Grosse bataille en perspective sur le marché des casques VTT Gravity ! Après Urge, Fox et Met, c’est au tour de POC de dévoiler son dernier né : le POC Cularis. Et puisqu’il s’agit du leader du classement Virginia Tech au moment d’écrire ces lignes, on s’y intéresse de plus près, et on vous livre ce que l’on en sait…

Pourquoi Virginia Tech ?
Virginia Tech, depuis un moment maintenant, vous en entendez parler sur FullAttack. La raison est simple ! À ce jour, il s’agit du seul laboratoire d’essai indépendant que l’on connaisse, qui ait entrepris de classer, publiquement, les casques du marché selon leur niveau de protection. Il s’agit d’un laboratoire universitaire américain, dont la procédure et les résultats sont disponibles en ligne, sur son site web. Plutôt que de se rouler par terre sans grande chance de succès, c’est pour nous un repère utile qui permet de statuer sur le niveau de protection d’un casque. Or, ces derniers temps, ces notations et ce classement sont devenus des arguments que chaque marque de casque espère attirer en sa faveur. Les Fox Speedframe et Met Revo sortis il y a peu en attestent. Le premier s’est même adjugé, l’espace de quelques jours, la tête du classement…

Jusqu’à ce que le POC Cularis, sujet de cet article, lui chipe la vedette ! Avec une note de 7,10 au moment d’écrire ces lignes, le POC Cularis prend la tête du classement Virginia Tech. Plus en détail, c’est sur les impacts de basse énergieque la différence entre les deux leaders se fait. Le POC Cularis y obtient une excellente note de 1,5 contre 2 pour son concurrent direct, alors que les deux sont notés autour de 5,5 sur les plus gros impacts. Ça, c’est ce qu’il en est en matière de notation. En matière de norme ensuite, le match continue. Vous l’aurez noté en suivant l’actualité de ces derniers temps sur FullAttack : une partie des marques de casque VTT Gravity s’évertuent à instaurer une nouvelle référence pour les casques open face. S’ils répondent tous, jusqu’ici, par exigence règlementaire, à la norme EN 1078, Fox et Met parlent ces derniers temps d’une autre norme à laquelle ils veulent se référer : la norme NTA 8776.
Le POC Cularis et les normes : une position stratégique
À l’origine, il s’agit d’une norme néerlandaise, établissant des exigences plus sévères pour répondre aux risques d’accidents plus élevés via la pratique du vélo à assistance électrique rapide – les Speedelec dont l’assistance pousse jusqu’à 45km/h, contre 25km/h pour les vélos à assistance électriques plus conventionnels… Pour cette norme NTA 8776, en laboratoire, on sait qu’il s’agit toujours de limiter l’accélération perçue par la tête à 250g, mais en lâchant le casque d’une hauteur allant jusqu’à 2,15m – avec une tête de 5kg dedans. OK… Mais quel est le rapport avec la pratique du VTT Gravity me direz-vous ? Eh bien les marques y voient l’opportunité de hausser le niveau de jeu, ne se cantonnant pas à la norme EN 1078 vieillissante à certains égards. D’accord, mais en réalité, le POC Cularis dont il est question ici, n’est pas certifié NTA 8776 ! Il n’en est fait mention nulle part.
Doit-on le rayer des tablettes alors qu’il occupe la tête du classement Virginia Tech par ailleurs ?!
Non. Il faut plutôt se pencher sur les propres méthodes de la marque, pour obtenir des éléments de comparaison tangibles. Souvenez-vous : il y a quelque temps, nous saisissions l’opportunité d’une visite chez Met/Bluegrass, pour vous en apprendre davantage au sujet du process de conception et développement d’un casque de VTT. C’était alors l’occasion pour nous de vous préciser en quoi les notions de design, simulation, base de données, laboratoire d’essai et de certifications pouvaient avoir du sens et de l’importance dans l’élaboration d’un casque le plus protecteur qu’il soit. POC n’est pas en reste, puisqu’elle avance les mêmes notions qu’elle ajuste à sa manière, tout en complétant d’autres éléments pertinents pour compléter. Tout ceci commence par un board d’experts et référents que la marque s’est constitué depuis ses débuts. Des médecins, chercheurs, assureurs et universitaires que ses équipes sollicitent pour comprendre les phénomènes et cas de figure cliniques auxquels ils doivent tenter de parer.

La protection et les données scientifiques : l’approche POC
Écouter l’un des membres de ce board permet par exemple d’apprendre que l’addition de commotions cérébrales – sujet en lumière ces derniers temps, et pour lequel nos connaissances restent limitées – n’est pas linéaire. Deux commotions consécutives n’auraient pas seulement les effets de 1+1, mais peuvent entraîner les conséquences équivalentes à en avoir eu 10 ! Pour l’heure, la recherche à ce sujet porte sur l’inflammation cérébrale et ses conséquences, qui peuvent se produire en avalanche – logique, si l’on saisit que les tissus cérébraux ont pour objet même la connexion et transmission de signaux – pendant des heures, jours, mois, voire années. Les scanners et la surveillance de biomarqueurs sont au programme pour tenter d’évaluer l’importance des commotions. On saisit là qu’avoir des informations les mieux placées pour développer le meilleur outil de suivi, le moment venu, est d’un intérêt premier pour une entreprise comme POC…



