EWS de Wicklow 2016 : De l’autre côté de la rubalise – Les recos (MàJ J2)

Après nous avoir conté de l’intérieur les deux premières manches des EWS en Amérique du Sud, le coach Nicolas Filippi (Perfoptimal) est de retour aux manettes de sa chronique « De l’autre côté de la rubalise » pour nous faire vivre en exclusivité sur Endurotribe les reconnaissances et la course de l’Enduro World Series irlandaise de Wicklow

Texte : Nicolas Filippi # Photos : EWS/Nicolas Filippi

Mise à jour de l’article dimanche 15/05 à 8h30

 

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6 semaines après le très difficile enchaînement Chili/Argentine dont il aura fallu un peu de temps pour récupérer… Nous voici en Irlande, à Wicklow, pour la 3ème manche des EWS.

13180979_1484396081622826_1899388821_nIci la course est un véritable rallye, avec 7 spéciales assez courtes (3 à 6 minutes) et à 95% identiques à l’année passée, et un total de 50km à couvrir en une seule journée. Comme d’habitude en EWS, les pilotes ont droit à des reconnaissances officielles. Ici cela se fera à la pédale et en 2 jours avec le premier jour les spéciales 1 à 4 (vendredi) et le deuxième jour les spéciales 5 à 7 (samedi).

Point important ici en Irlande la météo est annoncée très clémente tout le weekend.

En plus de coaché et accompagné Bryan Regnier comme je le ferai sur toute la saison EWS, 3 autres de mes athlètes sont présents ici : Sébastien Claquin, Yannick Pontal, Kévin Miquel et bien sûr mon petit frère Yo Barelli.

 

Vendredi 13 – Premier Jour de reconnaissance à VTT

Juste avant de venir en Irlande, Bryan a reçu le tout nouveau YT Jeffsy en 29 et a décidé de l’emmener ici car il est fort probable que se soit un réel avantage sur ce genre de terrain. Et en plus il a pris son Capra habituel (27,5) au cas où ça ne lui convienne pas.

Pour le premier jour, on prend la décision de partir directement avec le Jeffsy pour Bryan et moi sur le Capra au cas où il veuille comparer… La météo est parfaite, une vraie tempête de ciel bleu et un petit vent qui vont vite sécher les pistes !

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Ici, ce n’est pas compliqué, il y a une colline et une montée sur piste large et peu pentue pour se rendre au départ des spéciales 1, 2, 3, 5, 6 et 7, la 4 se faisant en enchaînement de la 3. Pendant les recos, l’objectif en liaison est de vraiment s’économiser afin de garder un maximum de réserve pour le Jour J. La 1ère montée se fait donc tranquillement et en discutant, un bon repère pour que l’on ne soit pas trop haut en intensité.

Après 30 minutes environ, nous voici au départ de la spéciale 1.

SP1 : C’est parti ! Le départ se fait sur un single étriqué et un peu glissant avec peu de pente avant d’attaquer une partie un peu plus pentue avec 2 chicanes. Ensuite on prend un gros speed avant d’entrer dans le bois, il y a pas mal de racines et de flaques de boues. Il n’y pas vraiment de pente et le travail de pumping sur les jambes est énorme afin de garder un maximum de vitesse. La 2ème partie du bois comporte moins de racines mais une fine pellicule de boue recouvre le sol et le rend très glissant. Nous voilà rapidement à l’arrivée de cette 1ère spéciale qui devrait se rouler en dessous des 4 minutes.

Après un petit débrief en bas et le temps de se remémorer la spéciale dans son intégralité nous voilà repartis en direction de la SP2.

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SP2 : Le départ se fait sur les fameux rochers blancs de Wicklow. Le départ est assez large sur les 150 premiers mètres et laisse quelques choix de trajectoires aux pilotes. Bryan et Yannick s’y reprendront à 2 fois mais valideront définitivement leurs lignes pour la course.

