoine?

    1. @Viv’s, Frog & Wilfried > vous avez tous les deux raisons. L’empattement du vélo – distance d’une roue à l’autre – augmente, ce qui doit rendre le vélo plus stable à la manœuvre. Mais le reach (distance boitier<>direction) diminue, ce qui limite la place disponible pour se déplacer sur le vélo.

      @Gérald & Lionel > ça fait justement deux ans que tout le monde scrute le moindre changement sur son vélo, et que malgré les pressions, les avis et autres commentaires, il tient bon. L’article est là pour marquer un nouveau jalon : à la dernière course internationale en date, il était toujours sur ces valeurs. À un mois de la reprise, une bonne occasion de garder ces repères à l’esprit et être attentif à ce qui pourrait, ou pas, apparaitre de nouveau en 2017. Il est le leader, normal qu’il soit régulièrement scruté et pris en (contre)exemple. L’étonnement n’est donc que relatif > il s’exprime par rapport aux tendances qui, qu’on le veuille ou non, ont la dent dure 😉

  6. fourche plus longue :
    empattement plus long , boitier de pédalier plus haut , angle de chasse plus couché
    donc un bike plus stable mais moins maniable

  7. Je lis « surprises de taille » et me réjouis de lire l’article…pour au final n’avoir quasi aucune information, en tout cas aucune surprise.
    OK, on voit quelques photos mais pour une quelconque analyse faut repasser.
    Dommage surtout que vous êtes capable d’originalité dans pas mal d’autres articles.

  8. D’accord avec frog avec en plus, angle de selle plus couché (1° par 20 mm de hauteur de fourche) et surtout le reach qui diminue, 4 ou 5 mm par 10 mm de hauteur de fourche en plus.

  9. @ corentin
    ergon GD1 MTB Gravity Series
    tu peux les trouver sur le net

    sinon sympa l article, merci endurotribe, cest cool de voir les velo des pros

  10. Oui oui mais voilà bientôt 2 ans que le vélo de Rchie Rude est décortiqué.
    Désolé de m’être attendu à mieux, avec analyse et avis éclairé.
    Sans doute parce que je vous tiens en très haute estime.
    Salutations sportives
    Gérald.

    1. Je n’ai pas la prétention d’en connaître un grand rayon dans le domaine de l’enduro moderne et serais plutôt de par ma vieille pratique du VTT un « rude » conservateur en terme de géométrie de ce genre-là garante d’un vélo maniable … Pourquoi faudrait-il forcément suivre la tendance si nos sensations sont ailleurs ?
      Certains n’en apprendrons peut-être rien d’un tel article mais en tout cas moi ça me conforte 🙂

  11. Bien joli le bike et l’article
    Costaud le rude.mais pourquoi être étonné de certains choix qui ne sont pas dicté par le marketing.
    Rude fait La meme taille et pèse 5kg de plus que moi
    Je roule avec un focus sam taille M.
    PIKE gonflée pour un poids compris entre 84/90kg sans token,mais avec une cartouche MRP
    Amorto cane creek air gonflé entre 130/150
    Guidon 78/potence 6cm
    Jantes Mavic en21arr/en23av avec pneux DH spé pour les courses.préssion av1,6kg/ar2kg avec chambres à air.
    Doubles plateaux avec narrow wide 32 dents.
    Pivot de fourche bouché mais avec un morceau de mousse
    Pontet de fourche scotché au niveau des plongeurs car cet endroit ramasse tous ce que le pneu remonte

  12. ok, disons que l’article est fait pour souligner une fois n’est pas coutume le sérieux, la minutie et le luxe de cette marque qu’est Yéti, on ne peut lui reprocher grand chose hors mis les tarifs, mais quand on voit la finesse de conception et d’entretien, on ne peut qu’en parler et en reparler, car il y a beaucoup de marque, oû l’on oublie l’essentiel…Je ferais juste un reproche, pas de cadre alu, mais c’est leur choix et cela casserait un peu leur image..

  13. je reviens sur l ‘article car il me plait , rien que sur le fait de l’esprit conservateur, je dirais qu’en fait, c’est l’évolution de la pratique ou du moins, les marques qui ont voulu toucher un plus grand panel d’amateur, et donc de concevoir des vélos plus simples à maitriser pour une personne lambda, car il faut être honnête des vélos comme celui de richie , il y en avait beaucoup il y a 2 voire 3 ans, mais ils demandent beaucoup plus de physiques et de maîtrise, alors qu’ au jour d’aujourd’hui beaucoup d’entre nous n’a pas  » le temps de perdre du temps » avec de la musculation ou du gainage .Après on va me dire, oui , mais la plupart des pros roulent avec des bikes de dernière génération, et je dirais normal, il y a le sponsoring. Une deuxième influence sur notre choix du bike.

    1. Tout à fait d’accord avec cet avis. L’évolution du matériel rend la pratique de l’enduro de plus en plus accessible au plus grand nombre (un peu comme pour le ski freeride d’ailleurs). Admettons que le 27.5 et les suspensions modernes facilitent tant de choses.. Alors si les meilleurs ont les moyens techniques de modifier ces nouveaux standards imposés pour revenir sur des fondamentaux c’est tant mieux.

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