Mais on s’éloigne du sujet. Pour l’heure, ce n’est pas ce dont il s’agit à propos du POC Cularis. Lui provient du process de développement plus commun que l’on commence à connaître sur FullAttack. À ça près que POC tire ici aussi parti de son board d’expert. La marque a par exemple travaillé à l’élaboration de maps of conflicts pour lister les cas de figure les plus répandus en matière d’accidents… Et depuis 2012, elle alimente sa propre base de données sur les accidents et tests en laboratoire pour lesquels elle dispose d’éléments précis. 18000 cas de figure, près d’un million de données, répertoriés à ce jour dans le Cube – le nom donné à cette mine d’or… Qui dispose avant tout d’une interface particulièrepensée pour permettre un traitement des données pour filtrer et cibler ce que l’on peut en tirer en fonction du projet en question. C’est par exemple ce travail qui permet à POC de tirer la Heatmap à laquelle le POC Cularis doit répondre. Comprennez, la définition des intensités d’impact auxquelles doit répondre chaque zone du casque…

Bien entendu, la norme EN 1078 définit un seuil minimal, à sa façon. Mais POC entend aller plus loin. Ce sont les données contenues dans sa base de données qui l’y incitent. Tout comme celles issues de l’analyse vidéo d’impact qu’elle inclue à son process. Très majoritairement, sur la base d’images obtenues par la production télévisuelle de la Coupe du Monde de Ski à l’origine. POC parvient à en tirer des informations dont la précision se situe dans une fourchette de 12%. Pas assez pour être catégorique sur certains points, mais suffisant pour participer à des tendances comme celle, par exemple, d’un besoin de protection en hausse sur les pratiques VTT Gravity. D’où, le détail final de ce propos, qui nous intéresse : le fait que POC ait augmenté les vitesses d’impact auxquelles ses casques VTT Gravity doivent désormais répondre. La marque évoque pas plus de 250g à 6,65m/s avec une tête de 5kg – ce qui correspond à une hauteur de chute de 2,3m. Si l’on reprend les chiffres évoqués pour la norme NTA 8776 précédemment, on est sur une équivalence. Et même si le protocole Virginia Tech diffère – impact oblique, vitesse normale de 5,2m/s au plus fort – les résultats du POC Cularis participent au faisceau d’éléments en sa faveur…

Performance et design : les caractéristiques du POC Cularis
Bref. Tout ça pour dire que même si le POC Cularis n’est pas certifié NTA 8776, il s’impose quand même comme une référence. À sa manière, il sait montrer patte blanche. Et pour le reste, ses caractéristiques parlent pour lui… Pensé pour le VTT Trail/All-Mountain/Enduro, le POC Cularis mise sur l’équilibre entre protection, ventilation et confort. Il reprend le principe des casques route POC avec une ventilation optimisée par la mécanique des fluides numériques : l’air doit mieux y circuler, et le rafraîchissement doit suivre. Côté fabrication, sa structure EPS calibrée et sa coque en polycarbonate veulent allier légèreté et résistance.









À l’intérieur, il intègre le Mips Air Node pour mieux gérer les impacts obliques via ses pads de confort. L’ajustement est soigné avec un serrage à 360°, des sangles ajustables et un réglage vertical. La boucle Fidlock simplifie l’attache et les encoches permettent de caler les lunettes facilement. Et en face avant, une visière détachable pour limiter les torsions du cou en cas d’impact. Un réflecteur RECCO, pour être repérable, complète le tableau. Le POC Cularis est dispo en trois tailles – S (50-56cm), M (54-59cm), L (56-61cm) – pour des poids compris entre 350 et 430g, à un prix de 230€.

Premières impressions : le POC Cularis en mains
Voilà. L’article pourrait s’arrêter là, mais j’ai reçu juste à temps, avant la publication de cet article, un exemplaire du POC Cularis. Pas assez de temps pour livrer un verdict, mais tout de même de quoi confier quelques premières impressions utiles. Avoir un casque en main, c’est toujours un bon moyen d’avoir un autre regard que celui, forcément orienté, confié par la marque au sujet de son produit… Avec le POC Cularis, la première impression, c’est l’aération. Face avant, dessus, arrière… jamais un casque All Mountain ne m’avait semblé aussi ajouré. Mise en perspective avec le fait que ce soit ce casque qui occupe la tête du classement Virginia Tech, c’est une observation qui prend une toute autre dimension. Sacré performance ! Ensuite, on retrouve la patte POC, avec ses formes arrondies… mais pas que ! L’arrière adopte un profil plus anguleux qu’à l’accoutumée, peut-être pour renforcer la protection du bas du crâne. Côté rétention des lunettes, le grip fonctionne bien, mais l’intégration visuelle laisse à désirer. Deux morceaux de revêtement collés sur la coque, ça manque d’élégance. Autre point notable : ici, les lunettes se rangent au-dessus de la visière, réglable sur trois positions. À la plus basse, elle joue vraiment son rôle contre le soleil rasant. Dès qu’on la relève, elle disparaît totalement du champ de vision. Par contre, son réglage repose sur deux indexations latérales. Gare aux ajustements de travers… certaines marques ont opté pour un point central pour éviter ce problème. À l’intérieur, pas de surprise. La forme est fidèle à l’ADN POC : très creuse, très ronde, très enveloppante, dans la lignée du Tectal. Dernier détail marquant : il n’y a pas de mousse à l’arrière du casque. Un choix qui intrigue, mais qui ne semble pas impacter le confort… ni la gestion des impacts rotationnels du MIPS.
Quoi qu’il en soit, il est temps maintenant de glisser la tête dans ce POC Cularis pour de bon, et d’en faire usage. Si d’autres questions à ce sujet vous viennent, on en parle dans les commentaires, ci-dessous 😉