La suite de la spéciale se fait sur un single assez technique et peu pentu où il faut énormément pédaler et bien placer ses coups de pédales pour ne pas toucher partout. Le milieu et la fin de la spéciale sont vraiment physiques et peu pentus, ils vont faire vraiment mal aux jambes car il n’y a que du pumping et du pédalage avec un enchaînement de courbes à plat. Cette spéciale est sûrement la plus physique est devrait se rouler aux alentours de 6 minutes.

A nouveau un petit débrief et direction la SP3.

SP3 : Le départ se fait à nouveau sur des rochers pendant 50 mètres mais c’est encore plus engagé et surtout beaucoup plus humide car à l’ombre et sans vent. A noter que côté français, Séb Claquin et Rémy Absalon ont pris 2 grosses chutes, mais apparemment sans gravité. Là encore le choix de trajectoire est important mais aucune ligne n’est facile, il faut engager ! La suite est une véritable tôle ondulée avec encore un énorme travail de pumping, des petites doubles naturelles, manuals et enroulés pour toujours garder du flow et de la vitesse. Il y a quelques « pétards » qui font bien mal aux jambes, et le final se fait dans un sous-bois bien humide et ombragé qui ne sèchera pas quoiqu’il arrive. Bref une spéciale encore bien difficile physiquement qui devrait se rouler en peu plus de 4 minutes.

Le débrief est simple pour Bryan : « ça fait mal aux jambes, et merci mon Jeffsy ! » La remontée vers la SP4 est assez courte.

SP4 : La SP4 est sûrement la moins pentue et la moins technique. Il y a néanmoins pas mal de trajectoires pour arriver à garder un maximum de vitesse et aborder les pédales lancées pour ne pas perdre trop de temps. Une spéciale avec beaucoup de flow et assez courte, d’environ 3 minutes.

Voilà les 4 premières spéciales reconnues. Après s’être ravitaillé et avoir fait quelques réglages sur son vélo, Bryan repartira faire les 3/4 de la SP2 et le bas de la SP1.

Lors des recos nous n’avons pas vu beaucoup de top pilotes hormis Richie Rude dans la SP4 qui fait ses runs « allure course » dans le technique et les pédalages. A noter aussi que lui et Jared Graves auront fait 2 tours complets soit un peu plus de 50km…

Pour nous, c’est l’heure de rentrer à la maison se reposer, visionner les caméras embarquées et préparer les vélos et les affaires pour le 2ème jour de reco.

 

Samedi 14 – Deuxième jour de recos

Après la reconnaissance des spéciales 1 à 4 hier nous voilà donc aujourd’hui pour le 2ème jour de recos avec les spéciales 5 à 7, soit « seulement » 3 spéciales.

Au départ de cette deuxième journée, le ciel est un peu nuageux et il fait nettement plus frais avec 9 petits degrés à 10h pour s’élancer à l’assaut des 3 spéciales du jour. Mais quoi qu’il en soit il ne pleut pas et le terrain continue à sécher à grande vitesse !

Nous voilà donc partis dans cette éternelle liaison que les pilotes emprunteront demain 5 fois sur 7, mais qui passe somme toute assez bien car la pente n’est pas énorme et le revêtement assez lisse. Pour nous rendre à la SP5, on bifurque à gauche à mi-pente pour nous diriger vers le versant des spéciales 3 et 4, encore quelques minutes d’effort et nous voici au départ de la SP5. On y retrouve Tracy Moseley venu faire la manche Irlandaise, elle laisse d’ailleurs échapper l’info comme quoi elle viendrait faire la manche italienne de La Thuile mi-juillet…

SP5 : Le départ se fait dans un bois assez plat avec pas mal de racines pendant une centaine de mètres, il faut relancer et se mettre rapidement en action pour prendre de la vitesse et la garder. Puis on sort du bois et on prend de la vitesse dans un bout sinueux avec quelques ornières. Vient ensuite un enchaînement de courbes plus ou moins serrées où il faut être bien tonique sur les jambes et bien rentrer dans les appuis ; pas plus de 100 mètres après le départ, on n’a pas beaucoup pédalé mais les jambes brûlent déjà… On entre dans le sous-bois final, peu pentu et assez serré et il faut constamment mettre 3 ou 4 coups de pédales par-ci par-là. Une spéciale très physique par sa tonicité qui devrait se rouler en moins de 4 minutes. En arrivant en bas, on a pu constater qu’Isabeau Courdurier et Damien Oton, tous les 2 avec un petit gabarit, affichaient un large sourire. Bryan est moins à l’aise, surtout avec le 29, mais bon il faut faire des concessions au niveau du vélo sur un enduro comme celui-là, il ne pourra pas être bien partout, mais il faut peser le pour et le contre et être convaincu à 200% de son choix final.

Petit débrief habituel et nous voilà repartis vers la SP6. En remontant, on hésite à refaire la SP5, mais arrivé en haut de la liaison, on préfère jouer « la fraîcheur » pour demain.

SP6 : Le départ de la SP6 se fait à nouveau à plat pendant 200m et se termine par un petit coup de cul de 20 mètres avant de basculer dans une portion bien typée DH avec pas mal de cailloux et de la pente. Bryan fait tout de suite le bon choix de trajectoires et décide de ne pas s’arrêter pour refaire le passage. Vient ensuite une section plus rapide avec 2 gros sauts puis à nouveau du rapide avant d’entrer dans un bois avec pas mal de choix différents de trajectoires, vraiment pas évidents à prendre… La spéciale se termine sur un long single plus ou moins plat avec pas mal de mouvements de terrain et de trous où il faut pomper, pédaler, faire des bunny-up… extrêmement exigeant ! La spéciale se termine par un dernier petit « mur » que l’on prend plein gaz en sautant au-dessus d’une grosse racine, gros freinage, virage gauche et voilà l’arrivée. Spéciale qui se roulera elle aussi en moins de 4 minutes.

Débrief et une dernière montée vers la SP7.

SP7 : 50m de pédalage puis virage gauche serré et on entre dans un haut très spectaculaire et engagé avec de multiples choix de trajectoires. Certaines trajectoires sont bien plus engagées que d’autres et sûrement un peu plus rapides, mais pas sûr qu’après 50km et 1700m de D+ ce soient les plus sûres… Avec Bryan, nous avons opté pour une traj plus « safe » qu’il sera sûre à 99,9% de très bien passer malgré qu’elle soit un peu plus lente.

Passé ce morceau bien chaud, on ne lâche rien et ça roule fort avec des courbes, des petits sauts, des cassures, c’est vraiment bon à rouler ! On entre ensuite dans une sorte de ravine où l’on va de droite à gauche dans de gros relevés, pas facile de garder de la vitesse là-dedans… et le cardio monte sans pédaler ! Arrive le dernier sous-bois avec quelques coups de cul qui vont bien faire mal et des virages serrés sur un sol glissant avec quelques racines, il faudra être lucide pour arriver à tourner rond et rester sur le vélo jusqu’à l’arrivée !

Voilà 7 spéciales bouclées en 2 jours de reconnaissances. Dimanche, il va falloir être sacrément fort physiquement et mentalement pour attaquer à 100% sur les 7 spéciales et pouvoir espérer faire une top performance ! Donc retour maison, repas, repos, caméras et dodo réparateur pour la grosse journée de demain !

Pas évident de donner des infos sur les autres pilotes car étant donné que les horaires de reconnaissances étaient très larges (10h à 17h) et qu’il n’y avait pas d’ordre à respecter pour les spéciales, nous n’avons pas vu grand monde… Je peux juste dire que certains top pilotes (Richie Rude, Jared Graves, Yo Barelli et Josh Carlson…) ont fait le choix de faire 2 fois chaque spéciale donc 2 fois plus de kilomètres et de dénivelés, tandis que d’autres (Martin Maes, François Bailly-Maître, Bryan Regnier…) n’ont fait qu’un passage et ont privilégié la fraîcheur physique. On verra demain qui a fait le bon choix et/ou qui est en très grande forme…

Nico – perfoptimal.fr

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